LE CHAiUYAKI
ma cause. Le prince Jérôme cherche à s’adresser à
ces classes ; je les lui abandonne, moi, je veux être
secondé à présent par la bourgeoisie et le com-
merce.
— Puisque vous voulez bien me permettre d’être
franc, laissez-moi vous dire que vous êtes trop
bigot.
— On a exagéré mes principes religieux pour me
porter préjudice. J’aurai la foi, mais je ne forcerai
pas les fonctionnaires de l’Etat à communier le di ■
manche.
— Mais l’armée vous acceptera-t-elle? Vous
n’avez fait aucune campagne ; votre bravoure n’a
jamais été mise à l’épreuve.
— Et mes ancêtres, vous les oubliez donc mes
braves ancêtres ? En voilà des gens qui se sont bra-
vement battus !
— Alors vous voulez bénéficier de leurs vertus
guerrières?
— Pourquoi pas?... C’est un héritage comme un
autre.
— Mais vous ne paraissez pas tenir compte des
puissances étrangères... Tar exempte, l’Allemagne
ne serait peut-être pas très satisfaite d’avoir pour
voisine une nation trop catholique.
— Raison de plus ; elle n'aura pas à craindre un
retour offensif de la part d’un peuple qui ne voudra
plus répandre le sang de son semblable. Si les
Français veulent renirer en possession de leurs an-
ciennes provinces, ils demanderont l’Alsace et la
Lorraine en allant faire des pèlerinages à Lourdes et
à la Salette, puisque ces eaux miraculeuses rendent
des bras et des jambes aux infirmés, elles pourront
bien rendre deux provinces à la France mutilée.
— Cela supprime les guerres, la tactique militaire
et la bravoure.
— Et cela vaut mieux. Je m’assurerai aussi des
alliances : celle de l’Angleterre, par une commu-
nauté de principes et d’intérêts commerciaux ; celle
de l’Autriche par une communauté d’intérêts catho-
liques ; celle de la Russie par la communauté des
intérêts politiques; celle de...
— Pardon, prince, mais il me semble avoir lu
déjà quelque part ces déclarations; le prince Jé-
rôme les a faites dans son entrevue avec un grand
financier.
— Oui; mais mon rival n’aurait jamais auprès des
puissances le prestige dont je jouirais. Si je mon-
tais sur le trône, je voudrais m’ouvrir toutes les
portes qni se seraient fermées devant moi si j’avais
écouté les conseils de la noblesse. Je serais heu-
reux d’être reçu et estimé dans le monde du petit
commerce et de la petite bourgeoisie ; je prendrais
plaisir à manger la poule au pot avec l’ouvrier.
Avez-vous encore quelques questions à me poser?
— Oui; en ma qualité de tailleur, voulez-vous
que je vous fasse une douzaine de vestes?
— Pourquoi?
— Parce qu’avec vos illusions, vous pourrez por-
er longtemps de ces vêtements courts.
Adrien Huart.
. En prenant le rapport de M. le garde des sceaux sur
l’administration de la justice, mes regards sont tombés
immédiatement sur les viols et attentats à la pudeur, et
le compte rendu allant de 1873 à 1877, je me suis dit
tout de suite ; Voyons donc les effets de ce fameux ré-
gime de l’ordre moral; il est évident qu’en comparant
avec les quatre années d’immoralilé qui l’ont précédé,
je vais constater les bienfaits de cette époque vertueuse
et adorer ce que j’ai brûlé.
Je regarde et je vois, en 1873, 97 des attentats en
question commis sur des adultes; je descends, et j’en
compte jusqu’à 140. Je passe aux mêmes crimes com-
mis sur des enfants, j’en trouve 783 en 1873; je des-
cends, et j’arrive à 878. Môme remarque pour les délits
contre les mœurs; si bien que le sang ne me fait qu’un
tour quand je me demande où nous serions allés, si
nous n’avions pas été sous le régime de 1 ordre moral.
Ce qui me confond, c’est de voir les prêtres regretter
une époque où les délits commis contre la rel'gion ou
ses ministres sont en nombre supérieur sur les années
où l’église était infiniment moins protégée.
Quant aux restaurateurs, jamais de la vie ils n’avaient
été autant filoutés qu’en 1877, par des gens qui com-
mençaient par dineret finissaient par déclarer qu’ils
CHRONIQUE DU JOUR
A don Carlos la pose!
Le prétendant in partibus fait déclarer avec force ro-
domontades, qu’il ne renoncera jamais à ses droits sur
l’Espagne.
Mais il ne dit pas comment il s’y prendra pour em-
pêcher ses droits de renoncer à lui.
Encore une petite guerre civile en préparation, sans
doute.
Cadeau de noces.
Ah 1 ça, comment veulent-ils aue les populations s’y
reconnaissent dans leurs légitimités contestées et con-
testables?...
Voilà don Carlos qui déclare qu’Alphonse est un
usurpateur.
Bien.
Mais à cet usurpateur, la maison d’Autriche, qui
croit se connaître en princes légitimes, donne une de
ses demoiselles.
Où est le vrai Farina?
Un passage m’a frappé dans les expansions du duc
de Madrid.
Celui-ci :
« Tenez, monsieur, mes idées sur mes droits sont
bien absolues, n’est-ce pas ? Eh bien ! je puis vous as-
surer qu’elles sont aussi cplles de mon oncle, Mgr le
comte de Chambord, qui a maintes fois déclaré ne re-
connaître que moi comme roi légitime d’Espagne ! »
Eh bien! ça serait encore du gentil!
Il nous fourrerait quelque guerre sur les bras pour
rétablir son cousin.
Avec le conflit italien, cela ferait deux du coup.
Riante perspective I
Avez-vous lu, dans les journaux, les statuts de la
bande Abadie?
Cet aimable gredin, qui voulait évidemment jouer au
scélérat de mélodrame, avait des naïvetés bien co-
casses.
Un des articles dit par exemple ;
« Art. 6. Aucun individu de la bande (à l’exception
des chefs) ne devra avoir de maîtresse attitrée. »
Comment trouvez-vous cette aristocratique excep-
tion ?
Pas égalitaire du tout le drôle.
Mais d’un candide!
Voir plutôt l’article 42, ainsi conçu :
« Art. 42. Tout individu entrant dans la sociéié fera
serment sur un couteau déposé chez le chef de ne rien
dire sur le règlement. »
Est-ce assez typique ce chenapan odieux, qui raccole
des assassins, et qui s’imagine que ceux qui ne reçu le
ront devant aucune infamie ssront retenus par un ser-
ment !
Abîme insondable des gredineries humaines.
Toujours la bêtise au fond 1
n’avaient pas le sou; il est vrai que s’ils avaient fait le
contraire, ils n’auraient pas dîné.
De 288 filouteries de ce genre, nous passons à 1288. Il
serait, du reste, peu équitable d’attribuer cette aug-
mentation au manque de mesures morales, je croirais
plutôt qu’il faut l’attribuer au manque d’argent.
C’est comme pour les procès de presse qui, de 913 en
1873, sautent à 1,137 en 1877, si on attribuait aussi
cette augmentation au manque de lois morales, alors
qu’il faut certainement l’attribuer au manque de li-
berté.
Pour être juste, je me hâte de reconnaître que l’ordre
moral nous a donné une légère diminution des délits
de chasse, et ceci rachète bien des choses.
Ne voyons-nous pas tous les jours, d’ailleurs, des
gens dont un fait unique amoindrit notablement les
torts? Ainsi, qui aurait le courago de reprocher àM. le
baron Seillière de casser violemment les lampes, d’écla-
bousser d’huile la robe de madame la baronne, de lui
jeter des bouchons de carafe à la figure, et trente autres
griefs (car trente-deux sont relevés à sa charge), quand
il raconte les amours de madame avec un « gentilhomme
de haute marée » (comme disait Rochefort en parlant
du favori d’une reine d’Espagne), qui mettait au mont-
de-piété les bijoux de la baronne?
Cette dame, à la vérité, crie à la calomnie, et cette
accusation d’adultère est même l’un des griefs relevés
à l’appui de sa demande en séparation de corps, mais
eafin les domestiques s nt là, qui ont entendu cette
La galerie se prépare à s’amuser.
Dumas fils doit prendre à partie le naturalisme dans
une des préfaces qui vont paraître en tête de ses der-
nières pièces.
Déjà d’ailleurs Dumas fils a eu des mots impitoyables
pour M. Zola.
Celui-ci entre autres :
On demandait à Dumas ce qu’il pensait de la mé-
thode littéraire du chef de la nouvelle école.
— Je pense, dit-il, qu’il prouve qu’il y a des guanos
qui ne fertilisent pas.
La souscription pour la statue à élever à Théophile
Gautier marche peu.
Gautier fut un talent incontesté.
Gautier fut un écrivain hors ligne.
Mais Gautier fut un indifférent.
Et cette indifférence, le public la rend aujourd’hui à
sa tombe.
Les polémiques entre monarchistes arrivent aux plus
désopilants paroxysmes.
VOrdre, par exemple, traite l'Union de Quinze-
Vingts.
Cette expression a été d’autant plus sensible à l'U-
nion, qu’elle paraissait faire allusion au chiffre de ses
abonnés.
De son côté, le Petit Caporal bataille avec ledit
Ordre.
Mais M. Amigues bat en retraite.
« J'ai conservé à Y Ordre, dit-il, pendant tout le temps
que j’y suis demeuré, des amitiés dont les uues ont
survécu à la séparation, dont les autres se retrouveront,
j’espère, après des dissentiments passagers : car la sa
gesse des nations a dit, sous la forme d’une chanson
italienne, que « l’homme est quelquefois changeant. »
La chanson italienne ne parle pas au masculin.
Elle chante
La donna e mobile.
Mais, c’est égal, M. Amigues a raison. L’homme est
quelquefois, changeant, en effet. M. Amigues ne s’est
pas contenté de l’affirmer. L’ex-défenseur de Rossel Ta
prouvé par son propre exemple.
On causait hier d’un de nos hommes politiques, on-
doyant et divers, qui flotte sans cesse du côté du plus
fort.
— C’est, dit quelqu’un, un homme qui fait la cour à
toutes les causes, mais qui n’en embrasse aucune.
L’autre jour, à Trouville, pendant les courses, une
douzaine de gommeux et de gommeuses s’étaient réu-
nis â souper. On manquait de mets.
Le lendemain un des convives racontait cette épopée
à un de ses confrères ;
— Nous étions là, m n bon, la fleur du panierl
— Percé, fit la voix d’un passant.
Jean Ralph.
Le gérant : Altàroche.
invite à cœur : « Raymond, viens donc me mettre mo-i
corset ! » (Raymond, c’est le gentilhomme.) Ils ont \ u
les deux amants boire dans Tunique verre, enfin loule
une idylle, un peu gâtée — et c’est dommage — par
cette familiarité consistant à fumer dans la même
pipe.
Je comprends la charité chrétienne pardonnant beau-
coup à la femme qui a beaucoup aimé, cependant je
ne verrais pas sans regret étendre la parole divine aux
baronnes qui fument la pipe.
Mais il n’y a ni à pardonner, ni à condamner; cette
dame poursuivie pour adultère sur la plainte de son
mari, ayant bénéficié d’une ordonnance de non lieu,
faute d’un flagrant délit légalement constaté. Seule-
ment il est permis de raconter l’épisode du corset, du
verre et de la pipe, après l’avocat de M. le baron Seil-
lière, qui les a rappelés à l’appui de la demande formée
par son client, lui aussi; soit demande de part et
d’autre, sur lesquelles le tribunal avait à statuer, et
qu’il a recueillies Tune et l’autre.
Derrière l’initiale M..., sous laquelle le gentilhomme
est désigné, je cherchais un nom, quand, au ueriaer
moment, ma pensée est illuminée par un éclair : Se-
rait- ce Marfori, le favori de la reine d Espagne en ques
tion ?
Scribe a eu beau faire chanter à l’un de ses person-
nages, à propos d’un procès :
Ah! croyez-moi, la plus h lie victoire,
Ne vaut jamais un bon tia té de paix,
ma cause. Le prince Jérôme cherche à s’adresser à
ces classes ; je les lui abandonne, moi, je veux être
secondé à présent par la bourgeoisie et le com-
merce.
— Puisque vous voulez bien me permettre d’être
franc, laissez-moi vous dire que vous êtes trop
bigot.
— On a exagéré mes principes religieux pour me
porter préjudice. J’aurai la foi, mais je ne forcerai
pas les fonctionnaires de l’Etat à communier le di ■
manche.
— Mais l’armée vous acceptera-t-elle? Vous
n’avez fait aucune campagne ; votre bravoure n’a
jamais été mise à l’épreuve.
— Et mes ancêtres, vous les oubliez donc mes
braves ancêtres ? En voilà des gens qui se sont bra-
vement battus !
— Alors vous voulez bénéficier de leurs vertus
guerrières?
— Pourquoi pas?... C’est un héritage comme un
autre.
— Mais vous ne paraissez pas tenir compte des
puissances étrangères... Tar exempte, l’Allemagne
ne serait peut-être pas très satisfaite d’avoir pour
voisine une nation trop catholique.
— Raison de plus ; elle n'aura pas à craindre un
retour offensif de la part d’un peuple qui ne voudra
plus répandre le sang de son semblable. Si les
Français veulent renirer en possession de leurs an-
ciennes provinces, ils demanderont l’Alsace et la
Lorraine en allant faire des pèlerinages à Lourdes et
à la Salette, puisque ces eaux miraculeuses rendent
des bras et des jambes aux infirmés, elles pourront
bien rendre deux provinces à la France mutilée.
— Cela supprime les guerres, la tactique militaire
et la bravoure.
— Et cela vaut mieux. Je m’assurerai aussi des
alliances : celle de l’Angleterre, par une commu-
nauté de principes et d’intérêts commerciaux ; celle
de l’Autriche par une communauté d’intérêts catho-
liques ; celle de la Russie par la communauté des
intérêts politiques; celle de...
— Pardon, prince, mais il me semble avoir lu
déjà quelque part ces déclarations; le prince Jé-
rôme les a faites dans son entrevue avec un grand
financier.
— Oui; mais mon rival n’aurait jamais auprès des
puissances le prestige dont je jouirais. Si je mon-
tais sur le trône, je voudrais m’ouvrir toutes les
portes qni se seraient fermées devant moi si j’avais
écouté les conseils de la noblesse. Je serais heu-
reux d’être reçu et estimé dans le monde du petit
commerce et de la petite bourgeoisie ; je prendrais
plaisir à manger la poule au pot avec l’ouvrier.
Avez-vous encore quelques questions à me poser?
— Oui; en ma qualité de tailleur, voulez-vous
que je vous fasse une douzaine de vestes?
— Pourquoi?
— Parce qu’avec vos illusions, vous pourrez por-
er longtemps de ces vêtements courts.
Adrien Huart.
. En prenant le rapport de M. le garde des sceaux sur
l’administration de la justice, mes regards sont tombés
immédiatement sur les viols et attentats à la pudeur, et
le compte rendu allant de 1873 à 1877, je me suis dit
tout de suite ; Voyons donc les effets de ce fameux ré-
gime de l’ordre moral; il est évident qu’en comparant
avec les quatre années d’immoralilé qui l’ont précédé,
je vais constater les bienfaits de cette époque vertueuse
et adorer ce que j’ai brûlé.
Je regarde et je vois, en 1873, 97 des attentats en
question commis sur des adultes; je descends, et j’en
compte jusqu’à 140. Je passe aux mêmes crimes com-
mis sur des enfants, j’en trouve 783 en 1873; je des-
cends, et j’arrive à 878. Môme remarque pour les délits
contre les mœurs; si bien que le sang ne me fait qu’un
tour quand je me demande où nous serions allés, si
nous n’avions pas été sous le régime de 1 ordre moral.
Ce qui me confond, c’est de voir les prêtres regretter
une époque où les délits commis contre la rel'gion ou
ses ministres sont en nombre supérieur sur les années
où l’église était infiniment moins protégée.
Quant aux restaurateurs, jamais de la vie ils n’avaient
été autant filoutés qu’en 1877, par des gens qui com-
mençaient par dineret finissaient par déclarer qu’ils
CHRONIQUE DU JOUR
A don Carlos la pose!
Le prétendant in partibus fait déclarer avec force ro-
domontades, qu’il ne renoncera jamais à ses droits sur
l’Espagne.
Mais il ne dit pas comment il s’y prendra pour em-
pêcher ses droits de renoncer à lui.
Encore une petite guerre civile en préparation, sans
doute.
Cadeau de noces.
Ah 1 ça, comment veulent-ils aue les populations s’y
reconnaissent dans leurs légitimités contestées et con-
testables?...
Voilà don Carlos qui déclare qu’Alphonse est un
usurpateur.
Bien.
Mais à cet usurpateur, la maison d’Autriche, qui
croit se connaître en princes légitimes, donne une de
ses demoiselles.
Où est le vrai Farina?
Un passage m’a frappé dans les expansions du duc
de Madrid.
Celui-ci :
« Tenez, monsieur, mes idées sur mes droits sont
bien absolues, n’est-ce pas ? Eh bien ! je puis vous as-
surer qu’elles sont aussi cplles de mon oncle, Mgr le
comte de Chambord, qui a maintes fois déclaré ne re-
connaître que moi comme roi légitime d’Espagne ! »
Eh bien! ça serait encore du gentil!
Il nous fourrerait quelque guerre sur les bras pour
rétablir son cousin.
Avec le conflit italien, cela ferait deux du coup.
Riante perspective I
Avez-vous lu, dans les journaux, les statuts de la
bande Abadie?
Cet aimable gredin, qui voulait évidemment jouer au
scélérat de mélodrame, avait des naïvetés bien co-
casses.
Un des articles dit par exemple ;
« Art. 6. Aucun individu de la bande (à l’exception
des chefs) ne devra avoir de maîtresse attitrée. »
Comment trouvez-vous cette aristocratique excep-
tion ?
Pas égalitaire du tout le drôle.
Mais d’un candide!
Voir plutôt l’article 42, ainsi conçu :
« Art. 42. Tout individu entrant dans la sociéié fera
serment sur un couteau déposé chez le chef de ne rien
dire sur le règlement. »
Est-ce assez typique ce chenapan odieux, qui raccole
des assassins, et qui s’imagine que ceux qui ne reçu le
ront devant aucune infamie ssront retenus par un ser-
ment !
Abîme insondable des gredineries humaines.
Toujours la bêtise au fond 1
n’avaient pas le sou; il est vrai que s’ils avaient fait le
contraire, ils n’auraient pas dîné.
De 288 filouteries de ce genre, nous passons à 1288. Il
serait, du reste, peu équitable d’attribuer cette aug-
mentation au manque de mesures morales, je croirais
plutôt qu’il faut l’attribuer au manque d’argent.
C’est comme pour les procès de presse qui, de 913 en
1873, sautent à 1,137 en 1877, si on attribuait aussi
cette augmentation au manque de lois morales, alors
qu’il faut certainement l’attribuer au manque de li-
berté.
Pour être juste, je me hâte de reconnaître que l’ordre
moral nous a donné une légère diminution des délits
de chasse, et ceci rachète bien des choses.
Ne voyons-nous pas tous les jours, d’ailleurs, des
gens dont un fait unique amoindrit notablement les
torts? Ainsi, qui aurait le courago de reprocher àM. le
baron Seillière de casser violemment les lampes, d’écla-
bousser d’huile la robe de madame la baronne, de lui
jeter des bouchons de carafe à la figure, et trente autres
griefs (car trente-deux sont relevés à sa charge), quand
il raconte les amours de madame avec un « gentilhomme
de haute marée » (comme disait Rochefort en parlant
du favori d’une reine d’Espagne), qui mettait au mont-
de-piété les bijoux de la baronne?
Cette dame, à la vérité, crie à la calomnie, et cette
accusation d’adultère est même l’un des griefs relevés
à l’appui de sa demande en séparation de corps, mais
eafin les domestiques s nt là, qui ont entendu cette
La galerie se prépare à s’amuser.
Dumas fils doit prendre à partie le naturalisme dans
une des préfaces qui vont paraître en tête de ses der-
nières pièces.
Déjà d’ailleurs Dumas fils a eu des mots impitoyables
pour M. Zola.
Celui-ci entre autres :
On demandait à Dumas ce qu’il pensait de la mé-
thode littéraire du chef de la nouvelle école.
— Je pense, dit-il, qu’il prouve qu’il y a des guanos
qui ne fertilisent pas.
La souscription pour la statue à élever à Théophile
Gautier marche peu.
Gautier fut un talent incontesté.
Gautier fut un écrivain hors ligne.
Mais Gautier fut un indifférent.
Et cette indifférence, le public la rend aujourd’hui à
sa tombe.
Les polémiques entre monarchistes arrivent aux plus
désopilants paroxysmes.
VOrdre, par exemple, traite l'Union de Quinze-
Vingts.
Cette expression a été d’autant plus sensible à l'U-
nion, qu’elle paraissait faire allusion au chiffre de ses
abonnés.
De son côté, le Petit Caporal bataille avec ledit
Ordre.
Mais M. Amigues bat en retraite.
« J'ai conservé à Y Ordre, dit-il, pendant tout le temps
que j’y suis demeuré, des amitiés dont les uues ont
survécu à la séparation, dont les autres se retrouveront,
j’espère, après des dissentiments passagers : car la sa
gesse des nations a dit, sous la forme d’une chanson
italienne, que « l’homme est quelquefois changeant. »
La chanson italienne ne parle pas au masculin.
Elle chante
La donna e mobile.
Mais, c’est égal, M. Amigues a raison. L’homme est
quelquefois, changeant, en effet. M. Amigues ne s’est
pas contenté de l’affirmer. L’ex-défenseur de Rossel Ta
prouvé par son propre exemple.
On causait hier d’un de nos hommes politiques, on-
doyant et divers, qui flotte sans cesse du côté du plus
fort.
— C’est, dit quelqu’un, un homme qui fait la cour à
toutes les causes, mais qui n’en embrasse aucune.
L’autre jour, à Trouville, pendant les courses, une
douzaine de gommeux et de gommeuses s’étaient réu-
nis â souper. On manquait de mets.
Le lendemain un des convives racontait cette épopée
à un de ses confrères ;
— Nous étions là, m n bon, la fleur du panierl
— Percé, fit la voix d’un passant.
Jean Ralph.
Le gérant : Altàroche.
invite à cœur : « Raymond, viens donc me mettre mo-i
corset ! » (Raymond, c’est le gentilhomme.) Ils ont \ u
les deux amants boire dans Tunique verre, enfin loule
une idylle, un peu gâtée — et c’est dommage — par
cette familiarité consistant à fumer dans la même
pipe.
Je comprends la charité chrétienne pardonnant beau-
coup à la femme qui a beaucoup aimé, cependant je
ne verrais pas sans regret étendre la parole divine aux
baronnes qui fument la pipe.
Mais il n’y a ni à pardonner, ni à condamner; cette
dame poursuivie pour adultère sur la plainte de son
mari, ayant bénéficié d’une ordonnance de non lieu,
faute d’un flagrant délit légalement constaté. Seule-
ment il est permis de raconter l’épisode du corset, du
verre et de la pipe, après l’avocat de M. le baron Seil-
lière, qui les a rappelés à l’appui de la demande formée
par son client, lui aussi; soit demande de part et
d’autre, sur lesquelles le tribunal avait à statuer, et
qu’il a recueillies Tune et l’autre.
Derrière l’initiale M..., sous laquelle le gentilhomme
est désigné, je cherchais un nom, quand, au ueriaer
moment, ma pensée est illuminée par un éclair : Se-
rait- ce Marfori, le favori de la reine d Espagne en ques
tion ?
Scribe a eu beau faire chanter à l’un de ses person-
nages, à propos d’un procès :
Ah! croyez-moi, la plus h lie victoire,
Ne vaut jamais un bon tia té de paix,