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N« i.

1922.

BUREAUX: I06, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e)

15 janvier

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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Le Numéro : i franc

PROPOS DU JOUR

La question très sérieuse de l’exportation
des œuvres d’art et de la taxe imposée à
la sortie revient à l’ordre du jour d’où, à
la vérité, les protestations des intéressés
n’ont pas permis qu’elle soit entièrement exclue.
Il est plus exact de dire que le débat reprend
avec une acuité nouvelle.

En fait, il y a deux principes en jeu si l’on
néglige les contingences d’ordre administratif ou
financier. L'un, qui donna naissance à la loi,
aujourd’hui abrogée, du 31 août 1920, se réfère
à la conservation de notre patrimoine artistique
et historique ; l’autre, c’est celui de la liberté du
commerce et de la prospérité du négoce des objets
d’art. Et tous deux sont dignes de la plus grande
considération.

Mais en prenant les choses de haut, en faisant
abstraction de tout parti-pris, nous ne croyons
pas que l’hésitation soit permise plus longtemps.
Certes, il faut souhaiter de tout cœur que nos
richesses d’art ancien restent autant que possible
dans le pays, tout en se demandant si ce ne sera
pas au détriment d’un commerce très important,
qui faisait de Paris un centre exceptionnel à ce
point de vue. Il faut éviter que les monuments
de notre passé franchissent la frontière ; encore
convient-il de prendre garde au droit qu’a chacun
de disposer de ce qui lui appartient et aux entra-
ves qui peuvent être apportées à de légitimes
négociations. N’y a-t-il pas déjà- trop de règles,
de restrictions, d’empêchements de tous genres?

Et puis, cette quantité considérable d’objets
anciens, en supposant qu’elle ne renferme que
des pièces intéressantes et authentiques, com-
ment en assurer la conservation ? C’est une
tâche qui incomberait à l’État s’il .intervenait
pour gêner la libre disposition des possesseurs. Il
faudra donc qu’il classe à tour de bras. Seule-
ment qu’adviendra-t-il puisqu’il ne pourra assu-

mer ni l’entretien ni la conservation du tout ?
Le commerce des objets d’art, de la «curiosité»
aura été fort empêché et nous serons riches
d’objets sans nombre dont, en réalité, on ne
saura que faire et dont beaucoup seront con-
damnés à la destruction faute de soins.

Il y a les pièces essentielles à acquérir : en
fait, c’est là le nœud de la question. Pour celles-
ci, on doit admettre— ou alors c’est d’une autre
faillite qu’il s’agirait, celle de nos services com-
pétents — qu’elles sont connues, sinon classées
même déjà. Si le cas se présente d’en assurer la
possession à nos dépôts publics, on trouvera tou-
jours les fonds nécessaires, des fonds dont on ne
disposera jamais pour les objets secondaires, qui
vraiment sont trop. L’important est que les
œuvres capitales, d’intérêt national, ne puissent
échapper : il faut donc que les pouvoirs publics
aient le droit de les classer administrativement,
même contre le gré des propriétaires.

Par ailleurs, que l’on décrive, photographie,
publie le plus grand nombre d’objets possible,
même d’intérêt secondaire, nous l’avons souvent
demandé ici même. Et c’est tout ce qui pourra
être fait utilement dans la plupart des cas.

Il est, enfin, un autre ordre d’arguments à
invoquer pour l’abrogation de la loi de 1920.
Ce sont les arguments en faveur de l’art moderne.
Il n’est pas douteux que le maintien des dis-
positions restrictives ne donne une extension
nouvelle, et combien déplorable, au commerce
des faux, et, par conséquent, ne soit en oppo-
sition directe avec les préoccupations, les néces-
sités de l’heure présente. En outre, les allo-
cations que l’État est à même de dispenser pour
Part actuel, dont certes les créateurs sont dignes
d’autant d’intérêt — à tout le moins — que les
artistes anciens, ces allocations sont déjà mesqui-
nes. Le budget des Beaux-Arts ne saurait être
grevé, sous peine de voir celles-ci disparaître
totalement, de charges plus lourdes applicables
au seul passé.
 
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