ACTUALITÉS
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— Dites donc, milord, on accuse les Français d’être des polissons .. Il me semble
que chez vous on va pas mal !
_ Ohlyes, le Hangleterre il été tojor le premier nacionne en tout!
Iïlent, en cette circonstance, on se l'ait ouvrir.
Il enfla sa voix et cria :
—- Au nom de la loi, ouvrez!
Il y eut, de l’autre côté, un grand remue-ménage.
Enfin on ouvrit la porte, et Anatole faillit tomber
à la renverse, en apercevant devant lui... Isidore
Elamplumeau lui-même, dans le simple appareil !
—'Le commissaire! hurla le malheureux, éperdu.
— Qu’est—ce que vous dites donc? demanda le
Plaignant; c’est vous le commissaire!
— Précisément.. Je... je... criais : Le commis-
saire!... pour m’annoncer. . Ah! pensa-t-il, comme
®1 tout le monde ne pouvait pas rester célibataire..
Aai moins, il n’y aurait pas de flagrants délits à cons-
tater 1
Isidore et Anatole restaient en face l'un de l'autre,
Pair ahuri.
— Fâcheux contretemps ! pensait le vrai commis-
saire.
— Allons, monsieur, dit le plaignant, dressez
votre procès-verbal. Voilà ma femme dans le fond...
Tous constaterez la légèreté de costume des deux
inculpés.
Un frisson passa dans le dos d’Anatole. Ce mot
inculpé, appliqué à un commissaire de police, lui
sembla le comble de l'inconvenance.
— Messieurs, dit Isidore très dignement, je suis à
vos ordres... Le temps de passer un pantalon.
— Restez! ordonna vivement Anatole qui venait
d’avoir une inspiration... Dans ces cas-ià, avant de
dresser procès-verbal, j’interroge toujours séparé
ment les deux criminels...
— Inculpés, rectifia Isidore Blamplumeau.
— Criminels n’est même pas assez fort! dit le
plaignant avec sévérité.
— Je vais d'abord interroger monsieur, articula le
faux commissaire en désignant Blamplumeau... Re-
tirez-vous avec votre épouse dans la pièce à côté I...
Du reste, madame en profitera pour s’habiller... Elle
risque de prendre froid.
Les époux passèrent dans le cabinet de toilette.
Isidore resta seul avec son ami Anatole.
— Eh bien, s’écria celui-ci au comble de l’exaspé-
ration, tu me fourres là dans un joli pétrin !
— Qu’est-ce que tu veux !... Est-ce que je pouvais
prévoir que cet imbécile...
— Si au moins tu m’avais prévenu...
— Le mari ne me connaît pas, heureusement...
— Pour toi!... Mais pour moi!.. Qu'est-ce que je
vais devenir dans tout ça... Un procès-verbal à si-
gner !... de ton nom !! !
— Je te le permets, il n'y a pas de mal !
— J't’en fiche !... Si on venait à savoir....
— Voyons, calmo-toi... Puisque tu me remplaces,
il faut bien que tu signes mon nom.
— Mais, j’y songe... Si je signe Isidore Blamplu-
meau, comment t’appellerai-je, toi, dans mon procès-
verbal ?
— C’est bien simple, dit Isidore en souriant;
puisque tu prends mon nom, donne-moi le tien. .
— Et je passerai en police correctionnelle à ta
place !... C’est pour ça que tu veux que je me mette
dans ta peau 1 . Si on m’y repince, à jouer au com-
missaire !..
— Préfères-tu avouer la supercherie ?
— Merci!... Usurpation de fonctions publiques...
J’aime mieux l’adultère !
— Du reste, mon brave Anatole, ne te tourmente
pas... on fera en sorte d’égarer le procès-verbal.
— Hum !... Enfin, redige-le au moins... Moi, je ne
sais comment m’y prendre.
Il passa le buvard au vrai commissaire qui cons-
tata, suivant les formes requises, le flagrant délit
contre le malheureux Anatole.
— Maintenant, fais entrer le couple.
— Entrez, vous, là-bas! cria Anatole.
Les époux arrivèrent aussitôt.
— Vous allez interroger ma femme? demanda le
plaignant.
— C’est inutile... Le complice a tout avoué... Vous
pouvez vous retirer...
— Avec ma femme.. Je veux bien lui pardonner,
mais il faut que l’autre soit puni !
— Tiens, dit Anatole à Isidore lorsqu’ils furent
seuls, voici ton écharpe.
Et il soupira :
— Je ne rends plus service à personne... J’en suis
dégoûté !
Jules Demolliens.
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— Dites donc, milord, on accuse les Français d’être des polissons .. Il me semble
que chez vous on va pas mal !
_ Ohlyes, le Hangleterre il été tojor le premier nacionne en tout!
Iïlent, en cette circonstance, on se l'ait ouvrir.
Il enfla sa voix et cria :
—- Au nom de la loi, ouvrez!
Il y eut, de l’autre côté, un grand remue-ménage.
Enfin on ouvrit la porte, et Anatole faillit tomber
à la renverse, en apercevant devant lui... Isidore
Elamplumeau lui-même, dans le simple appareil !
—'Le commissaire! hurla le malheureux, éperdu.
— Qu’est—ce que vous dites donc? demanda le
Plaignant; c’est vous le commissaire!
— Précisément.. Je... je... criais : Le commis-
saire!... pour m’annoncer. . Ah! pensa-t-il, comme
®1 tout le monde ne pouvait pas rester célibataire..
Aai moins, il n’y aurait pas de flagrants délits à cons-
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Isidore et Anatole restaient en face l'un de l'autre,
Pair ahuri.
— Fâcheux contretemps ! pensait le vrai commis-
saire.
— Allons, monsieur, dit le plaignant, dressez
votre procès-verbal. Voilà ma femme dans le fond...
Tous constaterez la légèreté de costume des deux
inculpés.
Un frisson passa dans le dos d’Anatole. Ce mot
inculpé, appliqué à un commissaire de police, lui
sembla le comble de l'inconvenance.
— Messieurs, dit Isidore très dignement, je suis à
vos ordres... Le temps de passer un pantalon.
— Restez! ordonna vivement Anatole qui venait
d’avoir une inspiration... Dans ces cas-ià, avant de
dresser procès-verbal, j’interroge toujours séparé
ment les deux criminels...
— Inculpés, rectifia Isidore Blamplumeau.
— Criminels n’est même pas assez fort! dit le
plaignant avec sévérité.
— Je vais d'abord interroger monsieur, articula le
faux commissaire en désignant Blamplumeau... Re-
tirez-vous avec votre épouse dans la pièce à côté I...
Du reste, madame en profitera pour s’habiller... Elle
risque de prendre froid.
Les époux passèrent dans le cabinet de toilette.
Isidore resta seul avec son ami Anatole.
— Eh bien, s’écria celui-ci au comble de l’exaspé-
ration, tu me fourres là dans un joli pétrin !
— Qu’est-ce que tu veux !... Est-ce que je pouvais
prévoir que cet imbécile...
— Si au moins tu m’avais prévenu...
— Le mari ne me connaît pas, heureusement...
— Pour toi!... Mais pour moi!.. Qu'est-ce que je
vais devenir dans tout ça... Un procès-verbal à si-
gner !... de ton nom !! !
— Je te le permets, il n'y a pas de mal !
— J't’en fiche !... Si on venait à savoir....
— Voyons, calmo-toi... Puisque tu me remplaces,
il faut bien que tu signes mon nom.
— Mais, j’y songe... Si je signe Isidore Blamplu-
meau, comment t’appellerai-je, toi, dans mon procès-
verbal ?
— C’est bien simple, dit Isidore en souriant;
puisque tu prends mon nom, donne-moi le tien. .
— Et je passerai en police correctionnelle à ta
place !... C’est pour ça que tu veux que je me mette
dans ta peau 1 . Si on m’y repince, à jouer au com-
missaire !..
— Préfères-tu avouer la supercherie ?
— Merci!... Usurpation de fonctions publiques...
J’aime mieux l’adultère !
— Du reste, mon brave Anatole, ne te tourmente
pas... on fera en sorte d’égarer le procès-verbal.
— Hum !... Enfin, redige-le au moins... Moi, je ne
sais comment m’y prendre.
Il passa le buvard au vrai commissaire qui cons-
tata, suivant les formes requises, le flagrant délit
contre le malheureux Anatole.
— Maintenant, fais entrer le couple.
— Entrez, vous, là-bas! cria Anatole.
Les époux arrivèrent aussitôt.
— Vous allez interroger ma femme? demanda le
plaignant.
— C’est inutile... Le complice a tout avoué... Vous
pouvez vous retirer...
— Avec ma femme.. Je veux bien lui pardonner,
mais il faut que l’autre soit puni !
— Tiens, dit Anatole à Isidore lorsqu’ils furent
seuls, voici ton écharpe.
Et il soupira :
— Je ne rends plus service à personne... J’en suis
dégoûté !
Jules Demolliens.