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ET DE LA CURIOSITÉ

§5

gramme du Christ. Un pêcheur inspiré de Puvis de
Chavannes fait entendre sa plainte expressive. Puis
l’amoureux et robuste Hippias et la tendre Daphné
échangent leurs serments. Et lorsque s’éloigne le jeune
homme, l’ombre descend sur l’âme de son amante. La
détestable, fanatique et féroce Kallista prononce le
fatal serment par lequel elle avait acheté la guérison
de son foie. (Ce viscère est maintes fois précisé.
Était-ce bien utile? — Oui, je sais, nous sommes en
Grèce et c’est sans doute un hommage à la mémoire
de Prométhée).

Le second acte nous introduit dans la maison du
bon vigneron Hermas, l’époux — ô combien mal
assorti — de l’insupportable mégère. Des servantes
filent en chantant un chœur fort joli. Le rouet sied
aux femmes et les incite à vocaliser. Voyez plutôt le
Vaisseau fantôme et le Mariage de Télémaque. Le ver-
tueux évêque Théognis prononce de bienveillantes
homélies. Et voici que surgissent « les impurs vignerons »
conduits par leur patron Hermas, pansu et bedonnant
à souhait, et qui les exhorte à boire, dans des termes
analogues à ceux qu’emploie maistre Aeditue au sep-
tième livre de Pantagruel : » Beuvons, amis, beuvons
trestous,... beuvons de grâce; vous n’en cracherez
tantôt que mieux ». Seulement il va de soi que les vers
de M. Anatole France s’expriment avec un peu plus
d’atticisme...

Cependant la danseuse Myrrhina vient voltiger au
son d’une flûte animée par le souffle d’un gracieux au-
lète. Puis arrive derechef le pauvre Hippias qui,
d’abord endormi et bercé par les voix enchanteresses
d’Artemis et d’Aphrodite, s’éveille juste à temps pour
arrêter Daphné prête à partir pour l’inexorable exil.
Le combat s’engage, pressant et âpre, entre l’amour
divin et la passion humaine... Kallista naturellement
en-vient interrompre le cours, et Daphné, qu’elle croit
avoir reconquise, se décide à mourir.

Nous voici auprès d’un tombeau. Une vieille saga
traîne un chant maléfrque et livre à la jeune fille le
poison libérateur. L’éternel duo de Juliette et de Ro-
méo se laisse pressentir, brûlant d’amour et bientôt
interrompu par l’agonie. Une phrase exquise en ré-
sume la touchante beauté :

Vis heureux, Hippias, et goûte la lumière,..

En vain le bon évêqne accourt-il prêta bénir l’union
qu’il autorise. Le fatum a prononcé son arrêt. Daphné
expire. Transportée par les bras de son fiancé jusque
sur le bûcher funéraire, tous deux y s'eront consumés
avant de s’envoler

Loin d’un monde odieux,

Sur l’étincelle ardente,

Au sein profond des dieux.

Avec une équitable impartialité M. Biisser a partagé
son sympathique talent entre le Christianisme et le
Paganisme. En l’honneur du premier il a inséré dans
sa trame musicale les thèmes liturgiques du Range lin-
gua, du Dies irœ, de Ylste confessor, et des hymnes
Viclimae paschali et Salvete floretes. En outre il a fait
chanter les servantes chrétiennes avec un charme dis-
cret, et les femmes païennes avec une gracieuse
poésie. Ce musicien si distingué possède le don de
grouper les voix en d’harmonieuses attitudes. Il sait
aussi assembler et combiner les sonorités instrumentales

avec un rare discernement et en obtenir les plus heu-
reux effets.

Et sans doute M. Anatole France ne pouvait être
mieux accompagné. Pourquoi n’écrirait-il pas à
M. Büsser, ainsi qu’il le fit jadis à Massenet, après la
première de Thaïs : « Je suis ravi ! » Non point que
le musicien des Noces corinthiennes se soit le moins du
monde inspiré des procédés Massenetiques. (Pardon
pour ce néologisme)... Il est bien personnel et ne
boit que dans son propre verre.

Il a été bien servi par ses interprètes. On songe, en
contemplant Daphné sous les traces de Mile Yvonne
Gai 1, à la jeune Corinthienne de Goethe, qui, « envelop-
pée d’un long voile blanc, s’avance lentement, le front
ceint d’un bandeau noir entremêlé d’or ». M. Tran-
toul, ardent Hippias, montre sa belle voix avec une
générosité parfois excessive. Mlle Lyse Charny incarne
tragiquement l’odieuse Kallista, et M. Vieuille est le
plus paternel des évêques. Mllc Coiffier, est une muse
charmante. Louons aussi MM. Allard et Dupré,
M'ies Estère, Reville et Sibi 1 le, M. Albert Wolff, re-
marquable chef d’orchestre, et M. Albert Carré, dis-
pensateur d’une poétique mise en scène.

René Brancour

REVUE DES REVUES

La Revue Musicale (ier juin). — M. Henry
Prunïères croit reconnaître dans un tableau célèbre de
la galerie Pitti à Florence, Les Trois âges de l’homme,
attribué successivement à Lorenzo Lotto, à Pellegrino
da San Da.niele, ou à Morto da Feltre, une toile de
jeunesse de Sébastien del Piombo où, suivant Vasari, il
aurait représenté le compositeur français Philippe Ver-
delot, alors maître de chapelle à Saint-Marc de Venise,
et le chanteur italien Hobrecht (reprod. hors texte).

Le Correspondant (10 juin). — A l’occasion du
centième anniversaire de la mort d’Hoffmann, l’au-
teur des Contes fantastiques, notre collaborateur
M. René Brancour trace, avec son érudition habi-
tuelle, un intéressant et pénétrant portrait de cet
écrivain qui fut en même temps un critique musical
et un compositeur dont les théories exercèrent sur
Wagner une notable influence.

BIBLIOGRAPHIE

Émile Leclercq. - Nouveau manuel complet
de typographie. Paris, Encyclopédie Roret,
L. Mulo, éd. ( 192 1 ). Un vol. in-24, 655 p. av. fig.
et 5 pl. en couleurs.

F. Thibaudeau. La lettre d'imprimerie: ori-
gine, développement, classification. 12 noti-
ces illustrées sur les arts du livre. Préface de
Georges Lecomte. Paris, 4, avenue Re'ille (1921).-
2 vol. in-8, 699 p. av. 517 fig. et 57 planches en
noir ou en couleurs.

Voici deux ouvrages qui se recommandent à tous
ceux qui s'intéressent aux arts du livre. Le premier,
qui fait partie de la collection si justement renommée
 
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