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CHRONIQUE DES ARTS

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l’Institut le 4 janvier (jugement le 10 mars). L’Aca-
démie choisit également le sujet du prix de Rome
(enluminure): Frontispice d’un livre consacré à Tristan
et Yseult.

Société des Antiquaires de France

Séance du 20 décembre

M. A. Boinet étudie un manuscrit de la Biblio-
thèque Sainte-Geneviève contenant une traduction pro-
vençale du Livre des propriétés des choses de Barthélemy
l’Anglais ; il aurait été fait et enluminé pour Gaston
Phébus, comte de Foix.

MM. Chénon et Mayeux signalent les résultats de
leurs fouilles dans les ruines romaines de Montlevic
(Indre).

M. Merlin fait connaître quelques trouvailles récentes
de Carthage, notamment le mobilier d’une tombe
punique (début du vie siècle).

Séance du 2 y décembre

M. Deschamps fait une communication sur les
portails où l’on a cru voir la représentation d’une
reine à patte d’oie.

M. Mayeux communique un bas-relief romain (chi-
mère) conservé à Neuvy-Saint-Sépulcre (Indre).

M. Destrée, ex-conservateur des Musées du Cin-
quantenaire, à Bruxelles, étudie deux Vierges et un
Christ en croix de Belgique.

Deux tableaux espagnols au Musée du Louvre

On sait que le Louvre possède deux tableaux de
Zurbaran (nos 1738 et 1739) qui ont été longtemps
considérés comme se rapportant à la vie de saint Pierre
Nolasque et provenant du couvent des Pères xle la
Mercy-Chaussée à Séville. Dès 1883, Cari Justi, dans
un article du Jahrbuch des Musées prussiens, a établi
que le personnage principal des deux compositions est
saint Bonaventure : le n° 1739 représente ses obsèques ;
le n° 1738, selon Cari Justi, représenterait le même
saint présidant un chapitre de l’ordre des Francis-
cains (1). Cette dernière opinion, quoique acceptée par
Paul Lafond (2) ne nous paraît pas exacte. Il ne s’agit
pas, comme le voulait le regretté conservateur du Musée
de Pau, d’un chapitre général des Frères Mineurs que
le saint aurait présidé, chose banale pour un général
d’ordre: d’ailleurs, il n’y a pas un seul Mineur dans
l’assemblée ; il s’agit de saint Bonaventure dansses fonc-
tionsdePère de l’Église. Avoirété Père de l’Église était
ce qui faisait sa gloire éminente. Le Moyen Age ne
connaissait que quatre Pères de l’Église : saint Am-
broise, saint Augustin, saint Jérôme et saint Grégoire.
Saint Thomas d’Aquin fut décoré de ce titre par
saint Pie V; saint Bonaventure le fut, le 14 mars 1388,
par Sixte-Quint. Or, la sciencethéologiquedecedernier

(1) Voyez S. de Ricci, Description raisonnée des peintures
du Louvre, I (Italie et Espagne), p. 210 et suiv.

(2) Paul Lafond, Ribera et Zurbaran, Paris, Laurens,
s. d., p. 87.

éclata, plus vivement que dans toute autre circons-
tance, dans l’épisode que le bréviaire franciscain (1)
résume en ces termes : « Au concile de Lyon l’œuvre
par excellence du saint fut l’union avec les Grecs.
Car, avant la réunion des Pères, il avait conseillé à
Grégoire X d’envoyer à l’empereur Paléologue comme
nonces Jérôme d’Ascoli, qui fut plus tard pape sous
le nom de Nicolas IV, et trois autres Frères Mineurs ;
leur légation avait été fructueuse ; et au sein même du

concile il fit tant. que l’Empereur et l’Orient

revinrent à l’obéissance du Siège Apostolique. » Le
succès fut dû à une série de conférences tenues pai le
saint avec les envoyés de Michel Paléologue et de son
fils Andronic. Au dernier moment tout périclitait :
les Grecs refusaient d’accepter la formule de fidélité à
la foi romaine que proposait le concile. Saint Bona-
venture ne désespéra pas ; il éclaira la conscience des
Grecs, les convainquit, et dans une séance décisive
obtint des envoyés impériaux l’acceptation de la for-
mule (2). C’est ce saint Bonaventure, rayonnant d’in-
telligence, que le peintre nous montre assis sous son
dais cardinalice et discutant, ou plutôt enseignant, la
main droite levée. Et, pour que nul ne se trompât sur
la nationalité de ses interlocuteurs, il donne à deux
d’entre eux le costume que ses Contemporains donnaient
aux évêques grecs (3). La ruse aussi qu’il répand sur
certains visages est à noter. Notre tableau, c’est Saint
Bonaventure et les envoyés de l’empereur Paléologue.

Jetons maintenant un coup d’œil sur le portrait dit
la Reine Marie-Anne par Velâzquez : une princesse toute
jeune, avec la large perruque de cour, la robe évasée
que fait deviner l’écartement des bras, et la légère cou-
che de fard que la camériste vient d’étendre sur les
joues pleines. Qu’il y ait dans cette œuvre quelque
chose de la seconde femme de Philippe IV, roi d’Espa-
gne, on ne saurait le nier. Celle-ci cependant ne fut
jamais belle. De l’infante Marie-Thérèse au contraire,
née du premier mariage du roi avec Isabelle de F’rance,
fille de Henri IV, un envoyé italien à la cour de Madrid
écrit qu’elle est la princesse la plus gracieuse et la plus
belle de la chrétienté (4). Ces mots s’appliquent à notre
portrait. Celui de Bossuet aussi qui vantera de Marie-
Thérèse d’Autriche, devenue reine de France, l’écla-
tante blancheur, symbole de l’innocence et de la
candeur de son âme. Si Marie-Thérèse a des traits
communs avec Marie-Anne, c’est qu’elles sont du même
sang, l’une Espagne, l’autre Autriche. Mais dans notre
portrait le type Philippe IV domine ; il reproduit les
yeux bleus et ce que l’on a appelé les lèvres de rubis
du roi. On a de la peine à ne pas voir dans ce por-
trait, d’ailleurs avec plus d’un critique(3), Marie-Thé-
rèse d’Autriche, future femme de Louis XIV.

H. Matrod

(1) 14 juillet, leçon VI.

(2) P. F. Gaspare da Monte Santo, Gesta e dottrina del
Serafico Dottore S. Bonaventura, Florence, 1874, p. 171.

(3) Voir, au Louvre même, le Saint Basile de Herrera
le Vieux, n° 1706.

(4) Knackfuss, Velâzquez, Bielefeld et Leipzig, 1898,
p. 42.

(5) Louis Hourtieq, Les Tableaux du Louvre, Paris, Ha-
chette, p. 133. — Knackfuss, 0. c., p. 42. — Walther
Gensel, Velâzquez, Stuttgart et Leipzig, 1905, p. 76 et 77,
conserve à notre portrait de Marie-Thérèse et à celui du
 
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