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Le charivari — 61.1892

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https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0026
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LE CHARIVARI

feignants daos les deux sens du mot: parce qu’ils
ont horreur du travail et parce qu’ils jouent la
comédie de la misère.

Donc vous extravaguez, lorsque vous vous
écriez pathétiquement :

— Il faut que la philanthropie vienne à bout de
la mendicité.

Elle n’a rien à voir là-dedans,la philanthropie.
En moyenne, un mendiant qui sait son métier ga-
gne à Paris huit à dix francs par jour. Aurait-on
l’intention de leur faire, sur le budget de la Ville,
trois cents francs de pension par mois? Non,
n’est-ce pas? Eh bien, n’en parlons plus.

En ma qualité de Parisien parisieunant. je con-
nais des centaines de mendiants qui fonctionnent
tous les jours à la même place avec une régularité
que sont loin d’avoir, hélas! les employés du gou-
vernement. Ils viennent s’installer le matin sur le
trottoir qu’ils exploitent comme un bureaucrate
se rend à son bureau. Et en voilà pour la jour-
née.

Les sergents de ville tournent la tête pour ne
pas les voir, ou échangent avec eux des poignées
de main et des prises de tabac. Sur les ponts,
c’est bien autre chose ! Figurez-vous que chaque
agent a son parcours fixé. Ceux de la rive droite
suivent le quai du côté droit, ceux de la rive
gauche suivent le quai du côté gauche; mais ils
ne pénètrent ni les uns ni les autres sur les ponts
qui les séparent. Délicieuse organisation!

De là vient cette exposition permanente d’in-
firmes, de grelotteux, de lamentables qui, pour
mieux attendrir la compassion, simulent des
secousses épileptiques, s’agenouillent pendant
des heures, exhalent des gémissements notés
comme une rapsodie wagnérienne. •

Et vous vous figurez que vous viendrez à bout
de tout ce monde-là ! Laissez-moi rire.

QUIVALA.

THEATRES

VAUDEVILLE. — Les Joburds. Karita.

Le Paysan.

C’était une expérience faite pour éveiller la
curiosité artistique que colle que le Vaudeville a
tentée l’autre soir.

Il s’agissait de savoir, à l’aide d’une contre-
épreuve, si le public des matinées et le public des
soirées sont capables d’être impressionnés à l’u-
nisson.

Pour nous, la réponse n’était pas douteuse.
Evidemment le public diurne vient au théâtre
avec un parti-pris d’indulgence spécial et fort
équitable, car il n’a pas le droit de demander à
une œuvre qui doit être seulement représentée
une fois ou deux les mêmes qualités durables qu’à
une pièce d’un avenir illimité.

C’est pourquoi il était permis de s’attendre à
une légère descente du thermomètre qui, pour
les Jobards, avait en matinée marqué cent degrés
d’enthousiasme.

Ce thermomètre est descendu à succès tem-
péré.

Ce qui ne veut pas dire que la comédie de MM.
Guinon et Denier n’atteste pas chez ses auteurs
les qualités qui font l’homme de théâtre. Il leur a
fallu, au contraire, une habileté réelle pour ra-
jeunir des personnages et des situations que l’O-
déon, la Comédie-Française etl’ancienVaudeville
lui-même nous avaient offerts dans VHonneur et
l'Argent, dans le Duc Job, dans les Faux Bons-
hommes, etc.

Leur premier mérite est de nous avoir épargné
les fortes tirades qui étaient de rigueur jadis, à
l’heure où les champignons tenaient plus déplacé
dans le civet que le lièvre lui-même.

On veut aujourd’hui que l’enseignement sorte
des situations, sans imprécations ni pétarades àla
Desgenais.

En cela, MM. Guinon et Denier ont été bien

inspirés, notamment au troisième acte des Jo-
bards, où l’action, jusque-là un peu esclave des
formules connues, prend une allure moderniste
et devient du théâtre vécu, comme on dit à pré-
sent.

Il y a, dans leur conclusion, deux ou trois
scènes d’une réelle puissance de simplicité
émue. Le mariage du jeune homme pauvre et de
la jeune fille pauvre, qui couronne les intrigues
des aigrefins, est amené avec une délicatesse
merveilleuse. Pas un mot à retrancher de ce dia-
logue où deux misères associées finiront peut-
être par faire du bonheur, comme deux néga-
tions valent une affirmation.

Ajoutons que les deux interprètes, M. Camis
et Mlle Thomsen, ont joué d’une façon supérieure.
Mlle Thomsen surtout a donné à son personnage
de Cendrillon contemporaine un aspect de souf-
france repliée et résignée qui est de l’art très
fin.

Après eux, il convient de mettre à l’ordre du
jour M. Lagrange. Parfois agaçant d’exubé-
rance et inutilement caricatural, M. Lagrange
est resté ici dans la très juste mesure. C’est bien
le bourgeois enrichi par des moyens plus ou
moins orthodoxes, mais pratiquant la roublar-
dise, voire même au besoin la malhonnêteté,
sans paraître le savoir.

Mme Samary fait ce qu’elle peut d’une maman
trop uniformément pleurarde.

Les Jobards sont accompagnés, sur l’affiche,
d’une paysannerie patriotique : le Paysan, et
d’un pastiche marivaudant : Karita.

M. Lacressonnière a seul intéressé à cette his-
toire lugubre de viol qui touche inutilement, ce
me semble, aux souvenirs de l’Année terrible et
de l’invasion inexorable.

Quant à Karita, c’est une saynète de paravent
comme il s’en joue et s’en jouera éternellement
dans les salons. M. Paul Sonniès a appelé la poésie
à la rescousse, pour donner sans doute une allure
plus littéraire à ce pastiche de tous les temps.

Il m’a paru que ses vers ne constituaient ni
une circonstance atténuante, ni une circonstance
aggravante. Ils restent neutres.

Heureusement pour le poète, la gentillesse et
la bonne grâce de Mlle Déa Dieudonné sont ve-
nues sauver sa mise de rimes.

L’ensemble de la soirée atteste une fois de plus,
chez M. Albert Carré, l’intelligent souci d’un di-
recteur qui, sans parti-pris, bat tous les buissons
et pousse dans tous les sens des reconnaissances
bien intentionnées.

Pierre Véron.

TRIPLE-SEC COINTItEAU iansers

Moutarde JULIEN MACK DIJON.

Les PÂTÉS ni; FRIES GRAS les plus fins,
les plus exquis sont livrés par la maison

WEISSUATHAAAER «le Nancy.

CHROIIQUE DU JOUR

Nous ne savons pas apprécier notre bonheur.

Aux prochaines élections législatives,nous aurons
trois députés de plus en raison de l’accroissement
de la population constatée par le dernier recense-
ment.

De sorte que, plus on fait d’enfants en France,
comme disait Lagingeole, plus on fait de députés.

Cela portera à 579 le nombre des honorables qui
trônent au Palais-Bourbon.

Cinq cent soixante-dix-neuf!

Et quand on songe qu’ils ont tous, individuelle-
ment, le droit de bavarder pendant trois ou quatre
heures sur chaque question soumise à la Chambre !

Ce qui fait à peu près quatorze cents heures de
discours pour savoir si on doit imposer, par exem-
ple, le concombre, ou le dégrever!

Ayez toujours du papier dans vos poches...

On ne connaissait encore qu’une seule manière
d’utiliser les grands journaux somnifères.

Un inventeur vient de leur découvrir plusieurs
autres utilités.

D’abord, «ils préservent des mites les étoffes qu’ils
servent à envelopper ».

Plus malins que la teigne!

Ensuite, ils n’ont pas leur pareil pour conserver
la glace !

« Enveloppez dans un journal une cruche d’eau
glacée, et la glace ne fondra que d’une façon insen-
sible. »

Ainsi, les articles les plus incandescents, les ap-
pels les plus chaleureux, n’arrivent même pas à dé-
geler l’eau! Comment veut-on qu’ils ne laissent pas
les lecteurs absolument froids?

On essaie, paraît-il, de faire passer Anastay pour
fou, et on donne comme preuve irréfutable de sa
folie :

1° « Qu'il voulait s’amasser des rentes en lançant
des femmes ».

N. B. — Il ne s'agissait point de les lancer dans
l’éternité, mais bien sur l’asphalte parisien.

2° « Qu’il avait eu l’intention d’établir à Paris une
boutique de perruquier, où des femmes accortes au-
raient rasé de vieux messieurs ».

A ce compte-là, tous les Alphonses de la capitale
devraient être enfermés à Charenton.

L’armée du Salut continue à faire parler d’elle.

Périodiquement, elle encombre le boulevard de
ses étonnants jerseys et de ses abracadabrants cha-
peaux.

Ces grotesques suivent processionnellement la
chaussée ; de telle sorte que les voitures ont peine
à circuler, et que les infortunés piétons en sont
réduits à ne plus pouvoir traverser le boulevard,
sous peine d’être écrabouillés.

Une façon, sans doute, pour les processionnistes
de forcer les passants à chercher un refuge dans
leurs rangs, et de prouver que, hors de leur armée,
il n’y a pas de salut.

Une bien aimable falsification. C’est surtout dans
cette partie-là, qu’on peut dire qu’il y a toujours du
nouveau sous le soleil !

On est arrivé à fabriquer des fausses cailles !

C’est très simple : on pétrit de la mie de pain et
des pommes de terre bouillies, puis on recouvre le
tout avec le plumage d’une vraie caille.

Quand on a arraché les plumes à ce simili-oiseau,
la supercherie apparaît, et l’acheteur s’aperçoit alors
que c’est surtout lui qui a été plumé.

Un ami rencontre Calino.

— Tiens! dit l’idiot, vous êtes en demi-deuil!
Vous avez donc un parent à demi-mort ?

Un agent de police arrive au moment où un mari
vient d’assassiner sa femme.

La victime ne bouge plus.

— Mais vous l’avez tuée, misérable! s’écrie l’a-
gent.

— Jamais! Elle dort... C’est un simple cas d’anas-
taysie.

Boireau a eu la fève, et tous les convives ont tant
porté de toasts àsa royauté, qu’il finit par être forte-
ment « éméché ».

La maîtresse de la maison, redoutant quelque
frasque de sa part, lui raconte une longue histoire
pour lui faire oublier de vider son verre.

— Pardon, comtesse, interrompt galamment Boi-
reau en se versant une rasade, vous causez... j’en
suis altéré pour vous !

Jules Demolliens.

BOURSE-EXPRESS

Nous ne pourrons jamais être tranquilles huit
jours de suite. Il y a de si grosses positions en _ va-
leurs étrangères sur les places du dehors que, fata-
lement, les spéculateurs de ces places profitent de
la fermeté de notre marché pour,de temps en temps,
se livrer à de grosses réalisations, sous le poids
desquelles, nécessairement, l’ensemble des cours
fléchit.

Mais, une fois de plus, nos rentes et les grandes
valeurs de crédit ont fait preuve d’une force de ré-
sistance tout à fait remarquable. C’est tout au plus
si elles perdent une légère partie de l’avance prise
depuis le commencement de l’année.

C’est égal. Les acheteurs l’échappent belle, et doi-
vent s’estimer heureux que la baisse se soit pro-
duite après la liquidation, et non pendant.

Castorine.
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