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QUARANTE-HUITIÈME ANNÉE
Prix du Numéro : 25 centimes
MARDI 1* AVRIL 1879
ABONNEMENTS
MIS
Trois mois ..<!<«... 18 ft.
Six mois. 38 —
Un an. 72 —
Les abonnements partent des 1°’ et ig de chaque mois.
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON
Rédacteur en Cïaef.
BUREAUX
DE LA RÉDACTION ET DE L1 ADMINISTRATION
Hue de la Victoire, 20
LE
P Les souscripteurs dout l'abonnement expif e
le 31 mars sont priés de le renouveler
immédiatement s’ils ne veulent pas éprouver
d’interruption dans l’envoi du journal.
BULLETIN POLITIQUE
La question du retour à Paris absorbe toute l’at-
tendon.
Les cléricriailleries cherchent bien à occuper
d’elles, mais pour le moment elles sont reléguées
au second plan.
M. Guibeit a eu beau prendre la plume lui-même
— pour répéter du reste ce que d’autres avaient
dit — sa lettre, qui se prétend pastorale, n’a pro-
duit aucun effet.
Vainement aussi les pètitionomanes accablent de
leurs petits imprimés les loges de tous les concier-
ges (il en est arrivé des paquets chez plusieurs de
nos amis). La République dédaigne ce tapage sans
écho, se réservant de compter les signatures plus
tard, — celle des chiffres aussi; car c’est une pré-
caution indispensable avec les procédés qu’on met
en usage.
En attendant, comme nous le constations, c’est
la question du retour à Paris qui passionne. Elle
sera aujourdhui même tranchée par le vote du
Sénat.
Donnera-t-il raison au pitoyableTapport de M. La-
boulaye ?
Le Français l’affirme en ces termes :
« Il nous revient que la majoritédela commission
chargée d'examiner la proposition de M. Peyrat est
plus ferme que jamais dans son oppositien. Le rap-
port si concluant et si complet de M. Laboulaye
serait même trouvé par elle, à cause de la mesure
parfaite sous laquelle les arguments sont présentés,
trop modéré. »
Il y a, comme vous le voyez, toujours une ample
provision de pavés de l’ours dans la carrière du
français.
De la formule il résulte que les adversaires du
tlour à Paris, sont des gens qui auraient voulu
ga’on manquât de mesure.
Pourquoi ne pas demander des injures tout de
mite?
Que M. Laboulaye pèse ou ne pèse pas ses ter-
mes, peu importe le reste.
Qui prend au Sérieux comme homme d’Etat ce
palinodiste de profession? Personne. M. Laboulaye
n’à point d’appui, ou à droite, ou à gauche.
C’est un politicien entre deux selles.
Ce qui doit toucher davantage, c’est d’entendre
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 20
Six mois. 40 —
Un an. 80 —
L’abonnement d un an donne droit à la prime grêM6.
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON
Rédacteur en Chef.
ANNONCES
ADOLPHE EWIG, FERMIER DE LA PUBLICITÉ
Hue Fléchier, 2.
r^-cjÿi\WAK
mêler le nom de M. Dufaure aux inungaes ,et, aux
complots de la réaction
On se targue presque tout haut de son appui. On
dit même que M. Dufaure n’a pour but que le ren-
versement du cabinet actuel.
Triste serait le rôle de l’ancien président du con-
seil, si, après avoir déclaré lui-même qu’il fallait
des hommes nouveaux, il travaillait à les démolir.
Sa démission prendrait des airs de traquenard
qui ne rehausseraient pas la dignité de sa vieillesse.
Une simple observation doit, ce nous semble re-
tenir M. Dufaure, au cas où il aurait envie de s’en-
gager dans une voie aussi déplorable.
Comment votent les monarchistes du Sénat?
Contre le retour à Paris.
C’est donc que ce retour-là ne peut être préju-
diciable à la République.
Il n’y a pas besoin d’autre critérium.
Le Temps fait en outre valoir une raison sur la-
quelle l’effarement des alarmistes fera bien de mé-
diter.
L’émigration versaillaise donne au conseil muni-
cipal de Paris une place dominante.
« Qu’on y songe bien, dit le Temps, Paris est un
véritable Etat qui entretient une armée de fonction-
naires et dispose d’un budget énorme ; l’Assemblée
investie du droit de voter ce budget est maîtresse
de l’administration municipale tout entière ; elle vit
au milieu même de ses électeurs, ce qui la rend
très forte si elle reste isolée. Le seul moyen de la
réduire à son véritable rôle, de la reléguer au se-
cond plan, c’est de placer au-dessus d’elle la repré-
sentation nationale et le gouvernement républi-
cain. »
De sorte que — singulier retour des choses d’ici
bas — ce sont ceux qui ont le plus peur de la Com-
mune qui font de la Commune sans le savoir.
Ce sont eux qui développent le pouvoir du con-
seil municipal et rendent son influence prépondé-
rante.
Le Temps ajoute :
« Enfin, il y a un argument qui domine tout : si
les pouvoirs publics ne peuvent rentrer à Paris le
jour où la forme républicaine est arrivée à son en-
tier épanouissement, ils n’y rentreront jamais, et
s’ils n’y peuvent vivre librement, s’ils y succom-
bent, ce sera tant pis pour nous et tant pis pour la
République, car nous aurons démontré du même
coup et s on impuissance et notre incapacité. »
Nous voulons croire que le vrai libéralisme du
Sénat sera touché de ces raisons, et n’emboîtera
point le pas demain derrière le faux libéralisme de
M. Laboulaye.
Tout le monde n’a pas, comme lui, des raisons
plébiscitaires pour craindre de voir la rentrée à
Paris prendre les allures d’une confrontation.
Pierre Véron.
;;
^ AN- AUX
C’EST HORRIBLE!
/ 65
J’ai rencontré hier un de ces pauvres martyrs qui
attirent en ce moment, par leurs lamentations,
l’attention sur les abominables tortures que leur
infligent ces affreux républicains.
Le martyr était dans un équipage remarquable-
ment suspendu, et attelé de chevaux fort présen-
tables.
Le martyr rentrait à la suite d’une promenade.
La porte d’un hôtel splendide était ouverte. Un
factionnaire veillait. La voiture du maître s’engouf-
fra dans une vaste cour sablée, et accosta un fier
perron surmonté d’une vehrauda majestueuse.
De3 domestiques s’empressèrent et ouvrirent la
portière au martyr, qui gravit solennellement les
marches.
Pendant ce temps, allaient et venaient les cuisi-
niers dans la cuisine somptueuse, car l’heure du
dîner était proche.
Et peu d’instants après, le martyr, après avoir
jeté un coup d’œil sur les arbres bourgeonnants de
son magnifique jardin, gagnait sa salle à manger,
où l’attendait un luxueux couvert.
Le spectacle de tant d'infortunes réunies me
plongea dans une profonde tristesse.
Et, m’éloignant tout pensif, je me dis :
— Voilà donc comment cette infâme République
persécute les représentants de la religion d’humi-
lité ! Ah ! comme on comprend qu’ils crient : Au
secours !
Paul Girard.
P.-S. — J’ai oublié de vous dire le nom de mon
martyr.
Il s’appelle M. l’archevêque de Paris.
p. G.
CHAEXYAHXA
Le secret de la comédie.
M. Laboulaye habite Versailles.
Il y est même, dit-on, propriétaire.
Vous comprenez !
La rentrée à Paris le forcerait à rouler en wagon
tous les jours.
A cette époque surtout que le printemps est pro-
che, c’eût été désolant.
De quel droit la France se permettait-elle de
troubler par ses réclamations inopportunes la villé-
giature de M. Laboulaye ?
y—
Le Constitutionnel n’est pas heureux dans le
choix de ses arguments.
A propos du retour à Paris, il disait l’autre jour :
« Une motion passionnante, un débat pathétique
sur quelque thème social, un incident sulfureux,
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d’interruption dans l’envoi du journal.
BULLETIN POLITIQUE
La question du retour à Paris absorbe toute l’at-
tendon.
Les cléricriailleries cherchent bien à occuper
d’elles, mais pour le moment elles sont reléguées
au second plan.
M. Guibeit a eu beau prendre la plume lui-même
— pour répéter du reste ce que d’autres avaient
dit — sa lettre, qui se prétend pastorale, n’a pro-
duit aucun effet.
Vainement aussi les pètitionomanes accablent de
leurs petits imprimés les loges de tous les concier-
ges (il en est arrivé des paquets chez plusieurs de
nos amis). La République dédaigne ce tapage sans
écho, se réservant de compter les signatures plus
tard, — celle des chiffres aussi; car c’est une pré-
caution indispensable avec les procédés qu’on met
en usage.
En attendant, comme nous le constations, c’est
la question du retour à Paris qui passionne. Elle
sera aujourdhui même tranchée par le vote du
Sénat.
Donnera-t-il raison au pitoyableTapport de M. La-
boulaye ?
Le Français l’affirme en ces termes :
« Il nous revient que la majoritédela commission
chargée d'examiner la proposition de M. Peyrat est
plus ferme que jamais dans son oppositien. Le rap-
port si concluant et si complet de M. Laboulaye
serait même trouvé par elle, à cause de la mesure
parfaite sous laquelle les arguments sont présentés,
trop modéré. »
Il y a, comme vous le voyez, toujours une ample
provision de pavés de l’ours dans la carrière du
français.
De la formule il résulte que les adversaires du
tlour à Paris, sont des gens qui auraient voulu
ga’on manquât de mesure.
Pourquoi ne pas demander des injures tout de
mite?
Que M. Laboulaye pèse ou ne pèse pas ses ter-
mes, peu importe le reste.
Qui prend au Sérieux comme homme d’Etat ce
palinodiste de profession? Personne. M. Laboulaye
n’à point d’appui, ou à droite, ou à gauche.
C’est un politicien entre deux selles.
Ce qui doit toucher davantage, c’est d’entendre
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 20
Six mois. 40 —
Un an. 80 —
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DIRECTION
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ANNONCES
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r^-cjÿi\WAK
mêler le nom de M. Dufaure aux inungaes ,et, aux
complots de la réaction
On se targue presque tout haut de son appui. On
dit même que M. Dufaure n’a pour but que le ren-
versement du cabinet actuel.
Triste serait le rôle de l’ancien président du con-
seil, si, après avoir déclaré lui-même qu’il fallait
des hommes nouveaux, il travaillait à les démolir.
Sa démission prendrait des airs de traquenard
qui ne rehausseraient pas la dignité de sa vieillesse.
Une simple observation doit, ce nous semble re-
tenir M. Dufaure, au cas où il aurait envie de s’en-
gager dans une voie aussi déplorable.
Comment votent les monarchistes du Sénat?
Contre le retour à Paris.
C’est donc que ce retour-là ne peut être préju-
diciable à la République.
Il n’y a pas besoin d’autre critérium.
Le Temps fait en outre valoir une raison sur la-
quelle l’effarement des alarmistes fera bien de mé-
diter.
L’émigration versaillaise donne au conseil muni-
cipal de Paris une place dominante.
« Qu’on y songe bien, dit le Temps, Paris est un
véritable Etat qui entretient une armée de fonction-
naires et dispose d’un budget énorme ; l’Assemblée
investie du droit de voter ce budget est maîtresse
de l’administration municipale tout entière ; elle vit
au milieu même de ses électeurs, ce qui la rend
très forte si elle reste isolée. Le seul moyen de la
réduire à son véritable rôle, de la reléguer au se-
cond plan, c’est de placer au-dessus d’elle la repré-
sentation nationale et le gouvernement républi-
cain. »
De sorte que — singulier retour des choses d’ici
bas — ce sont ceux qui ont le plus peur de la Com-
mune qui font de la Commune sans le savoir.
Ce sont eux qui développent le pouvoir du con-
seil municipal et rendent son influence prépondé-
rante.
Le Temps ajoute :
« Enfin, il y a un argument qui domine tout : si
les pouvoirs publics ne peuvent rentrer à Paris le
jour où la forme républicaine est arrivée à son en-
tier épanouissement, ils n’y rentreront jamais, et
s’ils n’y peuvent vivre librement, s’ils y succom-
bent, ce sera tant pis pour nous et tant pis pour la
République, car nous aurons démontré du même
coup et s on impuissance et notre incapacité. »
Nous voulons croire que le vrai libéralisme du
Sénat sera touché de ces raisons, et n’emboîtera
point le pas demain derrière le faux libéralisme de
M. Laboulaye.
Tout le monde n’a pas, comme lui, des raisons
plébiscitaires pour craindre de voir la rentrée à
Paris prendre les allures d’une confrontation.
Pierre Véron.
;;
^ AN- AUX
C’EST HORRIBLE!
/ 65
J’ai rencontré hier un de ces pauvres martyrs qui
attirent en ce moment, par leurs lamentations,
l’attention sur les abominables tortures que leur
infligent ces affreux républicains.
Le martyr était dans un équipage remarquable-
ment suspendu, et attelé de chevaux fort présen-
tables.
Le martyr rentrait à la suite d’une promenade.
La porte d’un hôtel splendide était ouverte. Un
factionnaire veillait. La voiture du maître s’engouf-
fra dans une vaste cour sablée, et accosta un fier
perron surmonté d’une vehrauda majestueuse.
De3 domestiques s’empressèrent et ouvrirent la
portière au martyr, qui gravit solennellement les
marches.
Pendant ce temps, allaient et venaient les cuisi-
niers dans la cuisine somptueuse, car l’heure du
dîner était proche.
Et peu d’instants après, le martyr, après avoir
jeté un coup d’œil sur les arbres bourgeonnants de
son magnifique jardin, gagnait sa salle à manger,
où l’attendait un luxueux couvert.
Le spectacle de tant d'infortunes réunies me
plongea dans une profonde tristesse.
Et, m’éloignant tout pensif, je me dis :
— Voilà donc comment cette infâme République
persécute les représentants de la religion d’humi-
lité ! Ah ! comme on comprend qu’ils crient : Au
secours !
Paul Girard.
P.-S. — J’ai oublié de vous dire le nom de mon
martyr.
Il s’appelle M. l’archevêque de Paris.
p. G.
CHAEXYAHXA
Le secret de la comédie.
M. Laboulaye habite Versailles.
Il y est même, dit-on, propriétaire.
Vous comprenez !
La rentrée à Paris le forcerait à rouler en wagon
tous les jours.
A cette époque surtout que le printemps est pro-
che, c’eût été désolant.
De quel droit la France se permettait-elle de
troubler par ses réclamations inopportunes la villé-
giature de M. Laboulaye ?
y—
Le Constitutionnel n’est pas heureux dans le
choix de ses arguments.
A propos du retour à Paris, il disait l’autre jour :
« Une motion passionnante, un débat pathétique
sur quelque thème social, un incident sulfureux,