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Le charivari — 48.1879

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Septembre
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https://doi.org/10.11588/diglit.25493#0996
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COULISSES — PAR A. GRÉVIN

195

L

— C’t’enfant-là, pas pour deux liards de vice.

— Dans la carrière que vous ia lancez, c’est vraiment embêtant pour elle.

— Oh ! mais, j’suis là.

flnissentbien quand elles ne se terminent pas mal; que
les événements se succèdent les uns aux autres, et
qu’un gouvernement ne se maintient qu’aussi longtemps
qu’il n'est pas remplacé par un autre. J’aurais la lêle
sur le billot que je le dirais encore : la République ne
durera pas si la monarchie prend sa place.

Z... —Vous m’effrayez.

X... — C’est mon sentiment.

Z.. — Mais quels sont les gens qui sont opposés à la
République?

X.., — Tout me porte à croire que ce sont ceux qui
ne sont pas républicains.

Z... — Triompheront-ils?

X.. —Incontestablement, s’ils ne sont pas battus.

Z... — Alors, vous prévoyez une grande suite de dé-
sastres ?

X... — Ce seraient des désastres inévitables, si on ne
pouvait pas les éviter. Mais ne m’en faites pas dire da-
vantage.

Le reporter remercie, et toute la France le lendemain
lit avec étonnement ces prophéties ébouriffantes. Elles
jettent un grand jour sur les questions. Chacun dit son
avis, et l’on en parle dans les petits coins. Ce qui n’em-

Pôche pas d’ailleurs de chanter le Beau Nicolas, comme

si l’on ne naviguait sur aucun volcan, et de faire re-
teniirles échos du fameux : Ahl ah\ ah\... hors duquel
il n'est plus de musique.

M. Belot, dans sa pièce géographique du Châtelet, a
manqué à toutes les lois de la vraisemblance, en ne fai-
sant pas chanter ce refrain aux nègres de l’Afrique
centrale. M. Belot, qui souhaite que le christianisme
civilise ces peuplades légèrement anthropophages, ou-
blie que, si tilts repoussent nos religions, elles
adoptent volontiers nos chansons. C’est une façon de les
civiliser tout comme une autre. Je viens de lire un ré-
cit de voyage, qui m’a appris que la Fille de la Mère
Angot était répandue dans tout l’univers. Il paraît mê-
me que les indigènes de la Patagonie ne savent de
la France autre chose que ceci : qu’elle est gouvernée
par une grosse femme, nommée la mère Angot, dont la
fille court la pretentaine avec des militaires.

J’attends avec impatience la première conversation
qu’aura un reporter avec un Patagonien, pour être ren-
seigné plus exactement sur ce qu’on peDse de nous
dans ce monde-là.

Un homme qui ne tardera pas à devenir célèbre, et
avec qui il faudra avoir une conversation, c’est l’ama-

teur, qui s’est emparé si brillamment d’une somme de
136 mille francs, au ministère des Finances, sous le nez
des employés, qui n’y ont vu que du feu. Il est regret-
table que la modestie de ce personnage ne lui permette
pas de se faire connaître, car il a montré là une pres-
tesse, qui l’appelle évidemment aux plus hautes desti-
nées : 136 mille francs, ce n’est pas un liard. Il y a là
de quoi devenir honnête homme.

Il est certain que, lorsque cet éminent personnage
aura été retrouvé, ce qui ne saurait tarder, dans ce
siècle de lumière, il se trouvera un reporter pour aller
lui demander ce qu’il pense de la situation politique.
A quoi il no manquera pas de répondre :

— Supposez qu’au lieu d une somme d’agent, il y ait
une couronne sur la table.

— Eh bien ?

— Eh bien 1 tout consiste à sauter assez légèrement
pour s’en emparer pendant que les empl yôs dorment.

— Oui, mais si l’on est repris?

— Ah! voilà la différence. Quand il s’agit de cent
mille francs, on vous reprend; mais quand il s’agit
d’une couronne, on ne vous reprend jamais.

SCARAMOUCHE.
 
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