Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 61.1892

DOI Heft:
Janvier
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0014
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE CHARIVARI

THÉÂTRES

CHATEAU-D’EAU : Les Marins clu Jean-Bart.

La pièce maritime ne manque pas d’à-propos
après les ovations de Cronstadt.

C'est d’ail'eurs le hasard qui a tout fait, en rap-
prochant les deux auteurs à la suite des mémora-
bles incidents que vous savez.

Dans l’intervalle, le Châtelet, ajoutant un ta-
bleau à Michel Strogoff, a bien un peu défloré
l’opportunité; mais quand on prend de l’actua-
lité sympathique, on n’en saurait trop prendre.

Le drame maritime, d’ailleurs, a toujours été
dans les goûts du public, et le célèbre épisode du
Vengeur servit jadis de texte à un mélo qui fut
joué deux cents fois.

Les marins de la République
montaient le vaisseau le Vengeur.

Ce sont aussi les marias de la République qui
montent le vaisseau le Jean-Bart, mais delà Ré-
publique numéro 3

Il s’agissait de taquiner agréablement la fibre
patriotique des spectacteurs. Premier objectif.

Pour atteindre celui-là, les moyens sont con-
nus. Couplets aux rimes surexcitantes, drapeaux
agités, hurrahs poussés sur la scène avec échos
dans la salle.

Le programme a été scrupuleusement suivi, et
il a produit son effet accoutumé.

Il y a des gens qui, pendant les entr’actes, au-
raient été prêts à reconquérir l’Alsace et la Lor-
raine.

Toutefois, ces surexcitations accessoires ne
sauraient suffire à remplir toute une soirée. Il
faut une action parallèle.

MM. Chincholle et Jolly en ont imaginé une
qui avait, si je ne me trompe, déjà fait ses preu-
ves sur les planches de T Ambigu.

A l’Ambigu, comme au Château-d’Eau, il s’a^
gissait — avec variantes, naturellement — d’une
jeune fille de bonne famille qui avait été violée.

A l’Ambigu, c’était par un colonel. Ici, c’est par
un commandant.

Ledit commandant, qui n’a pas, à ce qu’il faut
croire, la mémoire des figures, ne se rappelle
pas du tout le visage de celle qu’il mit à mal.

Il l’a si bien oublié, qu’il retombe amoureux
d’Emmeline, pour le bon motif cette fois, et de-
mande à réitérer avec autorisation de M. le
maire.

Après les péripéties nécessaires pour que le
spectacle ne finisse pas trop tôt, le mariage à
l’essai finit par se conclure.

Et, comme dans les Fourcliambault, c’est la
fiancée qui, cette fois, pourrait dire : Efface!

UNE BOSSE

— Les diligences, c’était bien moins ennuyeux que
le chemin de fer. On restait plus longtemps ensem-
ble; on avait le loisir de faire connaissance, non
seulement avec le paysage, mais avec les voisins
et, surtout, avec les voisines. Hél hé !... quand on
savait s’y prendre, on pouvait même ébaucher de
gentils romans, en diligence...

— Pardon, interrompit un homme jeune encore,
dont l’air de santé et la figure presque rubiconde
indiquaient une bonne conscience ou, tout au moins,
un excellent estomac; pardon, cher monsieur, je
suis à peu près de votre avis en ce qui concerne la
supériorité de la diligence sur le train au point de
vue pittoresque et même, si vous y tenez, sentimen-
tal. Mais pourquoi donc parlez-vous au passé? La
diligence n’est pas encore morte et enterrée, que je
sache. Elle va toujours, modestement, son petit
bonhomme de chemin, sans crier gare. Elle se porte
même très bien la diligence, « dans certains pays de
la France », comme dit une vieille chanson popu-
laire, et elle nous porte encore mieux. Tenez, quand
vous n’aurez rien à faire, allez vous balader en Dau-

On a fait un accueil tour à tour chaleureux et
indulgent aux manifestations du chauvinisme
international et à la pièce elle-même.

La troupe du Château-d’Eau opère avec con-
viction.

M. Dupuis remplit selon la formule le rôle du
marin blagueur, surnommé nécessairement le

Parisien.

M. Garay est un violeur qui a autant de tenue
que de repentir.

Un prix du Conservatoire, Mlle Bailly, joue le
rôle de la jeune.Emmeline qui a si mal réussi à
conserver sa fleur d’oranger. Elle est sympa-
thique. Ses aventures même prouvent qu’elle
l’est trop.

En somme, une pièce qui fera son petit bon-
homme de chemin.

Tandis que le Jean-Bart évoluait au Château-
d’Eau, on jouait à quelques pas de là, sur la
scène de Bataclan, la 33e revue de l’année, peut-
être même la 35°.

Elle est à grand spectacle, s’il vous plaît. Trois
actes, huit tableaux ; excusez du peu I

Trois auteurs aussi ; MM. Yerneuil, Blédort et
Maxime Guy.

Le théâtre-concert du boulevard Voltaire a
bien fait les choses. Les Manœuvres de l'Année
sont exécutées, au masculin comme au féminin,
par un bataillon fort discipliné. Quelques-uns
des artistes ont de la fantaisie, quelques-unes de
ces dames chantent agréablement.

On s’est très sincèrement amusé, ma foi ! De la
décentralisation gaie.

Pierre Véron

APÉRITIF RI U G N 1ER

au Vin de Bourgogne. — FRÉDÉRIC MUGNIER, à Dijon
Médaille d’Or Expod umvue Paris 1889.

PLUME HUMBOLDT'^r

DTDPQ If D PUC! ET art|cles pour fumeurs

X J.JT DO x\r\Lii3 0 1 Passage Bourg-i’Abbé. Paris.

CHRONIQUE DU JOUR

Trop d’Anastay à la clé. Cela finit par devenir
écœurant.

Il n’y en a que pour ce misérable.

Portraits par-ci, lettres par-là, souvenirs de son
enfance pharmaceutique, révélations sur les mala-
dies intimes du monsieur, que sais-je?

Toute la gamme du répulsif.

phiné, et vous m’en direz des nouvelles. C’est encore
plein de diligences par là-bas, ou, pour être plus
exact, par là-haut; de diligences qui grimpent tout
le temps des côtes d’un roide, mais qui, par exem-
ple, descendent rarement les côtes des voyageurs...

— Et, dans ces diligences montagnardes, on peut
rencontrer des aventures?...

— Ah! dame! ça, vous comprenez, je ne vous le
garantis pas sur facture. Ça dépend de bien des
choses ; du hasard, d’abord; du voyageur, ensuite;
enfin, et surtout, de Ja voyageuse. L’occasion,
l’herbe tendre, le petit vin riginglet de l’auberge, un
polisson de vin rose qui n’a l’air de rien du tout, qui
se laisse boire comme du lait, et qui vous monte à
la tète, et qui vous fouette le sang, et qui vous asti-
cote les moelles, je ne vous dis que ça. N’oublions
pas non plus le « quelque diable aussi nous pous-
sant » de la fable, qui est souvent une réalité... De
l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace,
disait Danton, qui avait dû voyager beaucoup en dili-
gence... Bref, l’aventure, dans le sens galant du mot,
n’est pas impossible. Et la preuve, c’est que, pas
plus tard que la saison dernière, j’en ai eu une...

— Contez-nous vite ça, don Juan.

— Oh ! don Juan! .. Il y aurait, je crois, beaucoup
à en rabattre. Au reste, vous allez en juger... Je me
trouvais donc, précisément, en Dauphiné, dans un
village dont le nom importe peu, et je devais happer
au passage la diligence qui va de Grenoble au Bourg
d’Oisans. Il faisait nuit noire quand la voiture s’ar-

Quelle déplorable habitude on a prise là d’apo-
théoser toujours les criminels! On ne ferait pas le
quart de cette publicité-là au plus sublime héros, à
un sauveur de la patrie!

C'est ainsi, cependant, qu’on propage les instincts
scélérats dans les masses. Ce sont ces boniments
frénétiques en l’honneur des bandits qui stimulent
l’émulation dos générations nouvelles et qui nous
valent ensuite des assassins de seize ans.

Ne romprons-nous pas avec ces malsaines habi-
tudes et ces curiosités scandaleuses?

A propos de scandale, quel charmant détail donné
sur la représentation du Théâtre-Réaliste!

Tandis que la dame qui simulait l’acte de posses-
sion opérait sur la scène, son mari — car elle est
divorcée — ôtait dans la salle, qui regardait.

Dommage qu'il n'ait pas quelque part publié un
compte rendu de ses impressions. C’eût été curieux
à lire.

Décidément la carte de visite se meurt,la carte de
visite est morte.

La statistique constate que l'envoi des cartes a
diminué de moitié sur l’année dernière, et il y avait
déjà eu diminution antérieure.

Encore trois ou quatre ans et tout sera dit.

Peut-être la regrettera-t-on une fois qu'on l’aura
abolie. C’était, en somme, un memento qui empêchait
l’oubli de régner triomphalement dans un siècle
d’indifférence.

Où la falsification va-t-elle se nicher! Voilà qu’on
fabrique maintenant des œufs artificiels 1

L’opêration est longuement racontée dans les
faits-divers.

Ecoutez, il m'est impossible de plaindre les gens
assez jobards pour ne pas s’apercevoir d’une pareille
fraudé.

Nouveau truc du naturalisme.

On annonce que, dans une pièce prochaine dont
certaine scène se passe en un repaire de voleurs, les
figurants seront des habitués authentiques des bou-
ges Maubert, revêtus de leurs costumes véridique-
ment crasseux.

Quel attrait irrésistible!

Attendons-nous à lire prochainement sur une affi-
che d’un Théâtre ultra Libre :

« Dans le drame des Mystères de la Prostitution,
le rôle de Crapulard le tueur de filles sera joué par
M. X .., un retour de Nouméa qui vient d’achever
ses dix ans de travaux forcés pour avoir assassiné
deux demoiselles de brasserie. »

Le voilà bien, le progrès, le voilà bien 1

Tirage des Rois.

La coutume a son charme, mais la galette est
d’une dure et pénible digestion.

Raison de plus pour s’y préparer l’estomac, et
rien de plus à propos qu’un verre d’Amer Picon
pris avant le repas.

rèta devant l’auberge où je stationnais depuis trois
longs quarts d’heure ; car, soyons francs, l’exacti-
tude n’est pas la qualité dominante des diligences.
Elles passent à peu près quand il leur plaît, et tant
pis pour le voyageur qui n'aime pas à faire le pied
de grue. Quand on est si pressé que ça, on prend le
chemin de fer, té! et on laisse tranquilles les braves
chevaux et les honnêtes conducteurs de pataches.

Donc, j’avais attendu, mais il n’y avait que demi-
mal, puisque la voiture était arrivée. Sans songer à
me plaindre, je me précipitai donc vers le véhicule,
comptant bien avoir une bonne place de coupé, ou
tout au moins me loger dans un coin d’intérieur. Je
t’en fiche! tout était plein. Heureusement, je con-
naissais le conducteur, — j’ai parcouru si souvent
cette route, que les cailloux du chemin eux-mêmes
ne me traitent plus en étranger, — et l’automédon en
casquette de loutre me fit un signe d’intelligence.

— Eh 1 monsieur, à l’impériale il y a encore une
place, sur la banquette de devant.

— Bigre! c’est qu’il ne fait pas chaud...

— Allons donc, douillet... Bien abrité sous la
bâche, calé par les paniers et les paquets, vous
serez là comme un coq en pâte...

Le conducteur, qui était descendu de son siège,
s’approcha de moi en clignant malicieusement de
l’œil droit, et me glissa dans l’oreille :

— Comme un coq, que je vous dis. D'autant plus
que je vais vous mettre entre deux jeunes poulettes,
deux dames, qui se serreront un peu ; et vous savez,
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen