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™'W CHARIVARI:

Voilà ce qui distingue la Démocratie ■pacifique au mi-
lieu des autres journaux. Ce que l'on nomme crime, elle
l'appelle fait de subversion sociale ; ce qu'on appelle
sentiment, file le nomme intérêt dès femmes.

En attendant que les drames du grand Pluchonneau
aient indiqué à Fart la route nouvelle qu'il doit parcou-
rir, Falempin s'est chargé de le faire marcher au pas.

Malheur au vaudevilliste qui fera jouer à la femme un
rôle indigne de sa mission sociale !

Honte au dramaturge qui lui prêtera des passions ar-
riérées et des habitudes qu'elle ne doit plus avoir !

Falempin fait bonne garde autour de la femme. C'est
son bien, elle lui appartient pendant neuf colonnes tous
les lundis, à partir de lundi dernier.

Depuis celte époque, M. Hippolyte Royer-Collard ne
professe plus l'hygiène en jetant des bouffées de tabac à
la figure des femmes. C'est déjà un beau résultat.

Mais Falempin ne se borne pas à défendre les intérêts
des femmes sur le théâtre.

Il fait aussi la police du roman.

Il faut voir avec quelle scrupuleuse exactitude il éplu-
che les idées et les senlimens des héroïnes de MM. Lot-
tin de Laval, Siméon Chaumier, Eugène Bareste et au-
tres Berthoud!

Comme il tance lesmaris et les amans jaloux.Vousvou-
lez être aimés, malheureux? Mais ne voyez-vous pas que
vous attentez à la liberté de la femme !

On ne vous aime plus, imitez Jacques, tuez-vous pour
ne pas violer les droits imprescriptibles de la femme, ou
plutôt ne vous tuez pas, mais fichez-moi le camp !

Autrement dit, allez-vous en.

Dans son dernier feuilleton, Falempin s'écriait : « Qui
n'a trouvé une de ces femmes qui sacrifient tout pour
celui qu'elles aiment: réputation, fortune, honneur ?.»

Et plus bas :

« Pour s'opposer à l'émancipation des femmes, il faut
n'avoir jamais observé sa mère , ses sœurs, ou son
amante ! »

Son amante est ravissant !

Honneur à Falempin pour avoir restitué ce mot à la
langu.e' française !

, Un gaillard qui trouve des femmes sacrifiant honneur,
fortune, réputation, pour lui, et qui a une amante, était
prédestiné évidemment à inventer la critique au point
de vue dès femmes.

L^s belles de Paris vont se réunir pour lui broder une
écliarpe, ou bien des bretelles. C'est plus élastique.

On verra sur la broderie un cœur percé d'une plume,
avec cette devise :

* A Falempin, défenseur des belles ! s

Une lettre que M. Dourille adresse à quelques jour-
naux accuse d'un abus des plus graves M. le préfet de
police. M. Dourille, arrêté dernièrement, il ne sait en^
core pourquoi, a été incarcéré à Sainte-Pélagie, où on
l'a naturellement relégué dans la partiela plus malsaine
et la plus incommode du bâtiment. Mais -cela n'est rien.
Ce qui est plus inexplicable, c'est que, par ordre de M.
Delessert, Mme Dourille n'est pas- admise au parloir du
greffe. Ainsi, dit M. Dourille, non content d'arracher
le pain à ma famille, on lui interdit l'accès de ma pri-
son.» C'est là une cruauté bien inutile et que rien n'ex-
pliquerait si n'étaient les habitudes bien connues du
Juste-milieu.

EmaâTA LOUTRE-TOMBE.

Nous avons publié hier, d'après les journaux graves,
des détails sur le superbe mausolée que l'insigne M.
Soult a imaginé de se décerner lui-même. De nouveaux
renseignemens, qui nous arrivent du lieu où se construit
le monument, nous apprennent que nos confrères de la
grande presse ont été induits en erreur sur quelques
points. Nous avons tout lieu de croire à l'exactitude des
rectifications qu'on nous adresse ; elles nous viennent
d'un brigadier des deux escadrons de cuirassiers que M.
Soult a installés dans son domaine de Saint-Amand, à
cette seule fin de faire fumer ses terres par leurs che-
vaux et de s'enrichir ainsi aux dépens du crottin de l'É-
tat.

Or, notre brigadier correspondant a causé souvent du
mausolée avec le maréchal, et il a été à même de con-
naître parfaitement ses intentions. On nous accordera
que personne ne peut mieux comprendre le dialogue de
M. Soult qu'un cuirassier.

Nous commençons par déclarer que nous nous som-
mes trompés sur le motif qui a déterminé le choix d'un
sculpteur allemand, M. Jahn, pour confectionner un
tombeau en l'honneur d'un maréchal de France. Nous
avons dit : « A ce trait de nationalité posthume on re-
connaît un collègue de M. Guizot. » Eh bien ! ce n'est
pas tout à fait cela. Des fragmens de harangues du dé-
funt-vivant doivent être gravés sur les faces du monu-
ment, et M. Soult a pensé avec raison que ses discours
français ne pourraient être reproduits exactement que
par un Allemand renforcé.

Mais l'erratum le plus important porte sur la desti-
nation des statues funéraires. On avait assuré que ces
statues, au nombre de quarante, devaient représenter
quarante victoires remportées par l'illustre culotte de
peau. Nous avions peine à croire à la réalité de ce fait,
non point à cause de l'exagération du chiffre, attendu
que M. Soult, qui a exagéré ses traitemens, ses comptes
de fournitures, ses budgets, etc., pouvait très bien exa-
gérer ses victoires. Mais ce qu'il nous paraissait impossi-
ble d'admettre, c'est que le ci-devant guerrier, devenu
sur ses vieux jours l'un des plus fervens soutiens de la
paix partout et toujours, eût osé se parer, même sur un
mausolée,de ses triomphes militaires,Pde sa participation
à ces jeux de la force et du hasard que son chef de
file a déclarés remplis d'astuce et d'immoralité, et vé-
ritablement dégoûtans. Pour une semblable brava-
cherie posthume, M. Soult se serait à coup sûr ex-
posé à être mis à la porte du ministère par M. Guizot.
Or, chacun sait que l'insigne vieillard tient beaucoup
plus à ses traitemens vivans qu'à sa gloire mortuaire.

Notre correspondant nous informe que les statues en
question doivent réellement représenter quarante opi-
nions politiques différentes, professées par le futur tré-
passé. A la bonne heure, cela se conçoit.

Et bien loin à présent de trouver le chiffre 40 exagéré,
nous sommes d'avis, au contraire, qu'il est beaucoup
trop restreint.

Ces statues, figurant chacune une opinion diverse, se
distingueront par des attributs caractéristiques, tels que
carmagnole de républicain, habit pailleté de duc, bon-
nets de la liberté, aigles impériales, fleurs de lis, coqs
gaulois, etc., etc. Pour plus de clarté, elles seront en
marbres de toutes les couleurs.

Voici la nomenclature de quelques-unes avec indica-
tions à l'appui :

opinion républicaine.

« Les lâches ennemis de notre liberté ont juré de nous
donner des chaînes et de rétablir le joug sous lequel nous
gémissions... Frères et amis, songeons que notre escla-
vage deviendrait plus dur, parce que les anciens domi-
nateurs appesantiraient leur joug afin que nous ne puis-
sions plus le rompre. Vivons donc libres, ou, s'il le faut,
mourons pour la cause de la patrie. »

, (Adresse du citoyen-lieutenant Soult, aux pa-
triotes de l'ÂVeyron, 1791.)

opinion monarchique.

Serment de fidélité à trois dynasties.

opinion démocratique. •

? Opposons tous un rempart impénétrable à ces hom-
mes insolens qui voudraient renverser le système heu-
reux de l'égalité sociale établi sur les droits de l'humani-
té. Ils ont cru, dans l'aveuglement de leur usurpation^
qu'ils étaient formés d'une autre matière, d'un autre li-
mon que nous... Nous comptons sur votre patriotisme,
sur votre fraternité ! au premier signal d'alarme, vous
vous empresserez pour défendre le boulevard de la
France contre l'insurrection des aristocrates. »

(Adresse aux patriotes de l'Aveyron.)

opinion aristocratique.

M. Soult accepte avec transport le titre de duc ; mieux
que cela, il tente de se faire proclamer roi de Portugal,
sous le litre de Jean-de-Dieu Ier.

opinion contre la chouannerie.

Dans une proclamation datée du camp de Saint-Omcr
(an XII), M. Soult parle avec mépris des restes dégoûtans
de la Vendée.

opinion en faveur de la chouannerie.

Sous la Restauration, M. Soult lient à honneur d0
présider à l'inauguration du monument de Quiberon

opinion anglophobe.

« Soldats, désespéré de ne pouvoir résister à l'impu).
sion de votre courage, à l'ascendant du génie du prenfj
consul, le gouvernement britannique, habitué au crime
ourdissait les trames les plus perfides. Les jours du pre'
mier consul étaient menacés, etc. »

(Proclamation du camp de Saint-Omer, an XH.)
opinion anglophile.

M. Soult, lors du couronnement de Victoria, reçoif!
avec ivresse les vivats des Anglais, et il lient en ce moi
ment à honneur de s'agenouiller, avec son collègue Gui-
zot, aux pieds du gouvernement britannique.

opinion napoléonienne.

Napoléon est un héros, l'honneur, la gloire, l'espoir
le bonheur de la France, le plus grand empereur des
temps passés, présens et futurs, etc., etc.

(Proclamations de 1804 à 1814.)

opinion anti-napoléonienne.

Napoléon est un usurpateur, un aventurier, un ogre
de Corse, un drôle, une canaille, etc.

(Mars 1815.)

opinion bourbonnienne.

Louis XVIII est le père de la patrie, le digne petit-
de Henri IV, le modèle des chevaliers français, etc.

(Avril 1814.)

opinion anti-bourbonnienne.

Louis XVIII est un roi par la grâce de l'étranger, ii|
cul-de-jatte, une aile de pigeon, une ganache, etc.

(Juin 1815.)

Bref, le reste de quarante statues est formé par
opinions carlistes, angoulêmistes, henriquinquistes, phi-
lippistes, doctrinaires, anti-doctrinaires, thiersistes, an-
ti-thiersistes, anli-fortificationistes, fortificationistes,
etc., etc., etc., etc., etc.

De cette façon du moins, le mausolée-Soult sera dé-
sormais une vérité, Sauf un point cependant. Les opi-
nions dudit sont figurées en marbre ; or chacun sait quel-
les n'ont jamais eu ni solidité ni durée.

De même encore il nous semble qu'il serait plus exact
de remplacer, comme emblème -, la colonne de granit
qui doit se dresser sur le monument par un balancier de
danseur de corde.

CARILLON.

Les habitans de Barcelonnette viennent de mettre à la
porte de leur ville le général Martell. La population s'est
lassée apparemment d'avoir toujours Martell en tete.

— L'Angleterre cherche à faire remplacer le général
Martell par le général Prim dans le commandement de
Barcelonnette. La politique anglaise n'a jamais manque
de fournir des Prim à la guerre civile.

— La police vient de faire saisir chez les marchands
de nouveautés et jusque dans des bureaux de journal
VÂlmanach du bon Messager, qui ne traite pourtant que
de matières fort innocentes. Vous verrez bientôt que,
grâce aux lois de septembre, il ne sera plus permis e
parler de la pluie et du beau temps.

— Plusieurs conséils-généranx demandent la révision
de la législation en ce qui concerne les droits de douane.
Le gouvernement n'est jamais pressé quand il s agit
faire la part de nos droits.

— On trouve que la plupart des taxes d'octroi sontge
néralemcnt bien élevées. Il est fâcheux qu'on n'en puis5
pas toujours dire autant de MM. les employés.

— On est fort irrité dans le département de la Man*
contre M. Bonnet, préfet nommé dernièrement par ■
Duchâtel. Les habitans ont déjà de ce Bonnet par-
sus la tête.

—M. Bonnet a été nommé pour remplacer M. Mercie>>
(La suite à la ¥ page.)
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