Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 61.1892

DOI Heft:
Janvier
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0009
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
SOIXANTE-UNIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centime»

SAMEDI-DIMANCHE 2-3 JANVIER 1892

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois. 18 lr.

Six mois. 36 —

Un an. 72 —

(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
tes abonnements parlent des i°r et ic de chaque mois

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

V 'f. «■ -

bureaux

h «• { yP% LA, -RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION
l< *>3 \ c ' S ■'

’ - * • ‘ ' -Tlue de la Victoire. 20

ABONNEMENTS

DÉPARTEMENTS

Trois mois. 20 fr.

Six mois. 40 —

Un an. 80 —

(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)

Vabonnement d’un an donne droit à la prime gratuit

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EW1G, fermier de i,a publicité
92, Rue Richelieu

BULLETIN POLITIQUE

Pour taire un civet, il faut un lièvre.

Cet axiome culinaire peut devenir, en certaines
circonstances, un axiome judiciaire. A preuve ce
qui se passe en ce moment à propos du fameux
Théâtre-Réaliste.

On a commencé des poursuites. Mais ce qui
manque, c’est un corps de délit.

Pour établir l’outrage aux mœurs, dns témoi-
gnages sont nécessaires, etilparait que personne
ne voudrait servir de témoin dans cette affaire
étrange. 11 faudra la contrainte.

La raison en est bien simple, et l’abstention
qui embarrasse si fort la justice s’explique aisé-
ment par ce séul fait que témoignage et compli-
cité sont à peu près synonymes en une semblable
affaire.

Quelqu’un a défini le Théâtre-Réaliste :

— Un théâtre où il n’y a pas de spectateurs, où

y a des voyeurs.

Oc, les voyeurs, dans les affaires scandaleuses,
sont à peu près aussi compromis que ceux qui
leur donnent le spectacle.

D’ou de très naturelles résistances de tous ceux
à qui l’on demande de venir attester l’incongruité
de la représentation.

D’autant plus que personne ne peut invoquer
une surprise, puisque des annonces largement
répandues avaient fait savoir urbi et orbi que
l’acte de possession serait simulé sur les plan-
ches.

D’ailleurs, c’est bien simple. Si tout le monde,
au premier geste obscène, s’était levé et avait
gagné la porte, la troupe du Théâtre-Réaliste
n’aurait pas pu continuer ses documentaires
exercices.

Tout cela arrive à démontrer une fois de plus
ce que nous avons si souvent affirmé déjà : c’est
que, dans toute affaire pornographique, le prin-
cipal coupable, c’est le public.

S’il s’agit de dessins malpropres mis en vente,
la première faute est à l’acheteur; elle est aux
assistants, s’il s’agit de gravelures représentées.

Et c’est pourquoi il sera bien difficile d’en
sortir. Il faudrait commencer par réformer les
mœurs, qui ne se laisseront pas faire, j’en
l’éponds.

Le vieux proverbe a déclaré : Dis-moi qui tu
hantes et je te dirai qui tu es.

De même, on pourrait lui adapter cette va-
riante : Dis-moi ce que tu lis, ce que tu écoutes,
et je te dirai aussi qui tu es.

Les empoisonnés volontaires n’ont pas le droit
cle récriminer contre l’empoisonneur.

Plus nous allons, plus on se complaît dans le
shocking. prêtez l’oreille aux conversations
d’alentour; cela dans les maisons les plus select,
comme dans les Intérieurs les plus bourgeois.

Vous y constaterez qu’on y parle couramment
ut en clair, comme dit l’argot télégraphique,
d’énormités qu’on aurait à peine osé chuchoter à
l’oreille jadis.

Ajoutons qu’à ces conversations si caractéris-
tiques les dames se font un véritable plaisir de
prendre part elles-mêmes, pour prouver que rien
de ce qui est fin de siècle ne leur est étranger.

Dans de telles conditions, vous aurez beau in-
tenter des procès, vous aurez beau former des li-
gues de salubrité publique, ce ne sera jamais que
de la frime, et vous n’atteindrez pas le mal dans
ses racines tenaces.

Ce qu’il faudrait changer, c’est le fameux état
d’âme de toute une population, car on se décom-
pose en haut comme en bas, et en bas comme en
haut.

Les spectacles incongrus, les publications scan-
daleuses ne sont qu’une répercussion de la vie ac-
tuellement menée en notre belle France, — et
aussi, liâtons-nous de le dire, chez les peuples
voisins, qui, pour être plus hypocrites, ne sont
pas moins gangrenés.

La pudeur se meurt, la pudeur est morte. Qu’il
y ait des gens qui la regrettent sincèrement, je
n’e i disconviens pas, etj’admetsvolontiers que la
chaste Ligue dont oii parle tant depuis quelques
jours y mette tout son cœur. Mais elle ne ressus-
citera pas pour cela la défunte.

Toutcequ’elle pourra faire, c’estde lui organiser
de belles funérailles et de prononcer de superbes
discours sur sa tombe.

Ceux qui conservent, à ce sujet, la moindre il-
lusion sont des abusés volontaires, qui négligent
fâcheusement de mettre en pratique le célèbre
Connais-toi toi-même.

Pierre Véron.

LE QUATRAIN D’HIER

(Trouvé sous les galeries de l’Odôon)

Escaladant de l’art les plus âpres sommets,
Brunetière a vraiment le zèle des apôtres :

Il parle, parle, sans se fatiguer jamais!...

C’est vrai; mais parle-t-il sans fatiguer les autres?

SIFFLET.

A M. lé comte de Paris.

Vous venez, Monsieur, de montrer une fois de
plus que le silence est d’or, ce qui aurait vrai-
ment dû vous empêcher de prendre la plume,
étant connu votre goût spécial pour l’économie.
Vous vous seriez ainsi épargné une série de gaffes

aussi compromettantes pour vous que pour les
autres.

Et d’abord, Monsieur le comte, vous qui êtes
un dévot personnage, vous qui vous en vantez à
tout propos, osez-vous inlliger un démenti à l’in-
faillibilité pontificale?

Le pape a déclaré et fait déclarer qu’on pouvait
fort bien se passer de vous. L’affirmation n’a pas
été de votre goût, cela ne m’étonne pas; mais, en
qualité d’orthodoxe, votre premier devoir était
d’empocher cette vérité et de baisser le nez, au
lieu d’essayer de relever la tête.

Dans votre épître, Monsieur, sous prétexte
d’honorer la mémoire de feu Freppel, vous vous
efforcez d’établir que le défunt fut un séditieux
et presque un conspirateur que la République
aurait dû faire condamner.

Dame! c’est ce qui résulte clairement de ces
déclarations versées dans le sein du cher d’IIaus-
sonville ;

« Il avait foi dans l’avenir de notre cause, parce
qu’il avait confiance dans les principes qu’elle
fera prévaloir et, j’ai le droit de le dire, dans la
personne de son chef. De cette foi et de cette
confiance, j’ai recueilli des témoignages qui ont
toujours été pour moi un soutien et un encoura-
gement dans l’accomplissement de ma tâche. »

Ah! vraiment, feu .Freppel avait foi dans le
rétablissement de la royauté, et il comptait sur
vous pour opérer cette restauration?

Eh bien, vrai, cette espérance, illégale chez un
salarié du gouvernement républicain, attestait
par dessus le marché qu’il ne se connaissait guère
en hommes, le pauvre prélat !

Car, si jamais quelqu’un a été peu fait pour ra-
mener le pays à la monarchie dont il ne veut
plus, c’est assurément vous.

Le comte de Chambord avait encore un certain
prestige et une prétendue légitimité. Vous n’avez
ni l’un ni l’autre.

Vous insinuez que M. Freppel vous encoura-
geait à un coup d’État. C’était aussi délictueux
qu’inutile, car vous ne serez jamais celui qui ose,
vous serez toujours celui qui se morfond.

Comme les maladresses vont volontiers par série,
votre lettre au cher d’Haussonville en contient
bien d’autres que celle dont je viens de souligner
l’enfantillage.

Après avoir fâcheusement mis en cause
l’évêque récemment enterré, vous y reniez ou-
vertement le régime parlementaire, dont votre
père et votre grand-père vous avaient confié la
tradition, — le régime parlementaire que pra-
tiqua la Restauration elle-même.

Impossible de trouver un autre sens au pas-
sage suivant de votre puéril manifeste de condo-
léance. Toujours parlant de M. Freppel, vous
dites ;

« Il savait que les grands intérêts religieux de
la France ne trouveront jamais de garantie sé-
rieuse sous la République, qu’une réconciliation
ne sera jamais sincère, et que, même au cas où
les catholiques arriveraient au pouvoir sous ce
régime, ils demeureraient toujours exposés à
l’uu de ces revirements électoraux qui font perdre
aux partis les fruits de leurs victoires. »
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen