SARCOPHAGES.
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ment indubitable. Bien des sculptures antiques nous montrent la femme chaussée de san-
dales, ou coiffée en cheveux assez courts; il ne serait clonc pas incontestable absolument
c(u'on ait prétendu montrer ici un adolescent' et une jeune fiile qui s'accordent pour unir
leurs vies désormais. En ce cas les témoins cjui assistentà ces fiancailles ou noces, pourraient
être cles amis qui applaudissent à cet accorcl cles époux futurs. Que ce soit donc Jésus-Cbrist
clonnant à saint Maximin sa mission pour évang*éliser 1a Provence, il n'y a pas moyen cle
trouver cela convaincant.
Ajoutez que, si cetombeau eütété vraiment fait dès l'origine pour 1e corps de saint Maxi-
min lui-même, il y aurait cle quoi s'émerveiiler à ne pas voir 1a moinclre lettre en clonner
l'inclice quelconque sur la tablette qui devait recevoir les noms et qualités clu mort.
II est encore moins clair que les probls de g-rands masques aux cleux angdes extrêmes de
la frise, rappellent 1e soleil et la lune, comme inclices cle 1a vie et cle 1a rnort. Beaucoup de
sarcophag*es se terminent ainsi par des espèces cI'antéRxes baccbicjues cjui rentrent clans
la clonnée gAnérale d'une initiation au mystère cle bavenir. MaisM. J.-B. cle Rossi a cléjà
fait observer c^u'avec 1e temps, on y introduisit des souvenirs chrétiens locaux; si clonc,
comme 1e propose cet habile antic{uaire, la tête clu martyr saint Genès avalt été acloptée
pour cette fonction clans les ateliers arlésiens, notre sarcophag^e provençal y trouverait un
moyen de date approximative. Ce saint ayant reçu le baptême cle sang^ au commencement
du iv°siècle, son culte peut avoir été fort promu dans le pays des bouches clu Rbône par
la conversion de Constantin, et par 1e rang^ que les évêques cI'Arles obtinrent clans les Gaules
sous 1e règme clu fils cle Constance Cblore, puis surtout au commencement clu v" siècle par
la faveur des papes. II aura cepenclant fallu quelque trente années après 1a cbute cle l'iclo-
làtrie ofbcielle, pour c{ue cette victime de 1a clernière persécution g*énérale obtînt une noto-
riété si éclatantecjue les sculpteurs en arborassent 1e souvenir comme passe-port à l'œuvrecle
ieur ciseau. Ne serait-on pas déjà bien disposé à conclescenclance, si l'on veut admettre que
1e n'est pas postérieur à l'an 450? Quant à moi, je ne serais pas
éloigné cle ciire que c'est accommodement un peu bénévole, et Cjue tout motif ne manque
point à qui voudrait descendre plus bas clans la cbronoiogâe. Des bas-reliefs ci'un sens si
vagme ou si mêlé étaient bien capables cie rester longtemps à l'étalage sans trouver ache-
teur, et sont fort suspects d'avoir été céclés à perte pour saint Maximin. On s'expliquerait
ainsi pourquoi, peu fiers de leur acquisition, les dévots clu saint n'auront pas vouiu laisser
croire qu'ilsprésentaientcela commedestinéprimitivementàleur patron. Nulle inscription
par conséquent, supposé même c{ue les restes de l'évêque y aient réellement été conservés
durant c^uelques siècles; etje croisêtre bienbon en acceptant même cela comme sépulcre
de saint Maximin.
Je ne veux point établir comme arrêt sans appei que rien cl'évang^élique n'ait occupé le
1. Dans la gravure du P. A. Martin, comme dans celle de
M. i'abbé Faitton, le jeune homme semble porter au cou une
qui indiquerait la première jeunesse, quasi i'enfance.
On pourrait donc, sans trop se tendre resprit, proposer de
voir dans ce groupe une sœur qui admoneste ou encourage
son jeune frère. Car cette coupe de chevelure donnée au
personnage qui occupe ia gauche du spectateur, n'est pas
évidemment propre à un homme.
Cependant ii ne serait pas impossibie que cette espèce de
dont ia suspension autour du cou ne s'aperçoit point
ici, fùt plutôt un bouton fermant l'ouverture par où iapæ-
donnait passage à ia tète quand eiie ètait jetée sur ies
épauies.
Si ce vêtement ctait déjà bien porté du temps de Piine, à
pius forte raison était-ii présentable à l'époque du christia-
nisme; et i'on ne devait pas être mal vu d'une jeune fernrne
que i'on abordait en pareii costume.
Vouioir y reconnaitre la chasubie primitive, et partant une
caractéristique épiscopaie, c'est abuser des inductions au
proht de saint Maximin.
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ment indubitable. Bien des sculptures antiques nous montrent la femme chaussée de san-
dales, ou coiffée en cheveux assez courts; il ne serait clonc pas incontestable absolument
c(u'on ait prétendu montrer ici un adolescent' et une jeune fiile qui s'accordent pour unir
leurs vies désormais. En ce cas les témoins cjui assistentà ces fiancailles ou noces, pourraient
être cles amis qui applaudissent à cet accorcl cles époux futurs. Que ce soit donc Jésus-Cbrist
clonnant à saint Maximin sa mission pour évang*éliser 1a Provence, il n'y a pas moyen cle
trouver cela convaincant.
Ajoutez que, si cetombeau eütété vraiment fait dès l'origine pour 1e corps de saint Maxi-
min lui-même, il y aurait cle quoi s'émerveiiler à ne pas voir 1a moinclre lettre en clonner
l'inclice quelconque sur la tablette qui devait recevoir les noms et qualités clu mort.
II est encore moins clair que les probls de g-rands masques aux cleux angdes extrêmes de
la frise, rappellent 1e soleil et la lune, comme inclices cle 1a vie et cle 1a rnort. Beaucoup de
sarcophag*es se terminent ainsi par des espèces cI'antéRxes baccbicjues cjui rentrent clans
la clonnée gAnérale d'une initiation au mystère cle bavenir. MaisM. J.-B. cle Rossi a cléjà
fait observer c^u'avec 1e temps, on y introduisit des souvenirs chrétiens locaux; si clonc,
comme 1e propose cet habile antic{uaire, la tête clu martyr saint Genès avalt été acloptée
pour cette fonction clans les ateliers arlésiens, notre sarcophag^e provençal y trouverait un
moyen de date approximative. Ce saint ayant reçu le baptême cle sang^ au commencement
du iv°siècle, son culte peut avoir été fort promu dans le pays des bouches clu Rbône par
la conversion de Constantin, et par 1e rang^ que les évêques cI'Arles obtinrent clans les Gaules
sous 1e règme clu fils cle Constance Cblore, puis surtout au commencement clu v" siècle par
la faveur des papes. II aura cepenclant fallu quelque trente années après 1a cbute cle l'iclo-
làtrie ofbcielle, pour c{ue cette victime de 1a clernière persécution g*énérale obtînt une noto-
riété si éclatantecjue les sculpteurs en arborassent 1e souvenir comme passe-port à l'œuvrecle
ieur ciseau. Ne serait-on pas déjà bien disposé à conclescenclance, si l'on veut admettre que
1e n'est pas postérieur à l'an 450? Quant à moi, je ne serais pas
éloigné cle ciire que c'est accommodement un peu bénévole, et Cjue tout motif ne manque
point à qui voudrait descendre plus bas clans la cbronoiogâe. Des bas-reliefs ci'un sens si
vagme ou si mêlé étaient bien capables cie rester longtemps à l'étalage sans trouver ache-
teur, et sont fort suspects d'avoir été céclés à perte pour saint Maximin. On s'expliquerait
ainsi pourquoi, peu fiers de leur acquisition, les dévots clu saint n'auront pas vouiu laisser
croire qu'ilsprésentaientcela commedestinéprimitivementàleur patron. Nulle inscription
par conséquent, supposé même c{ue les restes de l'évêque y aient réellement été conservés
durant c^uelques siècles; etje croisêtre bienbon en acceptant même cela comme sépulcre
de saint Maximin.
Je ne veux point établir comme arrêt sans appei que rien cl'évang^élique n'ait occupé le
1. Dans la gravure du P. A. Martin, comme dans celle de
M. i'abbé Faitton, le jeune homme semble porter au cou une
qui indiquerait la première jeunesse, quasi i'enfance.
On pourrait donc, sans trop se tendre resprit, proposer de
voir dans ce groupe une sœur qui admoneste ou encourage
son jeune frère. Car cette coupe de chevelure donnée au
personnage qui occupe ia gauche du spectateur, n'est pas
évidemment propre à un homme.
Cependant ii ne serait pas impossibie que cette espèce de
dont ia suspension autour du cou ne s'aperçoit point
ici, fùt plutôt un bouton fermant l'ouverture par où iapæ-
donnait passage à ia tète quand eiie ètait jetée sur ies
épauies.
Si ce vêtement ctait déjà bien porté du temps de Piine, à
pius forte raison était-ii présentable à l'époque du christia-
nisme; et i'on ne devait pas être mal vu d'une jeune fernrne
que i'on abordait en pareii costume.
Vouioir y reconnaitre la chasubie primitive, et partant une
caractéristique épiscopaie, c'est abuser des inductions au
proht de saint Maximin.