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SOURCES OU PUISAIT l’âRT.

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grands guides, surtout parmi les docteurs latins, quoique les premiers Pères grecs (y com-
pris saint Cyrille d’Alexandrie) eussent frayé une large route à ce haut symbolisme *.

II. — VIES DES SAINTS.
Il ne s’agit pas cette fois de certains attributs spéciaux qui caractérisent les plus
illustres serviteurs de Dieu dans toute la chrétienté (latine surtout), comme un
blason désignait une famille. Chaque province ecclésiastique, chaque ordre religieux
a ses patrons et ses protecteurs particuliers, dont la vie se représente avec affection
dans presque tous ses détails pour ceux qui font profession de connaître le saint per-
sonnage et de l’honorer. En ce cas, celui qui n’est point dans le secret risque fort de
ne pas entendre beaucoup de scènes exposées volontiers par l’artiste, lequel comptait sur
un spectateur initié. Moi-même qui en parle, j’apprends quelque chose tous les jours
en ce genre de connaissances où j’ai'pourtant mis autant d’étude que maint amateur
qui s’y accorde compétence suffisante. Lorsque, par exemple, dans les Caractéristiques
des saints (p. 102, svv.), j’avais à chercher un groupe de saints connus en Allemagne
sous le nom de XIV auxiliatores (die Vierzehn JSothhelfer), je ne savais où placer la
source de cette piété populaire. L’histoire des guerres de Napoléon Ier m’indiquait
près d’Iéna un village nommé Vierzehn Heiligen, qui aurait pu mettre sur la voie du
lieu où naquit le culte des quatorze saints associés par l’ancienne dévotion allemande.
Mais le vrai point de départ semble bien être Franckenthal (dans le diocèse de Bamberg,,
prieuré de l’abbaye de Langheim; et la dévotion aux XIV saints, avec pèlerinage, y datait
de 1 Zi45. Dès 1519, la typographie nurembergeoise publiait à ce sujet un livre après
lequel il n’y a plus guère de doute2.
Qui voudra, par exemple, expliquer les vitraux d’une église, aura besoin de connaître
les protecteurs locaux, dont le culte pouvait être dû à quelque ancienne translation de
reliques; ce qui exigera souvent des recherches épineuses auxquelles on ne songera
même pas, si l’on n’a été nourri cà l’ombre du clocher. Comment un étranger, sauf infor-
mations prises dans les livres, expliquera-t-il par exemple le culte de saint Piat (martyr
tournaisien) dans la ville de Chartres?

1. Pourquoi cette tradition s’interrompt-elle, en quel-
que sorte, dans l’Église grecque vers la fin du ive siècle !
C’est que la multiplicité des hérésies pointilleuses en
Orient tourna le zèle des docteurs vers la partie métaphy-
sique et polémique delà théologie. Puis, les mœurs éner-
vées et l’esprit chicaneur des Byzantins exigèrent que saint
Jean Chrysostome insistât principalement sur ta doctrine
morale, sans avancer rien qui pût prêter aux arguties dans
son auditoire très-porté à la critique de qui l’évangélisait.
Aussi s’en tient-il habituellement au sens littéral lorsqu’il
expose l’Écriture sainte. En ce point, il peut être pris pour
grand modèle; mais ne concluez pas trop vite que toute
autre voie ne vaille rien.
D ailleurs la mauvaise réputation faite aux hardiesses
d Origène dégoûta pour longtemps bien des cœurs dont
1 élan n avait guère besoin d’être si fort tenu en bride.
G était vraiment trop de frein pour une génération assez
peu suspecte de fougue.

Chez nous (Latins), on se chamaillait beaucoup moins,
tout en se battant beaucoup plus ; car les races vraiment
guerrières ne sont pas précisément querelleuses pour cela.
L’homme d’armes apportait à l’église, du moins en fait de
foi, la docilité du paysan ; et l’homme de plume était pres-
que partout ecclésiastique. Si, parmi tout ce monde, les
moines étaient peu inventifs, ils en étaient quittes pour
répéter saint Augustin qu’ils avaient copié, et le peuple
ne s’en trouvait pas plus mal. C’est ce qu’avaient fait saint
Isidore, Bède et Raban, avec tant d’autres; sans grand in-
convénient, certes, pour la tradition chrétienne.
2. Cf. Simon Schreiner, Franckenthal, ocler Beschrei-
hung und Ursprung cler Walfahrt und Gotteshausz zu den
Vierzehn Heiligen im Franckenthal ob Staffelstein (Bamberg,
1623); avec lettres apostoliques, récit, gravures, etc.
Or ce sont bien les XIV Nothhelfer, sans aucune addition
du saint Magnus d’Allemagne ou de Vénétie, qui s’y mêle
parfois dans des nomenclatures postérieures.
 
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