voyéparlaPiovidence. Une escorte va an-devant du mendiant. Les clairons son-
nent comme pour le roi, et le rideau tombe après que les deux vieillards se sont dit
bonjour.
Au second acte,Régina est guérie. Job le Maudit, très reconnaissant, veut la ma-
rier à l'homme qui l'a sauvée. Mais comme il prévoit queHattone se laisserait pas
enlever sa prétendue sans quelque résistance, il conseille aux amants de fuir, la nuit
venue, par une porte secrète. Remarquez que, jusqu'à présent, Job a été scrupuleuse-
ment obéi dans son burg, et que ces précautions paraissent fort superflues. Mais tan-
dis qu'il esquisse en cent trente ou cent quarante vers le plan d'évasion, Guanhu-
mara traverse la scène. Elle a tout entendu . et comptant fort peu sur le serment du
franc-archer, elle va tout dénoncer à Hatto. Celui-ci accourt avec ses amis et prétend
se saisir d'Otbert. Le courageux bâtard tire sa grande épée et défie le jeune Burgrave,
à peu près comme Hernani, don Carlos, en lui crachant au visage vingt-cinq
vers fort injurieux. Hatto le laisse dire avec une patience exemplaire , et lui renvoie
ensuite une volée d'insultes non moins développées, non moins homériques : —
a Tu n'es pas Otbert, tu t'appelles Giorgi Spaventi ; tu n'es pas un bâtard, mais un
a esclave, fils d'esclave. Fais ramasser ton gant par des valets. S'il est quelqu'un ici,
a parmi les barons, qui veuille prendre ta cause, je me battrai volontiers. Sinon... »
Le mendiant du premier acte s'avance alors et accepte le défi de Hatto, ce qui est
peu conforme aux devoirs de l'hospitalité. A la vérité , cet homme peut se croire au-
dessus des règles ordinaires. Ce n'est rien moins que le vieil ennemi de Job et de Ma-
gnus, Frédéric Barberousse , qu'on croyait noyé dans le Cydnus, mais qui revient de
Palestine, et, quand il est reconnu, accable des plus atroces invectives les Burgraves
ébahis. Cette apostrophe est celle qui, dans l'origine, avait deux cents vers. On l'a
quelque peu réduite, en rejetant ce qu'elle avait de trop exubérant dans un monolo-
gue décent vingt hémistiches qui commence le second acte, et dont nous n'avons
point parlé, n'ayant pu l'entendre.
Tout a une fin dans ce bas-monde, et Barberousse s'arrête essoufflé. Magnus pro-
fite de ce moment de répit, et se tournant vers une terrasse extérieure, il donne ses
ordres à la garnison du burg :
Baissez les ponts-levis, armez les fauconneaux,
Mille hommes aux fossés, mille hommes aux créneaux !
« Mille hommes encore dans la forêt voisine 1 Coupez les plus grands chênes,
| équarissez les plus gros blocs de granit, etc., etc. »
tuer, ce Donato dont Guanhumara veut venger la mort, l'oncle d'Otbert, l'ex-amant de
la sorcière, c'est te vieil empereur, très disposé au pardon , et non moins indulgent
pour Fausto-Job, que Robert-Macaire par son. ami Bertrand , à peu près dans les
mêmes circonstances.
Il semble que tous ces gens-là, père et fils, oncle et neveu, sorcière et jeune phthy-
sique n'ont plus qu'à s'embrasser pour que tout soit fini. Mais Guanhumara reste liée
par son serment. Elle a juré que le cercueil préparé pour Job ou pour Regina ne sor-
tirait pas vide delà tour du Drapeau Noir. Ses deux victimes lui faisant faux bon
elle n'a plus qu'à s'empoisonner elle-même pour remplir sa bière et ses engagements'
Elle s'empoisonne donc , sans que personne ait l'air d'y prendre garde, et Frédéric
termine le tout par un petit speech politique annonçant que les temps sont rudes, en
vers qui ne sont guère doux.
Embarrassés de soutenir ce drame, comme drame, les partisans de M. Hugol'o-1
qualifié a d'effusion lyrique. » Effusion, diffusion, confusion, tant qu'il vous plairra
mes seigneurs ! Mais, sous aucun prétexte, nous le croyons du moins, il n'est permis
d'assembler une collection d'êtres pensants autour d'une légende aussi complètement
dénuée de sens, de logique, de passion et d'intérêt. Sans nier le mérite de quelques
beaux vers, bien compensé par le fatras antithétique de ces énormes tirades dont nous
avons indiqué la place, il est permis de croire que quelques éclairs à peine visibles ne
compensent pas l'absence de toute lumière pure et continue. D'ailleurs qui dit effusion
promet une œuvre originale, et celle-ci est pleine de réminiscences. Guanhumara, dans
le burg du Maudit, est, à ne pas s'y méprendre, la vieille Ulrique à'Ivanhoê dans le
château de Front-de-Bœuf. La position du franc-archer vis-à-vis de Job est la même
que celle deGennaro vis-à-vis de Lucrèce Borgia. L'histoire du voile noir est renou-
velée de Marie Tudor. Les philtres sont pris partout, et surtout dans Angelo. Les
effets de cercueil partout aussi. Dans les vieux Burgraves et l'empereur Barberousse,
nous retrouvons la monnaie de Ruy-Gomez'de Silvà, qui, multiplié par trois, devient
désespérant. Bref, rien de nouveau rien d'inspiré, rien qu'un pauvre mélodramein-
cohérent et niais, traînant après lui, comme des entraves d'or, quelques lambeaux de
belle poésie,
A l'heure qu'il est, le succès n'est plus possible pour des fantaisies aussi déréglées
Celle-ci est soutenue par le jeu d'une troupe intelligente eLdévouée, mais Beauvallet
Geffroy, Mme Mélingue et le reste plient sous un faix que les plus robustes épaules ne
suffiraient pas à porter.
Sylvius Adam.
Faites-nous un gibet digne d'un empereur.»
Ainsi parle Magnus dans sa sagesse, et Frédéric, qui avait trop compté sur le bon
vouloir des soldats du burg, courrait grand risque d'être pendu haut et court. Mais
Job le Maudit n'est pas disposé à sanctionner les ordres passionnés de son fils. Bie i
au contraire, pénétré du besoin de reconstituer l'Allemagne qui se dissout, il flée.iit 1
genou devant Barberousse, ordonne à tous ses vassaux, à toute sa race d'en faire au-
tant, met lui-même à son cou la chaîne d'un esclave, et demande humblement,
au nom de tous , les ordres de l'Empereur. L'Empereur, bien avisé, envoie le., Bur-
graves en prison, et retient seulement Job, en le priant de l'attendre , la nuit sui-
vante , dans la tour du Drapeau-Noir.
Cette tour du Drapeau-Noir est celle où naguère furent commises, à l'égard de Do-
nato etde Ginevra, toutes les gentillesses dont il a été parlé. Nous y retrouvons messire
Job le Fratricide, qui se livre avec fureur à sa passion pour le monologue. De temps
à autre pourtant, certains cris lugubres qu'il entend sortir du mur le troublent et le
dérangent. Enfin, un couloir secret venant à s'ouvrir, Guanhumara, une lampe à la
main, se présente aux regards du vieillard terrifié. Derrière elle se glissent des hom-
mes masqués, portant sur une civière le corps inanimé de Regina, plus un cercueil
de précaution que l'on a déposé dans un coin. Et ici commencent les explications fi-
nales.
Guanhumara se fait reconnaître de Fausto-Job , et lui annonce qu'il va mourir ; à
quoi il consent de très bonne grâce. Mais elle ajoute qu'il mourra de la main d'un fils
qu'il avait, et qu'elle lui a volé il y a vingt ans. Job trouve ceci un peu vif, surtout
lorsqu'il apprend que ce fils est Otbert, le franc-archer. Néanmoins, comme Guanhu-
mara insiste, comme elle tient en ses mains la vie de Regina, qu'elle a pris soin de
plonger, à l'aide d'un second philtre, dans un sommeil dont elle seule peut la tirer ,
il faut bien en passer par ce qu'elle veut. A son tour, d'ailleurs, elle fait une conces-
sion : Otbert ignorera qu'il tue son père.
Couvre-toi de ce voile et tais-toi, si lu peux ,
dit la sorcière à ce dernier, en lui prêtant un morceau de crêpe noir. Mais, malgré cette
recommandation toute prudente , Job n'est pas plus tôt en présence d'Otbert, qu'il
veut le voir, l'embrasser , le bénir. Ces procédés très peu usités en pareille circons-
tance, et de victime à bourreau, déconcertent le franc-archer, qui se refuse à tuer
son bienfaiteur. Plus cet homme vénérable insiste pour être occis, plus Otbert trouve
sa mission désagréable. Puis se ravisant tout--à-coup :
Monseigneur, Monseigneur, si j'étais votre enfant!..».
s'écrie-t-il en vrai Tom-Jones( qui peut être le fils de toutle monde.
Il n'est rien que Job ne fasse pour lui ôter cette pensée décourageante ! — Non, tu
n'es pas mon fils, j'en ai la preuve. Des Juifs l'ont mangé, mon fils. Sois tranquille.
On m'a rapporté ses os. Tu peux me tuer sans scrupule; tue-moi, mon fils.... et vingt
autres discours pareils qui vont à rencontre du but que l'orateur se propose. Alors, il
change de gamme : — Tue-moi sans pitié ! Je suis un monstre souillé de crim«s, tue-
moi comme j'ai tué mon frère !...
Sur ce mot, Otbert allait se résoudre à poignarder Job. Mais Frédéric Barberousse
sortant de l'ombre où il se tenait, arrête le^bras prêt à frapper. Ce frère, que Job a cru
SENTENCE ARBITRALE.
L'an mil huit cent quarante-trois, le dix mars,
Panlevàntnous;D.„, A... et deB..., réunis dans le cabinet dudit Me de B..... à deux heure
et demie de relevée,
■ Ont comparu: 1° M. Léopold Pannier, gérant de la société du journal le Charivari, demeurant
à Paris, rue Montorgueil, 8 ; 2° M. Armand-Jean-Michel Dutacq , demeurant à Paris , rue du
Croissant, 16, agi saut en son nom personnel ; 3P et M. Durand Marie-Michel Altaroche, rédac-
teur en chef du j jurnal le Charivari,.'demeurant à Paris, cité Bergère, 16.
Lesquels nous ont dit qu'ils nous ont choisis d'un commun accord pour statuer comme
arbitres souverains en dernier ressort, sans appel ni recours en cassation, et comme amiables
compositeurs, sur le différend qui s'est élevé entre eux quant à l'insertion d'un article proposé
par MM. Pannier et Dutacq et qui a pour objet de rendre compte de la première représen-
tation de la pièce des Burgraves, par M. Victor Hugo, et ils nous ont prié d'accepter lesditcs
fonctions ; et ont signé, L. Pannier, Dutacq et Altaroche.
Sur quoi nous, arbitres susdits et soussignés, avons déclaré accepter les fonctions qui nous
sont déférées, et sur la demande des parties, nous nous sommes à l'instant même constitues en
tribunal arbitral et avons signé: D...., A...., et de B.. .
Et aussitôt MM. Pannier et Dutacq ont pris des conclusions tendant à ce qu'il plût au tri-
bunal arbitral, ordonner, que nonobstant le refus de M. Altaroche, l'article présenté par eux,
soit inséré dans le plus prochain numéro du journal le Charivari et à ce que M. Altaroche
soit condamné aux dépens ; MM. Pannier et Dutacq ont développé les moyens à l'appui de ces
conclusions.
M. Altaroche a conclu à ce qu'il plût au tribunal arbitral déclarer MM. Pannier et Dutacq,
purement et simplement non recevables dans leur demande, qu'en tous cas ils en fussent dé-
boutés et condamnés aux dépens ; M. Altaroche a également développé les moyens a 1 appu
de ces conclusions.
MM. F.... et D.... présents à la séance du consentement des parties, ont présenté en outre
quelques considérations à l'appui de la demande. Des répliques ont eu lieu contradictoirement.
Après quoi nous avons déclaré le débat clos, et les parties, ainsi que MM.F.... et D....,se sont
retirées sur la déclaration que nous avons faite, que nous allions en délibérer immédiatement,
et elles ont signé avec nous arbitres.
Signé : Altaroche, L. Pannier, Dutacq, A...., D. .. et deB...-
Sur quoi nous arbitres susdits et soussignés,
Vu les pièces produites et après en avoir délibéré, jugeant en dernier ressort comme amiables
compositeurs ;
Considérant qu'aux termes des conventions qui lient les parties et sur l'existence desque es
elles sont d'accord, le droit que M. Beauger a réservé à m. Dutacq, d'insérer dans lcCfcarna^
les articles qu'il jugera utiles à ses intérêts ou aux intérêts du journal ne peut s'exercer que
consentement de M. Altaroche, et qu'en cas de refus de sa part, la seule question que des ar-
bitres aient à décider est celle de l'utilité ou de la convenance de l'insertion.
Considérant, quant à la question d'utilité, qu'elle ne peut s'élever dans la cause, et quan <|
celle de convenance, que quels que soient les égards dus à l'auteur de l'article, ils ne peuvOT
dans le cas particulier prévaloir sur les inconvénients que présenterait l'insertion faite co
le gré du rédacteur en chef.
Déboutons MM. Pannier et Dutacq de leur demande et les condamnons aux dépens.
Fait et jugé à Paris, les jour, mois, et an que dessus, dans le cabinet dudit M. de B..
Signé: A...., D.... et deB..,
Imprimerie d'A.-T, BRETON, rue Montmartre, 131.
Paris.
-::::: 30fr-
Ulî«Abonnements datent des le
On s'abonne pour la France et 1 Etraag
, .UI8, KIÎE DU CROISSANT,
* tt spécialement î>o«r les Depar
,/inls les Libraires, les Dire
E,° l"ene , et chez Delpech, à
E ,S Rey, à Toulouse; Aille
Î. Directeur de la Poste, a Alger.
^Zr UBelgiaue, le Directeur
UmWrre, Covie, a Londres ; 1
». Postes, à La Haye, Amsterdai
i°SfGenève;17(flKe,lesDi
Sa Yéronne, Venise, Floren,
ÏÏ.Monnier, libraire à Madn
S. des Postes a Leipsig, tran.
triche el la Bavière, le Direct des
e andre, à Strasbourg; la Prm
MS-U-Chapelle;la Russie, ch
ï„ran libraires à Saint-Pétersb
Efehr, à New-York.
o remit en paiement des abonnement»,'l
iKur la roste, et les effets «ur les m.
JADIS C'ÉTAIT!
SOITVEÏÏEZ-
Le Système semble ne s'ê
que pour trahir tous ses eng;
ses promesses. C'est pour ce
coré du titre de Système-véi
Nous signalions avant-hit
d'impôts. Lorsque ses homnn
lion par amour du pouvoir,
par amour de la liberté, il i
ribonds qu'ils ne lançassent
ges publiques et la monstri
lésions remarquer que depu
jet, au lieu de se réduire, s
tents millions, c'est-à-dire d'
tes-ont été élevées dans Is
le recensement, qui pressur
te portes et fenêtres ;-tén
te patentes, qui est un mt
millions de plus au commer
"".pas assez de surcharger
imposables déjà connues, voii
Ne nouvelles. Le sucre y
««vaincus que, si l'on se n
Moutarde comme on mang
Retarderait pas à y passe
Et la liberté donc? Que t
ï*e ans n'ont-ils pas fait (
'^entraves que les codes.
Wl01> semaient à l'envi so
Plus fort que nous 1
lei,e s»r l'article 291 du C
^ions. A peine ont-ils,
J?"" laissé crier seul, e
i!laït^291,iiSett.0ntam]
^ foi spéciale. Aupara
n ' ^st tout au plus si
jjfcà la liberté de la pies
^'itsenfanseux-rnème
r P'esqu aussi bien q,
• Sous la Restauratic
Jcc en^i bien fait chorus
CST* ^ctime, qu'
tP nuers engagemens, q
sse.Orilyenaeu
le;e™odecon1parï
'^toutes SnC/elaprosPé
,0Néfa, 68 f0rmes> deP"i
Ne J cau«onnement
J« eentniillefrancS) jf
"°n'0na , qansde déten
Set!P,IuSquedouWé le
lie ;« e«r Serre le cou
peill<le des
annonces
À
nent comme pour le roi, et le rideau tombe après que les deux vieillards se sont dit
bonjour.
Au second acte,Régina est guérie. Job le Maudit, très reconnaissant, veut la ma-
rier à l'homme qui l'a sauvée. Mais comme il prévoit queHattone se laisserait pas
enlever sa prétendue sans quelque résistance, il conseille aux amants de fuir, la nuit
venue, par une porte secrète. Remarquez que, jusqu'à présent, Job a été scrupuleuse-
ment obéi dans son burg, et que ces précautions paraissent fort superflues. Mais tan-
dis qu'il esquisse en cent trente ou cent quarante vers le plan d'évasion, Guanhu-
mara traverse la scène. Elle a tout entendu . et comptant fort peu sur le serment du
franc-archer, elle va tout dénoncer à Hatto. Celui-ci accourt avec ses amis et prétend
se saisir d'Otbert. Le courageux bâtard tire sa grande épée et défie le jeune Burgrave,
à peu près comme Hernani, don Carlos, en lui crachant au visage vingt-cinq
vers fort injurieux. Hatto le laisse dire avec une patience exemplaire , et lui renvoie
ensuite une volée d'insultes non moins développées, non moins homériques : —
a Tu n'es pas Otbert, tu t'appelles Giorgi Spaventi ; tu n'es pas un bâtard, mais un
a esclave, fils d'esclave. Fais ramasser ton gant par des valets. S'il est quelqu'un ici,
a parmi les barons, qui veuille prendre ta cause, je me battrai volontiers. Sinon... »
Le mendiant du premier acte s'avance alors et accepte le défi de Hatto, ce qui est
peu conforme aux devoirs de l'hospitalité. A la vérité , cet homme peut se croire au-
dessus des règles ordinaires. Ce n'est rien moins que le vieil ennemi de Job et de Ma-
gnus, Frédéric Barberousse , qu'on croyait noyé dans le Cydnus, mais qui revient de
Palestine, et, quand il est reconnu, accable des plus atroces invectives les Burgraves
ébahis. Cette apostrophe est celle qui, dans l'origine, avait deux cents vers. On l'a
quelque peu réduite, en rejetant ce qu'elle avait de trop exubérant dans un monolo-
gue décent vingt hémistiches qui commence le second acte, et dont nous n'avons
point parlé, n'ayant pu l'entendre.
Tout a une fin dans ce bas-monde, et Barberousse s'arrête essoufflé. Magnus pro-
fite de ce moment de répit, et se tournant vers une terrasse extérieure, il donne ses
ordres à la garnison du burg :
Baissez les ponts-levis, armez les fauconneaux,
Mille hommes aux fossés, mille hommes aux créneaux !
« Mille hommes encore dans la forêt voisine 1 Coupez les plus grands chênes,
| équarissez les plus gros blocs de granit, etc., etc. »
tuer, ce Donato dont Guanhumara veut venger la mort, l'oncle d'Otbert, l'ex-amant de
la sorcière, c'est te vieil empereur, très disposé au pardon , et non moins indulgent
pour Fausto-Job, que Robert-Macaire par son. ami Bertrand , à peu près dans les
mêmes circonstances.
Il semble que tous ces gens-là, père et fils, oncle et neveu, sorcière et jeune phthy-
sique n'ont plus qu'à s'embrasser pour que tout soit fini. Mais Guanhumara reste liée
par son serment. Elle a juré que le cercueil préparé pour Job ou pour Regina ne sor-
tirait pas vide delà tour du Drapeau Noir. Ses deux victimes lui faisant faux bon
elle n'a plus qu'à s'empoisonner elle-même pour remplir sa bière et ses engagements'
Elle s'empoisonne donc , sans que personne ait l'air d'y prendre garde, et Frédéric
termine le tout par un petit speech politique annonçant que les temps sont rudes, en
vers qui ne sont guère doux.
Embarrassés de soutenir ce drame, comme drame, les partisans de M. Hugol'o-1
qualifié a d'effusion lyrique. » Effusion, diffusion, confusion, tant qu'il vous plairra
mes seigneurs ! Mais, sous aucun prétexte, nous le croyons du moins, il n'est permis
d'assembler une collection d'êtres pensants autour d'une légende aussi complètement
dénuée de sens, de logique, de passion et d'intérêt. Sans nier le mérite de quelques
beaux vers, bien compensé par le fatras antithétique de ces énormes tirades dont nous
avons indiqué la place, il est permis de croire que quelques éclairs à peine visibles ne
compensent pas l'absence de toute lumière pure et continue. D'ailleurs qui dit effusion
promet une œuvre originale, et celle-ci est pleine de réminiscences. Guanhumara, dans
le burg du Maudit, est, à ne pas s'y méprendre, la vieille Ulrique à'Ivanhoê dans le
château de Front-de-Bœuf. La position du franc-archer vis-à-vis de Job est la même
que celle deGennaro vis-à-vis de Lucrèce Borgia. L'histoire du voile noir est renou-
velée de Marie Tudor. Les philtres sont pris partout, et surtout dans Angelo. Les
effets de cercueil partout aussi. Dans les vieux Burgraves et l'empereur Barberousse,
nous retrouvons la monnaie de Ruy-Gomez'de Silvà, qui, multiplié par trois, devient
désespérant. Bref, rien de nouveau rien d'inspiré, rien qu'un pauvre mélodramein-
cohérent et niais, traînant après lui, comme des entraves d'or, quelques lambeaux de
belle poésie,
A l'heure qu'il est, le succès n'est plus possible pour des fantaisies aussi déréglées
Celle-ci est soutenue par le jeu d'une troupe intelligente eLdévouée, mais Beauvallet
Geffroy, Mme Mélingue et le reste plient sous un faix que les plus robustes épaules ne
suffiraient pas à porter.
Sylvius Adam.
Faites-nous un gibet digne d'un empereur.»
Ainsi parle Magnus dans sa sagesse, et Frédéric, qui avait trop compté sur le bon
vouloir des soldats du burg, courrait grand risque d'être pendu haut et court. Mais
Job le Maudit n'est pas disposé à sanctionner les ordres passionnés de son fils. Bie i
au contraire, pénétré du besoin de reconstituer l'Allemagne qui se dissout, il flée.iit 1
genou devant Barberousse, ordonne à tous ses vassaux, à toute sa race d'en faire au-
tant, met lui-même à son cou la chaîne d'un esclave, et demande humblement,
au nom de tous , les ordres de l'Empereur. L'Empereur, bien avisé, envoie le., Bur-
graves en prison, et retient seulement Job, en le priant de l'attendre , la nuit sui-
vante , dans la tour du Drapeau-Noir.
Cette tour du Drapeau-Noir est celle où naguère furent commises, à l'égard de Do-
nato etde Ginevra, toutes les gentillesses dont il a été parlé. Nous y retrouvons messire
Job le Fratricide, qui se livre avec fureur à sa passion pour le monologue. De temps
à autre pourtant, certains cris lugubres qu'il entend sortir du mur le troublent et le
dérangent. Enfin, un couloir secret venant à s'ouvrir, Guanhumara, une lampe à la
main, se présente aux regards du vieillard terrifié. Derrière elle se glissent des hom-
mes masqués, portant sur une civière le corps inanimé de Regina, plus un cercueil
de précaution que l'on a déposé dans un coin. Et ici commencent les explications fi-
nales.
Guanhumara se fait reconnaître de Fausto-Job , et lui annonce qu'il va mourir ; à
quoi il consent de très bonne grâce. Mais elle ajoute qu'il mourra de la main d'un fils
qu'il avait, et qu'elle lui a volé il y a vingt ans. Job trouve ceci un peu vif, surtout
lorsqu'il apprend que ce fils est Otbert, le franc-archer. Néanmoins, comme Guanhu-
mara insiste, comme elle tient en ses mains la vie de Regina, qu'elle a pris soin de
plonger, à l'aide d'un second philtre, dans un sommeil dont elle seule peut la tirer ,
il faut bien en passer par ce qu'elle veut. A son tour, d'ailleurs, elle fait une conces-
sion : Otbert ignorera qu'il tue son père.
Couvre-toi de ce voile et tais-toi, si lu peux ,
dit la sorcière à ce dernier, en lui prêtant un morceau de crêpe noir. Mais, malgré cette
recommandation toute prudente , Job n'est pas plus tôt en présence d'Otbert, qu'il
veut le voir, l'embrasser , le bénir. Ces procédés très peu usités en pareille circons-
tance, et de victime à bourreau, déconcertent le franc-archer, qui se refuse à tuer
son bienfaiteur. Plus cet homme vénérable insiste pour être occis, plus Otbert trouve
sa mission désagréable. Puis se ravisant tout--à-coup :
Monseigneur, Monseigneur, si j'étais votre enfant!..».
s'écrie-t-il en vrai Tom-Jones( qui peut être le fils de toutle monde.
Il n'est rien que Job ne fasse pour lui ôter cette pensée décourageante ! — Non, tu
n'es pas mon fils, j'en ai la preuve. Des Juifs l'ont mangé, mon fils. Sois tranquille.
On m'a rapporté ses os. Tu peux me tuer sans scrupule; tue-moi, mon fils.... et vingt
autres discours pareils qui vont à rencontre du but que l'orateur se propose. Alors, il
change de gamme : — Tue-moi sans pitié ! Je suis un monstre souillé de crim«s, tue-
moi comme j'ai tué mon frère !...
Sur ce mot, Otbert allait se résoudre à poignarder Job. Mais Frédéric Barberousse
sortant de l'ombre où il se tenait, arrête le^bras prêt à frapper. Ce frère, que Job a cru
SENTENCE ARBITRALE.
L'an mil huit cent quarante-trois, le dix mars,
Panlevàntnous;D.„, A... et deB..., réunis dans le cabinet dudit Me de B..... à deux heure
et demie de relevée,
■ Ont comparu: 1° M. Léopold Pannier, gérant de la société du journal le Charivari, demeurant
à Paris, rue Montorgueil, 8 ; 2° M. Armand-Jean-Michel Dutacq , demeurant à Paris , rue du
Croissant, 16, agi saut en son nom personnel ; 3P et M. Durand Marie-Michel Altaroche, rédac-
teur en chef du j jurnal le Charivari,.'demeurant à Paris, cité Bergère, 16.
Lesquels nous ont dit qu'ils nous ont choisis d'un commun accord pour statuer comme
arbitres souverains en dernier ressort, sans appel ni recours en cassation, et comme amiables
compositeurs, sur le différend qui s'est élevé entre eux quant à l'insertion d'un article proposé
par MM. Pannier et Dutacq et qui a pour objet de rendre compte de la première représen-
tation de la pièce des Burgraves, par M. Victor Hugo, et ils nous ont prié d'accepter lesditcs
fonctions ; et ont signé, L. Pannier, Dutacq et Altaroche.
Sur quoi nous, arbitres susdits et soussignés, avons déclaré accepter les fonctions qui nous
sont déférées, et sur la demande des parties, nous nous sommes à l'instant même constitues en
tribunal arbitral et avons signé: D...., A...., et de B.. .
Et aussitôt MM. Pannier et Dutacq ont pris des conclusions tendant à ce qu'il plût au tri-
bunal arbitral, ordonner, que nonobstant le refus de M. Altaroche, l'article présenté par eux,
soit inséré dans le plus prochain numéro du journal le Charivari et à ce que M. Altaroche
soit condamné aux dépens ; MM. Pannier et Dutacq ont développé les moyens à l'appui de ces
conclusions.
M. Altaroche a conclu à ce qu'il plût au tribunal arbitral déclarer MM. Pannier et Dutacq,
purement et simplement non recevables dans leur demande, qu'en tous cas ils en fussent dé-
boutés et condamnés aux dépens ; M. Altaroche a également développé les moyens a 1 appu
de ces conclusions.
MM. F.... et D.... présents à la séance du consentement des parties, ont présenté en outre
quelques considérations à l'appui de la demande. Des répliques ont eu lieu contradictoirement.
Après quoi nous avons déclaré le débat clos, et les parties, ainsi que MM.F.... et D....,se sont
retirées sur la déclaration que nous avons faite, que nous allions en délibérer immédiatement,
et elles ont signé avec nous arbitres.
Signé : Altaroche, L. Pannier, Dutacq, A...., D. .. et deB...-
Sur quoi nous arbitres susdits et soussignés,
Vu les pièces produites et après en avoir délibéré, jugeant en dernier ressort comme amiables
compositeurs ;
Considérant qu'aux termes des conventions qui lient les parties et sur l'existence desque es
elles sont d'accord, le droit que M. Beauger a réservé à m. Dutacq, d'insérer dans lcCfcarna^
les articles qu'il jugera utiles à ses intérêts ou aux intérêts du journal ne peut s'exercer que
consentement de M. Altaroche, et qu'en cas de refus de sa part, la seule question que des ar-
bitres aient à décider est celle de l'utilité ou de la convenance de l'insertion.
Considérant, quant à la question d'utilité, qu'elle ne peut s'élever dans la cause, et quan <|
celle de convenance, que quels que soient les égards dus à l'auteur de l'article, ils ne peuvOT
dans le cas particulier prévaloir sur les inconvénients que présenterait l'insertion faite co
le gré du rédacteur en chef.
Déboutons MM. Pannier et Dutacq de leur demande et les condamnons aux dépens.
Fait et jugé à Paris, les jour, mois, et an que dessus, dans le cabinet dudit M. de B..
Signé: A...., D.... et deB..,
Imprimerie d'A.-T, BRETON, rue Montmartre, 131.
Paris.
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, .UI8, KIÎE DU CROISSANT,
* tt spécialement î>o«r les Depar
,/inls les Libraires, les Dire
E,° l"ene , et chez Delpech, à
E ,S Rey, à Toulouse; Aille
Î. Directeur de la Poste, a Alger.
^Zr UBelgiaue, le Directeur
UmWrre, Covie, a Londres ; 1
». Postes, à La Haye, Amsterdai
i°SfGenève;17(flKe,lesDi
Sa Yéronne, Venise, Floren,
ÏÏ.Monnier, libraire à Madn
S. des Postes a Leipsig, tran.
triche el la Bavière, le Direct des
e andre, à Strasbourg; la Prm
MS-U-Chapelle;la Russie, ch
ï„ran libraires à Saint-Pétersb
Efehr, à New-York.
o remit en paiement des abonnement»,'l
iKur la roste, et les effets «ur les m.
JADIS C'ÉTAIT!
SOITVEÏÏEZ-
Le Système semble ne s'ê
que pour trahir tous ses eng;
ses promesses. C'est pour ce
coré du titre de Système-véi
Nous signalions avant-hit
d'impôts. Lorsque ses homnn
lion par amour du pouvoir,
par amour de la liberté, il i
ribonds qu'ils ne lançassent
ges publiques et la monstri
lésions remarquer que depu
jet, au lieu de se réduire, s
tents millions, c'est-à-dire d'
tes-ont été élevées dans Is
le recensement, qui pressur
te portes et fenêtres ;-tén
te patentes, qui est un mt
millions de plus au commer
"".pas assez de surcharger
imposables déjà connues, voii
Ne nouvelles. Le sucre y
««vaincus que, si l'on se n
Moutarde comme on mang
Retarderait pas à y passe
Et la liberté donc? Que t
ï*e ans n'ont-ils pas fait (
'^entraves que les codes.
Wl01> semaient à l'envi so
Plus fort que nous 1
lei,e s»r l'article 291 du C
^ions. A peine ont-ils,
J?"" laissé crier seul, e
i!laït^291,iiSett.0ntam]
^ foi spéciale. Aupara
n ' ^st tout au plus si
jjfcà la liberté de la pies
^'itsenfanseux-rnème
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• Sous la Restauratic
Jcc en^i bien fait chorus
CST* ^ctime, qu'
tP nuers engagemens, q
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Ne J cau«onnement
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