BAS-RELIEFS MYSTÉRIEUX : BOURGES.
227
que l’Église nous fait réciter tous les jours dans l’office de complies? « Gardez vos
sens et veillez toujours; car votre ennemi, le diable, rôde autour de vous comme un
lion qui ne guette que proie, etc. »
Sans aller même si près des enseignements évangéliques, il y a plus d’un avis
utile où l’humanité peut s’instruire dans notre fabliau sculpté à Bourges; et je n’ai
pas la prétention d’en préciser le sens à coup sûr. Une approximation passable est
déjà bien assez en sujets si ardus. Cf. Mélanges..., Ire série, t. II, p. 207-211.
Cependant si l’on tient à quelque moralité qui se rencontre positivement chez
l’un des trouvères qu’a préoccupés Renard, Aroici de quoi choisir pour l’édification du
lecteur exigeant :
« Soions soigneus de nous garder,
Li mors vient, nous n’avons k’ester;
Avoeo li vient Satans li leus,
De nous mengier tous familleus.
De dévot cuer merci crions
A Dieu, et nous merci arons. »
Et, ce qui est tout à fait d’accord avec la Bible (Eccli. vu, 40) :
Ou encore :
c Se tu veus vivre sagement,
Garde adès le définement. »
« Fuions Renart que c’est no {notre) mors,
Car il eslonge de Dieu famé ;
Et le met en la puant tlame
D’infier dont Dame-Dieus nos gart! »
Item, quoique ce n’ait pas grande liaison avec notre bas-relief :
« Est cui cura Dei,
Nemo nocebit ei. »
Bref, le spectateur doit se dire que :
« Pour Renart qui gelines tue.
Qui a la rousse piaus vestue,
Qui a grant coue et quatre piez
N’est pas ciiz livres commanciez;
Mais pour celui qui a deus mains,
Dont ils sont en cest siègle mains. »
C’était parler comme Hildebert du Mans, dont je citais quelques vers ci-dessus
(p. 144), et qui peut bien avoir inspiré pour sa part les peintures de Metz rappelées
par nous (supra, p. 115, sv.).
tienne, qu’on rencontre fréquemment chez les écrivains
ecclésiastiques des recueils de sentences puisées dans les
auteurs classiques et à toute espèce de sources.
Cf. D. Pez, Thésaurus..., t. III, P. Il, p. 243; et 487,
sqq.—Mai, Nova Collectio... Vatic., t. II, p. 556, sqq.
— Red., ed. Basil, t. II, p. 260, sqq. ; et t. VII, p. 515, sqq.
— S. Ephrem, Ad imitationemproverbiorum (ed. Assemani),
P. gr.-lat., t. I,p. 70-111; et t. II, p. 56, sqq.; etc. — Abai-
lard, dans la Biblioth. de l'Ecole des chartes, 2e série, t. II,
p. 407-421 ; et Varron, Tbid., 3e série, t. I. p. 3, sv.
227
que l’Église nous fait réciter tous les jours dans l’office de complies? « Gardez vos
sens et veillez toujours; car votre ennemi, le diable, rôde autour de vous comme un
lion qui ne guette que proie, etc. »
Sans aller même si près des enseignements évangéliques, il y a plus d’un avis
utile où l’humanité peut s’instruire dans notre fabliau sculpté à Bourges; et je n’ai
pas la prétention d’en préciser le sens à coup sûr. Une approximation passable est
déjà bien assez en sujets si ardus. Cf. Mélanges..., Ire série, t. II, p. 207-211.
Cependant si l’on tient à quelque moralité qui se rencontre positivement chez
l’un des trouvères qu’a préoccupés Renard, Aroici de quoi choisir pour l’édification du
lecteur exigeant :
« Soions soigneus de nous garder,
Li mors vient, nous n’avons k’ester;
Avoeo li vient Satans li leus,
De nous mengier tous familleus.
De dévot cuer merci crions
A Dieu, et nous merci arons. »
Et, ce qui est tout à fait d’accord avec la Bible (Eccli. vu, 40) :
Ou encore :
c Se tu veus vivre sagement,
Garde adès le définement. »
« Fuions Renart que c’est no {notre) mors,
Car il eslonge de Dieu famé ;
Et le met en la puant tlame
D’infier dont Dame-Dieus nos gart! »
Item, quoique ce n’ait pas grande liaison avec notre bas-relief :
« Est cui cura Dei,
Nemo nocebit ei. »
Bref, le spectateur doit se dire que :
« Pour Renart qui gelines tue.
Qui a la rousse piaus vestue,
Qui a grant coue et quatre piez
N’est pas ciiz livres commanciez;
Mais pour celui qui a deus mains,
Dont ils sont en cest siègle mains. »
C’était parler comme Hildebert du Mans, dont je citais quelques vers ci-dessus
(p. 144), et qui peut bien avoir inspiré pour sa part les peintures de Metz rappelées
par nous (supra, p. 115, sv.).
tienne, qu’on rencontre fréquemment chez les écrivains
ecclésiastiques des recueils de sentences puisées dans les
auteurs classiques et à toute espèce de sources.
Cf. D. Pez, Thésaurus..., t. III, P. Il, p. 243; et 487,
sqq.—Mai, Nova Collectio... Vatic., t. II, p. 556, sqq.
— Red., ed. Basil, t. II, p. 260, sqq. ; et t. VII, p. 515, sqq.
— S. Ephrem, Ad imitationemproverbiorum (ed. Assemani),
P. gr.-lat., t. I,p. 70-111; et t. II, p. 56, sqq.; etc. — Abai-
lard, dans la Biblioth. de l'Ecole des chartes, 2e série, t. II,
p. 407-421 ; et Varron, Tbid., 3e série, t. I. p. 3, sv.