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Le charivari — 61.1892

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https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0006
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LE CHARIVARI

Enfin, nous avons une troisième serviette, que
la Lanterne a mise sur le tapis et qui a joué un
rôle remarquablement suggestif. Elle avait servi
à envelopper le cou de Delphine Houbre après
le premier pansement.

Portée par un rédacteur dudit journal à une
somnambule qui s’était déjà montrée extra-lucide
à propos de l’affaire G-ouifé, elle a inspiré à cette
pylhonisse des oracles mirifiques.

La somnambule, à peine endormie, a déclaré,
entre autres choses, que 1 assassin, un ami de la
famille Dellard, serait arrêté dans la semaine de
Noël; qu’il était armé de deux couteaux achetés
dans un bazar; qu’il n’avait pas, dans la soirée
du crime, quitté le quartier, où il aurait même
couché; que c’était un soldat, mais qu’il avait un
complice; qu’il avait dû emporter de chez sa
victime des papiers, mais pas d’argent; enfin,
que le complice serait en prison avant le 10 jan-
vier.

Je serais tout disposé à me pâmer devant les
révélations de la somnambule, si l’hypothèse n’y
prenait pas à contre-temps la place de l’affirma-
tion, et si l’erreur n’y côtoyait pas l’hypothèse.

Alors que les gens éveillés se trompent avec
un ensemble si remarquable, comme on l’a cons-
taté à propos de la serviette n° 1, il ne faudrait
pas ajouter aux méprises qu’ils commettent cel-
les des vieilles dames qui parlent en dormant.

On courrait risque de faire coucher à Mazas et
à la Roquette de pauvres diables n’ayant jamais
pensé à mal.

La justice n’est que trop portée à se montrer
« lin de siècle » et à user, pour s’éclairer, de pro-
cédés pris dans le domaine de la fantaisie.

C’est ainsi qu’un vol ayant été commis à la mai-
rie d’Oran, et la police n’ayant pu en découvrir
l’auteur, le parquet, d’accord avec le juge d’in-
struction, eut l’idée, au dire de YAkhbar, « de
suggestionner un sujet, de façon à éclairer les re-
cherches ».

On chercha une jeune fille ad hoc. « On la
pressa de questions, et, sans hésiter, elle fit le
portrait du voleur, en donnant des détails si pré-
cis, que tous les assistants reconnurent la per-
sonne qu’elle désignait. » Bref, le voleur fut ar-
rêté.

Parfait! Mais partir de là pour classer les phé-
nomènes magnétiques au rang des preuves se-
rait, de la part de la justice, une grave impru-
dence, car ces phénomènes, sujets encore à cau-
tion, pourraient engendrer des présomptions fu-
nestes à l’innocence.

Les renseignements fournis par la jeune fille
cul hoc ne me rassurent pas plus que les décla-
rations concordantes des témoins qui avaient vu
une serviette sous le bras d’Anastay.

Avec la suggestion, un honnête homme, accusé
d’avoir volé les tours de Notre-Dame, ne devrait
pas tomber de son haut, s’il entendait une demi-
douzaine de témoins affirmer qu’ils l’ont vu cou-
rir tenant une tour sous chaque bras 1

Quant à la serviette communiquée à la clair-
voyante de la Lanterne, je m’attends à ce qu’elle
inspire prochainement des dialogues de ce
genre ;

Le président. — Accusé, si vous n’avez pas
tué, comment expliquez-vous qu’on ait trouvé
dans votre poche la montre de la victime?

L’acgdsé. — Mon président, je l’avais prise
pour la porter à ma tante, qu’est extra-lucide,
afin d’aider à découvrir l’assassin.

Robert Hyenne.

qui pareille aubaine soit échue depuis un demi-
siècle; seule Y Aida de Verdi obtint le même
honneur. M. Reyer aura, en outre, l’occasion
prochaine de donner un lendemain a cette fête
exceptionnelle, car la nouvelle direction va re-
présenter en février sa Salammbô. C’est donc
le triomphateur du jour.

Rien de neuf à vous apprendre sur le compte
de Sigurd, n’est-ce pas ? La partition a été ap-
préciée à sa juste valeur par toute la presse.

Pour la circonstance, MM. -Ritt et Gailhard
avaient tenu à grouper de nouveau les principaux
interprètes de l’œuvre. Nous avons donc applaudi,
comme à l’origine, Mmes Rose Caron et Boss-
man, MM. Sellier, Renaud et Gresse.

Tout s’est passé à souhait; aucune interven-
tion de M. Engel n’a été nécessaire.

Et maintenant, place à l’avenir dans la per-
sonne de MM. Bertrand et Gampocasso ! Nous
envoyons amicalement à ce nouveau régne tous
nos vœux de joyeux avènement.

Pierre Véron.


Bigarreau Bourguignon

Frédéric MUGNIER a Dijon, seul Fabricant
Médaille; d’Or Exp°“ UNivUe Paris 1889.

CHRONIQUE DU JOUR

Je croirais manquer à tous mes devoirs si )c no
commençais, en ce premier jour de l’an 1892, par
présenter à mes fidèles lecteurs l’assurance de...

Vous savez le reste. 11 est, par conséquent, inutile
que nous nous attardions de compagnie en ces re-
dites banales.

Mais de quoi parler, entre un sac de bonbons et
les baisers d’une.belle-mère ? On manque générale-
ment d’entrain après ces rudes épreuves d’un terri-
ble anniversaire.

Cherchons cependant les diversions.

Thermidoriens, mes amis, une occasion va pour
vous s'offrir de prendre une douce revanche... et le
train de Bruxelles.

C'est, en effet, dans cette bonne ville que Coquelin
jouera, ce mois-ci, la pièce de M. Sardou mise à
Paris en interdit.

La persécution lui manquant, — et c'est son prin-
cipal attrait, à mon avis, — je crois que nos voisins
se demanderont comment on a pu donner à une œu-
vre médiocre une telle importance.

La suite démontrera...

Ccia devient officiellement burlesque. 11 y a main-
tenant une mode pour les chiens. Prochainement
on créera un journal spécial dédié à la toilette des
toutous.

Il paraît qu’il y en a qui s’habillent trois fois par
jour.

Tenue du matin: une chemise de flanelle, sans col-
lier.

Tenue de promenade : un paletot en cheviotte.

Tenue de salon : une douillette en cachemire gar-
nie de perles.

Oùs qu’est mon fouet ?

l’on est presque tout le temps couché eu joue par
des maladroits, l’étonnant, c’est que des accidents
de ce genre n’arrivent pas tous les jours, et même
plusieurs fois par jour.

On y met tant de négligence et tant d’imprudence,
on y a si peu souci de la vie des autres et même de
ia sienne !

Par exemple, ce que j'admire, c’est la formule
abracadabrante employée par plusieurs journaux à
l’occasion de la catastrophe. Formule que voici :

« Le prince Christian a subi l’opération de l’abla-
tion de l’œil gauche. Son état est tout à fait satis-
faisant. »

Je me figure, moi, que si l’on questionnait le blessé,
il ne se déclarerait pas aussi satisfait que ça.

On ne nous laissera donc jamais tranquilles avec
le sieur Wladimiroff!

Comment fait-on preuve, à l’endroit de ce vulgaire
misérable, d’indulgences et de bienveillances excep-
tionnelles? Rien qui justifie cette exception-là envers
un assassin dont, quoi qu’il prétende, la cupidité
déçue a armé le bras.

Les arts sont sœurs, a dit Prudhomme.

Des sœurs ennemies trop souvent.

En ce moment encore, fortes chamaillades. La
Société des Artistes est menacée de s’effriter et de
tomber en poussière.

Croyez-moi, messieurs, mieux vaut vous entendre.
Trop de démêlés finiraient par lasser l'attention du
public et vous aliéner sa sympathie.

Bébé, qui n’a fait semblant de rien, est un malin
tout de même, qui ne se laisse pas prendre aux ra-
contars iraditionnels.

PaPa> si c’est encore toi qui fais le
petit Noël i année prochaine, tu me mettras des jou-
joux au lieu de bonbons, hein ?

Commentaire d’un célibataire endurci :

— Ce qui m’a toujours empêché de conjuguer le
verbe épouser, c’est qu'il y a une troisième personne.

A propos de mariage.

La jeune Cécilia, beauté experte, voudrait faire
régulariser le collage qui l’unit ô son Ernest.

L’autre jour, elle le pressait.

— Voyons, décide-toi à me donner ton nom. Que
deviendrais-je sans toi? Tu sais bien que tu es mon
tout.

— Oui, mais, fit Ernest qui cultive ia charade dans
Jes journaux, le malheur, c’est que je ne suis pas
ton premier.

Paul Girard.



BOURSE-EXPRESS

THÉÂTRES

OPÉRA : La centième de Sigurd.

Elles sont rares â l’Opéra, les solennités du
genre de celle â laquelle nous étions convié mer-
credi; elles s’y font surtout longtemps attendre,
car le succès se hâte lentement dans ce temple
international de la musique.

Il a fallu près de six années à Sigurd pour ar-
river à la majestueuse centaine. Ça y est pour-
tant.

M. Reyer est l’unique compositeur français à

Non pas que je fasse fi de l’animal qui nous aime
sincèrement quand il ne nous rend pas enragés.
Mais, vrai de vrai, si on se met à le carnavaliser
ainsi, le ciiien deviendra insupportable et aga-
çant.

Ce n’est donc pas assez de déformer les gens ? il
faut maintenant ridiculiser les hôtes !

Décidément, Ja chasse n’est pas toujours un
plaisir. Demandez plutôt au pauvre prince en la
personne de qui le duc de Connaught vient de donner
une suite à VŒU crevé.

Pour quiconque a suivi une de ces petites fêtes où

Adieux à 1891.

Tristes adieux 1 Les valeurs étrangères nous font
passer un drôle de quart d’heure. Jusqu'au Réveil-
ion, tout avait bien marché pour elles ; mais, en dé-
pit de l’influence de la Trêve des Confiseurs, ia der-
nière semaine leur a été mauvaise. Ah ! tout u'est
pas rose dans le métier de rentes étrangères 1
L’ennuyeux, c’est que, par contre-coup, nos va-
leurs françaises sont également atteintes. Mais pas
beaucoup. Et puis, en somme, ça n'embête que les
spéculateurs. Quant aux valeurs en elles-mêmes,
nous sommes bien tranquilles. Elles retrouveront
en 1892, et dès les premiers jours, ce qu’elles ont
perdu pendant les dernières heures de 1891.

Castorine.

Le Directeur-Gérant, Pierre Véron.

Paris. — Imprimerie Alcan-Lévy, 24, rue Chauchat.
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