QUARANTE-HUITIÈME ANNÉE
Prix du Numéro : 25 centimes
JEUDI 1“ MAI 1879
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. i8 fr.
Six mois. 36 —
Un an. 12 —
Les abonnements partent des ia et 16 de chaque moü
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON
Rédacteur en Chef,
BUREAUX
Dfi LA REDACTION ET DE L’ADMINISTRATION
Rue de la Victoire, 20
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 20 U.
Six mois. 40 —
Un an. 80 —
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PIERRE VÉRON
Rédacteur en CUcf.
ANNONCES
ADOLPHE EWIG, FERMIER DE LA PUBLICITE
Rue Fléchier, 2.
LE CHARIVARI
Les souscripteurs dont l’abonnement expire
le S© avril sont priés de le renouveler
immédiatement s’ils ne veulent pas éprouver
d'interruption dans l’envoi dn journal.
BULLETIN POLITIQUE
La Bulgarie possède un prince. Un prince pos-
sède la Bulgarie;
C’est l’événement du jour.
La Bulgarie paraît ravie du maître qu’elle s’est
donné. Le maître semble enchanté du pays sur le-
quel il va régner.
Il faudra repasser dans un an pour savoir au juste
à quoi s’en tenir sur la valeur de ces allégresses.
Ici, continuation des déclamations cléricales.
Tantôt elles sont solennelles, tantôt burlesques.
Mais dans ce burlesque même il y a à récolter.
Voici, par exemple, un prédicateur du départe-
ment du Tarn, qui, en chaire, s’écrie :
— Un certain Jules Ferry veut se mêler de ce
qui ne le regarde pas. Vous allez signer une pé-
tition contre lui? S’il y en a un ou une parmi vous
qui refuse, je ne l'admettrai jamais aux sacre-
ments.
L’intempérant bavard a dit tout haut ce que d’au-
tres chuchotent tout bas. Il a divulgué le secret
de la comédie. Appréciez-vous à présent la spon-
tanéité des manifestations dont on se targue ?
On met le sacrement sous la gorge des dévots et
des esprits faibles.
Il doit s’en dire de curieuses à ce sujet dans l’in-
timité du confessionnal.
— Avez-vous signé une pétition contre les lois
Ferry?Non... Pas d’absolution, alors... Vous re-
passerez après signature donnée ! 11
La France apprécie à leur juste valeur les pro-
testations ainsi extorquées.
M. l’évèque de Poitiers, lui, plus contenu en son
ire, cherche à discuter.
Mais son argumentation n’est heureuse sur au-
cun point.
Selon lui les projets Ferry portent atteinte à la
religion.
. & ._ ,-j
A laquelle? ' -J
Le catholicisme n’est pas religion d’Etat. Il est
une formule combattue par plusieurs autres.
D’ailleurs, jamais on n’avait eu la pensée de con-
fondre les mots religion et congrégation.
II faut en être venu à un degré inoui d’aberration
pour parler ainsi.
Lorsque le Concordat fut présenté à l’acceptation
des Chambres, Portalis en expliqua la pensée.
Or, voiei ce qu’il disait alors :
« Le pape avait autrefois dans les ordres religieux
une milice qui lui prêtait obéissance, qui avait
écrasé les vrais pasteur ;, et qui était toujours dis-
posée à propager les doctrines ultramontaines. Nos
lois ont licencié cette milice; et elles l’ont pu, car on
No. jamais contesté à la puissance publique le droit
d’écarter ou de dissoudre des institutions arbi-
traires, qui ne tiennent point à l’essence de la re-
ligion et qui sont jugées suspectes ou incommodes
à l’Etat.
» Conformément à la discipline fondamentale ;
nous n'aurons plus qu'un clergé séculier, c’est-à-
dire des évêques et des prêtres. »
Donc la religion, au point de vue légal, n’est
représentée (même catholiquement) que par les
prêtres et les évêques.
Rien des congréganistes.
M. l’évêque de Poitiers continue en affirmant
que les projets portent atteinte à la liberté.
Cette liberté a été combattue sous toutes ses
formes par les cléricaux. L’invoquer aujourd’hui
est dérision pure.
M. l’évêque de Poitiers ajoute que les projets de
loi portent atteinte aux droits des pères de famille.
Il faut voir le cas que le cléricalisme fait de ces
droits-là quand ils s’exercent contre lui, et com-
ment il injurie ceux de ces pères qui veulent en-
voyer leurs enfants dans des écoles exclusivement
laïques.
Ainsi s’écroulent un à un les arguments de nos
adversaires.
Qu’en reste-t-il ? Rien.
L'Officiel, en enregistrant le résultat du scrutin
du 20 avril dernier, passait hier sous silence l’élec-
tion de Bordeaux.
C’est l’application de la politique que les Débat
nous avaient annoncée.
On réserve entièrement la question pour la ren-
trée des Chambres.
M. Albert Grévy, venant inaugurer le gouverne-
ment civil.
Il ne s’agit plus que de réaliser les espérances
qui se sont manifestées en cette journée de bien-
venue.
Il ne s’agit plus que de faire passer notre con-
quête de l’état provisoire qui s’appelait occupatior
armée à l’état normal qui voudra dire possession
définitive.
Pierre Véron,
6a]cttc Himh
Réception chaleureuse faite par les Algériens à 1
L'AVEUGLE ET LE PARALYTIQUE
FABLE IMITÉE DE FLORIAN
et dédiée
AUX ORLÉANISTES ÉLECTEURS DE M. GODELLE
Dupons-nous mutuellement,
La charge des malheurs en sera plus légère.
Le tour que l’on joue à son frère,
Pour l’attente qu’on souffre, est un soulagement.
Dans la France démocratique
Etaient deux partis malheureux.
L’un perclus, l’autre aveugle ; impuissants tous les deux.
Us sentaient qu’il faudrait bientôt fermer boutique:
Leurs complots étaient superflus.
L’un qui, depuis Sedan, était paralytique,
Sollicitait en vain l’opinion publique.
Souffrant sans être plaint, il en souffrait bien plus.
L’aveugle était l’orléanisme,
Parti sans guide, sans soutien,
Qui, ne réussissant à rien,
Conspirait pour le monarchisme.
Un certain jour il arriva
Que l’affiche de l’un, au détour d’une rue,
Auprès de l’autre se colla.
Par les élections, la ville était émue.
Il n’est tel que ces chers réacs,
Pour se berner les uns les autres.
— J’ai mes voix, dit Sedan, et vous avez les vôtres.
Uuissons-les mon frère... Adorant les micmacs,
L’orléanisme était prêt à se laisser faire.
Mais avant de sauter le pas :
— Pardon, mort cher, je ne vois pas
Quel sera mon profit, à moi, dans cette affaire ?
— Votre profit, parbleu! dit Sedan, à nous deux
Nous pouvons arriver au total nécessaire;
Du passé détournez les yeux,
Et des républicains que la haine vous guide;
Nous cueillerons ainsi des lauriers assurés.
— Soit; nous en passerons par ce que vous voudrez.
Et Chabaud-Latour même à la fin se décide.
—Parbleu! n’aurons-nous pas tous les deux noire emploi?
Je siégerai pour vous... Votez d’abord pour moil
LORET II.
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sède la Bulgarie;
C’est l’événement du jour.
La Bulgarie paraît ravie du maître qu’elle s’est
donné. Le maître semble enchanté du pays sur le-
quel il va régner.
Il faudra repasser dans un an pour savoir au juste
à quoi s’en tenir sur la valeur de ces allégresses.
Ici, continuation des déclamations cléricales.
Tantôt elles sont solennelles, tantôt burlesques.
Mais dans ce burlesque même il y a à récolter.
Voici, par exemple, un prédicateur du départe-
ment du Tarn, qui, en chaire, s’écrie :
— Un certain Jules Ferry veut se mêler de ce
qui ne le regarde pas. Vous allez signer une pé-
tition contre lui? S’il y en a un ou une parmi vous
qui refuse, je ne l'admettrai jamais aux sacre-
ments.
L’intempérant bavard a dit tout haut ce que d’au-
tres chuchotent tout bas. Il a divulgué le secret
de la comédie. Appréciez-vous à présent la spon-
tanéité des manifestations dont on se targue ?
On met le sacrement sous la gorge des dévots et
des esprits faibles.
Il doit s’en dire de curieuses à ce sujet dans l’in-
timité du confessionnal.
— Avez-vous signé une pétition contre les lois
Ferry?Non... Pas d’absolution, alors... Vous re-
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La France apprécie à leur juste valeur les pro-
testations ainsi extorquées.
M. l’évèque de Poitiers, lui, plus contenu en son
ire, cherche à discuter.
Mais son argumentation n’est heureuse sur au-
cun point.
Selon lui les projets Ferry portent atteinte à la
religion.
. & ._ ,-j
A laquelle? ' -J
Le catholicisme n’est pas religion d’Etat. Il est
une formule combattue par plusieurs autres.
D’ailleurs, jamais on n’avait eu la pensée de con-
fondre les mots religion et congrégation.
II faut en être venu à un degré inoui d’aberration
pour parler ainsi.
Lorsque le Concordat fut présenté à l’acceptation
des Chambres, Portalis en expliqua la pensée.
Or, voiei ce qu’il disait alors :
« Le pape avait autrefois dans les ordres religieux
une milice qui lui prêtait obéissance, qui avait
écrasé les vrais pasteur ;, et qui était toujours dis-
posée à propager les doctrines ultramontaines. Nos
lois ont licencié cette milice; et elles l’ont pu, car on
No. jamais contesté à la puissance publique le droit
d’écarter ou de dissoudre des institutions arbi-
traires, qui ne tiennent point à l’essence de la re-
ligion et qui sont jugées suspectes ou incommodes
à l’Etat.
» Conformément à la discipline fondamentale ;
nous n'aurons plus qu'un clergé séculier, c’est-à-
dire des évêques et des prêtres. »
Donc la religion, au point de vue légal, n’est
représentée (même catholiquement) que par les
prêtres et les évêques.
Rien des congréganistes.
M. l’évêque de Poitiers continue en affirmant
que les projets portent atteinte à la liberté.
Cette liberté a été combattue sous toutes ses
formes par les cléricaux. L’invoquer aujourd’hui
est dérision pure.
M. l’évêque de Poitiers ajoute que les projets de
loi portent atteinte aux droits des pères de famille.
Il faut voir le cas que le cléricalisme fait de ces
droits-là quand ils s’exercent contre lui, et com-
ment il injurie ceux de ces pères qui veulent en-
voyer leurs enfants dans des écoles exclusivement
laïques.
Ainsi s’écroulent un à un les arguments de nos
adversaires.
Qu’en reste-t-il ? Rien.
L'Officiel, en enregistrant le résultat du scrutin
du 20 avril dernier, passait hier sous silence l’élec-
tion de Bordeaux.
C’est l’application de la politique que les Débat
nous avaient annoncée.
On réserve entièrement la question pour la ren-
trée des Chambres.
M. Albert Grévy, venant inaugurer le gouverne-
ment civil.
Il ne s’agit plus que de réaliser les espérances
qui se sont manifestées en cette journée de bien-
venue.
Il ne s’agit plus que de faire passer notre con-
quête de l’état provisoire qui s’appelait occupatior
armée à l’état normal qui voudra dire possession
définitive.
Pierre Véron,
6a]cttc Himh
Réception chaleureuse faite par les Algériens à 1
L'AVEUGLE ET LE PARALYTIQUE
FABLE IMITÉE DE FLORIAN
et dédiée
AUX ORLÉANISTES ÉLECTEURS DE M. GODELLE
Dupons-nous mutuellement,
La charge des malheurs en sera plus légère.
Le tour que l’on joue à son frère,
Pour l’attente qu’on souffre, est un soulagement.
Dans la France démocratique
Etaient deux partis malheureux.
L’un perclus, l’autre aveugle ; impuissants tous les deux.
Us sentaient qu’il faudrait bientôt fermer boutique:
Leurs complots étaient superflus.
L’un qui, depuis Sedan, était paralytique,
Sollicitait en vain l’opinion publique.
Souffrant sans être plaint, il en souffrait bien plus.
L’aveugle était l’orléanisme,
Parti sans guide, sans soutien,
Qui, ne réussissant à rien,
Conspirait pour le monarchisme.
Un certain jour il arriva
Que l’affiche de l’un, au détour d’une rue,
Auprès de l’autre se colla.
Par les élections, la ville était émue.
Il n’est tel que ces chers réacs,
Pour se berner les uns les autres.
— J’ai mes voix, dit Sedan, et vous avez les vôtres.
Uuissons-les mon frère... Adorant les micmacs,
L’orléanisme était prêt à se laisser faire.
Mais avant de sauter le pas :
— Pardon, mort cher, je ne vois pas
Quel sera mon profit, à moi, dans cette affaire ?
— Votre profit, parbleu! dit Sedan, à nous deux
Nous pouvons arriver au total nécessaire;
Du passé détournez les yeux,
Et des républicains que la haine vous guide;
Nous cueillerons ainsi des lauriers assurés.
— Soit; nous en passerons par ce que vous voudrez.
Et Chabaud-Latour même à la fin se décide.
—Parbleu! n’aurons-nous pas tous les deux noire emploi?
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