LE CHARIVARI
C’EST POUR LE 14?
Eh bien, oui, c’est pour le 14!
Le 14 du mois de février 1892.
Ce jour-là, dans la bonne ville de Lyon, le R. P
Monsabré vitupérera la République, non plus
dans une chaire apostolique, mais dans une salle
de café-concert, s. v.p., c’est-à-dire aux Folies-
Bergère de l’endroit.
Est-ce assez fin de siècle ? comme on dit.
Je crois, pour mon humble part, qu’il serait
difficile de trouver mieux dans le genre.
De quoi parlera le saint homme, le grand pré-
dicateur?
Eh! parbleu, il parlera, comme on dit dans ce
latin bienfaisant qui brave toute honnêteté et tout
scrupule, de omni re scibüi et quibusdam aliis!
Il parlera socialisme! Tout comme MM. de Mun
et Paul Lafargue; mais plutôt comme le premier.
Les cordes s’y prêtent davantage.
Il parlera, nous dit une note officieuse, des pa-
tronages et des cercles ouvriers, et commentera
l’encyclique du pape à ce sujet.
Ce sera d’un folâtre !
Et, ainsi qu’à l’église, on paiera ses places.Oh!
n’allez point calomnier! Non, non, le produit de
la recette ne grossira pas l’escarcelle de M. Mon-
sabré et celle du supérieur de sa communauté!
Jamais de la vie! Il servira, tout simplement, à
organiser un nouveau pèlerinage à Rome.
C’est vrai que les autres ont déjà si bien réussi!
Si, au moins, ces pèlerins avaient la bonne idée
d’y rester, à Rome !
Achille Brissac.
FACILE A PROUVER
Trois princes de la science sont réunis pour une
consultation.
Premier docteur. — Mes chers collègues, nous
avons été choisis en notre qualité d’aliénistes émi-
nents (Tous trois saluent) pour examiner l’état
mental d’un assassin, c’est-à-dire le convaincre
de folie, de par Esculape.
La porte s'ouvre. L’assassin est introduit.
Premier docteur. — Voici notre patient.
Second docteur. — Oh! oh!... Il a une démarche
qui embaume la folie I
Premier docteur, avançant une chaise à l'as-
sassin. — Asseyez-vous là, mon ami.
Troisième docteur, roulant des yeux. — Ce re-
gard inquiet prouverait la folieau plus ignare des
praticiens.
Premier docteur, prenant le bras de l’assas-
sin. — Hum!... Voilà un pouls qui dit exactement
que cet homme n’a pas son bon sens.
Le patient.— Mais je ne suis pas fou!... Lais-
sez-moi tranquille !
Second docteur. —Il soutient qu’iln’estpas fou;
messieurs, c’est la preuve la plus convaincante de
sa folie!... Avez-vous jamais vu un fou convenir
qu’il déraisonne?... C’est comme si on disait à tel
ou tel de nos confrères qu’il est un imbécile... Ja-
mais il n’en voudrait convenir!
Premier docteur, «m patient. — En assassinant
vosvictimes,vous croyiez leur passer simplement
la main dans les cheveux pour les caresser,
n’est-ce pas?
Le patient. — Mais du tout... C’était pour les
voler.
Second docteur, lui tâtant vivement la tête.
— Jamais!... Cet homme n’a pas la bosse du
vol !... Ce sont les journaux que vous avez lus qui
vous ont fourré dans l’esprit qu’en tuant vous
aviez l’intention d’assassiner I
Le patient. — Ali ! ! !
Premier docteur. — Voyez-vous, on ne nous
trompe pas, nous autres! Nous y voyons clair...
Tiens, tiens! Je n’avais pas remarqué encore...
Vous avez un singulier bouton sur le nez... Etes-
vous sujet à ces éruptions ?
Le patient. — Comme tout le monde.
Premier docteur. — Comme tout le monde...
qui est dans votre état! (Aux autres docteurs,
avec volubilité.) Vous l’avez, sans doute, observé
comme moi, messieurs? Ce petit bouton est tout
un monde pour un savant!... Placé presque à la
naissance du nez, il a ses racines jusque dans le
cerveau malade. C’est, en quelque sorte, un cra-
tère par où les humeurs mauvaises s’échappent.
Pour le vulgaire, c’est un simple bouton; pour
nous, c’est un volcan ! Et si la lave bouillonnante
s’évacue par là, c’est donc que lave il y a, c’est-
à-dire impuretés, immondices, âcretés qui obs-
curcissent le cerveau, l’encombrent et engen-
drent l’état de folie où nous voyons ce malheureux !
{Le patient se mouche bruyamment)) Que
disais-je, messieurs! Cette tendance du sujet
à se moucher ne révèle-t-elle pas l’effort d’un
homme qui se sent le cerveau embarrassé et
voudrait le dégager, même au prix d’un renfle-
ment ridicule peut-être, mais qu’il croit néces-
saire en tout cas.
Le patient, à part. — Ah ! il peut se vanter
d’être embêtant, cet animal-là!... Il est plus éner-
vant que le juge d’instruction. Je voudrais bien
m’en aller ! {Il s’agite sur sa chaise.)
Premier docteur. — Et considérez maintenant
cette agitation, qui suffit à dénoncer la folie
furieuse chez notre sujet... Voyez-le se contor-
sionner. .. ses traits deviennent hagards... il bave...
On ne l’aperçoit pas en ce moment, parce qu’il
bave en dedans.
Second docteur, bas. — Dites donc, si une
crise allait le prendre ?
Premier docteur. — C’est juste. {Au muni-
cipal.) Garde, emmenez-le !... {Aux autres.)
Je me résume... Ergo cet homme est fou, ce qu’il
fallait démontrer... Vous voyez qu’avec un peu
de perspicacité... Du reste, messieurs, il faut
bien le reconnaître... il n’existe pas de maladie
dont le diagnostic soit aussi facile et aussi sûr
que la folie. On peut dire a priori, et prouver
a posteriori, que to.it individu est bel et bien fou.
Et, outre nous trois ici présents, je ne vois per-
sonne qui ne le soit pas ! {A part.) Si je dis nous
trois, c’est bien pour leur faire plaisir.
Second docteur, à part. —En disant nous trois,
il veut se donner des gants, comme dit Hippo-
crate, et flatter notre collègue.
Troisième docteur, à part. — Il a fait deux
exceptions de trop.
Ils se mettent à rédiger leur rapport.
Jules Demolliens.
EXTRAIT D’ABSIPITRX SUPERIEURE
û-EMPP PERNOD -SSSH?*-
G-UI CrN OLSTyéritabI®, GOÜE’TRiE ATJd'ANGEBS
I 1 BOURGUIGNON, puissant digestif
I |i à base d’alcool vieuxpur de vin
V U W SIMiQlsr aîné, CHALON -sur-SAONE
Les P AXÉS S» JI FOIES GtKAS les plus fins,
les plus exquis sont livrés par la maison
WKIVH 11 t \\Elt «le Aaucy.
CHRONIQUE DU JOUR
Contribuables mes frères, nous l’avons, en dor-
mant, échappé belle, à ce qu’il paraît.
Le fisc a failli nous donner des étrennes, à tous
tant que nous sommes, sans aucune exception.
Voilà, n’est-ce pas, quelque chose de bien con-
traire à ses habitudes ; car tout le monde sait que le
fisc accepte tout, mais ne donne rien. 11 prend et ne
rend pas.
C’est sans le vouloir, bien entendu, qu’il nous
aurait fait un cadeau Le Parlement n’ayant pas voté
le budget, et les douz iômes provisoires eux-mêmes
n'étant pas encore en règle le vingt-neuf décembre,
il ôtait permis d’espérer, qu’ils ne figureraient pas
au Journal officiel le premier janvier.
Alors, c’aurait été un jour sans impôts, un jour à
marquer à la pierre blanche ! Par extraordinaire et
pour cette fois seulement, nous n’aurions rien dû,
pas un franc, pas un centime, à l’Etat, qui, pendant
vingt-quatre heures, n’aurait pas eu le droit dont il
abuse, en temps ordinaire, de fouiller dans nos
poches. O rêve évanoui!
Encore une petite revanche de Waterloo.
L’Angleterre va être horriblement vexée... Hip...
hip... hurrah !
Il résulte d’un travail fait par un sujet britannique
sur les principales bibliothèques du globe, que notre
Bibliothèque Nationale de Paris a la priorité même
sur le fameux British Muséum de Londres, dont
messieurs les Anglais ont cependant plein la bouche,
quand ils nous en parlent.
Nous possédons, en effet, plus de deux millions
de volumes dans le bâtiment de la rue de Richelieu,
tandis que nos voisins d’outre-Manche ont à peine
réuni dans le British Muséum, déjà nommé et tant
renommé, la bagatelle de quinze cent mille livres.
Il est vrai, dirait Guibollard, que ça fait encore
pas mal d’argent, si ce sont des livres sterling...
Ils en ont besoin, d’ailleurs, de livres sterling,
ne fût-ce que pour entretenir la famille royale, qui
leur coûte les yeux de la tête.
Rien que la gracieuse reine Victoria qui arrive,
naturellement, la bonne première au poteau, touche
annuellement 619,379 livres sterling, ce qui fait, en
argent français, environ 16 millions de francs.
Le menu fretin des princes et princesses, de son
côté, émarge avec entrain jusqu’à concurrence de
7 ou 8 millions.
Total général, et généreux : vingt-cinq millions en
chiffres ronds; un peu plus de deux millions par
mois.
Vive la République 1
Varions un peu nos plaisirs.
Autre statistique.
Celle de l’âge de nos sénateurs.
On a calculé que les quarante-deux inamovibles
qui n’ont pas encore lâché la rampe, pour ne parler
que de ceux-là, représentaient une somme de deux
mille neuf cent quarante-quatre années.
— Mince dejeunesse ! s’écrierait Gavroche.
Mathusalem lui-même n’avait aucune idée de ça.
Il est vrai que Mathusalem était tout seul à comp-
ter quelques siècles, tandis que les Pères Conscrits
se mettent à plus de quarante pour avoir près de
trois mille ans.
Plus on est de petits fous, plus on rit.
Les journaux, qui en font leurs choux-gras, met-
tent d’assez bonnes lapalissades sur le compte de
l’intéressant Anastay.
Entre autres celle-ci, qu’on attribue à l’assassin du
boulevard du Temple, au moment où, au Palais de
Justice, il traversait la galerie de la nouvelle cour
d’appel :
« Il faut véritablement connaître le chemin pour
ne pas se perdre dans ce dédale de passages et de
corridors ; on m’aurait envoyé tout seul chez le juge
d’instruction, que je me serais certainement égaré
en route. »
Ça me paraît plus que probable.
Le monsieur aurait filé par la tangente.
Mlle Aïssé, une aimable personne du siècle der-
nier, qui nous a laissé des lettres amoureuses fort
remarquables, a placé dans l’une d’elles cette fort
belle pensée :
«Celui qui rend un service doit l’oublier; celui qui
le reçoit doit s’en souvenir. »
Quel dommage que les choses se passent rarement
ainsi!
C’est même le cas de dire qu’on ne fait jamais ce
qu’on doit.
Celui qui a reçu le service s’empresse de l’oublier;
en revanche, celui qui l’a rendu s’en souvient... trop.
Petit Dictionnaire de Charenton :
SUICIDE. — Flûte pour la vie!
Henri Second
BOURSE-EXPRESS
L'année a commencé, pour nos rentes, à la satis-
faction générale. Hausse partout, — excepté sur les
reports ; mais personne ne se plaindra de la baisse
de ces derniers.
La liquidation des affaires étrangères ne se fait
pas sans quelque difficulté. Mais c’était prévu. En
sorte que les gens prudents ont pu tirer leur épingle
du jeu il y a déjà un bout de temps.
Sur le reste, il n’y a pas beaucoup d’affaires ;
mais ce n’est pas le moment: attendons la fin de la
liquidation; peut-être qu’alors les valeurs officielles
se remueront un peu. Sur le marché libre, on est un
peu plus actif. Les titres du Champ d’Or continuent
à donner lieu à un petit courant de demandes.
Castorine.
Le Directeur-Gérant, Pierre Véron.
Paris. — Imprimerie Alcaa-Lévy, 24, rue Chauchat.
C’EST POUR LE 14?
Eh bien, oui, c’est pour le 14!
Le 14 du mois de février 1892.
Ce jour-là, dans la bonne ville de Lyon, le R. P
Monsabré vitupérera la République, non plus
dans une chaire apostolique, mais dans une salle
de café-concert, s. v.p., c’est-à-dire aux Folies-
Bergère de l’endroit.
Est-ce assez fin de siècle ? comme on dit.
Je crois, pour mon humble part, qu’il serait
difficile de trouver mieux dans le genre.
De quoi parlera le saint homme, le grand pré-
dicateur?
Eh! parbleu, il parlera, comme on dit dans ce
latin bienfaisant qui brave toute honnêteté et tout
scrupule, de omni re scibüi et quibusdam aliis!
Il parlera socialisme! Tout comme MM. de Mun
et Paul Lafargue; mais plutôt comme le premier.
Les cordes s’y prêtent davantage.
Il parlera, nous dit une note officieuse, des pa-
tronages et des cercles ouvriers, et commentera
l’encyclique du pape à ce sujet.
Ce sera d’un folâtre !
Et, ainsi qu’à l’église, on paiera ses places.Oh!
n’allez point calomnier! Non, non, le produit de
la recette ne grossira pas l’escarcelle de M. Mon-
sabré et celle du supérieur de sa communauté!
Jamais de la vie! Il servira, tout simplement, à
organiser un nouveau pèlerinage à Rome.
C’est vrai que les autres ont déjà si bien réussi!
Si, au moins, ces pèlerins avaient la bonne idée
d’y rester, à Rome !
Achille Brissac.
FACILE A PROUVER
Trois princes de la science sont réunis pour une
consultation.
Premier docteur. — Mes chers collègues, nous
avons été choisis en notre qualité d’aliénistes émi-
nents (Tous trois saluent) pour examiner l’état
mental d’un assassin, c’est-à-dire le convaincre
de folie, de par Esculape.
La porte s'ouvre. L’assassin est introduit.
Premier docteur. — Voici notre patient.
Second docteur. — Oh! oh!... Il a une démarche
qui embaume la folie I
Premier docteur, avançant une chaise à l'as-
sassin. — Asseyez-vous là, mon ami.
Troisième docteur, roulant des yeux. — Ce re-
gard inquiet prouverait la folieau plus ignare des
praticiens.
Premier docteur, prenant le bras de l’assas-
sin. — Hum!... Voilà un pouls qui dit exactement
que cet homme n’a pas son bon sens.
Le patient.— Mais je ne suis pas fou!... Lais-
sez-moi tranquille !
Second docteur. —Il soutient qu’iln’estpas fou;
messieurs, c’est la preuve la plus convaincante de
sa folie!... Avez-vous jamais vu un fou convenir
qu’il déraisonne?... C’est comme si on disait à tel
ou tel de nos confrères qu’il est un imbécile... Ja-
mais il n’en voudrait convenir!
Premier docteur, «m patient. — En assassinant
vosvictimes,vous croyiez leur passer simplement
la main dans les cheveux pour les caresser,
n’est-ce pas?
Le patient. — Mais du tout... C’était pour les
voler.
Second docteur, lui tâtant vivement la tête.
— Jamais!... Cet homme n’a pas la bosse du
vol !... Ce sont les journaux que vous avez lus qui
vous ont fourré dans l’esprit qu’en tuant vous
aviez l’intention d’assassiner I
Le patient. — Ali ! ! !
Premier docteur. — Voyez-vous, on ne nous
trompe pas, nous autres! Nous y voyons clair...
Tiens, tiens! Je n’avais pas remarqué encore...
Vous avez un singulier bouton sur le nez... Etes-
vous sujet à ces éruptions ?
Le patient. — Comme tout le monde.
Premier docteur. — Comme tout le monde...
qui est dans votre état! (Aux autres docteurs,
avec volubilité.) Vous l’avez, sans doute, observé
comme moi, messieurs? Ce petit bouton est tout
un monde pour un savant!... Placé presque à la
naissance du nez, il a ses racines jusque dans le
cerveau malade. C’est, en quelque sorte, un cra-
tère par où les humeurs mauvaises s’échappent.
Pour le vulgaire, c’est un simple bouton; pour
nous, c’est un volcan ! Et si la lave bouillonnante
s’évacue par là, c’est donc que lave il y a, c’est-
à-dire impuretés, immondices, âcretés qui obs-
curcissent le cerveau, l’encombrent et engen-
drent l’état de folie où nous voyons ce malheureux !
{Le patient se mouche bruyamment)) Que
disais-je, messieurs! Cette tendance du sujet
à se moucher ne révèle-t-elle pas l’effort d’un
homme qui se sent le cerveau embarrassé et
voudrait le dégager, même au prix d’un renfle-
ment ridicule peut-être, mais qu’il croit néces-
saire en tout cas.
Le patient, à part. — Ah ! il peut se vanter
d’être embêtant, cet animal-là!... Il est plus éner-
vant que le juge d’instruction. Je voudrais bien
m’en aller ! {Il s’agite sur sa chaise.)
Premier docteur. — Et considérez maintenant
cette agitation, qui suffit à dénoncer la folie
furieuse chez notre sujet... Voyez-le se contor-
sionner. .. ses traits deviennent hagards... il bave...
On ne l’aperçoit pas en ce moment, parce qu’il
bave en dedans.
Second docteur, bas. — Dites donc, si une
crise allait le prendre ?
Premier docteur. — C’est juste. {Au muni-
cipal.) Garde, emmenez-le !... {Aux autres.)
Je me résume... Ergo cet homme est fou, ce qu’il
fallait démontrer... Vous voyez qu’avec un peu
de perspicacité... Du reste, messieurs, il faut
bien le reconnaître... il n’existe pas de maladie
dont le diagnostic soit aussi facile et aussi sûr
que la folie. On peut dire a priori, et prouver
a posteriori, que to.it individu est bel et bien fou.
Et, outre nous trois ici présents, je ne vois per-
sonne qui ne le soit pas ! {A part.) Si je dis nous
trois, c’est bien pour leur faire plaisir.
Second docteur, à part. —En disant nous trois,
il veut se donner des gants, comme dit Hippo-
crate, et flatter notre collègue.
Troisième docteur, à part. — Il a fait deux
exceptions de trop.
Ils se mettent à rédiger leur rapport.
Jules Demolliens.
EXTRAIT D’ABSIPITRX SUPERIEURE
û-EMPP PERNOD -SSSH?*-
G-UI CrN OLSTyéritabI®, GOÜE’TRiE ATJd'ANGEBS
I 1 BOURGUIGNON, puissant digestif
I |i à base d’alcool vieuxpur de vin
V U W SIMiQlsr aîné, CHALON -sur-SAONE
Les P AXÉS S» JI FOIES GtKAS les plus fins,
les plus exquis sont livrés par la maison
WKIVH 11 t \\Elt «le Aaucy.
CHRONIQUE DU JOUR
Contribuables mes frères, nous l’avons, en dor-
mant, échappé belle, à ce qu’il paraît.
Le fisc a failli nous donner des étrennes, à tous
tant que nous sommes, sans aucune exception.
Voilà, n’est-ce pas, quelque chose de bien con-
traire à ses habitudes ; car tout le monde sait que le
fisc accepte tout, mais ne donne rien. 11 prend et ne
rend pas.
C’est sans le vouloir, bien entendu, qu’il nous
aurait fait un cadeau Le Parlement n’ayant pas voté
le budget, et les douz iômes provisoires eux-mêmes
n'étant pas encore en règle le vingt-neuf décembre,
il ôtait permis d’espérer, qu’ils ne figureraient pas
au Journal officiel le premier janvier.
Alors, c’aurait été un jour sans impôts, un jour à
marquer à la pierre blanche ! Par extraordinaire et
pour cette fois seulement, nous n’aurions rien dû,
pas un franc, pas un centime, à l’Etat, qui, pendant
vingt-quatre heures, n’aurait pas eu le droit dont il
abuse, en temps ordinaire, de fouiller dans nos
poches. O rêve évanoui!
Encore une petite revanche de Waterloo.
L’Angleterre va être horriblement vexée... Hip...
hip... hurrah !
Il résulte d’un travail fait par un sujet britannique
sur les principales bibliothèques du globe, que notre
Bibliothèque Nationale de Paris a la priorité même
sur le fameux British Muséum de Londres, dont
messieurs les Anglais ont cependant plein la bouche,
quand ils nous en parlent.
Nous possédons, en effet, plus de deux millions
de volumes dans le bâtiment de la rue de Richelieu,
tandis que nos voisins d’outre-Manche ont à peine
réuni dans le British Muséum, déjà nommé et tant
renommé, la bagatelle de quinze cent mille livres.
Il est vrai, dirait Guibollard, que ça fait encore
pas mal d’argent, si ce sont des livres sterling...
Ils en ont besoin, d’ailleurs, de livres sterling,
ne fût-ce que pour entretenir la famille royale, qui
leur coûte les yeux de la tête.
Rien que la gracieuse reine Victoria qui arrive,
naturellement, la bonne première au poteau, touche
annuellement 619,379 livres sterling, ce qui fait, en
argent français, environ 16 millions de francs.
Le menu fretin des princes et princesses, de son
côté, émarge avec entrain jusqu’à concurrence de
7 ou 8 millions.
Total général, et généreux : vingt-cinq millions en
chiffres ronds; un peu plus de deux millions par
mois.
Vive la République 1
Varions un peu nos plaisirs.
Autre statistique.
Celle de l’âge de nos sénateurs.
On a calculé que les quarante-deux inamovibles
qui n’ont pas encore lâché la rampe, pour ne parler
que de ceux-là, représentaient une somme de deux
mille neuf cent quarante-quatre années.
— Mince dejeunesse ! s’écrierait Gavroche.
Mathusalem lui-même n’avait aucune idée de ça.
Il est vrai que Mathusalem était tout seul à comp-
ter quelques siècles, tandis que les Pères Conscrits
se mettent à plus de quarante pour avoir près de
trois mille ans.
Plus on est de petits fous, plus on rit.
Les journaux, qui en font leurs choux-gras, met-
tent d’assez bonnes lapalissades sur le compte de
l’intéressant Anastay.
Entre autres celle-ci, qu’on attribue à l’assassin du
boulevard du Temple, au moment où, au Palais de
Justice, il traversait la galerie de la nouvelle cour
d’appel :
« Il faut véritablement connaître le chemin pour
ne pas se perdre dans ce dédale de passages et de
corridors ; on m’aurait envoyé tout seul chez le juge
d’instruction, que je me serais certainement égaré
en route. »
Ça me paraît plus que probable.
Le monsieur aurait filé par la tangente.
Mlle Aïssé, une aimable personne du siècle der-
nier, qui nous a laissé des lettres amoureuses fort
remarquables, a placé dans l’une d’elles cette fort
belle pensée :
«Celui qui rend un service doit l’oublier; celui qui
le reçoit doit s’en souvenir. »
Quel dommage que les choses se passent rarement
ainsi!
C’est même le cas de dire qu’on ne fait jamais ce
qu’on doit.
Celui qui a reçu le service s’empresse de l’oublier;
en revanche, celui qui l’a rendu s’en souvient... trop.
Petit Dictionnaire de Charenton :
SUICIDE. — Flûte pour la vie!
Henri Second
BOURSE-EXPRESS
L'année a commencé, pour nos rentes, à la satis-
faction générale. Hausse partout, — excepté sur les
reports ; mais personne ne se plaindra de la baisse
de ces derniers.
La liquidation des affaires étrangères ne se fait
pas sans quelque difficulté. Mais c’était prévu. En
sorte que les gens prudents ont pu tirer leur épingle
du jeu il y a déjà un bout de temps.
Sur le reste, il n’y a pas beaucoup d’affaires ;
mais ce n’est pas le moment: attendons la fin de la
liquidation; peut-être qu’alors les valeurs officielles
se remueront un peu. Sur le marché libre, on est un
peu plus actif. Les titres du Champ d’Or continuent
à donner lieu à un petit courant de demandes.
Castorine.
Le Directeur-Gérant, Pierre Véron.
Paris. — Imprimerie Alcaa-Lévy, 24, rue Chauchat.