9°
BULLETIN DES MUSEES ROYAUX
n° 445, un prince de la maison, de Savoie
(M. F. Kleinberger, Paris). M. A.-J. Wauters
avait remarqué au passage (1) qu’il s’agissait bien
plutôt du grand-duc Ferdinand II de Toscane ; j’ai
pu confirmer cette hypothèse par un rapproche-
ment formel. — les portraits du jeune prince
étant nombreux aux Offices et au Palais Pitti.
Estimant donc qu’il faut voir dans le tableau en
question la réplique d’un portrait important dû à
juste Suttermans, j’ai été
assez heureux pour re-
trouver à Florence un
pendant probable de cet
original perdu. Parmi les
surprises ménagées au
visiteur de Y Exposition
du portrait italien orga-
nisée ce printemps, la
brillante série des effigies
de cour émanées du pin-
ceau de notre compa-
triote, constituait une élo-
quente leçon d’histoire
et d’art... Je reproduis ici
une princesse inconnue,
placée — avec plusieurs
œuvres similaires — au
Palazzo Vecchio (Quar-
tier d’Eléonore de To-
lède). On y reconnaît
maintenant lajeune sœur
de Ferdinand, Margue-
rite, fille de Cosme II,
qui épousa plus tard
Odoardo Farnèse, duc de
Parme (A la Mostra : un
grand portrait de la du-
chesse de Parme, prove-
nant de la villa de Poggio
à Caiano). Marguerite de
Médicis, âgée d’une dou-
zaine d’années, tient à la main un mouchoir garni
de dentelles. Elle apparaît toute menue et raide
dans sa lourde robe aux fleurages dorés. On
songera naturellement aux infantes -de Sanchez
Coello (2), avec leur jupe-cloche et leur collerette
empesée. L aspect quelque peu hiératique de
semblable image rattache nettement notre peintre
(1) Le Siècle de Rubens et l’Exposition d'Art ancien.
(Revue de Belgique, août 1910, p. 314).
(2) Le Ferdinand II jeune de M. Kleinberger a été
acquis dans une vente, à Londres, sous le nom de Sanchez
Coello.
à François Pourbus II, dont il fut, on le sait,
l’élève à Paris. Les nombreux exemplaires de
Ferdinand II jeune, en buste ou en demi-figure,
sont très proches du petit Louis XIII par Pourbus.
En considérant les photographies juxtaposées
dans cet article, nous sommes frappés de la res-
semblance des deux enfants princiers ; visage
morne et inexpressif, lèvres d’un rouge accentué,
haut front découvert. L’exécution du double por-
trait peut être située vers
1624 (Ferdinand, né en
1610; Marguerite en
1612). Evidemment, l’ori-
ginal du tableau exposé
à Bruxelles devait être
appendu en symétrie
avec celui du Palazzo
Vecchio. Les gaucheries
de facture, multiples dans
le Ferdinand II (1), ne
sont pas non plus entiè-
rement absentes chez la
future duchesse de Par-
me. Admettons encore
une fois l’intervention
des collaborateurs hâtifs
qui permirent à l’artiste
en vogue de satisfaire aux
exigences de sa clientèle.
En terminant, je signale
la parenté indéniable des
premières œuvres de Sut-
termans à Florence, avec
certaines productions
d’un maître italien du
xvie siècle, curieusement
révélé à la Mostra del
Ritratto : Scipion de
Gaète (Il Pulzone). Il y
aurait lieu de rechercher
dans quelle mesure son
contrebalança celle de François
Pierre Bautier.
PETITE CHRONIQUE
Anvers-Austruweel. — On vient de décou-
vrir dans les travaux d’extension des installations
maritimes d’Anvers, une deuxième pirogue en
partie monoxyle avec pièces rapportées à l’avant
(1) Le bras gauche trop court, les mains pauvrement
dessinées, les pieds exagérément petits.
(.Photographie Becker)
FIG. I. - FERDINAND II, GRAND-DUC DE TOSCANE,
FILS DE COSME II.
influence
Pourbus.
BULLETIN DES MUSEES ROYAUX
n° 445, un prince de la maison, de Savoie
(M. F. Kleinberger, Paris). M. A.-J. Wauters
avait remarqué au passage (1) qu’il s’agissait bien
plutôt du grand-duc Ferdinand II de Toscane ; j’ai
pu confirmer cette hypothèse par un rapproche-
ment formel. — les portraits du jeune prince
étant nombreux aux Offices et au Palais Pitti.
Estimant donc qu’il faut voir dans le tableau en
question la réplique d’un portrait important dû à
juste Suttermans, j’ai été
assez heureux pour re-
trouver à Florence un
pendant probable de cet
original perdu. Parmi les
surprises ménagées au
visiteur de Y Exposition
du portrait italien orga-
nisée ce printemps, la
brillante série des effigies
de cour émanées du pin-
ceau de notre compa-
triote, constituait une élo-
quente leçon d’histoire
et d’art... Je reproduis ici
une princesse inconnue,
placée — avec plusieurs
œuvres similaires — au
Palazzo Vecchio (Quar-
tier d’Eléonore de To-
lède). On y reconnaît
maintenant lajeune sœur
de Ferdinand, Margue-
rite, fille de Cosme II,
qui épousa plus tard
Odoardo Farnèse, duc de
Parme (A la Mostra : un
grand portrait de la du-
chesse de Parme, prove-
nant de la villa de Poggio
à Caiano). Marguerite de
Médicis, âgée d’une dou-
zaine d’années, tient à la main un mouchoir garni
de dentelles. Elle apparaît toute menue et raide
dans sa lourde robe aux fleurages dorés. On
songera naturellement aux infantes -de Sanchez
Coello (2), avec leur jupe-cloche et leur collerette
empesée. L aspect quelque peu hiératique de
semblable image rattache nettement notre peintre
(1) Le Siècle de Rubens et l’Exposition d'Art ancien.
(Revue de Belgique, août 1910, p. 314).
(2) Le Ferdinand II jeune de M. Kleinberger a été
acquis dans une vente, à Londres, sous le nom de Sanchez
Coello.
à François Pourbus II, dont il fut, on le sait,
l’élève à Paris. Les nombreux exemplaires de
Ferdinand II jeune, en buste ou en demi-figure,
sont très proches du petit Louis XIII par Pourbus.
En considérant les photographies juxtaposées
dans cet article, nous sommes frappés de la res-
semblance des deux enfants princiers ; visage
morne et inexpressif, lèvres d’un rouge accentué,
haut front découvert. L’exécution du double por-
trait peut être située vers
1624 (Ferdinand, né en
1610; Marguerite en
1612). Evidemment, l’ori-
ginal du tableau exposé
à Bruxelles devait être
appendu en symétrie
avec celui du Palazzo
Vecchio. Les gaucheries
de facture, multiples dans
le Ferdinand II (1), ne
sont pas non plus entiè-
rement absentes chez la
future duchesse de Par-
me. Admettons encore
une fois l’intervention
des collaborateurs hâtifs
qui permirent à l’artiste
en vogue de satisfaire aux
exigences de sa clientèle.
En terminant, je signale
la parenté indéniable des
premières œuvres de Sut-
termans à Florence, avec
certaines productions
d’un maître italien du
xvie siècle, curieusement
révélé à la Mostra del
Ritratto : Scipion de
Gaète (Il Pulzone). Il y
aurait lieu de rechercher
dans quelle mesure son
contrebalança celle de François
Pierre Bautier.
PETITE CHRONIQUE
Anvers-Austruweel. — On vient de décou-
vrir dans les travaux d’extension des installations
maritimes d’Anvers, une deuxième pirogue en
partie monoxyle avec pièces rapportées à l’avant
(1) Le bras gauche trop court, les mains pauvrement
dessinées, les pieds exagérément petits.
(.Photographie Becker)
FIG. I. - FERDINAND II, GRAND-DUC DE TOSCANE,
FILS DE COSME II.
influence
Pourbus.