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Le charivari — 17.1848

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Octobre (No. 275-305)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17760#1105
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LE'CHARIVARI.

pas pour toi un vain mot, je t'adjure de rester, 6
Cabet !

Ensuite il entonne une ode dans le genre de celle
que Horace compose pour Virgile.

Il avait un cœur de chêne entouré d'un triple ai-
rain celui qui le premier osa se confier à la mer per-
fide, celui qui inventa ces nefs fallacieuses qui de-
vaient nous enlever le père Cabet.

Méfie-toi des aquilons, du Notus et del'Eurus; tâche
d'éviter en passant les gueules toujours béantes de
Charybde et de Sylla, et munis-toi de bonbons de
Malte contre le mal de mer.

Ensuite le citoyen Bareste cherche à détourner le
père Cabet de son voyage, par rénumération des
dangers qu'il va courir. Il ne faut pas oublier, pour
l'intelligence de ce morceau, que le citoyen Bareste
est sorcier.

J'ai interrogé, lui dit-il, les entrailles fumantes
d'un lapin nourri du chou sacré.

Cette nuit, au clair de lune, j'ai cueilli la verveine,
j'ai surpris le crapaud dans son humide retraite, j'ai
jeté une chandelle des six dans le brasier, j'ai con-
sulté une cuisse de poulet et le marc de café.

De toutes parts j'ai recueilli les plus sinistres pré-
sages.

Je t'ai vu ô Cabet, battu par la tempête et cher-
chant à gagner la côte dans ton chapeau. Le crapaud
infect pleurait de joie, pendant que la mer te jetait
sur une plage inhospitalière où des sauvages man -
get ient ton parapluie.

Crois à ma science magique, ô Cabet ! et reste en
France. Tu es l'espoir de la civilisation , la'France
n'espère plus qu'en toi.....et qu'en Bareste.

Voici qui touche moins au genre badin et mytho-
logique.

« Tout tyran est l'oppresseur de son pays.

» Les institutions répressives, organisées sur un
mode artificiel, sont des faits de subversion.

» Quand je me trouverai en face de cette marion-
nette qu'on appelle Fourier, on verra.

» L'histoire n'est pas une sirène.

» Pour entretenir des armées, il faut des approvi-
sionnemens. »

Ceci touche un peu à la naïveté; mais voici du tri-
ple pathos :

« La propriété de la série de livrer ses unités ou
de se prolonger indéfiniment est analogue à celle de
présenter une série toujours nouvelle dans chacun
de ses élémens aussi loin qu'on en pousse l'analyse.»

J'aime mieux, je l'avoue, les observations jovia-
les de M. Proudhon sur les femmes altières, coquet-
tes ou douées d'autres qualités excentriques qui
veulent épouser des militaires.

Comme M. Proudhon se montre galant envers le
beau sexe ! Je suis sûr qu'il a bien joyeusement frotté
ses lunettes lorsqu'il a et; fini de tracer sur le
papier ces belles paroles.

Altières, impérieuses ! Un autre eût appelé cela
des défauts ! Mais fi donc! pour qui prenez-vous M.
Proudhon? Ce sont, selon lui. de; qualités excen-
triques.

Si M. Proudhon n'était point l'ennemi mortel de
M. Cabet, « dont l'école se perd, dit-il, par ses en-
tortillages , ses petits moyens, son entêtement de
secte, » nous serions disposés à croire que M. Prou-
dhon se joindrait à l'affiche du communiste pour ré-
clamer avec elle les droits des femmes.

Mais M. Proudhon,que personne ne peut compren-
dre, n'a besoin de personne et veut marcher seul.

Comme il le dit : un kilogramme de poudre sou-
lève à peine une bombe, une seule de mes idées fera
bondir des millions de soldats.

J'avoue que je suis du nombre de ces soldats, et
que le style et les idées de M. Proudhon m'ont déjà
fait diablement bondir, quoique je n'aie pas l'hon-
neur d'être militaire.

BELLES PENSÉES DE M. PROUDHON.

Un des partisans, que dis-je, un des disciples de
M. Proudhon. — Ce n'est pourtant pas le citoyen
Greppo,—m'a dit l'autre jour en frappant du doigt le
Charivari.

Ils n'y entendent rien! A peine se trouve-t-il à
Paris, en France, en Europe, dans le monde, un
homme capable de comprendre mon illustre maître.

En cela, nous sommes tout à fait de l'avis du dis-
ciple de M. Proudhon.

Non seulement nous pensons comme lui qu'il
existe à peine à Paris, en France, en Europe, dans
le monde un homme capable de comprendre M.
Proudhon.

Mais nous aimons à croire encore qu'il n'en est
pas du tout.

Nous doutons môme que M. Proudhon se com-
prenne lui-même.

Par exemple, M. Proudhon, quand il l'écrivait,
comprenait-il bien ce qu'on va lire, et s'il le com-
prenait alors, le comprend-il encore aujourd'hui ?

a J'appelle ordre toute disposition sériée et symé-
trique. »

J'aime autant les éclectiques que M. Proudhon
blâme fort d'appeler l'ordre, l'unité dans la multi-
plicité !

L'un vaut l'autre assurément. „ .™i uc vUua au uWJCu u™)t> ci JC buis »ui

Continuons à citer les pensées de M. Proudhon : j du succès. Vous avez tant de crédit ! votre ami n'a
« Les femmes altières, coquettes ou douées d'au- ! rien à vous refuser. »
très qualités excentriques, aiment en général à épou- 1 Crapaud de solliciteur !

ser des militaires. Mars fût toujours l'ami de Cy- f On se laisse gagner par la flatterie, on veut prou-
thérée. » j! ^er qU'en e£Tet on a le bras long et on ne réussit

Ceci, nous l'avouons, est neuf, ingénieux et d'une |; qu'à se prouvera soi-même qu'on possède beaucoup
grande finesse d'observation. M. Paul de Kock ne se | plus de vanité que de crédit. Vanitas vanitatum !
doutait point que l'ennemi de la propriété s'appro- j J'ouvre mon portefeuille et j'y trouve la corres-
priait les pensées de Taqumet le Bossu et de Mon i pondance ci-jointe qui prouve que si le style est l'hom-
voisin Raymond. ] me, comme L'a dit M. de Buffon, les hommes politi-

AUTRES TEMPS, AUTRES LETTRES.

J'ai un ami ou plutôt j'avais un ami qui est pres-
que ministre, que dis-je ! il est plus que ministre,
car il n'a pas voulu l'être.

Roi ne puis, prince ne daigne, Rohan je suis.
Cette amitié, qui n'est plus qu'un souvenir loin-
tain, m'a causé des soucis bien cuisans. Il m'est venu
des quatre-vingt-six départemens je ne sais combien
de solliciteurs et de pétitions à l'adresse de ce cher
ami, je veux dire de cet ex-cher ami. Son amitié ne
m'a jamais autant pesé sur les épaules que depuis
qu'il a cru devoir m'en affranchir.

Je suis peu solliciteur pour moi-même et je puis
me rendre cette justice que je le suis encore moins
pour les autres j cependant j'ai eu la faiblesse de me
laisser attendrir deux ou trois fois. Il y a des sollici-
teurs qni savent si bien remuer la fibre sensible !
« Un mot de vous au citoyen Chose et je suis sûr

ques de la trempe de mon ami sont bien changeans,

1 9 janvier 1848.

Mon cher ami,
Viens prendre ta part, après-demain 21 janvier,
d'un festival non Berlioz en l'honneur d'un anniver-
saire fameux, Sois exact au rendez-vous si tu ne veux
encourir le soupçon de modérantisme. A bas les
modérés.

4

Ton -vieil ami,

chose.

27 février 1848.

Mon ami,

Tu nous offres tes services désintéressés. Je n'at-
tendais pas moins de ton dévouement à la chose pu-
blique. J'ai pris bonne note de ta démarche, et si
plus tard l'occasion se présente d'utiliser ta bonne
volonté, je penserai à toi.

Ton ami,

chose.

28 mai 1848.

Monsieur et ami,
Je regrette de ne pouvoir être utile à la personne
que vous me recommandez par vos lettres du 30
mars, du 23 avril et du 25 mai. Les emplois de douze
cents francs ne sont pas aussi faciles à trouver que
vous paraissez le penser. Il m'aurait été agréable de '
faire droit à votre requête ; veuillez être bien con-
vaincu que les circonstances seules ont paralysé m\
bonne volonté.

Votre affectionné

Chose.

J'avais promis, je ne voulais pas me tenir pour
battu. J'osai donc en appeler à mon ami, je veux
dire, au citoyen, c'est-à-dite à Monsieur ou plutôt à
monseigneur Chose, de sa fin de non-recevoir, el
pour pousser l'épreuve jusqu'au bout, je me con-
damnai à lui écrire régulièrement tous les quinze
jours. Après trois épîtres restées sans réponse, je re-
çus la missive ci-jointe :

« Monsieur Chose recevra M. Z... le samedi 20
juillet, de huit à dix heures du matin. »

Muni de ce titre officiel, je me présentai à l'heure
dite le 20 et les jours subséquens, jusqu'à la lin de la
semaine suivante, sans parvenir à être admis une
seule fois. Monseigneur, qui a l'habitude de se lever
fort tard, était toujours sorti de grand matin, ou on
ne pouvait le voir, parce qu'il était en famille.
(Historique.)

J'en revins à mon système épistolaire, mais il ne
me réussit pas mieux. On ne daigne plus me répon-
dre, faute, peut-être, de trouver une formule conve-
nablement inconvenante.

O mon ex-ami, que j'ai été bien avisé de ne te...
pardon !... de ne vous rien demander pour moi!

Un,proverbe trivial dit que les amis ne sont pas des
Turcs. J'en connais pourtant qui, par leur arrogant
de parvenus, ont bien mérité d'être mis à la porte

Le journal "Evénement, rédigé, comme on sait»
par la tribu Hugo,citait hier l'opinion d'une Parisien^
sur sa politique : «Monsieur, lui aurait dit celte Par1'
sienne avec étonnement,vous m'avez fait lire des pre'
miers-Paris ! Ceci rappelle le bon temps du 0>ns^
tulionnel lorsque, dans des articles pleins de celte
galanterie respectueuse dont il ne se départait jamais>
il en appelait à l'opinion des dames sur les mo f
sur les arts et les lettres. ^

Comme la tribu Hugo se moquait en ce temps
de ce bon Constitutionnel ! Hélas ! et c'est le jour*»
de M. Hugo qui raconte aujourd'hui ses cou
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