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15 mars.

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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Le Numéro : 1 franc

PROPOS DU JOUR

L’exposition des arts décoratifs et indus-
triels modernes de 1924! Sans doute, on
s’en occupe, on l’a pourvue — enfin —
d’un commissaire général dont nous avons
dit déjà tout ce que l’on pouvait en attendre et
quia pris sa tâche au sérieux. Les industriels ont
fini par s’émouvoir, par renoncer à des traditions
de routine qui nous ont fait beaucoup de mal;
ils ont compris que le salut était dans la concep-
tion franchement moderniste et ils se préparent
avec zèle et loyauté à un effort vraiment méri-
toire. Les artistes, conquis dès le principe, tra-
vaillent. La presse commence à se préoccuper de
la question...

En réalité les choses ne marchent pas ainsi
qu’elles le devraient, alors que l’on est à deux ans
à peine de la réalisation ! Aucun budget n’a été
voté; seule une proposition de crédits « pour
études » a été déposée et, sauf erreur, la Cham-
bre ne l'a pas adoptée encore. Qu’y a-t-il donc?

Ce serait,'dit-on à mots couverts, la Ville de
Paris qui ne se'presserait pas de prendre les déci-
sions qui lui incombent; elle retarderait ainsi
rétablissement du programme financier et même
la solution du problème de l’emplacement. Si cela
est vrai, c’est simplement déplorable, et la Ville
méconnaît ses devoirs essentiels. Si une ques-
tion est digne de son attention toute particulière,
c’est bien celle de l’Exposition des arts décora-
tifs, manifestation vitale pour ces industries d’art
qui sont le plus beau fleuron de sa couronne.
Aucun sacrifice ne devrait lui peser, et l’on ne
conçoit pas, de sa part, la.moindre obstruction.

On dit que ses rapports avec l’État sont ten-
dus (plus que d’habitude), que l’emplacement
donne lieu à des tractations difficiles, que tout
ceci se lie à d’autres projets, exposition colo-
niale, jeux olympiques, palais des expositions
agricoles (nous avons parlé de ce projet sau-

grenu). On dit qu’une violente campagne est
menée, par un des hauts dignitaires du Conseil
municipal notamment, contre la notion moder-
niste qui doit constituer la charte intangible de
l’Exposition. D’autres conseillers réclameraient
la « porte ouverte », c’est-à-dire l’envahissement
de l’exposition par les plus vulgaires fabrications
« d’art » et les plus néfastes pastiches! Mais que
ne dit-on pas !

Et sait-on quel est le beau résultat de ces ter-
giversations, dont le moins qu’on puisse dire est
qu’elles sont inconvenantes (n’oublions pas, en
effet, que l’exposition doit être internationale, que
les étrangers s’y préparent et attendent) ? Le
résultat de tant d’atermoiements, de conciliabu-
les, de querelles occultes? C’est que l’Allemagne,
constatant que nous ne décidons rien, manifeste
l’intention d’organiser elle-même, chez elle, en
1924, l’exposition internationale. M. Pascal For-
thuny nous a dévoilé ce grand dessein, dont il a
eu l’occasion de rencontrer, à Paris, l’un des
protagonistes bavarois. Ah ! certes, voilà qui
résoudrait la question de la participation alle-
mande à notre exposition, question qui fait couler
beaucoup d’encre en ce moment. Quoi qu’il en
soit, ce n’est pas sans une surprise attristée que
nous avons enregistré cet àboutissement logique
de nos incertitudes, pendant fâcheux à l’affaire d-u
stade olympique où la décision du Conseil muni-
cipal a soulevé une véritable indignation.

Nous espérons bien que cette menace allemande
— coup de fouet vraiment salutaire — va nous
engager tous à hâter, dans la mesure de nos forces
respectives, la réalisation du projet français. Il
paraît fort douteux qu’il puisse être mis à exécu-
tion en 1924. Il sera très probablement nécessaire
d’ajouter une année encore à celles qui déjà se
sont accumulées sans profit si ce n’est sans rai-
sons plausibles. Mais qu’il s’agisse de 1924 ou
de 192;, l’heure n’est plus aux tergiversations:
l’entente des pouvoirs publics doit être prompte,
complète, définitive.
 
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