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ET DE LA CURIOSITÉ

1922) où se mesure si bien la valeur de ce probe
talent : abondante collection de dessins et de toiles,
paysages, coins de ville et surtout études de chevaux
en mouvement, rendus avec la conscience et la savante
précision d’un artiste du xve siècle. -Rétrospective
de Georges Buysse (1864-1916), peintre délicat
influencé par M. Claus, mais gardant cependant une
note personnelle dans ses vues des bords de l’Escaut
et du canal de Terneuzen et atteignant parfois à une
lumineuse grandeur, par exemple dans sa Barque
(n° 26). Rétrospective de Charles Mertens (i86$-

1919) de vision si originale, curieux mélange de
réalisme et de sensibilité, bon portraitiste en plus et
doué d’un sens très fin de l’harmonie des couleurs.
Rétrospective de Jean Stobbaerts (1838-1914), le grand
animalier, représenté seulement par des toiles de sa
dernière manière, qui ne sont peut-être pas les plus
intéressantes.

Ces rétrospectives nous conduisent tout naturelle-
ment à la triennale belge proprement dite, partie
numériquement la plus importante de l’exposition ;
Sans doute on n’y trouvera pas le choix très particulier
qui caractérise la section française. Le jury ici au lieu
d’inviter tel ou tel peintre, de désigner telle ou telle
œuvre, a dû se contenter d’accepter ou de refuser les
toiles qu’on lui présentait ; il faut donc se garder
d’opposer la valeur des deux ensembles. Ce qu’il est
intéressant de noter, c’est dans le mouvement parallèle
qui entraîne l’art de deux pays amis, les caracté-
ristiques qui clairement se révèlent.

D’une manière générale, chez les Belges, le goût de
la couleur et des délicatesses de nuances ou de lumière
qu’ils savent rendre merveilleusement, de façon plus
intuitive que chez nous : le dessin et la forme nous
préoccupent davantage. A ce point de vue les femmes
et les fleurs de M. Jefferys, les natures mortes ou les
chantiers de M. Verburgh, les poissonsde M. Brouwers
sont à Gand bien instructifs. Quelquefois cette passion
de la couleur va jusqu’à faire disparaître presque com-
plètement le sujet et la composition, et nous avons
alors l’étonnant feu d’artifice de M. Ensor : Chute des
damnés. Quelquefois au contraire ces goûts et ces dons
picturaux s’allient à des recherches de style et de
choix et nous donnent alors des œuvres complètes et
magistrales comme celles que montre M. Claus. Ce qui
ressort aussi de ce Salon triennal, c’est l’effort intense
bien que souvent désordonné de la jeune école belge
pour dégager de plus en plus sa personnalité et con-
tinuer le grand mouvement de libération commencé au
xixe siècle par les Leys, les Charles de Groux, les
Henri de Braeckeleer. Il y a là tout un groupe d’ar-
tistes qui cherchent avec ardeur, trouvent quelquefois,
se trompent souvent, essaient toujours.

Les uns nous empruntent notre technique, mais pour
prendre des scènes, des types, des vues de leur pays, et
nous avons ainsi les beaux « pays noirs » de M. Paulus,
les paysans ou les ouvriers de M. Hageman, les inté-
rieurs de M. Ramah ou de M. Mathys.

D’autres vont plus loin, adoptent des procédés
bien à eux pour rendre les côtés typiques de leur sol,
les manifestations de l’âme à la fois mystique, exubé-
rante ou tragique qui constituent le caractère national.
Nous avons alors M. Jacob Smits et ses poignants

paysages de la Campine aux tons si simples, aux
lignes si larges; M. de Bruycker le « joyeux » et le
« triste » tour à tour, outré et débordant, héritier
direct des Breughel et des Bosch ; M. Servaes, si sim-
plement tragique dans son beau dessin de la Mise au
tombeau ; M. Anto Carte, le beau peintre qui cherche à
relier sa fine et forte sensibilité aux traditions du
xve siècle, M. Wynants, ce Flamand si curieusem'ent
teinté d’orientalisme, chez lequel revit l’âme d’ancêtres
qui naviguèrent sur toutes les mers du monde, et qui
nous montre de si jolies statues de princesses exo-
tiques.

La section monumentale, bien et largement pré-
sentée, n’est pas la moins intéressante. Sur ses grandes
surfaces les œuvres de M. Fabry prennent leur vraie
valeur, et elle est fort grande ; de vastes compositions
comme l'Expansion commerciale, la Belgique reconnais-
sante sont imprégnées d’un beau lyrisme et construites
avec solidité. Notons aussi un essai de section déco-
rative avec de belles orfèvreries de M. Jensen, les
batiks aux chaudes couleurs de M. Bergmans et les
remarquables médailles de M. Bonnetain.

Le salon de Gand, par la variété et l’importance de,
ses sections, surtout par ses toiles de la jeune école
française, nulle part ailleurs si magistralement résumée,

| mérite donc une attention toute spéciale. Il sera fécond
en enseignements, suscitera toutes sortes de compa-
raisons et de rapprochements pleins d’intérêt entre Part
belge et le nôtre, arts si étroitement unis et ayant
cependant chacun leur personnalité nettement diffé-
rente, leurs évolutions et leurs buts très particuliers.

Edouard Michel

REVUE DES REVUES

« Eyblis »(i) (n° 2). — Le deuxième fascicule
de cette belle revue de bibliophilie et de gravure n’est
pas moins intéressant et moins luxueux que le premier.
On y trouve des études de notre collaborateur M. Clé-
ment-Janin sur l’aquafortiste Amédée Féau (planche
hors texte) et le peintre-graveur P.-E. Colin (bois
original hors texte) ; — de M. Loÿs Delteil sur L’Œuvre
gravé d’Eugène Bléry (1803-1886) à la Chalcographie
du Louvre (hors texte: Vue du Château de Nemours, eau-
forte) ; — de M. P. Gusman sur Le Style français des
xylographies primitives (2 planches hors texte) (2) ; —-
de M. Robert Burnand sur la belle édition de la Divine
Comédie illustrée des dessins de BotticelIi, gravés par
M. Jacques Beltrand (reprod. hors texte) ; — de
M- P.-A. Lemoisne sur Augustin.de Saint-Aubin et les
dessins de Fragonard pour les « Contes » de La Fontaine

(1) Et non « Byblos » comme il a été imprimé par
erreur dans le compte rendu du icr fascicule (Chronique
des Arts du 31 mai 1922).

(2) Article malheureusement déparé par plusieurs
erreurs dans les noms ou mentions topographiques : Saint-
Emmeran n’est pas « près de Ratisbonne » mais est une
église de cette ville ; le château de Karlstein, au contraire
est près de Prague et non à Prague ; « Regensberg »,
dont saint Wolfgang fut évêque, est en réalité Regens-
burg ou Ratisbonne ; le monastère de Saint-Zénon est à
Reichenhali près Salzbourg (et non « Reichenalt en
Tyrol »); « Saint-Wenzel » est saint Wenceslas; etc.
 
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