ACTUALITÉS
5
MODES DU JOUR
LE CHAPEAU-PONCTUATION
FLAMMÈCHES
On commence à reparler du projet qui traiterait
tous les canaux de Venise comme on a traité ici une
Partie du canal Saint-Martin : en les couvrant.
Déjà on avait essayé sur Amsterdam une rénova-
tion analogue. Mais Venise la légendaire paraissait
devoir échapper à la civilisation banalisante.
Point 1 Ils vont la tuer, sous prétexte de l’assainir.
Venise aura des omnibus, Venise sera mise à sec!
Venise ressemblera, après ces efforts intelligents,
aux Batignollos ou au Petit-Montrouge.
Poètes, voilez-vous la face. Musiciens, brisez vos
luths.
Entre nous, ce sera peut-être la seule compensa-
tion au deuil général. Ils nous ont tant et tant rasés,
les poètes et les musiciens, avec leurs vénitienne-
ries!
Il serait assez doux tout de même de ne plus avoir
affaire aux mirlitonnades des uns et aux barcarollos
des autres.
C’est peut-être le cas d’appliquer, en somme, le
proverbe italien, qui dit :
— Tout malheur n’arrive pas pour nuire.
Il faudra pourtant quelque temps pour se faire à
cette idée que, sous le Pont des Soupirs, conservé à
titre de souvenir exceptionnel, le chant des gondo-
liers va être remplacé par la corne du tramway!
Toujours le chapitre des inventeurs.
Parmi les derniers brevets cocasses, on en si-
gnale un pour supprimer les rides de la peau à l’aide
d’une armature invisible. Un autre pour employer
le mouvement des poissons à la traction des ba-
teaux. Un contrefacteur, ce dernier. On avait déjà
pris un brevet semblable, il y a une vingtaine d’an-
nées, pour l’emploi des aigles à la direction des
ballons, grâce à un morceau de viande fraîche tendu
devant eux et à la poursuite duquel ils devaient vo-
ler perpétuellement.
La crémation n’est pas moins suggestive, si l’on
en juge par le nombre des propositions qu’elle fait
éclore.
J’ai parlé déjà ailleurs d'un musicien qui propo-
sait de créer des pianistes ou des orchestres funé-
raires, pour occuper la famille pendant la combus-
tion du parent. Un autre sollicite en ce moment
l’autorisation d’instituer quelque chose comme des
matinées crématoires dont il prendrait la direction.
Il remplacerait la musique par la déclamation de
vers appropriés à la circonstance, de stances,
d’odes, d’élégies qui pénétreraient les invités de re-
cueillement, en attendant qu’on pût leur apporter
l’urne contenant les cendres finales.
Je demande formellement qu’on protège les cada-
vres contre ces mystifications.
Belle réponse du chef de la police d’un petit pays
voisin, que je ne nommerai pas, à notre Préfec-
ture :
— Je serais très heureux de vous aider à retrou-
ver votre assassi n. Seulement, je dois vous préve-
nir qu’ici nous ne réussissons même pas à découvrir
les nôtres.
***
Pour finir, un écho de correctionnelle. Il est
d’hier.
Les gardes avaient amené un aimable cheval de
retour.
Le président consulte son dossier. Après quoi :
—■ Accusé, combien cela fait-il de fois que vous
comparaissez devant le tribunal?
Lui alors, avec son plus gracieux sourire :
— Oh! monsieur le président, on ne compte pas
avec les amis...
PSITT.
5
MODES DU JOUR
LE CHAPEAU-PONCTUATION
FLAMMÈCHES
On commence à reparler du projet qui traiterait
tous les canaux de Venise comme on a traité ici une
Partie du canal Saint-Martin : en les couvrant.
Déjà on avait essayé sur Amsterdam une rénova-
tion analogue. Mais Venise la légendaire paraissait
devoir échapper à la civilisation banalisante.
Point 1 Ils vont la tuer, sous prétexte de l’assainir.
Venise aura des omnibus, Venise sera mise à sec!
Venise ressemblera, après ces efforts intelligents,
aux Batignollos ou au Petit-Montrouge.
Poètes, voilez-vous la face. Musiciens, brisez vos
luths.
Entre nous, ce sera peut-être la seule compensa-
tion au deuil général. Ils nous ont tant et tant rasés,
les poètes et les musiciens, avec leurs vénitienne-
ries!
Il serait assez doux tout de même de ne plus avoir
affaire aux mirlitonnades des uns et aux barcarollos
des autres.
C’est peut-être le cas d’appliquer, en somme, le
proverbe italien, qui dit :
— Tout malheur n’arrive pas pour nuire.
Il faudra pourtant quelque temps pour se faire à
cette idée que, sous le Pont des Soupirs, conservé à
titre de souvenir exceptionnel, le chant des gondo-
liers va être remplacé par la corne du tramway!
Toujours le chapitre des inventeurs.
Parmi les derniers brevets cocasses, on en si-
gnale un pour supprimer les rides de la peau à l’aide
d’une armature invisible. Un autre pour employer
le mouvement des poissons à la traction des ba-
teaux. Un contrefacteur, ce dernier. On avait déjà
pris un brevet semblable, il y a une vingtaine d’an-
nées, pour l’emploi des aigles à la direction des
ballons, grâce à un morceau de viande fraîche tendu
devant eux et à la poursuite duquel ils devaient vo-
ler perpétuellement.
La crémation n’est pas moins suggestive, si l’on
en juge par le nombre des propositions qu’elle fait
éclore.
J’ai parlé déjà ailleurs d'un musicien qui propo-
sait de créer des pianistes ou des orchestres funé-
raires, pour occuper la famille pendant la combus-
tion du parent. Un autre sollicite en ce moment
l’autorisation d’instituer quelque chose comme des
matinées crématoires dont il prendrait la direction.
Il remplacerait la musique par la déclamation de
vers appropriés à la circonstance, de stances,
d’odes, d’élégies qui pénétreraient les invités de re-
cueillement, en attendant qu’on pût leur apporter
l’urne contenant les cendres finales.
Je demande formellement qu’on protège les cada-
vres contre ces mystifications.
Belle réponse du chef de la police d’un petit pays
voisin, que je ne nommerai pas, à notre Préfec-
ture :
— Je serais très heureux de vous aider à retrou-
ver votre assassi n. Seulement, je dois vous préve-
nir qu’ici nous ne réussissons même pas à découvrir
les nôtres.
***
Pour finir, un écho de correctionnelle. Il est
d’hier.
Les gardes avaient amené un aimable cheval de
retour.
Le président consulte son dossier. Après quoi :
—■ Accusé, combien cela fait-il de fois que vous
comparaissez devant le tribunal?
Lui alors, avec son plus gracieux sourire :
— Oh! monsieur le président, on ne compte pas
avec les amis...
PSITT.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Actualités
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le Charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: Modes du jour. Le chapeau-ponctuation
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1892
Entstehungsdatum (normiert)
1887 - 1897
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 61.1892, Janvier, S. 31
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg