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Le charivari — 61.1892

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Novembre
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SOIXANTE-UNIÈME ANNÉE

MARDI Ie': NOVEMBRE 1892 ,

Prix du Numéro : 25 centime»

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois.... 18 fr.

Six mois.... 36 —

Un an... 72 —

(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
les abonnements parlent des V” et te de chaque mois

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

l'IlîRUE VÉRON

Rédacteur en Chef

BUREAUX

DB LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20

ABONNEMENTS

DÉPARTEMENTS

Trois mois. 20 fr.

Six mois. 40 —

Un an. 80 —

(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
L'abonnement d’un an donne droit à la prime gratuite

direction

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

ltéilaeteur en Cher

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier db la publicité
92, Rue Richelieu

Les ateliers étant fermée aujourd'hui Lr no-
vembre, le Charivari ne paraîtra pas demain
mercredi.

BULLETIN POLITIQUE

Il nous semble qu’on perd son temps en puéri-
lités bien superflues, quand on aurait à déployer
une énergie mieux placée.

Le gouvernement, par exemple, a cru faire
montre de poigne en défendant de graver sur un
tombeau cette inscription : Ancien membre de
la Commune.

Pourquoi? Il n’y a là qu’une constatation, sans
appréciation aucune.

Ce qui rend particulièrement comique l'effa-
rouchement de l’autorité, c’est qu’au su de tout
le monde, des gens qui ont participé de très près
au mouvement communaliste exercent actuelle-
ment des fonctions officielles et fort lucratives.

Ne pas vouloir d’un côté laisser écrire le nom,
et montrer pour la chose des bienveillances aussi ;
confraternelles, c’est abuser de l’illogisme.

Vous n’abolirez pas l’histoire, n’est-ce pas?
Quel inconvénient peut-il y avoir, dans un cime-
tière, à constater que M. X.. siégeait à l’Hôtel de ;
Ville en 1871? Vous n’avez pas la prétention de
nous faire croire, par une épitaphe trompeuse,
qu’il y représentait le gouvernement de M. Thiers,
comme le marquis de Buonaparte commandait
les armées de S. M. Louis XVIII au dire du Père
Loriquet?

Par cela seul qu’il est jésuitique, le procédé
n’est pas à imiter pour des républicains. Ajoutons
que, comme il est niais par dessus le marché, on
devrait s’en garer d’autant plus.

Ah! si vous désirez montrer de la vigueur, ce
ne sont pas les occasions qui manquent; mais
celle-là est trop mal choisie, en vérité.

Les journaux ont raconté que, l’autre jour, on
avait arrêté en flagrant délit de cambriolage un
virtuose du vol qui, une fois pris, déclara qu’il
exerçait conjointement la profession de sergent
de ville.

Nous n’ignorons pas qu’il y a des brebis galeu-
ses dans tous les troupeaux ; mais, heureusement,
cette fois il s’agissait d’un canard.

C’est bien assez qu’un autre gardien de la paix
ait assassiné, il n’y a pas très longtemps, un épi-
cier de Grenelle.

Ce qui a suffi pour démontrer que la police ne
Procède pas toujours au recrutement de ses agents
avec un suffisant scrupule. Et comme malheu-
reusement cette police est systématiquement dé-
°riée par nombre de gens, si la Préfecture elle-
hiême se mettait à fournir à ses adversaires des

arguments aussi terribles, l’institution ne tarde-
rait pas à devenir un objet de risée.

Il est donc nécessaire d’apporter le plus de vi-
gilance possible dans les admissions. Il s’agit de
sauver l’honneur de la maison.

Les prétendants en tout genre font décidément
triste figure pour le quart d’heure. Les uns se
morfondent silencieux, les autres commettent
bévue sur bévue.

En voici un qui va plus loin et qui serait sous
le coup d’une poursuite en escroquerie.

Si ce qu’on raconte est vrai, le sieur Naun-
dorff, le représentant actuel de la dynastie qui
est au coin du quai, l’authentique rejeton de nos
rois, le petit-fils de Louis XVI, aurait tiré une
carotte de 3,000 francs... à qui: C’est le comble. A
une ex-chanteuse anglaise, ex-amie d’un grand
compositeur français, à Mme Weldon, réfugiée
dans le spiritisme.

Vous voyez que rien ne manque au comique de
la mise en scène.

Ajoutons que les 3,000 francs soutirés devaient
servir à soudoyer un employé des archives se-
crètes de Berlin, pour qu’il chipât dans ces archi-
ves un document établissant que, seul, Naun-
dorff XIX a qualité pour faire le bonheur du peu-
ple français.

Les pauvres restaurateurs de trône tombent
dans le guignolisme de tous côtés. On dirait qu’ils
ont engagé entre eux un concours de ridicule, et
l’on est vraiment bien embarrassé de savoir à qui
décerner le prix.

Pierre Véron»

LES MÉMOIRES DE PARIS

XXXXII

Ceux qui s’attendaient à des révélations curieu-
ses dans l’affaire des sœurs Dubois ont été forte-
ment déçus. Rien de plus banal que l’histoire de
cette prostituée qui faisait méthodiquement les
choses, tenait ses livres avec une régularité par-
faite, plaçait au mieux les produits de son indus-
trie spéciale.

A ce point de vue seulement les psychologues,
puisque psychologues on fourre partout, pour-
raient trouver matière à quelques observations
judicieuses et originales sur le vice économe, sur
la débauche embourgeoisée, qui sont un des
signes de notre temps positiviste.

Il ne faut plus, sa, f exceptions, chercher dans
ce monde des amours ’arifèes et des demoiselles
sur la porte desquelles. sont écrits les mots :
Entrée libre, le type de la bonne noceuse qui la
faisait à la blague et s’amusait presque de son
sinistre métier.

C’est fini, cette dépravation bonne enfant.

Il y a une calculatrice dans chaque raccro-
cheuse.

c/j\>

Que voulez-vous! C’est contagieux. Puisque
tout le monde joue à la Bourse ou aux courses,
elles font comme tout le monde !

Voyez-vous d’ici cette négociante en baisers
qui, le soir, dans sa chambre solitaire, se dit :

— S’il pouvait monter un monsieur... Je met-
trais demain vingt francs sur Tomate à Chan-
tilly.

Elles sont aussi très habituées de la Bourse,
ces cameloteuses de la haute et basse noce.

A ce point qu’il leur arrive parfois, dans les
moments les plus intimes, do demander à leur
clientèle un bon conseil pour les Suez ou les
Panama.

La tenue des cœurs en partie multiplel Livre à
faire.

nj/T>

Ce qui pourrait encore fournir matière à une
observation intense, c’est le rôle que joue la fa-
mille dans la prostitution.

Car, enfin, elles ont des parents et des parentes
aussi bien que les bourgeoises cossues ou les da-
mes du faubourg Saint-Germain.

On a souvent étudié la chose au point de vue
maternel. Depuis Mme Cardinal jusqu’à Mme Man-
chaballe, on nous a montré vingt fois, cent fois
la gracieuse maman qui fait le ménage, apporte
le chocolat dans le lit, et vole vingt centimes par
denrée qu’elle achète.

Le rôle des frères et sœurs a été moins regardé.
Il n’est pas moins étrange.

On l’a produit sous son aspect comique dans
des chansons trivialistes.

Ce pauvre Réval, au temps de ses grands suc-
cès, en disait étonnamment une qui avait pour
titre : J’promène l’ehien d'ma sœur.

Le procès d’Anaïs Dubois a fait voir le côté si-
nistre de la chose. Singulier amalgame dans le
cœur de cette sœur, qui méprisait et enviait à la
fois l’autre, celle qui exerçait une profession in-
digne et encaissait de fortes recettes.

Anaïs se révoltait à la pensée de l’indignité,
mais elle jalousait en songeant aux gros sous.

Quelles cocasses tempêtes devaient se déchaî-
ner sous ce crâne de vieille fille !

Les naturalistes n’iront jamais jusqu’au fond
de ces mystères cérébraux et moraux. Toujours
le vrai sera plus effroyable que l’invention, qui
pourtant s’évertue aujourd’hui à raffiner l’ignoble.

Le jury, qui en fait de psychologie n’y voit
pas plus loin que le bout de son nez, a pataugé,
comme il le fait presque toujours, dans cette
boue rouge. Il s’en est tiré par une demi-condam-
nation et par un demi-acquittement.

Qui sait? Ce n’était peut-être pas Anaïs qui
avait frappé.

Comment peuvent-elles vivre insouciantes, ces
malheureuses qui, en attendant la pratique, ne
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