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N° 17. — 1922.

BUREAUX: I06, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e)

31 octobre.

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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Le Numéro: i fr ne

PROPOS DU JOUR

Il y a eu, à Lyon, une « affaire Goethe »,
et il a coulé pas mal d’encre à son sujet.
On connaît l’espèce. L’Allemagne avait
envoyé à l’exposition du Livre ouverte
en 1914 divers objets empruntés au musée Goethe
de Weimar, et ils ont été séquestrés. D’où une
certaine indignation, qui, il faut le dire, n’était
pas sans cause. Ce qui est fâcheux, surtout, c’est
qu’on ait discuté trop longtemps à ce propos, que
le débat ait été compliqué de querelles et de
revendications avec lesquelles il n’avait rien à voir
et que la presse s’en soit emparée sans mesure.

Du reste, tout s'est arrangé. Mais la question
demeure importante, de savoir si des objets qui sont
propriété publique et inaliénable, qui, partant,
n’ont aucune valeur proprement commerciale, si
ces oeuvres, appartenant à un musée, confiées par
celui-ci à des fins d’intérêt général, peuvent être
traitées de la même façon que des produits indus-
triels, envoyés en même temps peut-être, mais
exclusivement dans des intentions marchandes.
Il semble qu’il y ait en pareil cas des droits
supérieurs à respecter et que l’art mérite un trai-
tement, exceptionnel sans doute, mais justifié par
la nature des objets et leur caractère de prêt.

Il faut considérer encore que les pièces du
musée Goethe se sont trouvées loin des champs
de bataille, à l’abri de la lutte. Les décisions
prises à leur égard l’ont été dans une tranquillité
relative, sans distinguer si, parmi les objets
séquestrés, il y en avait d’intangibles. Certes,
tant de destructions nous ont montré que l’œuvre
d’art n’était pas respectée en maintes circons-
tances; seulement il est impossible de ne pas
considérer ces circonstances mêmes, l’état de'
violence qui explique, sans les excuser, les plus
déplorables dévastations.

Il seraità désirer que des conventions formelles,
dûment étudiées et pourvues de sanctions sévères,

mettent définitivement à l’abri de dispositions
légales, faites pour des cas moins spéciaux, tous
objets d’art appartenant à des dépôts publics et
communiqués, sous garantie d’honneur, à des
expositions, en dehors de toute idée commerciale.
Voilà un problème digne de la Société des
nations.

Qu’on englobe dans les mêmes préoccupations
le cas des œuvres enlevées à des édifices ou
collections publiques, rien de mieux. Mais on
pourrait définir d’abord l’espèce, illuslrée par
l’affaire Goethe, des prêts entre nations, qui sont
d’un trop grand intérêt au point de vue de la
culture générale pour qu’on ne prenne pas toutes
mesures en vue de leur protection.

Il semble que nous n’ayons pas été préparés,
lors du traité de Versailles, à exercer toutes les
reprises que nous eussions pu opérer parmi les
dépouilles de 1870. Et cependant les événements
de 1815, les revendications des alliés au sujet
des œuvres enlevées à l’étranger lors des guerres
de la Révolution et de l'Empire, auraient dû nous
instruire. Songeons à ces problèmes. L’état
encore si incertain de l'Europe doit nous y enga-
ger. Il faut éviter, quelles que soient les éven-
tualités politiques d'un moment, que des faits
pareils à ceux de Lyon puissent se renouveler.

NOUVELLES

Musées

*** Les Musées du Louvre, du Luxembourg
et de Cluny seront désormais ouverts le mardi à
10 heures. Est-ce un premier pas vers leur réou-
verture permanente ?

*** Un projet de loi soumis au Parlement dis-
pose que les bijoux de Mme Thiers, légués au
Louvre en 1881 avec les collections de son
mari, et dépourvus de valeur artistique, seront
vendus au profit de la caisse des Musées, de la
fondation Thiers et de la maison de retraite Dosne,
 
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