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ET DE LA CURIOSITÉ

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sens piçturalement réalisable : l'effet, souvent imprévu,
qui en résulte, dénote une imagination des plus vives.
Concrétiser l’irréel n’est pas toujours chose aisée ;
mais M1,e Dubouchet qui a regardé, aimé les minia-
tures persanes et les estampes japonaises, et en a retenu
l’esprit, se joue des difficultés. Des contes, des fables, ,
une pensée de Mallarmé (dont la représentation aqua- .
reliée est assez inattendue), une phrase de Mm,: de
Sévigné, tout lui est spirituelle nourriture. L’exagé-
ration de la forme est volontaire dans le sens de son
sentiment; la ligne sinueuse rehaussée de lavis aux
nuances précieuses suffit à l’habileté de cette très
jeune artiste qui sera sans nul doute une curieuse et
compréhensive illustratrice.

La première exposition de « l’Arbre », groupe
adhérent à « Idéal et Réalité », nous ramène, en effet,
assez vivement à la réalité, «• seule voie tradition-
nelle, nous assure le préfacier, où nous trouverons
honnêteté, clarté et bon sens ». Un tel programme,
où un « néo-David » est réclamé pour la meilleure
sécurité du public, ne peut réunir que des esprits fra-
ternels. Ne nous étonnons donc pas de trouver, aux
toiles des exposants, comme un air de parenté,
puisqu’aussi bien un identique désir d’être véridiques
les anime. Nous citerons de M. Albert Guindet,
Une rue à Gafsa, notation tunisienne- des plus heu-
reuses, et une Nature morte (poteries de Djerba ou
de Nabeul et tapis marocains) traitée avec un
louable souci de sincérité. De M. Jean Puy, une
Nature morte particulièrement vigoureuse et des
paysages de MM. B. Mahn, Eug. Corneau et Jacques
Blot.

Galerie Povolozky, exposition de peintures, aqua-
relles, dessins, sculptures, bijoux et objets d’art divers
en argent, or, fer repoussés et martelés, faïence, bois
laque, par Jules Gonzalès.

D’un artiste aux talents si multiples, retenons un
Nu traité en tons plats, des objets d’art d’un goût
un peu pesant et des bagues où la pierrerie, encas-
trée directement dans le métal, semble sortir de sa
gangue.

L’artiste marseillais André Verdilhan, sculpteur
mutilé de guerre et qui a dû, momentanément, aban-
donner le ciseau pour le pinceau, groupe, galerie
Parnardie, des paysages, natures mortes et dessins.
Peintures d’un artiste justement soucieux de person-
nalité et dédaigneux des formules d’autrui, ces toiles
et dessins indiquent une vision directe et prompte,
sinon toujours heureuse en ses réalisatious : le Clown
Peppino, burlesque et triste, et le Coq blanc égorgé,
dont le sang écarlate a coulé dans une faïence rustique,
à la couverte blanche et bleue, révèlent, au surplus,-
un sens averti de la composition.

Le peintre Abel Beltram nous convie, à la galerie
« Artes », à T’exposition de ses portraits d’enfants,
fruits, fleurs et paysages. Certaines de ces œuvres ne
manquent ni d’ingéniosité, ni de charme. Point de
violence, de feu d’artifice : sa facture est mesurée, les
moyens en savent rester simples. Enfanis et pois de
senteui, Le pont rustique, Citrons et roses de Noël, autant
de toiles où le métier s’oublie, tant il est habile à se
dissimuler.

Quelques crayons et pastels à la galerie Simonson :

portraits de femmes, d’enfantsetplusieurs têtes d’étude
de M,le A lice Binet.

M. Lucien Mainssieux montre, galerie Marcel
Bernheim, de nombreux et clairs paysages, sites des
Alpés-Maritimes et de Tunisie, notés au hasard d’une
excursion ou d’un bref séjour. Ces petites études pour-
raient devenir la matière de tableaux plus riches de sens,
si le peintre venait)! les utiliser pour des compositions
plus émues et se satisfaisait moins de la surface des
choses : la lumière blanche d’un crépi de muraille, la
coupole verte d’une Kouba, un ciel uniformément
dense ne suffisent pas à créer une ambiance maures-
que, ni les désignations Rû'e à Soliman, Minaret à
Sidi-bou-Saïd, à recréer à nos yeux le charme de ces
bourgades d’un si intense et singulier caractère.
Lorsque M. Mainssieux se sera pénétré davantage de
la beauté de ces lieux et de la vie arabe, nul doute que
ses figures ne prennent un autre aspect ethnique et ses
i paysages, une autre vérité.

Galerie Georges Petit, des intérieurs et des fleurs
de Mme Marthe Moisset ; de M. R.-A. Ulmann, des
matins et des crépuscules sur la Seine, un peu sourds
de tons, d’une exécution trop égale, non dépourvus,
toutefois, de sensibilité; de M. Gustave Pierre, des
impressions de campagne aux verdures parfois acides^
mais d’un art généreux et sain.

Les aquarelles de M. E. Othon Friesz, galerie
Bernheim, sont également d’une technique large et
synthétique. Son Elude pour le bain, sa Femme nue,
couchée, la tête appuyée sur la main, ses Barques sont
des pages d’un talent certain, et très remarquables, si
d’autres sont d’un faire heurté et toutes alourdies d’un
inutile bagage d’oiseuses théories.

Les études de M. Marcel Lenoir, pour la décora-
tion à fresque de l’Institut catholique de Toulouse,
témoignent d’une heureuse compréhension des néces-
sités murales, d’un labeur très louable et plein de
ferveur. Son Couronnement de ia Vierge est d’une ordon-
nance toute classique ; ses Anges musiciens, ses Anges
dansants ont une parfaite grâce d’attitudes, de gestes,
de plis de’voiles, d’airs de visages. Puisse la réalisa-
tion picturale de ces études ne pas diminuer l’attrait
de ces nobles compositions, où le plus pur sentiment
chrétien s’exprime suavement.

L’exposition du groupe de la Société Moderne, à la
galerieDurand-Ruel, réunissait des envois d’un attrait
inégal et plusieurs- toiles d’évidente qualité. Les deux
Natures mortes de M. Jaulmes, si joliment composées,
avec un goût si sûr, où les roses, les gris, les bleus,
— les plus fins —, s’équilibrent et s’ordonnent avec
tant de distinction, sont de celles-là, et aussi le Nu à
l’ombrelle de M. Malherbe, prestigieuse fête de lumière
et de chairs épanouies, et les. Etudes décoratives de
M. P.rL. Dusouchet. Il faudrait citer encore les
Paysages de Loire de M. Cl. Rameau ; 17/e de Bréhat
de M. Périnet, Y Arbre le soir de M. A. Smith, la Dor-
dogne à Beynac de M. G. Balande, la Jeune fille à la
coupe de fruits de M. M. de Lambert, la Gerbe d’euca-
lyptus de M. A. Joly, et de M. Cornélius deux pathé-
tiques Annonciaùons.

R. Claude Catroux

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