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Le charivari — 61.1892

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Janvier
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https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0025
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SOIXANTE-ÜNIÈME ANNÉE

Pris du. Numéro

jS ceaffime#

JEUDI 7 JANVIER 1892

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PARIS

Trois mois. 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an............. 72 _

(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
abonnements parlent des V" et 16 de chaque mois

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉil0N

Rédacteur en Chef

BUREA IJX

la rédaction et du l’administration

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Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, FERMIER DE LA PUBLICITÉ
92, Rue Richelieu

CHARIVARI


BULLETIN POLITIQUE

Il s’est passé l’autre jour à Lyon un épisode qui
mérite réflexion.

Non pas à cause de la personnalité engagée.
M. Thévenet, même ministre, ne tint jamais
grande place dans l’histoire de France, et c’est en
réalité une valeur fort négligeable.

Mais ce qui doit intéresser la psychologie poli-
tique, c’est la petite manœuvre à laquelle, après
Plusieurs autres, il vient d’essayer de se livrer et
hui paraît, en ce qui le concerne, devoir mal

tourner.

'M. Thévenet est député du Rhône..C’est un titre
dont il semblerait qu'il dût se contenter. Seule-
ment les flots sont changeants, et M. Thévenet
voit déjà poindre à l’horizon une échéance qui
l’inquiète.

Dans dix-huit mois environ, son mandat légis-
latif arrivera à expiration. Il faudra recommen-
cer alors la lutte à phrases plates contre des
concurrents redoutables. Il faudra affronter les
chances d’un scrutin fécond en inconnu.

Devant ce danger prochain, M. Thévenet s’était
dit qu’il valait mieux ne pas attendre les tempê-
tes, et le port qu’il choisit comme refuge fut le
Sénat.

On est là pour neuf ans, long espace qui per-
met de s’endormir sur ses lauriers. En outre, on
n’a affaire qu’à un nombre très limité d’électeurs,
plus faciles à retourner par conséquent.

C’est, du moins, ce que M. Thévenet pensait.
L’évènement lui a donné tort. La majorité s’est
prononcée contre ledit dans une réunion prépa-
ratoire, et il est fort probable, on peut même dire
certain, qu’il va abandonner la partie.

Mais c’est ici que le commentaire a le devoir
d’intervenir. Il nous paraît absolument irrégu-
lier de procéder, à l’égard d’un mandat qu’on a
sollicité, comme on le fait à l’endroit d’une che-
mise sale.

Lorsqu’un candidat vient faire des salamalecs
au suffrage universel et l’assurer de son dévoue-
ment pour être promu député, les convenances
et la morale politique sont d’accord pour établir
entre le postulant et les sollicités un contrat
ferme.

Il est entendu que le candidat ne fait pas à ses
mandants des promesses à la journée. Il s’engage
bien évidemment pour les quatre années de la
session.

S’il lui arrive de tomber malade, d’être frappé
d’une incapacité quelconque, ou, à la rigueur, de
vouloir soudainement vivre dans la retraite, il lui
reste permis de donner sa démission.

Mais cette faculté de se démettre, il ne sau-
rait en user équitablement si c’est pour faire
une queue au suffrage universel avec le suffrage
restreint.

Il est absolument incongru de prendre la vo-
lonté nationale comme un pis-aller et de la flatter
d’abord pour lui adresser ensuite un pied-de-nez
irrévérencieux.

Donc ce que je voudrais, c’est qu’une disposi-
tion légale intervînt pour défendre formellement
ces chassés-croisés trop sans gêne.

Un paragraphe de la loi électorale devrait dire
de la façon la plus explicite que tout député qui
donnera sa démission pendant la législature pour
la durée de laquelle il avait été élu sera disqua-
lifié comme éligible sénatorial.

Ce serait là, si nous ne nous abusons, une me-
sure de probité publique. On ne doit pas avoir
l’air de jongler avec les mandais. Personne ne
vous force de vous faufiler au Palais-Bourbon ;
mais quand vous y êtes, restez-y jusqu’à la fin
de votre bail, toujours sauf les cas ci-dessus énu-
mérés. Prenez au sérieux la fonction pour
laquelle vous avez exécuté tant de courbettes.

Je m’étonne que ces vérités-là soient encore à
dire et que, depuis longtemps, on n’ait pas com-
pris la nécessité de modifier un état de choses
grâce auquel les membres de nos deux Chambres
ont l’air de se livrer à une partie de quatre-coins
permanente.

Il n’est jamais trop tard pour bien faire, et le
prestige des deux Assemblées y gagnera.

La façon dont certains députés optent pour le
Sénat m extremis donne au Luxembourg je ne
sais quel air d’Hôtel des Invalides qui ne saurait
flatter l’amour-propre des chers collègues qu’on
paraît accepter faute de mieux.

Il n’est pas moins blessant pour la Chambre
des députés de s’entendre dire à chaque instant
zut par des infidèles.

Mettez donc bon ordre à tout cela. Le remède
est des plus simples. Je viens d’en indiquer la
formule.

Pierre Véron.

LE QUATRAIN D’HIER

Pauvt'e de Maupassant, quel drame !

Et que fais-tu, destin bourreau?

Tantôt l'homme est fourreau sans lame,
Tantôt lame usant le fourreau.

SIFFLET.

LE CARNET D’EN ACTIMISTË

ET LES MENDIANTS?...

Quand on a derrière soi un certain nombre
d’années de journalisme, on a vu passer et re-
passer, avec une périodicité agaçante et une
inutilité pleine de découragement, tout un ba-
taillon de chimères que les tambours des rengai-
nâtes saluent imperturbablement de leurs ra fia
fia tapageurs.

Voilà qu’un de ces thènes vainement variés va
recommencer à envahir les colonnes des jour-
naux, sans aucune chance d’aboutir à un résultat
pratique.

Un matin, notre Conseil municipalqui ne doute
de rien, probablement parce qu’il ne sait pas
grand’chose, s’est avisé de décréter qu’il fallait
absolument et illico abolir la mendicité à Paris.

A

Illico!... Il y a trois ans de cela, et jamais les
rues, jamais les places ne furent encombrées par
une plus grouillante et plus audacieuse popula-
tion de tire-sous. Pendant ce temps-lâ, à l’Hôtel
de Ville on a pioché un gigantesque rapport sur
l’extinction du paupérisme, comme si ce rapport,
après tant de méditations, allait verser des tor-
rents de lumière sur le plus ténébreux des pro-
blèmes.

Hélas! je suis de ceux qui crurent toujours
que tous les efforts n’y feraient rien et que Paris,
quoi qu’il dît, quoi qu’il fît, continuerait à avoir
ses mendiants comme il a ses égouts et ses pier-
rots, ses boues et ses miasmes.

L’événemeut in a donné raison.

Aucun Jour de l’An ne vit grouiller plus de
loqueteux et de quémandeurs.

Une cohue 1 Une armée!...

Parbleu !

Chaque fois que les législateurs édictèrent
de fortes pénalités contre la mendicité, quand ils
ornèrent l’angle des maisons, dans toutes les com-
munes, de plaques bleues déclarant qu’il était
désormais interdit de tendre la main, les législa-
teurs prirent un air triomphant et s’imaginèreat
qu’ils avaient terrassé l’hydre aux cent mille tê-
tes. Us n’avaient rien terrassé du tout.

Plus tard, on essaya de multiplier les établis-
sements hospitaliers. Nouvelle constatation d’im -
puissance. Et toute croisade analogue sera cou-
ronnée par le plus monumental des fiascos.

De cela je dois vous dire la raison.

Cela vient de ce que les mendiants de Paris ne
sont pas des pauvres. Ce sont des paresseux,—le
peuple dit des feignants, — qui se sont établis
rentiers de la crédulité. Il a raison, le peuple. Des
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