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liK CHARIVARI.

exécution son projet. Mais il a une liste-civile dont les
écus grecs remplissent confortablement sa bourse, que
les écus paternels laisseraient plus qu'aux trois quarts
vide. Les cordons de cette bourse sont désormais le
seul lien qui le retienne attaché au trône des Hellènes.

CE QUI E8O0N A P1ENDEE

EST BON A VEMUffiE*

« Le samedi 21 octobre, il a été procédé,
sur la place du Dey, à la vente de: diiïérens
objets provenant de la dernière razzia opé-
rée en juin dernier sur Abd-el-Kader. »

{L'Akbar, journal algérienbeurre-frais.)

Le fisc n'est pas moins avide en Algérie qu'en France
de faire argent de toutes ses vieilles défroques. Le mi-
nistre des finances n'est qu'un marchand de' bric-à-brac
en grand.

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I

1
I

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On nous transmet d'Alger le procès-verbal d'une ven-
te qui peut faire le pendant de celle de Nancy, où a figu-
ré si agréablement le panier rouge de l'échafaud.

« Ce onzième jour du mois où la feuille du cactus de-
vient jaune et M. Bugeaud trombe de feu, ou bien impé-
tueux torrent,

Moi, Hassan-Ali-Baba-Giboul, ai été chargé de vendre
à son de trompe les objets provenant de la smala de l'é-
mir fugitif Abd-el-Kader, et conquis sur lui malgré vent
et chameaux.

1° Douze femmes noires, olivâtres et café au lait, dont
quatre enceintes de six mois et huit qui espéraient voir
bientôt fleurir la rose de i'hyménée.

«Personne ne pousse aux femmes?... Renvoyées à Tu-
nis , en Ethiopie et dans la terre de Chanaam, berceau
de leur naissance.

2° Trois mille firmans, traités de paix, pactes d'alliance
faits entre l'émir de Mascara et l'empereur de Maroc,
afin que les pirates d'Europe cessent d'infester l'Afri-
que. Cette collection est d'autant plus rare que pas un
traité n'a été respecté ; il n'y a pas de pièces plus curieu-
ses, excepté toutefois les protocoles servant de lien d'a-
mitié entre la France et l'Angleterre.

La collection tout entière passe aux mains du consul
anglais à Alger, qui a le projet d'en faire hommage à sir
Robert Peel.

3° Un superbe écrin où se trouvaient les diamans de
la courone émirale, écrin évalué à cinq cent mille francs.
Il ne manque que les diamans.

Une modiste, arrivée la veille de la rue Vivienne,
achète l'écrin trente-quatre sous.

4° Un superbe lion de l'Atlas, apprivoisé et donnant
la patte lorsqu'on l'en prie poliment.

Mention particulière. — Cet intéréssant animal avala
un jour deux gentilshommes de la tente en voulant jouer
avec leurs turbans. Abd-el-Kader rit beaucoup de la mé-
saventure ; mais il fut fort chagrin lorsqu'il apprit que le
lion avait failli mourir d'une indigestion de gentilshom-
mes.

Adjugé le lion à M. Bugeaud, qui s'en servira pour
faire traîner son char.

5° Deux ballots de très jolies queues de cheval des-
tinées ;i faire des pachas.

Le ballot est enlevé par M. Laurence pour .être of-
fert comme présent de bonne année à M. Sébastiani, au-
quel il ne manque que l'appendice mahométan pour se
croire dans un pachalick, et à MM. les professeurs en
Sorbonne, dont tout le monde connaît les penchans vers
l'orientalisme.

6° Un éventail dont l'émir se proposait de frapper le
maréchal Bugeaud sur les doigts à la plus prochaine en-
trevue de la Tafna.

Adjugé pour le compte de S. A. R. le duc d'Aumale,
qui devra en faire un chasse-mouches.

7° Une grosse caisse de bonbons arabes, dits pastil-
les qui font aimer. '

A peine ce cri h-t-il été prononcé, qu'un secrétaire
dû gouverneur-général a d'un seul coup acheté toutes
les pastilles pour le compte du Système. Leur vertu sera
incontestable si par leur moyen le Système parvient à se
faire aimer.

8°. Enfin,- un recueil de gahzels, apologues numides,
soupirs de sauterelles, sanglots de djinns et pleurs de
çhakals, le tout ] formant ce qu'il y a de plus riche et de
plus précieux enjfaitde poésie du désert.
.'Adjugé à un trompette dé cavalerie, bruri et roman-
tique, en concurrence avec M. Liadières, qui espérait
puiser.à plein écritoire dans cette oasis d'inspiration.

Vendu en sus, pour couvrir les frais de la présente
criée,-um jeune- chameau tétant encore sa mère, plus un
bâton de sucre d'orge que lui a donné M. Genty de Bussy,
fonctionnaire à moitié maure.

1 Pour copie extrêmement conforme»

Hassan-Au-Baba-Gibobl.

Ainsi le Trésor troque partout contre écus comptant
ses vieilles marchandises de rebut. Quelle circulation dans
le commerce et quelle besogne' pour les commissaires
priseurs, le jour où le Systèmè„ faisant sa liquidation,
mettra en vente les innombrables consciences qu'il a a-
(îhetées et qn'il exploite depuis^si longtemps !

Les Frères de la Côte, par M. Emmanuel Gonzalès ; —
Love, poésies par M. Adrien Delaville.

Cet ouvrage'a déjà été publié en feuilleton dans le
Siècle, et celte nouvelle édition est un indjce certain de
la vogue.qu'il a obtenue. L'auteur, plus consciencieux que
beaucoup de ses confrères (fui débaptisent leurs œuvres
pour les rendre méconnaissables aù premier aspect, a
conservé au roman qui n#ijs occupe son litre primitif.
C'est tout à la fois un ac^e loyal et un bon calcul ; le
succès d'une seconde éditfon, si considérable qu'ait été
le précédent tirage, est toujours plus sûr que celui d'une
première.

Disons-le franchement, carpa réputation de l'écrivain
ne saurait en souffrir,, nous: avons été affligé mais non
surpris de trouver une intrigue banale, quoique dra-
matique et intéressante, dans un cadre pittoresque et ori-
ginal. Le feuilleton a ses-engeances qu'il faut subir et
dont M. Emmanuel Goïizalèts a été la victime comme tous
ses confrères. Ainsi, M. Gonzalès excelle dans les des-
criptions, et certes, son sujet lui donnait ample matière à
exercer son talent en ce genre; mais, halte-là ! c'est de
l'action qu'on demande, de l'action, rien que de l'action,
encore de l'action et toujours de l'action.

« Mais, dira l'auteur, voyez ce beau pays où je vous
conduis: quels sites charmans ! quel beau ciel ! quelle ri-
che nature! Je vais vous esquisser tout cela de main de
maître.

— Non pas, répond le public, arrivons au fait sans
autre préambule.

— Permettez-moi, du moins, de vous présenter mes
hardis boucaniers, mes intrépides frères de la Côte, ban-
dits de sac et de corde, sâcripans qui ne connaissent ni
Dieu ni diable et. qui cependant ont des lois à eux, des
lois bizarres, je vous le jure, auxquelles ils se soumet-
tent scrupuleusement, et des maîtres de leur choix qui
savent se faire obéir mieux qu'un monarque absolu, et
même mieux qu'un roi constitutionnel.

— Aufait! au fait! » réacclame le public.

C'est pourquoi M. Gonzalès perd de vue, durant l'es-
pace de près d'un volume, et son sujet et son litre, pour
enter sur un roman descriptif et semi-historique un
roman d'intrigue des plus compliqués dont la première
partie est racontée par un moribond qui n'attend que la
fin de son long récit pour rendre le dernier souffle, ce
qui n'est d'ailleurs qu'une légère faute de détail.

Après s'être ainsi exécuté de bonne grâce par cet ho-
locauste au goût du public, l'auteur, heureux de se re-

trouver dans son élément, p'eint les hommes et les clin
ses avec un style énergique et vivement coloré là
chasse au crocodile, le voyage à travers la forêt de
mangles, le boucan, le tremblement de terre, le combat
naval et la fièvre jaune sont des tableaux bien tracés
Le Léopard, vent en panne, et Fray-Eusebio sont de
très bons portraits.

La critique, cela est triste à dire, mais il faut bien le
reconnaître, est à peu près de nos jours à la littérature
ce qu'est la chambre des pairs à la politique, une agence
d'enregistrement. On ne prend pas la peine de blâmer
les œuvres médiocres, il y aurait trop à faire ; aussi nos
réserves sont-elles un hommage rendu au talent de M.-
Emmanuel Gonzalès, de même que l'opposition des il-
lustres perruques du Luxembourg à un projet de loi
prouverait en faveur de l'esprit progressif de ce projet,
s'il pouvait jamais éclore quelque chose de semblable
sous le crâne de nos préparateurs législatifs,

Quoi qu'il en soit, ce roman est de nature à piquer la
curiosité de ceux qui ne le connaissent pas, et à capter
de nouveau l'attention de ceux qui ne l'ont lu qu'une
fois.

»*, M. Adrien Delaville est un écrivain, jeune sans
doute, qui a débuté, l'année dernière, par un roman
écrit avec beaucoup d'esprit et d'originalité. Nous avons
rendu justice dans ce journal au mérite de cette pro-
duction intitulée Roger. Aujourd'hui l'auteur, rassuré
par un premier succès, a tiré de son portefeuille un cer-
tain nombre de pièces de vers courtes, — ce qui n'est
pas un mal,—et faciles, — ce qui est un bien. Poète ou
romancier, M. Adrien Delaville a des allures hardies et
peint assez volontiers la nature en déshabillé. Il vise plus
à l'effet qu'à la symétrie et s'inquiète peu que sa pério-
de manque de rondeur ou que sa phrase, au lieu de tom-
ber avec la rime, enjambe de trois ou quatre pieds sur
le vers suivant. Pourvu que sa pensée soit juste ou neu-
ve, il se trouve satisfait, et il n'a pas tout à fait tort. Ce-
pendant, un choix plus sévère d'expressions et plus heu-
reux de rhythmes ne messiérait pas, et coûterait
peu d'efforts à M. Adrien Delaville que nous croyons
doué d'une assez grande souplesse d'esprit. Il dépend de
lui de ressembler aux chefs d'école, dont il suit les traces
autrement que par le mauvais côté.

Dans un article sur les mœurs administratives de l'Es-
pagne, le Journal des Débals dit que la corruption elle
pot-de-vin régnent au sein de tous les ministères. Alors
plus que jamais, il est vrai de dire : « Il n'y a plus de

Pyrénées.»

— Le Journal des Débats nous apprend que pot-de-vin
se dit en espagnol aboroque. Ne serait-ce pas M. Soult
qui lui aurait communiqué ce renseignement linguistique.

— On exécute en ce moment au Palais-Bourbon de
grands badigeonnages. Cela n'empêchera peut-être pas
que nous ayons une chambre sans couleur.

— Une association vient de se former en Angleterre
afin de rechercher et de poursuivre toutes les fraudes
électorales. Chez nous, une pareille association aurait
trop de besogne.

— En présence des frelateries partout signalées, il ya
un vieux proverbe qui devient véritablement cocasse,
c'est celui qui dit: « La vérité dans le vin. s

— Les tonneaux de vins fraudés sont répandus sur la
voie publique ; ne devrait-on pas en faire quelquefois au-
tant^du contenu des urnes électorales?

— Les poursuites entamées par les guizotins confie
certains marchands de vins prouvent que les fraudeui
ne sont pas comme les loups.

— L'Irlande adresse des actions de grâces au Tout-
Puissant de ce qu'elle a affaire à des ministres rfuf»
ou insensés. Nous aussi, nous jouissons depuis longten^
de la même faveur ; mais, par exemple, nous navo
jamais songé à en remercier le Ciel.

— A propos de sa fête anniversaire, le miBlS^
Guizot fait établir par ses journaux le compte exac v
temps qu'il a vécu. Soit ; à présent nous dirons qu
jours sont comptés.
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