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La chronique des arts et de la curiosité — 1894

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Nr. 20 (19 Mai)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19742#0168
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LA CHRONIQUE DES ARTS

molle, directeur de l’Ecole française, sur les der-
nières fouilles de Delphes, rapport que nous pu-
blions plus loin. La nouvelle campagne engagée
récemment a tout de suite donné des résultats
importants. Tout annonce qu’elle sera décisive
pour les découvertes.

Les photographies annexées au rapport de
M. Homolle ne donnent qu’une partie des
sculptures aujourd’hui retrouvées. Un prochain
envoi fera connaître les découvertes qui se pour-
suivent et qui déjà s’étendent presque à un côté
tout entier de la frise. Les espérances de M. Ho-
molle sont sur le point de se réaliser complète-
ment; elles sont justifiées par les résultats déjà
obtenus.

Comité secret et communication de M. Oppert.
— Après un long Comité secret qui a duré une
grande partie de la séance, M. Jules Oppert a
communiqué à ses confrères un petit fragment
très frustre de brique sur lequel on a gravé un
texte perse qui semble une prière relative à la
victoire d’Ormazd sur Rhriman. Malheureuse-
ment, la mutilation des premières lignes empêche
de déterminer le véritable sens de ce document
qui est le premier gravé sur brique que l’on con-
naisse.

Les Fouilles de Delphes

Voici le rapport officiel de M. Homolle, au
sujet des fouilles de Delphes :

Athènes, 25 avril 1894.

Monsieur le Ministre,

En vous informant par mon télégramme de nos
dernières découvertes de Delphes, j’avais l’hon-
neur de vous annoncer l’envoi prochain d’un rap-
port et de photographies. Un voyage à Athènes,
où je suis venu pour surveiller l’impression du
Bulletin, presser l’achèvement des Mémoires
des membres de l’Ecole et terminer différentes
affaires, a retardé l’exécution de ma promesse ;
je puis enfin m’acquitter aujourd’hui.

Les fouilles ont été reprises le27 mars au matin,
dès que la saison a paru le permettre, et nous
avons encore eu, pendant la première quinzaine,
un tiers des journées perdu par suite de la pluie.
Le beau temps s’établit plus tard qu’on n’est
tenté de le croire, surtout à 650 mètres d’altitude.

Mon programme pour cette année était le sui-
van t :

1° Achever le déblaiement du temple d’Apol-
lon et entamer celui de la région supérieure du
sanctuaire, qui contenait le théâtre et la fameuse
Lesclié des Gnidiens ornée des peintures de Poly-
gnote ;

2° Mettre à nu tout le terrain compris dans
l’enceinte sacrée, depuis le Trésor des Athéniens
jusqu’à l’entrée orientale du sanctuaire et jusqu’au
mur d’enceinte lui-même, sur ses trois faces est,
sud et ouest;

3° Fouiller l’espace compris entre le mur d’en-
ceinte méridional dit Hellenico et la route, pour
recueillir les morceaux de sculpture ou d’archi-
tecture qui auraient pu être projetés au delà.

Notre but dans chacune de ces recherches est
clair et nettement défini : c’est, en déterminant la
topographie, de recueillir en chaque endroit tout

ce qui peut subsister de monuments d’art ou de
documents historiques. L’énumération descrip-
tive de Pausanias, les indications îésultant des
découvertes antérieures, les hypothèses fondées
sur la très rapide déclivité du terrain, justifient
le choix des emplacements.

Nous cherchons en particulier les métopes el-
les frontons du temple d’Apollon décrits par Euri-
pide et Pausanias ; les morceaux complémentaires
du Trésor des Athéniens, qui doit subsister en
entier ; Tes restes des métopes qui nous permet-
tront d’assembler tous les fragments et de recom-
poser les ensembles ; les restes d’inscriptions
dontcet édifice était couvert et parmi lesquels se
trouveront peut-être les parties manquantes de
l’hymne d’Apollon.

Dans la région basse du sanctuaire, nous pou-
vons espérer trouver les bases des offrandes sans
nombre qui bordaient la voie sacrée, — sinon les
offrandes elles-mêmes, — tout ce qui a pu déva-
ler sur la pente de la montagne des monuments
situés dans la haute région. Qui sait si la fortune
ne nous réserve pas quelque part un peu de la
peinture de Polygnote? Ce serait une découverte
plus importante encore que celles des fragments
musicaux de Delphes.

C’est entre le Trésor des Athéniens et lTIelle-
nico, en contre-bas de ITIellenico, au pied même
de ce mur, que nous avons fait jusqu’ici nos
trouvailles les meilleures elles plus nombreuses.

Au-dessus du mur, dans le voisinage de l’angle
sud-ouest du sanctuaire, un peu plus bas et plus
à l’ouest que le Trésor des Athéniens, se conser-
vent les soubassements du Trésor des Béotiens.
Il avait été consacré en mémoire de la bataille de
Leuctres ; il était construit en calcaire gris-bleu et
couvert d’inscriptions ; nous avons recueilli bon
nombre de celles-ci : décrets de proxénie en fa-
veur cle personnages, Thébains pour la plupart ;
la meilleure et la plus longue pièce est un règle-
ment de bornage.

Les documents épigraphiques continuent d’ail-
leurs à abonder; depuis la précédente campagne,
nous en avons plus de cent nouveaux ; dans le
nombre, je citerai deux plaques de comptes du
quatrième siècle, une signature de l’artiste Thco-
propos, d’Egine,'qui a la double valeur d’un do-
cument historique et d’un indice topographique,
étant citée dans la description de Pausanias ; une
lettre du Sénat romain aux habitants de Delphes
victimes de la violence de quelques voisins, qui
est une belle page de littérature politique ; des dé-
dicaces, des décrets en l’honneur des bienfaiteurs
de Delphes et surtout eh faveur des athlètes, mu-
siciens, poètes, qui avaient remporté les prix dans
les concours, etc.

En atteignant les couches profondes du sol,
clans une terre jaune ou noire, si compacte qu’elle
présente la consistance et l’aspect de la terre fran-
che, nous rencontrons de grandes quantités de
débris de terre cuite et de bronze. Us apparais-
sent dans les mêmes condilions sur chacun de nos
chantiers, mais surtout en avant du front ouest
du temple.

Les tessons de terre cuite, -— car on a jusqu’ici
très peu de pièces entières, même petites, — se
répartissent entre les styles mycénien, géométri-
que, protocorinthien et corinthien. Le géométri-
que recueilli à Delphes semble présenter quelques
particularités dignes d’étude. J’ai recommandé à
 
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