LE CHARIVARI
dans tous ces... lieux-là,'s’est montrée au-dessous
de tous les zéros connus.
***
Je reviens au rôle des témoins.
Il paraît prouvé, à présent, qu’il n’y eut jamais
de serviette dans l’affaire.
Pourtant, ceux .mêmes qui furent véridiques
en d’autres points ont erré sur celui-là.
Pauvres témoignages humains, quelle foi peut-
on faire sur vous après de tels zigzags!
Le terrible, c’est de penser qu’il peut suffire
d’une de ces affirmations titubantes pour mettre
le cou d’un innocent dans la lunette d’où M. Dei-
bler vous fait regarder l’éternité !. .
Anastay étant atteint d’amblyopie, selon le
Dr Galezowski, ou d’une paralysie de la rétine,
d’après des augures de province, la famille du
criminel estime qu’il est superflu de le forcer à
passer la tête dans ladite lunette
C’est la consigne du jour. Tous fous, les scélé-
rats !
On commence à avoir trop l’air do prendre les
honnêtes gens po ir do fichues bêtes, avec ces
théories dérisoires.
Anastay est gredin de la pointe des pieds au
cuir chevelu, gredin froid, préméditant, raison-
nant, gredin pour ainsi dire professionnel.
Messieurs les jurés, ne vous laissez pas jobar-
der, de grâce.
Il ne manquerait plus que cette preuve d’inep-
tie pour donner à l’institution du jury le coup
du lapin.
Je m’arrête sur cette éloquente apostrophe, en
vous faisant remarquer que je n’ai fait aucune
allusion — même lointaine ou voilée — ni à la
semaine des étrennes, ni à la fête des Rois.
J’ose espérer que cette abnégation délicate
aura, du coup, conquis votre sympathie indul-
gente à votre tout dévoué
UN PASSANT,
JUNIPER ÉTONNANT
Ne pas confondre, s. v. p., avec Jupiter ton-
nant.
Le Juniper en question n’a rien de païen, Dieu
merci! C’est, au contraire, un excellent catholi-
que, apostolique et romain, un de ces bons reli-
gieux de derrière les cagots dont il convient
d’encourager l’espèce, ne fût-ce que pour l’es-
claffement des gens de bien, aimant à rire entre
leurs repas.
C’est, paraît-il, dans les Annales du Tiers-Or-
dre Séraphique (tais-toi, mon cœur), bulletin
mensuel honoré de la bénédiction de N. S. P. le
pape (retais-toi, mon cœur), qu’on a découvert
le susdit et jusqu’à alors à peu près 'inédit Juni-
per.
Entre nous, celui qui a fait cette découverte
mirobolante n’a pas perdu son temps. Le frère
Juniper était un simple franciscain, bien digne
de sortir de l’ombre. A quelle époque il a vécu,
je ne saurais vous le dire au juste.
Nous sommes plus avancés en ce qui concerne
l’âge des Annales du Tiers-Ordre Séraphique.
C’est une vieille fille, et, en cette qualité, elle
aime à raconter des histoires à ses bénévoles abon-
nés. En voici deux à la gloire du frère Juniper.
La première histoire nous montre le francis-
cain jouant à la balançoire pour s’humilier, sans
doute en vertu du précepte de l’Evangile : « Ceux
qui s’élèvent seront abaissés », précepte qui,
comme chacun sait, est on ne peut mieux appli-
qué dans le jeu de la balançoire, exclusivement
composé de « hauts » et de « bas » dont la succes-
sion ultra rapide compose tout le charme.
Le frère Juniper, se rendant àRomeoù sa répu-
tation l’avait précédé, — etje comprends ça, —vit
arriver beaucoup de monde à sa rencontre. Tous
ces gens étaient disposés à se prosterner devant
lui; « il résolut de changer leurs respects en plai-
santeries et en railleries » (sic). Une balançoire
se trouvant là, par un hasard providentiel, il
sauta dessus et se mit à jouer des jarrets et des
reins avec une grâce qui aurait fait jaunir de ja-
lousie un carme déchaussé. Les admirateurs du
saint moine furent d’abord quelque peu étonnés,
il y avait de quoi; néanmoins, tous le saluèrent
pieusement et attendirent qu’il eût fini son jeu.
Mais ce veinard de Juniper avait des muscles
d’acier. « S’inquiétant peu de leurs saluts, de leur
respect et de leur attente, il se bornait à accélé-
rer le mouvement de la bascule (reste) ». Bref, il
fit tant et si bien que les fidèles, désillusionnés
sur son compte, finirent par s’en aller en le trai-
tant de fou. Quant au saint, enchanté d’avoir ainsi
renvoyé tout son monde à la balançoire,il rentra
tranquillement à son couvent, en riant comme
une petite folle.
La seconde histoire se passe dans la cuisine du
couvent. Le frère Juniper, chargé de la popote
monacale, et trouvant — fi, le vilain paresseux!
— que ça l’empêchait de prier (vieux roublard,
va !), résolut de se débarrasser de cette corvée en
faisant du fricot pour quinze jours à la fois.
Ici, il convient de citer textuellement les
Annales de plus en plus séraphiques :
« Dans cette disposition, il se rend au bourg,
reçoit plusieurs grandes marmites, se procure
de la viande fraîche et salée, des poulets, des
œufs, des légumes, quête du bois en grande
quantité et met tout au feu : les poulets avec
leurs plumes, les œufs avec leur coque, et le tout
à l’avenant...
» Comme le feu était trop ardent, et que Juniper
ne pouvait s’approcher des pots pour les écumer,
il s'était attaché une planche sur la poitrine à
l’aide d’une corde, et, ainsi accoutré, il sautait
d’une marmite à l’autre d’une façon amusante. »
Je t’erois, Benoît, que ça devait être amusant.
Sauter d’une marmite à l’autre, nos Alphonses
contemporains eux-mêmes, accoutumés à la fri-
ture, en seraient tout à fait incapables ! Il faut
être moine et saint moine pour se permettre de
pareils exercices... de piété.
La morale de l’aventure fut, comme vous le
pensez, que le couvent dîna fort mal ce jour-lâ,
et qu’on se garda bien de confier désormais la
confection du menu à ce gâte-sauce de Juniper,
lequel eut ainsi le loisir de se balancer tout à
son aise.
Et maintenant, catholiques mes frères, à vos
pièces... de canon(isation) ! Aquand saint Juniper,
ou, plutôt, saint Galino ?
Henri Second.
CORDIAL-AMER (bAIUY F™ * à oïwu*)
CHRONIQUE DU JOUR
La nouvelle direction a commencé ses innovations
à l’Opéra.
La première a réjoui la banlieue.
En effet, il était difficile aux bourgeois de Ver-
sailles et aux high-lifeurs de Pontoise de venir à
i’Opéra, sous peine de coucher à Paris. Le spec-
tacle qui, commençant à cinq heures du soir le di-
manche, leur permet de reprendre le train vers dix
heures du soir, n’est donc pas une mauvaise combi-
naison.
Quant aux gens qui veulent absolument aller au
théâtre le dimanche et en avoir pour leur semaine,
nous leur recommandons l’exercice suivant :
A midi, déjeuner; à une heure, matinée à la Comé-
die-Française ; à cinq heures, remonter l’avenue de
l’Opéra au petit trot, s’installer dans un fauteuil
d’orchestre, — deux francs cinquante , c’est pour
rien;— à neuf heures, arpenter le boulevard et entrer
dans un troisième théâtre jusqu'à minuit et demi.
Il ne manque plus qu’un spectacle pour la mati-
née. Nous verrons cela un de ces jours.
Une spéculation macabre.
Les acheteurs de terrain ne se contentent plus
d’acheter et de revendre des maisons ; c’est telle-
ment usé! Ils profitent de la plus-value qu’ont acquise
les terrains dans les cimetières pour acheter un
mètre à une tombe, un mètre à la tombe voisine, et
recons! ituer ainsi un nouveau caveau à concéder
très cher.
La Ville de Paris se trouve lésée par ces marchés,
et la Préfecture ouvre l'œil depuis quelque temps.
Mais qui diabie aurait pu songer à faire un place-
ment de bon père de famille en achetant, il y a cin-
quante ans, une fosse pour ses parents ?
Grâce à l’interview, il n’est plus possible de se
former une opinion sur une question.
Prenons, par exemple, la question des bicyclistes
militaires, qu’on organise en régiments.
Premier général. — Mesure excellente, surtout
sur le champ de bataille. Les bicyclistes remplace-
ront très avantageusement les cavaliers. 11 y aura
toujours trop d'hommes, jamais assez de chevaux.
Le service des_ estafettes ruinait la cavalerie, etc.
Deuxième général. — Mesure idiote surtout sur
le champ de bataille. On n’est plus, on général, sur
des routes, mais on patauge dans les bois et les
terres labourées. Là où un cheval peut passer, ja-
mais le bicycle, l’instrument des tricoteurs, ne
pourra arriver au but. C’est parce que le général
Grouchy n’a pas reçu l’ordre du maréchal Soult que
Napoléon a perdu la bataille de Waterloo.
Et hune erudimini\...
On rencontre de par le monde des quantités de
bonnes dames charitables qui vous supplient de leur
garder les vieux timbres postes. C’esi toujours dans
le but de racheter un petit Chinois.
La vieille dame est de très bonne foi : elle donne
ses milliers do timbres à un loustic très philan-
thropique qui les revend, lui, à une agence.
L’agence échange tout simplement les vieux
timbres français avec des timbres étrangers, sans
valeur dans le pays où ils sont émis, et où des
dames également charitables les recueillent tou-
jours dans le but de racheter le petit Chinois.
Et voilà comment on fournit gratuitement les in-
nombrables débits où l’on vend aujourd'hui des
timbres étrangers.
Au Cercle.
Le comte Ernest, qui est vieux garçon et âgé
d une cinquantaine d’années, a la manie de vouloir
marier tous ses amis.
— Ah çà 1 tu tiens donc bien à ce que je me marie?
lui demande Gontran.
— Hélas 1 cher, j’arrive à un âge où je dois songer
à me faire quelques intérieurs!
Durosel a pris sa femme en flagrant délit. Celle-ci
pousse des cris de détresse.
— Ah!... pardonne un instant d’erreur!
— Un instant d’erreur! hurle Durosel... C’est un
instant qui a duré deux heures et quart... Je le sais...
j’étais derrière la porte !
La baronne de C..., une femme charmante, donne
quelques conseils à une toute jeune amie.
— Mais, fait celle-ci, entre nous... vous avez bien
trompé le baron... une toute petite fois?
— Deux fois. La première, parce que mon amant
était si gentil qu’il me fit oublier mes devoirs; mais
le second fut si désagréable qu’il me força à me les
rappeler !
H. Henriot.
BOURSE-EXPRESS
Grandissime fermeté. Les rentes françaises s’em-
ballent. Ça leur arrive d’ailleurs quelquefois, au
commencement de l’année. Vous comprenez bien
que, les coupons de janvier aidant, tout le monde a
de l’argent à placer; et comme, en ce moment-ci, il
n’y a aucune affaire en route, ce sont nos rentes qui
profitent du coup.
Les affaires ont une tendance à redevenir actives.
Ne nous en plaignons pas. Songeons que nous avons
à rattraper le temps perdu en décembre.
Castorine.
dans tous ces... lieux-là,'s’est montrée au-dessous
de tous les zéros connus.
***
Je reviens au rôle des témoins.
Il paraît prouvé, à présent, qu’il n’y eut jamais
de serviette dans l’affaire.
Pourtant, ceux .mêmes qui furent véridiques
en d’autres points ont erré sur celui-là.
Pauvres témoignages humains, quelle foi peut-
on faire sur vous après de tels zigzags!
Le terrible, c’est de penser qu’il peut suffire
d’une de ces affirmations titubantes pour mettre
le cou d’un innocent dans la lunette d’où M. Dei-
bler vous fait regarder l’éternité !. .
Anastay étant atteint d’amblyopie, selon le
Dr Galezowski, ou d’une paralysie de la rétine,
d’après des augures de province, la famille du
criminel estime qu’il est superflu de le forcer à
passer la tête dans ladite lunette
C’est la consigne du jour. Tous fous, les scélé-
rats !
On commence à avoir trop l’air do prendre les
honnêtes gens po ir do fichues bêtes, avec ces
théories dérisoires.
Anastay est gredin de la pointe des pieds au
cuir chevelu, gredin froid, préméditant, raison-
nant, gredin pour ainsi dire professionnel.
Messieurs les jurés, ne vous laissez pas jobar-
der, de grâce.
Il ne manquerait plus que cette preuve d’inep-
tie pour donner à l’institution du jury le coup
du lapin.
Je m’arrête sur cette éloquente apostrophe, en
vous faisant remarquer que je n’ai fait aucune
allusion — même lointaine ou voilée — ni à la
semaine des étrennes, ni à la fête des Rois.
J’ose espérer que cette abnégation délicate
aura, du coup, conquis votre sympathie indul-
gente à votre tout dévoué
UN PASSANT,
JUNIPER ÉTONNANT
Ne pas confondre, s. v. p., avec Jupiter ton-
nant.
Le Juniper en question n’a rien de païen, Dieu
merci! C’est, au contraire, un excellent catholi-
que, apostolique et romain, un de ces bons reli-
gieux de derrière les cagots dont il convient
d’encourager l’espèce, ne fût-ce que pour l’es-
claffement des gens de bien, aimant à rire entre
leurs repas.
C’est, paraît-il, dans les Annales du Tiers-Or-
dre Séraphique (tais-toi, mon cœur), bulletin
mensuel honoré de la bénédiction de N. S. P. le
pape (retais-toi, mon cœur), qu’on a découvert
le susdit et jusqu’à alors à peu près 'inédit Juni-
per.
Entre nous, celui qui a fait cette découverte
mirobolante n’a pas perdu son temps. Le frère
Juniper était un simple franciscain, bien digne
de sortir de l’ombre. A quelle époque il a vécu,
je ne saurais vous le dire au juste.
Nous sommes plus avancés en ce qui concerne
l’âge des Annales du Tiers-Ordre Séraphique.
C’est une vieille fille, et, en cette qualité, elle
aime à raconter des histoires à ses bénévoles abon-
nés. En voici deux à la gloire du frère Juniper.
La première histoire nous montre le francis-
cain jouant à la balançoire pour s’humilier, sans
doute en vertu du précepte de l’Evangile : « Ceux
qui s’élèvent seront abaissés », précepte qui,
comme chacun sait, est on ne peut mieux appli-
qué dans le jeu de la balançoire, exclusivement
composé de « hauts » et de « bas » dont la succes-
sion ultra rapide compose tout le charme.
Le frère Juniper, se rendant àRomeoù sa répu-
tation l’avait précédé, — etje comprends ça, —vit
arriver beaucoup de monde à sa rencontre. Tous
ces gens étaient disposés à se prosterner devant
lui; « il résolut de changer leurs respects en plai-
santeries et en railleries » (sic). Une balançoire
se trouvant là, par un hasard providentiel, il
sauta dessus et se mit à jouer des jarrets et des
reins avec une grâce qui aurait fait jaunir de ja-
lousie un carme déchaussé. Les admirateurs du
saint moine furent d’abord quelque peu étonnés,
il y avait de quoi; néanmoins, tous le saluèrent
pieusement et attendirent qu’il eût fini son jeu.
Mais ce veinard de Juniper avait des muscles
d’acier. « S’inquiétant peu de leurs saluts, de leur
respect et de leur attente, il se bornait à accélé-
rer le mouvement de la bascule (reste) ». Bref, il
fit tant et si bien que les fidèles, désillusionnés
sur son compte, finirent par s’en aller en le trai-
tant de fou. Quant au saint, enchanté d’avoir ainsi
renvoyé tout son monde à la balançoire,il rentra
tranquillement à son couvent, en riant comme
une petite folle.
La seconde histoire se passe dans la cuisine du
couvent. Le frère Juniper, chargé de la popote
monacale, et trouvant — fi, le vilain paresseux!
— que ça l’empêchait de prier (vieux roublard,
va !), résolut de se débarrasser de cette corvée en
faisant du fricot pour quinze jours à la fois.
Ici, il convient de citer textuellement les
Annales de plus en plus séraphiques :
« Dans cette disposition, il se rend au bourg,
reçoit plusieurs grandes marmites, se procure
de la viande fraîche et salée, des poulets, des
œufs, des légumes, quête du bois en grande
quantité et met tout au feu : les poulets avec
leurs plumes, les œufs avec leur coque, et le tout
à l’avenant...
» Comme le feu était trop ardent, et que Juniper
ne pouvait s’approcher des pots pour les écumer,
il s'était attaché une planche sur la poitrine à
l’aide d’une corde, et, ainsi accoutré, il sautait
d’une marmite à l’autre d’une façon amusante. »
Je t’erois, Benoît, que ça devait être amusant.
Sauter d’une marmite à l’autre, nos Alphonses
contemporains eux-mêmes, accoutumés à la fri-
ture, en seraient tout à fait incapables ! Il faut
être moine et saint moine pour se permettre de
pareils exercices... de piété.
La morale de l’aventure fut, comme vous le
pensez, que le couvent dîna fort mal ce jour-lâ,
et qu’on se garda bien de confier désormais la
confection du menu à ce gâte-sauce de Juniper,
lequel eut ainsi le loisir de se balancer tout à
son aise.
Et maintenant, catholiques mes frères, à vos
pièces... de canon(isation) ! Aquand saint Juniper,
ou, plutôt, saint Galino ?
Henri Second.
CORDIAL-AMER (bAIUY F™ * à oïwu*)
CHRONIQUE DU JOUR
La nouvelle direction a commencé ses innovations
à l’Opéra.
La première a réjoui la banlieue.
En effet, il était difficile aux bourgeois de Ver-
sailles et aux high-lifeurs de Pontoise de venir à
i’Opéra, sous peine de coucher à Paris. Le spec-
tacle qui, commençant à cinq heures du soir le di-
manche, leur permet de reprendre le train vers dix
heures du soir, n’est donc pas une mauvaise combi-
naison.
Quant aux gens qui veulent absolument aller au
théâtre le dimanche et en avoir pour leur semaine,
nous leur recommandons l’exercice suivant :
A midi, déjeuner; à une heure, matinée à la Comé-
die-Française ; à cinq heures, remonter l’avenue de
l’Opéra au petit trot, s’installer dans un fauteuil
d’orchestre, — deux francs cinquante , c’est pour
rien;— à neuf heures, arpenter le boulevard et entrer
dans un troisième théâtre jusqu'à minuit et demi.
Il ne manque plus qu’un spectacle pour la mati-
née. Nous verrons cela un de ces jours.
Une spéculation macabre.
Les acheteurs de terrain ne se contentent plus
d’acheter et de revendre des maisons ; c’est telle-
ment usé! Ils profitent de la plus-value qu’ont acquise
les terrains dans les cimetières pour acheter un
mètre à une tombe, un mètre à la tombe voisine, et
recons! ituer ainsi un nouveau caveau à concéder
très cher.
La Ville de Paris se trouve lésée par ces marchés,
et la Préfecture ouvre l'œil depuis quelque temps.
Mais qui diabie aurait pu songer à faire un place-
ment de bon père de famille en achetant, il y a cin-
quante ans, une fosse pour ses parents ?
Grâce à l’interview, il n’est plus possible de se
former une opinion sur une question.
Prenons, par exemple, la question des bicyclistes
militaires, qu’on organise en régiments.
Premier général. — Mesure excellente, surtout
sur le champ de bataille. Les bicyclistes remplace-
ront très avantageusement les cavaliers. 11 y aura
toujours trop d'hommes, jamais assez de chevaux.
Le service des_ estafettes ruinait la cavalerie, etc.
Deuxième général. — Mesure idiote surtout sur
le champ de bataille. On n’est plus, on général, sur
des routes, mais on patauge dans les bois et les
terres labourées. Là où un cheval peut passer, ja-
mais le bicycle, l’instrument des tricoteurs, ne
pourra arriver au but. C’est parce que le général
Grouchy n’a pas reçu l’ordre du maréchal Soult que
Napoléon a perdu la bataille de Waterloo.
Et hune erudimini\...
On rencontre de par le monde des quantités de
bonnes dames charitables qui vous supplient de leur
garder les vieux timbres postes. C’esi toujours dans
le but de racheter un petit Chinois.
La vieille dame est de très bonne foi : elle donne
ses milliers do timbres à un loustic très philan-
thropique qui les revend, lui, à une agence.
L’agence échange tout simplement les vieux
timbres français avec des timbres étrangers, sans
valeur dans le pays où ils sont émis, et où des
dames également charitables les recueillent tou-
jours dans le but de racheter le petit Chinois.
Et voilà comment on fournit gratuitement les in-
nombrables débits où l’on vend aujourd'hui des
timbres étrangers.
Au Cercle.
Le comte Ernest, qui est vieux garçon et âgé
d une cinquantaine d’années, a la manie de vouloir
marier tous ses amis.
— Ah çà 1 tu tiens donc bien à ce que je me marie?
lui demande Gontran.
— Hélas 1 cher, j’arrive à un âge où je dois songer
à me faire quelques intérieurs!
Durosel a pris sa femme en flagrant délit. Celle-ci
pousse des cris de détresse.
— Ah!... pardonne un instant d’erreur!
— Un instant d’erreur! hurle Durosel... C’est un
instant qui a duré deux heures et quart... Je le sais...
j’étais derrière la porte !
La baronne de C..., une femme charmante, donne
quelques conseils à une toute jeune amie.
— Mais, fait celle-ci, entre nous... vous avez bien
trompé le baron... une toute petite fois?
— Deux fois. La première, parce que mon amant
était si gentil qu’il me fit oublier mes devoirs; mais
le second fut si désagréable qu’il me força à me les
rappeler !
H. Henriot.
BOURSE-EXPRESS
Grandissime fermeté. Les rentes françaises s’em-
ballent. Ça leur arrive d’ailleurs quelquefois, au
commencement de l’année. Vous comprenez bien
que, les coupons de janvier aidant, tout le monde a
de l’argent à placer; et comme, en ce moment-ci, il
n’y a aucune affaire en route, ce sont nos rentes qui
profitent du coup.
Les affaires ont une tendance à redevenir actives.
Ne nous en plaignons pas. Songeons que nous avons
à rattraper le temps perdu en décembre.
Castorine.