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Îî0 14. — 1922.

BUREAUX: 106, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e)

i 5 août.

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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Le Numéro : 1 franc

PROPOS DU JOUR

Combien de fois n’a-t-on pas demandé que
l’administration des Beaux-Arts inter-
vienne dans tous les cas où l’État doit
créer quelque œuvre d’art, éventualité
fréquente, puisqu’il a des dons à faire, des édifices
à construire, des collections à organiser, des mé-
dailles, des décorations, des monnaies, des tim-
bres-poste, des diplômes, des billets de banque à
exécuter et cent autre choses à mettre au jour où
la notion d’art devrait être de première considé-
ration. Or, tout cela se- fait au petit bonheur.

Chaque ministère commande, chaque bureau
décide pour son propre compte ; et comme le
sens artistique, ou simplement le goût, sont qua-
lités rares, ignorées même des administrations,
on pense à quels résultats ces efforts, toujours
moindres et généralement à rebours, peuvent
aboutir. Il suffira de citer, parmi trop d’exemples,
la croix de guerre, fac-similé d’un ordre allemand,
nos hideuses coupures, tant d’affiches qui, au
temps des emprunts, déshonorèrent nos murs, etc.

Mais un cas vient de se produire qui véritable-
ment fait déborder le vase. La France participe
à l’Exposition du centenaire de l’indépendance
brésilienne, laquelle a un caractère international
(les moyens dont nous disposerons, soit dit en
passant, seront inférieurs à ceux des autres na-
tions); et il y aura un pavillon français, que le
gouvernement compte offrir, après l’exposition, à
la République brésilienne en témoignage d’affec-
tion. Or, ce pavillon, que sera-t-il? Une création
de ce génie dont on proclame si volontiers l’in-
cessant renouvellement, la splendeur toujours
rajeunie? Une œuvre bien conçue pour sa dou-
ble fin et où un artiste français aura mis le plus
possible de sa claire pensée et de son esprit
novateur? Non : le pavillon de la France de 1922
sera une vulgaire copie, un pastiche justifiant le
grief, la calomnie répandue contre nous : la F rance

vit sur son passé, elle n’est plus capable d’aucun
effort créateur.

Oui, c’est tout uniment une copie du Petit-
Trianon que l’on envoie là-bas pour être élevée
« dans un quartier appelé à devenir un des cen-
tres les plus fréquentés de la ville ». Telle fut la
conception, parait-il, de notre ambassadeur au
Brésil, lequel n’a pas craint de la vanter. Com-
ment il est possible qu’un pareil fait se produise,
que les Affaires étrangères agissent dans une
occurrence si importante sans consulter les Beaux-
Arts, nous ne nous chargeons pas de l’expliquer,
nous bornant à protester hautement et à déplorer
qu’un service, chargé de notre expansion et de la
diffusion de notre esprit, réduise sa tâche à ce
rôle misérable de copiste, sans se rendre compte
du tort fait au pays, au moment où, même dans
les milieux jusqu’ici inféodés au pastiche, on com-
prend enfin l’urgence de l’effort de logique et de
raison, de la création, qui fut toujours la notion
même et l’essence incomparable de l’art français.

Naturellement la chose avait été fort peu
ébruitée, de sorte que lorsque la Fédération des
sociétés d’art, que préside M. François Carnot,
protesta auprès de M. le président du Conseil,
ministre des Affaires étrangères, il lui fut répondu
que tout était en cours d’exécution et qu’il n’y
avait plus rien à faire. Nous avons un ministère
de l’Instruction publique « et » des Beaux-Arts,
une direction, un conseil supérieur des Beaux-
Arts, des comités techniques des arts appliqués,
une foule d’organismes: à quoi donc servent-ils?

Quelqu’un nous dit: « Mais le Petit-Trianon,
c’est un chef-d’œuvre incontesté de l’art français,
c’est notre tradition qu’il représente». Certes, il
serait enfantin de contester sa valeur d’art; seu-
lement, pense-t-on que lorsque l’original fut cons-
truit, on ait songé une seconde à édifier un palais
Henri IV ou Louis XIII? Nous avons des
artistes capables, aussi bien qu’alors, de faire
œuvre de leur temps; et en art, comme en tout,
on ne peut être que de sen temp\
 
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