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N“ 3

1922.

BUREAUX: l6o, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e)

15 février.

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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Le Numéro : 1 franc

PROPOS DU JOUR

La question du palais dés expositions agri-
coles, qui semblait résolue naguère, est
de npuveau mise en discussion. L’État
et la ville de Paris, vainement, ont
passé une convention jadis, organisé un concours
public; il y eut force palabres, et le zèle fut tel
que l’on commença sur l’emplacement choisi, au
Parc des Princes, un vaste massacre d’arbres:..
Puis le silence s’est fait, et un beau jour on a
appris que tout était changé. C’est à l’autre bout
de Paris, à Vincennes, que se portent actuelle-
ment les vues officielles ; du moins est-ce là que
le Conseil municipal voudrait construire. Que
deviennent les engagements pris pour le concours,
qui fut jugé, où il y eut des primes distribuées?
Tout cela témoigne de quelque incohérence. Mais
il y a plus. A la question du palais des exposi-
tions, se mêlent aujourd’hui celle du stade olym-
pique, pomme de discorde à laquelle mordent
tour à tour les Organisations sportives et le comité
de l’Olympiade, la question de l’Exposition colo-
niale et jusqu’à celle de l’Exposition internatio-
nale des arts décoratifs! Une commission « inter-
ministérielle » cherche à débrouiller ce chaos,
mais elle ne pourra, nous dit-on, prendre aucune
décision ni même faire connaître, par de naïfs ou
insidieux communiqués, l’état de ses travaux. On
croit rêver en constatant que ces problèmes, tous
importants, tous pressants, se compliquent et
s’obscurcissent à plaisir, que l’on remet en ques-
tion, sans raisons bien apparentes, ce qui parais-
sait acquis, et que les moindres accords ne se
formulent qu’au prix de débats et de délais.

Sans doute, il y a des raisons financières qui
font faire machine en arrière. C’est à 300, puis
325 millions qu’on estime le devis du palais des
expositions; la somme parait décidément forte
pour le pénible moment présent. À la vérité,
cette dépense était prévue, à quelques millions

près, dès le principe. Ce qui est surprenant, c’est
que l’on ait pu songer jamais à pareille bâtisse.

A coup sûr, il faut un édifice propre à abriter
les exhibitions agricoles et industrielles, trop sou-
vent installées au Grand-Palais, au détriment des
manifestations artistiques pour lesquelles il a été
construit, auxquelles il devrait être strictement
réservé. L’erreur est de concevoir pour cela un
« palais ». L’exemple de ce Grand-Palais, ridi-
cule et incommode assemblage de colonnes, d’ai-
les, de groupes échevelés, vaste assurément,
mais sombre et plein de place perdue, n’était
cependant pas pour encourager à l’édification d’un
pendant. Il faudrait un hangar ou des hangars
immenses, sans la moindre fioriture; à économi-
ser la sculpture, la vaine ornementation, on
réduira sensiblement le chiffre énorme et qui fait
peur aujourd’hui — et l’on sera dans la logique
et la raison qui veulent que ce soit le contenu
qu’on regarde.

Souhaitons que ces considérations très simples
s’imposent à la commission et aux autorités, et
aussi que renonçant à mélanger des questions qui
demandent à être traitées séparément, elles les
étudient pour elles-mêmes et les résolvent sans
parti pris. Quant à la charge financière, il sem-
ble que les « usagers » pourraient l’assumer, au
moins pour la plus forte part.

Le problème est différent en ce qui concerne les
expositions comme la Goloniale et les Arts déco-
ratifs. Il ne peut s’agir d’une exploitation en quel-
que sorte constante, et ici le concours de l’État
et de la Ville est indispensable. Il doit être large,
car il s’agit aussi de rénover entièrement nos
industries d’art enlisées dans la routine et que les
artistes sauveront. Encore doit-on faire appel
dans tous les cas au bon sens et à la simplicité
dans les constructions.

Et dire que nous possédions la Galerie des
Machines, les serres immenses du Cours-la-
Reine ! Qualifiera-t-on jamais avec assez de
sévérité la folie de leur destruction?
 
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