LE CHARIVARI
--
STATISTIQUE
Nous ne nous expliquons pas bien quel intérêt
les adversaires des projets Ferry peuvent avoir à
pointer minutieusement les résultats des votes
dans les conseils généraux à propos desdits projets.
Ils tiennent donc à constater publiquement leur
défaite ?
Ceci est un dilemme !
Ou l’opinion des conseils généraux est sans va-
leur, et alors pourquoi l’invoquent-ils ?
Ou bien l’opinion des conseils généraux repré-
sente l’opinion de la France.
Et alors, comment les cléricaux sont-ils assez
malavisés pour constater eux-mêmes que la France
leur est en majorité hostile?
C'est donner raison aux projets de loi du gou-
vernement que de démontrer ainsi qu’ils rallient le
plus grand nombre des suffrages.
Paul Girard
LES DISCIPLES DE BASILE
Le Pèlerin, moniteur de l’ineptie cléricale, ne se
cont< nte pas d’être saugrenu. Il veut être odieux
par-dessus le marché. Voici, par exemple, quelle
jolie infamie par insinuation contenait son dernier
numéro :
« SATAN.
« Police russe arrête, près du pont de Crimée,
Moscou, un juif en train d’assassiner un petit gar-
çon chrétien pour les pâques juives. — A Paris, on
gémit de nombreuses disparitions de tout jeunes
enfants, et c’est un mystère qui reste sans lu-
mière. »
Vous comprenez où le Pèlerin en veut venir?
A ceci que probablement ce sont des juifs qui
assassinent ici les jeunes enfants dont il signale
la disparition plus ou moins apocryphe.
Conclusion mentale :
— Pourquoi empêche-t-on de brûler comme jadis
ces affreux mécréants? A quand la restauration
des bûchers orthodoxes? Il
Il est bon de faire connaître ces gens-là tels
qu’ils se révèlent eux-mêmes dans leurs journaux.
Ne pas oublier que le Pèlerin a une rédaction
exclusivement ecclésiastique.
Ce trait complète le tableau.
André Laroche.
LES SEMAINES DE PARIS
CCXVI
Du jeudi 24 avril au jeudi l,r mai.
Le bourreau est mort... Qui demande sa place?...
Y a-t-il des amateurs?... A-t-on nommé quelqu’un?...
Sa nomination sera t-elle à l'Officiel ?... Quelle belle oc-
casion d’en finir avec la peine de mort. La première
fois que les juges condamneraient quelqu’un : — Ah I
vous savez, plus de bourreau... Sans exécuteur, on no
peut pas exécuter, et, si personne ne voulait plus exé-
cuter, il n’y aurait plus d’exécutions.
Nous n’en sommes pas là. Et comment en serions-
nous-là, lorsqu’il est de mode de traiter le bourreau
avec tous les égards dus à un personnage important?
On cite ses mots, on dépeint sa physionomie, on donne
des renseignements sur son intérieur, sur sa façon de
vivre. Il a de la gloire à sa façoD. On s’en occupe plus
que d’un poète qui mourrait. En France, où tout est
vanité, cela donne à beaucoup de gens l’envie d’avoir
la place. Eh 1 comment ne se ferait-on pas bourreau,
pour faire parler de soi, dans un pays où l’on n’hé.-ite
pas, dans ce seul but, à se faire criminel? On peut
bien exécuter par orgueil, puisqu’on se fait exécuter
par gloriole.
Une exécution qui va avoir lieu prochainement, mais
qui ne donnera lieu à aucune complainte, est celle des
baraques connues sous le nom de ruches du Château-
d’EiU. Les propriétaires, dont ces baraques gâtaient la
-----
Un superbe concert a été donné lundi soir, à la
salle Pleyd, par Joseph Servais, l’éminent virtuose.
Joseph Servais est le roi incontesté du violon-
celle. Chacune de ses apparitions en France est un
véritable événement musical, car le grand artiste
habile d’ordinaire la Belgique, où il est professeur
au Conservatoire de Bruxelles.
Servais a joué avec son habituelle maestria une
fantaisie sur le Désir, de Schubert, trois morceaux
de caractères divers, parmi lesquels nous avons
remarqué le Nocturne de Chopin, et enfin une
grande fantaisie sur Lestocg, l’opéra-comique trop
oublié d’Auber.
Autant d’ovations que d’apparitions.
Servais était secondé par Léonard, le violoniste
remarquable, qui se fait, hélas! trop rarement en-
tendre, et qui a été chaleureusement fêté; par
Charles de Bériot, le pianiste puissant.
Enfin, M110 Blanche Deschamps a dit avec beau-
coup de charme un air de la Reine de Sala, et sur-
tout la romance de Psyché.
Soirée qui avait attiré tonte l’élite du dilettan-
tisme cosmopolite.
- •»-
CHRONIQUE DU JOUR
Je trouve dans l'Apostolat des enfants de Marie, re-
vue mensuelle des congrégations de la Vierge, un
erayon assez réussi.
C’est, le portrait de « la congréganiste grossière, inci-
vile, mal élevée. »
Il parait qu’il ne manque pas de dévotes personnes
qui réunissent à plaisir toutes ces qualités.
Le croquis serait à citer en entier; mais il faut savoir
se borner.
« Elle devrait parler moins que les autres, dit ce La
Bruyère clérical, et au contraire c’est elle qui donne le
ton dans les conversations. Elle est très forte sur les
grosses plaisanteries qui provoquent un gros rire : elle
a une ample provision de dictoos populaires qu’elle
prend pour des bons mots, et qu’elle débile avec un
laisser-aller qui touche de bien près à la trivialité. »
Ce n’est là que le début.
« Gardez-vous de la contredire ou de la froisser, car
le premier mot qu’elle vous adresserait serait une in-
jure. El'e se permet souvent des bouffonneries très
messéantes ; elle raconte des anecdotes plus que légères,
et laisse échapper des expressions qui étonnent et
scandalisent même ses compagnes. »
Même ses compagnes est très joli.
Ces compagaes sont-elles donc blasées au point qu’il
faille s’étonner que quelque chose puisse les scandali-
ser encore ?
« Quant à ses actes extérieurs, ils marchent de pair
avec ses paroles. La modestie, qui doit être, par excel-
lence, la vertu d’un élève du sanctuaire, lui est à peu
près inconnue. »
Eh bien ! elle est complète, n’est-ce pas l’élève du
sanctuaire?
vue, ont obtenu gain de cause; et il ne s’agit plus
maintcnonl que de savoir par quoi on les remplacera.
La Ville parait disposée à mettre en vente les terrains.
Naturellement ou bâtira dessus. Et les pétitionnaires
auront la vue encore plus gênée qu’auparavant. Ça leur
apprendra. C’est ainsi que pouréviterun mal, on tombo
souvent dans un pire.
Il faut avouer d’ailleurs que cette place du Château-
d’Eau est bien la plus biscornue qu’on ait jamais taillée
dans une ville qui se respecte. C’est au point qu’après
avoir voté la pose d’une statue de la République, on
ne sait plus où la mettre. Il est question d’enlever une
troisième fois la fontaine. Tout cela ne fera pas que
cette place ait le sens commun. O mes théâtres du
boulevard du Temple, combien je vous regrette !
Il y a là un grand bâtiment, qui s’appelle les Maga-
sins-Réunis, et où l’on ne s’est jamais servi que de la
cour pour y faire caracoler des chevaux. Le public a
tellement horreur de ce bâtiment, qu’il n’allait même
pas y voir les chevaux, et l’on y a mis plusieurs fois
l’Exposition des refusés, pour être bien sûr qu’il n’y
viendrait personne.
Je ne sais si, cette année, il y aura une Exposition
des refusés. On n’en parle pas. Cela devient de plus en
plus inutile, le nombre des croûtes reçues suffisant,
et au delà , à la curiosité du public, lequel aura d’ail-
leurs désormais deux fois plus de temps pour se con-
tenter, puisqu’on parle d’éclairer le palais de l’Industrie
à la lumière électrique, afin que le Salon reste ouvert
jusqu’à onze heures du soir.
C’est une assez bonne idée. Seulement, je prévois de
Et ce plaisant croquis est tracé par la main d’un
ami 1
Un malveillant oserait à peine en écrire autant.
Uno découverte artistique 1 disent plusieurs jour-
naux.
Par des procédés brevetés, un imprimeur-éditeur de
Hollande vient de trouver le moyen de reproduire les
tableaux peints à l’huile sur toile ou panneaux, de fa-
çon à tromper jusqu’aux auteurs des originaux eux-
mêmes : empâtements, glacis, coups de pinceau, tout
est reproduit avec une étonnante vérité.
Voilà, s’écrient ceux qui donnent cette nouvelle, un
coup terrible porté aux faiseurs de copies !
Mais les auteurs des otiginaux eux-mêmes sont ca-
pables do s’y tromper; ne pourrait-on pas s’écrier
aussi :
— Voilà un fameux concours donné à la filouterie en
matière d’art
Avez-vous rêvé étymologies quelquefois?
Je m’étais souvent demandé, pour ma part, d’où
pouvait bien venir l’expression si usitée — parce qu’elle
répond sans doute à rrne situation fréquente: —Etre
dans la panne, lorsqu’en parcourant les historiettes de
Tallemant des Réaux, je suis tombé sur ce passage re-
latif au sieur de Blérancourt :
« Il n’y a guère d’homme au monde plus avare : il
a, dit-on, quatre-vingt mille livres de rente, cependant
il est vêtu comme uu gueux... A la campagne, pour
tout manteau de pluie, il a un manteau doublé de
panne. »
i Être dans la panne », ne se serait-il pas entendu
dans le principe : « Être dans de mauvais draps » ?
Hier, le Monde n’annonçait pas encore 1». condamna-
tion de l’abbé Maret, le monsignor égrillard du Vé-
sinet.
C’est cependant une nouvelle digne d’intéresser tout
spécialement les lecteurs de ce pieux journal qui a
compté longtemps M. Maret parmi ses collaborateurs.
On ne saurait prendre trop de précautions pour ren-
dre sa correspondance intelligible.
En italien la conjonction ou s’écrit o.
Un commerçant de Gènes, très épris d’un petit singe
qu’il savait Brésilien, s’adressa à son correspondant du
Brésil pour en avoir un de môme espèce.
« Envoyez-m’en un ou deux », lui disait-il.
Ce qu’il écrivit négligemment 1 o 2
Trois mois après, le Génois stupéfait voyait débar-
à son adresse quatre-viDgt-dix-sept singes tous sem-
blables à celui dont l'aspect l’avait charmé.
Une lettre accompagnait l’envoi :
« Vous me pardonnerez, cher monsieur, si je ne vous
adresse pas tout à fait autant de singes que vous le
souhaitiez ; mais je n’ai pu m’en procurer que quatre-
vingt-dix-sept de cette sorte.
» Si j’en retrouve cinq encore pour parfaire le compte
de 102 que vous me marquiez, je m’empresserai de
vous les faire parvenir par le plus prochain navire. »
Paul Parfait.
Le gérant : Altaroche.
Paris. — Imprimerie J. Voisvenel, 24, rue Cbaucbat.
fortes plaintes de la part des exposants. On sait si jus-
qu’ici il y avait des gémissements. J’en suis encore à
rencontrer un peintre qui ne hurle pas contre la façon
dont on a placé son tableau. L’un est trop haut, l’autre
trop bas, ce troisième trop au milieu ; celui-ci est dans
une salle où l’on ne va pas, celui-là est dans une salle
où l’on va trop. Ici, c’est près d’une porle, là, c’est dans
une encoignure. Que sera-ce lorsque la lumière factice
succédera à la lumière solaire? Les uns ne manqueront
pas de dire qu’on ne les voit pas du tout, et qu’on l’a
fait exprès ; les autres, que ce n’est pas sans intention
qu’on a fait porter tout le scintillement électrique sur
la partie la mieux réussie de leur tableau, etc., etc.; car
les artistes seront convaincus que Ie public qui entrera
le soir au palais de l’Exposition, y viendra pour con-
templer leurs œuvres.
Douce illusion. Le soir, on n’entrera là que pour se
promener dans le jardin, et pou» prendre des bocks et
des glaces. Le limonadier le sait bien ; aussi se réjouit-il
de cette idée. En France, les journées d’été peuvent
encore être consacrées à l’admiration; mais les soirées
ne sont jamais qu à la limonade.
Cette semaine, les soirées, je veux dire les nuits, ont
été fort remplies, dans un certain monde, par les sou-
pers de centième représentation. On a même donné
cette fameuse fête de l'Assommoir, où les hommes ont
dû être vêtus en ouvriers, et les dames en blanchis-
seuses.
Autrefois ces réjouissances étaient très rares. Il fut
un temps où, lorsqu’une pièce atteignait quarante re-
présentations, c’était un très grand succès On inventa
--
STATISTIQUE
Nous ne nous expliquons pas bien quel intérêt
les adversaires des projets Ferry peuvent avoir à
pointer minutieusement les résultats des votes
dans les conseils généraux à propos desdits projets.
Ils tiennent donc à constater publiquement leur
défaite ?
Ceci est un dilemme !
Ou l’opinion des conseils généraux est sans va-
leur, et alors pourquoi l’invoquent-ils ?
Ou bien l’opinion des conseils généraux repré-
sente l’opinion de la France.
Et alors, comment les cléricaux sont-ils assez
malavisés pour constater eux-mêmes que la France
leur est en majorité hostile?
C'est donner raison aux projets de loi du gou-
vernement que de démontrer ainsi qu’ils rallient le
plus grand nombre des suffrages.
Paul Girard
LES DISCIPLES DE BASILE
Le Pèlerin, moniteur de l’ineptie cléricale, ne se
cont< nte pas d’être saugrenu. Il veut être odieux
par-dessus le marché. Voici, par exemple, quelle
jolie infamie par insinuation contenait son dernier
numéro :
« SATAN.
« Police russe arrête, près du pont de Crimée,
Moscou, un juif en train d’assassiner un petit gar-
çon chrétien pour les pâques juives. — A Paris, on
gémit de nombreuses disparitions de tout jeunes
enfants, et c’est un mystère qui reste sans lu-
mière. »
Vous comprenez où le Pèlerin en veut venir?
A ceci que probablement ce sont des juifs qui
assassinent ici les jeunes enfants dont il signale
la disparition plus ou moins apocryphe.
Conclusion mentale :
— Pourquoi empêche-t-on de brûler comme jadis
ces affreux mécréants? A quand la restauration
des bûchers orthodoxes? Il
Il est bon de faire connaître ces gens-là tels
qu’ils se révèlent eux-mêmes dans leurs journaux.
Ne pas oublier que le Pèlerin a une rédaction
exclusivement ecclésiastique.
Ce trait complète le tableau.
André Laroche.
LES SEMAINES DE PARIS
CCXVI
Du jeudi 24 avril au jeudi l,r mai.
Le bourreau est mort... Qui demande sa place?...
Y a-t-il des amateurs?... A-t-on nommé quelqu’un?...
Sa nomination sera t-elle à l'Officiel ?... Quelle belle oc-
casion d’en finir avec la peine de mort. La première
fois que les juges condamneraient quelqu’un : — Ah I
vous savez, plus de bourreau... Sans exécuteur, on no
peut pas exécuter, et, si personne ne voulait plus exé-
cuter, il n’y aurait plus d’exécutions.
Nous n’en sommes pas là. Et comment en serions-
nous-là, lorsqu’il est de mode de traiter le bourreau
avec tous les égards dus à un personnage important?
On cite ses mots, on dépeint sa physionomie, on donne
des renseignements sur son intérieur, sur sa façon de
vivre. Il a de la gloire à sa façoD. On s’en occupe plus
que d’un poète qui mourrait. En France, où tout est
vanité, cela donne à beaucoup de gens l’envie d’avoir
la place. Eh 1 comment ne se ferait-on pas bourreau,
pour faire parler de soi, dans un pays où l’on n’hé.-ite
pas, dans ce seul but, à se faire criminel? On peut
bien exécuter par orgueil, puisqu’on se fait exécuter
par gloriole.
Une exécution qui va avoir lieu prochainement, mais
qui ne donnera lieu à aucune complainte, est celle des
baraques connues sous le nom de ruches du Château-
d’EiU. Les propriétaires, dont ces baraques gâtaient la
-----
Un superbe concert a été donné lundi soir, à la
salle Pleyd, par Joseph Servais, l’éminent virtuose.
Joseph Servais est le roi incontesté du violon-
celle. Chacune de ses apparitions en France est un
véritable événement musical, car le grand artiste
habile d’ordinaire la Belgique, où il est professeur
au Conservatoire de Bruxelles.
Servais a joué avec son habituelle maestria une
fantaisie sur le Désir, de Schubert, trois morceaux
de caractères divers, parmi lesquels nous avons
remarqué le Nocturne de Chopin, et enfin une
grande fantaisie sur Lestocg, l’opéra-comique trop
oublié d’Auber.
Autant d’ovations que d’apparitions.
Servais était secondé par Léonard, le violoniste
remarquable, qui se fait, hélas! trop rarement en-
tendre, et qui a été chaleureusement fêté; par
Charles de Bériot, le pianiste puissant.
Enfin, M110 Blanche Deschamps a dit avec beau-
coup de charme un air de la Reine de Sala, et sur-
tout la romance de Psyché.
Soirée qui avait attiré tonte l’élite du dilettan-
tisme cosmopolite.
- •»-
CHRONIQUE DU JOUR
Je trouve dans l'Apostolat des enfants de Marie, re-
vue mensuelle des congrégations de la Vierge, un
erayon assez réussi.
C’est, le portrait de « la congréganiste grossière, inci-
vile, mal élevée. »
Il parait qu’il ne manque pas de dévotes personnes
qui réunissent à plaisir toutes ces qualités.
Le croquis serait à citer en entier; mais il faut savoir
se borner.
« Elle devrait parler moins que les autres, dit ce La
Bruyère clérical, et au contraire c’est elle qui donne le
ton dans les conversations. Elle est très forte sur les
grosses plaisanteries qui provoquent un gros rire : elle
a une ample provision de dictoos populaires qu’elle
prend pour des bons mots, et qu’elle débile avec un
laisser-aller qui touche de bien près à la trivialité. »
Ce n’est là que le début.
« Gardez-vous de la contredire ou de la froisser, car
le premier mot qu’elle vous adresserait serait une in-
jure. El'e se permet souvent des bouffonneries très
messéantes ; elle raconte des anecdotes plus que légères,
et laisse échapper des expressions qui étonnent et
scandalisent même ses compagnes. »
Même ses compagnes est très joli.
Ces compagaes sont-elles donc blasées au point qu’il
faille s’étonner que quelque chose puisse les scandali-
ser encore ?
« Quant à ses actes extérieurs, ils marchent de pair
avec ses paroles. La modestie, qui doit être, par excel-
lence, la vertu d’un élève du sanctuaire, lui est à peu
près inconnue. »
Eh bien ! elle est complète, n’est-ce pas l’élève du
sanctuaire?
vue, ont obtenu gain de cause; et il ne s’agit plus
maintcnonl que de savoir par quoi on les remplacera.
La Ville parait disposée à mettre en vente les terrains.
Naturellement ou bâtira dessus. Et les pétitionnaires
auront la vue encore plus gênée qu’auparavant. Ça leur
apprendra. C’est ainsi que pouréviterun mal, on tombo
souvent dans un pire.
Il faut avouer d’ailleurs que cette place du Château-
d’Eau est bien la plus biscornue qu’on ait jamais taillée
dans une ville qui se respecte. C’est au point qu’après
avoir voté la pose d’une statue de la République, on
ne sait plus où la mettre. Il est question d’enlever une
troisième fois la fontaine. Tout cela ne fera pas que
cette place ait le sens commun. O mes théâtres du
boulevard du Temple, combien je vous regrette !
Il y a là un grand bâtiment, qui s’appelle les Maga-
sins-Réunis, et où l’on ne s’est jamais servi que de la
cour pour y faire caracoler des chevaux. Le public a
tellement horreur de ce bâtiment, qu’il n’allait même
pas y voir les chevaux, et l’on y a mis plusieurs fois
l’Exposition des refusés, pour être bien sûr qu’il n’y
viendrait personne.
Je ne sais si, cette année, il y aura une Exposition
des refusés. On n’en parle pas. Cela devient de plus en
plus inutile, le nombre des croûtes reçues suffisant,
et au delà , à la curiosité du public, lequel aura d’ail-
leurs désormais deux fois plus de temps pour se con-
tenter, puisqu’on parle d’éclairer le palais de l’Industrie
à la lumière électrique, afin que le Salon reste ouvert
jusqu’à onze heures du soir.
C’est une assez bonne idée. Seulement, je prévois de
Et ce plaisant croquis est tracé par la main d’un
ami 1
Un malveillant oserait à peine en écrire autant.
Uno découverte artistique 1 disent plusieurs jour-
naux.
Par des procédés brevetés, un imprimeur-éditeur de
Hollande vient de trouver le moyen de reproduire les
tableaux peints à l’huile sur toile ou panneaux, de fa-
çon à tromper jusqu’aux auteurs des originaux eux-
mêmes : empâtements, glacis, coups de pinceau, tout
est reproduit avec une étonnante vérité.
Voilà, s’écrient ceux qui donnent cette nouvelle, un
coup terrible porté aux faiseurs de copies !
Mais les auteurs des otiginaux eux-mêmes sont ca-
pables do s’y tromper; ne pourrait-on pas s’écrier
aussi :
— Voilà un fameux concours donné à la filouterie en
matière d’art
Avez-vous rêvé étymologies quelquefois?
Je m’étais souvent demandé, pour ma part, d’où
pouvait bien venir l’expression si usitée — parce qu’elle
répond sans doute à rrne situation fréquente: —Etre
dans la panne, lorsqu’en parcourant les historiettes de
Tallemant des Réaux, je suis tombé sur ce passage re-
latif au sieur de Blérancourt :
« Il n’y a guère d’homme au monde plus avare : il
a, dit-on, quatre-vingt mille livres de rente, cependant
il est vêtu comme uu gueux... A la campagne, pour
tout manteau de pluie, il a un manteau doublé de
panne. »
i Être dans la panne », ne se serait-il pas entendu
dans le principe : « Être dans de mauvais draps » ?
Hier, le Monde n’annonçait pas encore 1». condamna-
tion de l’abbé Maret, le monsignor égrillard du Vé-
sinet.
C’est cependant une nouvelle digne d’intéresser tout
spécialement les lecteurs de ce pieux journal qui a
compté longtemps M. Maret parmi ses collaborateurs.
On ne saurait prendre trop de précautions pour ren-
dre sa correspondance intelligible.
En italien la conjonction ou s’écrit o.
Un commerçant de Gènes, très épris d’un petit singe
qu’il savait Brésilien, s’adressa à son correspondant du
Brésil pour en avoir un de môme espèce.
« Envoyez-m’en un ou deux », lui disait-il.
Ce qu’il écrivit négligemment 1 o 2
Trois mois après, le Génois stupéfait voyait débar-
à son adresse quatre-viDgt-dix-sept singes tous sem-
blables à celui dont l'aspect l’avait charmé.
Une lettre accompagnait l’envoi :
« Vous me pardonnerez, cher monsieur, si je ne vous
adresse pas tout à fait autant de singes que vous le
souhaitiez ; mais je n’ai pu m’en procurer que quatre-
vingt-dix-sept de cette sorte.
» Si j’en retrouve cinq encore pour parfaire le compte
de 102 que vous me marquiez, je m’empresserai de
vous les faire parvenir par le plus prochain navire. »
Paul Parfait.
Le gérant : Altaroche.
Paris. — Imprimerie J. Voisvenel, 24, rue Cbaucbat.
fortes plaintes de la part des exposants. On sait si jus-
qu’ici il y avait des gémissements. J’en suis encore à
rencontrer un peintre qui ne hurle pas contre la façon
dont on a placé son tableau. L’un est trop haut, l’autre
trop bas, ce troisième trop au milieu ; celui-ci est dans
une salle où l’on ne va pas, celui-là est dans une salle
où l’on va trop. Ici, c’est près d’une porle, là, c’est dans
une encoignure. Que sera-ce lorsque la lumière factice
succédera à la lumière solaire? Les uns ne manqueront
pas de dire qu’on ne les voit pas du tout, et qu’on l’a
fait exprès ; les autres, que ce n’est pas sans intention
qu’on a fait porter tout le scintillement électrique sur
la partie la mieux réussie de leur tableau, etc., etc.; car
les artistes seront convaincus que Ie public qui entrera
le soir au palais de l’Exposition, y viendra pour con-
templer leurs œuvres.
Douce illusion. Le soir, on n’entrera là que pour se
promener dans le jardin, et pou» prendre des bocks et
des glaces. Le limonadier le sait bien ; aussi se réjouit-il
de cette idée. En France, les journées d’été peuvent
encore être consacrées à l’admiration; mais les soirées
ne sont jamais qu à la limonade.
Cette semaine, les soirées, je veux dire les nuits, ont
été fort remplies, dans un certain monde, par les sou-
pers de centième représentation. On a même donné
cette fameuse fête de l'Assommoir, où les hommes ont
dû être vêtus en ouvriers, et les dames en blanchis-
seuses.
Autrefois ces réjouissances étaient très rares. Il fut
un temps où, lorsqu’une pièce atteignait quarante re-
présentations, c’était un très grand succès On inventa