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Le charivari — 61.1892

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https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0010
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LE CHARIVARI

C’est clair, et vous ne l’envoyez pas dire au suf-
frage universel.

Et même vous vous déclarez d’ores et déjà ré-
solu à ne pas tenir plus de compte des volontés du
suffrage restreint, puisque vous prétendez gou-
verner en dehors de toutes variations électorales
et, par conséquent, contre le vœu du pays.

Est - ce que vous vous prendriez pour un
Louis XIV, vous qui semblez vous écrier comme
lui : L'Etat, ce sera, moi ?

Il n’y a pas même en vous l’étoffe d’un Louis le
Débonnaire.

Tout est donc parfaitement inopportun et inco-
hérent dans votre message, qui atteste, comme
conclusion, qu’on dédaigne absolument là-haut
les prières des évêques à deux faces qui deman-
dent tout bas un roi en chantant le Salvum fac
Rernpublicam.

Mais j’y pense : tout cela n’est peut-être qu’une
ingénieuse tactique, d’ailleurs renouvelée du
comte de Chambord, à qui je faisais allusion plus
haut.

N’ayant, comme lui, aucune envie de courir
les risques et d’affronter les périls des aventures
hasardeuses, comme lui vous faites tous vos ef-
forts pour vous rendre de plus en plus impopu-
laire.

S’il en est ainsi, vous pouvez vous vanter de
réussir à souhait, Monsieur le comte. Soyez défi-
nitivement tranquille, vous touchez au but. Vous
êtes par excellence le prétendant impossible.

Donc inutile désormais de perdre votre temps
à fabriquer des correspondances nouvelles. Re-
posez-vous sur vos lauriers. Je vous garantis que
la France n’ira pas troubler votre sommeil, et je
vous présente mes civilités.

JEAN BOURGEOIS.

MAGISTRATS ÉLUS

Le conseil d’État vient d’annuler une singulière
élection de prud’hommes.

Ces magistrats extraordinaires avaient été élus
sous cette condition, qu’ils avaient acceptée, de
donner toujours raison aux ouvriers dans les
contestations qui leur seraient soumises.

C’est tout simplement délicieux, et les parti-
sans de la nomination des juges de droit commun
par le suffrage universel doivent être mainte-
nant complètement édifiés.

Ils peuvent avoir, dès à présent, une idée de la
façon dont les choses se passeraient si on adop-
tait leur système.

Les électeurs sont convoqués pour nommer le
président du tribunal civil de leur arrondisse-
ment.

Il y a deux candidats en présence : Durandard
et Bichonneau.

La profession de foi de l’un et de l’autre s’étale
sur tous les murs ; les agents électoraux partent
en campagne...

Les deux concurrents ne dédaignent pas de
pénétrer sous le chaume pour solliciter des
voix et presser des mains noblement calleuses.

Durandard arrive.

— Cher électeur, je viens vous voir pour me
rendre compte de vos aspirations... Un juge a
toujours besoin d’être éclairé... Hum!

— M’sieur not’ candidat, j’vas vous dire... J’ai
un voisin... un pas grand’chose... Il a dit qu’il
voterait pour M’sieu Bichonneau, vot’ concur-
rent!... Je vais avoir un procès avec lui rapport
à not’ mur mitoyen... Alors v’iâ ce que je vous
propose : J’voterai pour vous... mais vous me
ferez gagner !

— Tope !

De là, le candidat se rend au château, chez le
petit vicomte.

— Mon ami, dit celui ci en l’apercevant, je sais
ce qui vous amène : vous venez me demander ma
voix...

— Oui, en effet...

— Je ne vous la refuse pas; seulement...
voilà!... J’ai des créanciers qui me menacent...
Alors, vous engagez-vous à condamner à de forts
dommages-intérêts tout créancier qui aura l’au-

dace de réclamer en justice ce qui lui est dû?...
Dans ce cas, vous pouvez être sûr de ma voix!

Les réunions publiques préparatoires ne man-
queraient pas non plus de pittoresque.

La séance est ouverte.

Le citoyen Barbotard éprouve le besoin de po-
ser quelques questions.

— Le candidat-président du tribunal est-il pour
les trois huit?... Autre chose : Que pense-t-il du
quatrième Etat?... Un dernier mot : Quelles sont
les réformes budgétaires qu’il juge indispensa-
bles?

— Pardon... je. . balbutie l’infortuné candidat.

— Vous ne savez rien de tout cela!... Mais où
avez-vous donc étudié la question sociale?

— Dans le Code... puisque je veux être magis-
trat...

— Ignare!... je ne vous donnerai pas ma voix!

Balandard a la parole.

— Monsieur le candidat, nous sommes ici entre
gens pratiques, n’est-ce pas?... Vous nous de-
mandez notre voix; vous devez bien croire que
nous ne donnons rien pour rien, et que vous de-
vrez à votre tour nous rendre...

— La justice!

— Non, un service. D’abord, que pensez-vous
des belles-mères?

— Mais je n’en ai jamais été incommodé. (Ahu-
rissement prolongé.)

— Ah! bah! Vous seriez le premier... Vous
voulez vous moquer de nous!

— Nullement; je suis célibataire.

— Tout s’explique... Eh bien, si vous voulez
avoir la voix de tous les maris ici présents, vous
allez vous engager, dans les procès entre gendre
et belle-mère, à toujours condammer la belle-
mère avec la dernière sévérité.

— Je le promets !

— Ça ne suffît pas... Nous avons amené un no-
taire pour vous faire prendre des engagements
authentiques.

On voit que le suffrage universel, appliqué à la
nomination des magistrats, ne manquerait pas de
gaîté.

Jules Demolliens.

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général dans le monde entier.

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CHRONIQUE DU JOUR

Si vous maltraitez un chien, ou si vous fouettez
un cheval, il y a, de par les rues, dos membres ho-
noraires de la Société protectrice des animaux qui
vous font dresser procès-verbal. Arrêt, jugement,
frais divers,vous en avez pour quinze ou vingt louis,
et quelquefois des jours de prison.

Ayez un enfant, martyrisez-le, mettez-Iui des char-
bons ardents sur le ventre et des excréments dans
la bouche, enfoncez-lui des aiguilles dans le corps,
inventez des tortures abominables, trois juges ayant
bien digéré ne vous donneront que deux à trois
mois de prison.

La proportion est-elle juste ?

Lisez les détails abominables des traitements
que certaines mégères, jamais apprivoisées, font
endurer à de pauvres petits êtres, et vous serez pris
d’une légitime indignation. Pas tant contre les mè-
res que contre les juges.

On s’occupe beaucoup du service sanitaire en
temps de guerre. Louable intention, qui est bien
faite pour nous consoler.

Chaque soldat va recevoir une trousse complète de
pansement, avec tout ce qu’il faut pour soigner une
première blessure.

On pourrait bien aussi, chaque semaine,consacrer
une séance d’exercice à quelques instructions chi-
rurgicales. Six jours et demi pour apprendre à
donner la maladie, et un e demi-journée pour étudier
les moyens de la guérir.

Il paraît, de temps en temps, un livre plus ou
moins fantaisiste sur ce que sera la terre dans un
millier d’années. Comme nous ne serons pas là, per-
sonne ne vérifiera les prophéties. Mais il y a une
chose certaine qui découle de l’observation du
passé, c’est qu’il n’y aura pas grand’chose de changé.

Deux faits-divers de cette semaine en donnent la
preuve.

Un cimetière mérovingien, qu’on vient de décou-
vrir à Andrésy. Des fouilles de chemin de fer ont
mis à nu cinq cents tombes. Sur les unes sont sculp-
tées deux colombes se tenant par le bec, souvenir
posthume de deux Mérovingiens qui se sont beau-
coup aimés. L’amour est de tous les siècles.

Sur une autre, une tête de cerf. Probablement un
mari. Autour des squelettes, quelques morceaux de
charbon. Histoire de conserver les morts et d'effarer
les microbes du temps du roi Childéric!

Passons à l’Hôtel Drouot. On y vendait, cette se-
maine, une collection toute d’actualité.

Des jouets anciens, collectionnés par une bonne
dame. Les camelots du boulevard n’ont rien inventé.
Du temps de Louis XIII, pendant que d’Artagnan
courait après les ferrets d’Anne d'Autriche, on don-
nait aux babies des petits fauteuils, des poupées et
des panoplies d’hommes d’armes. Sous Louis XIV,
des poupées articulées font pendant aux chevaux de
bois; on retrouve les ménageries d’enfants, les cui-
sines, les fermes et les soldats de plomb. Sous l’Em-
pire et la Révolution, les jouets prennent l’allure de
l’époque. C’est une guillotine en bois de rose, des
canons, des épées, des grenadiers en bois et des sa-
peurs en métal !

Que sont devenus les hommes qui ont joué avec?
Gavarni dirait « des pas grand’choses ». Mais nous
ne valons pas mieux.

Les hivers sont si remplis d’incohérence, que les
phoques eux-mêmes ne savent plus que devenir.

L’autre matin, on signalait un dégel au Pôle Nord!

C’est à cette constatation que l’on doit probable-
ment la présence, dans la baie de la Somme, d’une
quantité extraordinaire de phoques!

A moins que, ayant entendu dire avec quelle
générosité on les soignait au Jardin d’acclimatation,
ils ne préfèrent l'esclavage aux poissons durs de la
liberté.

Toto raconte ses infortunes.

On était onze à table; le douzième invité n’arrivant
pas, on l’installe.

Puis on sonne; l'invité arrive. On enlève Toto, qui
murmure en s’en allant :

— Me v’ià douzième provisoire !

Deux concierges s’intéressent aux prédictions
météorologiques.

— Eh bien, quoi qu’il dit, vot’ journal?

— Ah! ma chère; il prédit un cyclope pour le
8 janvier!

Caiino parle du crime du boulevard du Temple.

— Enfin, c’est la police de Lyon qui a tout fait...
Moi, je décorerais son chef.

— Oui, ajoute quelqu’un... De la Croix-Rousse!

Gontran fait la cour à une jolie femme qu’il ren-
contre chez sa tante, vieille dame sourde etpresque
aveugle.

— Vous me compromettez ! murmure la dame.

— Mais non, fait Gontran... Nous avons une tante
abri !

H. Henriot.
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