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ET DE LA CURIOSITÉ

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raire des acquisitiohs, dons et legs récents du Musée
pour l’École française; toutefois une petite salle voi-
sine contient quelques tableaux suisses (Burnand,
Giron, Mlle Breslau) ou allemands (Kuehl, Uhde,
Liebermann, Knaus, Von Bartels).

L’École française comprend un ensemble très in-
structif ; en premier lieu, la grande toile de Claude
Monet : Jeunes femmes daus un jardin, qui date de 1866.
Puis le portrait de Mme Roger Jourdain par Besnard,
des femmes de Tahiti, par Gauguin, des nus de René
Piot, Ottman, Caro-Delvaille, et Cottet, une Oda-
lisque de Henri Matisse ; des portraits et paysages
d’E. Cross, une Ouled-Nail de Dinet, de grandes toiles
décoratives de MM. Flandrin, Quost, Ballande, des
toiles de MM. Lebasque, X. Roussel, Jouve, Zingg,
Guillonnet, Chariot, Montézin, Thomas, Pierre Lau-
rens, des dessins de M. Maurice Denis, etc.

Dans cette salle, les bustes célèbres du Dr Koeberlé
et d'Anatole France par Bourdelle, des figurines de
Maillol, Dejean, Guénot et Carabin. Au bas de l’es-
calier une Femme nue se peignant, pierre de M. Bacqué.

Dans les salles étrangères, sont réparties les sculp-
tures de MM. Mac Monnies, Younenitch, prince
Troubetzkoï, Gemito, Fontana, Benlliure, José Clara,
Georg Barnard, Evans, Mmes Whitney, Ward, Da-
vidson, etc.

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CHRONIQUE MUSICALE

Les concours du Conservatoire

Ainsi que chaque année depuis la création des con-
cours, s’est élevée dans la presse une vague gémis-
sante : des plaintes, des cris et des épiphonèmes ont
jailli de bouches plus ou moins autorisées à les émettre :
« L’enseignement du Conservatoire est mauvais —
sauf (et encore) en ce qui se rapporte aux classes d’ins-
truments ! Il faut tout jeter à terre et tout reconstruire
à nouveau, en s’inspirant naturellement de nos avis,
unanimes quant au principe, bien que contradictoires
dans le détail « ! Suivent des comptes rendus au cours
desquels la déclamation, le chant, le jeu théâtral sont
blâmés, raillés, anathématisés, avec plus d’ardeur tou-
tefois que de discernement.

Essayons de voir clair et juste en tout ceci; et
d’abord reconnaissons qu’un certain nombre de criti-
ques sont incontestablement justifiées. — Arrêtons-nous
à la déclamation.

Bon nombre d’élèves ignorent ce qu’est un vers,
quels en sont les éléments, les qualités, le mètre,
le rythme. Par exemple, en une scène de Ru y Blas,
j’ai noté un alexandrin de quinze pieds, un autre de
dix, un autre de neuf. Bien qu’en somme la moyenne
donnât le chiffre traditionnel de douze syllabes, la ré-
partition n’en est pas moins fâcheuse. Et je pourrais
signaler bien d’autres péchés, plus ou moins véniels,
contre la langue, la prononciation et surtout le style.
Mais à qui la faute ? On confie à d’éminents profes-
seurs des élèves qui, munis d’une bien insuffisante pré-
paration, abordent les hautes sphères de la diction et
de l’action. Imaginez un écolier possesseur des cinq

déclinaisons et à qui l’on confierait la tâche d’expliquer
Ovide ou Salluste. Pressés d’aborder la scène, les
nôtres se préoccupent de chercher des « effets », fût-ce
au détriment de l’auteur qui leur sert de véhicule.

Mais ceci admis, que de dons heureux, que d’efforts
touchants vers la personnalité, la distinction, l’identi-
fication avec le personnage ! Je regrette toutefois que
celui-ci ne soit pas exclusivement emprunté au réper-
toire classique. Sur quarante scènes composant les
concours de Comédie et drame, le nom de Molière
figurait seulement quatre fois (dont une en collaboration
avec Corneille). Et c’est l’année du tri-centenaire !

Que sera-ce donc l’an prochain ?_ Beaumarchais

eutrpour sa part deux numéros. Quant à Regnard et à
Marivaux, ils n’eurent rien — ce qui est vraiment
peu...

La tragédie obtint huit scènes — dont deux seule-
ment consacrées à Corneille, de beaucoup distancé
par Racine. Un seul concurrent surgit pour six con-
currentes. A tous je souhaiterais une compréhension
plus musicale du vers, trop souvent dépecé, écartelé
et crié. Venons au chant. Sur vingt et un morceaux
confiés aux hommes, huit appartenaient à Haendel ;
dont l’air de Suzanne fut trois fois entendu. Pourquoi
cet engouement en faveur d’un seul maître, alors que
bien d’autres, non moins illustres, étaient délaissés,
parmi lesquels il suffira de nommer Mozart, Bach,
Beethoven, Lully, Rameau, Gluck, Berlioz?...

Certains interprètes — notamment parmi les jeunes
— se montrèrent remarquables. On peut néanmoins
regretter que nombre de voix semblent emprisonnées
dans la poitrine de leurs possesseurs, sous la garde
d’un larynx opiniâtrement fidèle à son rôle de geôlier ;
ne serait-il pas possible d’extérioriser quelque peu ces
« voix intérieures » ? De cette contrainte chacun
souffre, le chanteur, le compositeur et l’auditeur ; joi-
gnez qu’une conception plutôt singulière de l’utilisa-
tion des voix vient souvent muer un baryton en ténor
ou un mezzo-soprano en soprano aigu, ce qui n’est
point de nature à atténuer les souffrances précitées.

Enfin quelques professeurs tolèrent — car je ne sup-
pose pas qu’ils les encouragent—• des procédés d’une
familiarité excessive à l’égard des œuvres interprétées
par leurs élèves. Ceux-ci opèrent des changements de
notes, des variantes imprévues, des modifications de
mouvements et de nuances témoignant d’une parfaite
méconnaissance de l’art et d’un impardonnable manque
de respect à l’égard des maîtres dont ils « amélio-
rent » l’inspiration. En sorte que le texte n’est plus
qu’un prétexte à bel canto. Et encore, quand je dis
bel.

On a parfois médit du jury. Convenons cependant
qu'il est fort bien composé lorsqu’il s’agit de juger les
concurrents provenant des classes d’instruments et
même de celles vouées à la..déclamation. Les autres
concours rassemblent de bons musiciens auxquels
s’ajoutent forcément quelques directeurs de théâtres
officiels dont l’éducation ne fut pas précisément dirigée
vers les horizons de la scène. De là parfois certains
verdicts qui surprennent le public et la critique, mais
qui ne troublent nullement le philosophe averti.

René Brancour
 
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