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Le charivari — 61.1892

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Janvier
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https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0049
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SOIXANTE-UNIËME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centimes

MERCREDI 13 JANVIER 1892

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois... ^ U'-

Six mois.. 3a ~~

Un an.. 1%—

(les mandats TÉLÉGRAPHIQUES ne sont pas reçus)

abonnements parient des V” et 10 de chaque mois

DIRECTION

Polilique, Li Uûrai l'e et Artistique

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BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire 20

ABONNEMENTS

DÉPARTEMENTS

Trois mois... 20 fr.

Six mois..... 40 —

Un an... 80 —

(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)

l'abonnement d’un an donne droit à la prime gratuite

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIBRIIB VÉRON

Rédacteur eu Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWiG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu


Les souscripteurs dont l’abonnement ex-
pire le 15 Janvier sont priés de le re-
nouveler immédiatement s’ils ne veulent
pas éprouver d’interruption dans l’envoi du
journal. Nous rappelons à nos abonnés que
les mandats télégraphiques ne sont pas reçus.

BULLETIN POLITIQUE

Il est bien permis, n’est-ce pas, à la presse de
s’occuper, une fois par hasard, d’une question
qui l’intéresse professionnellement.

C’ôst le cas, en ce moment.

La condamnation de plusieurs directeurs de
journaux, frappés en même temps que leurs
gérants, malgré l’axiome Non bis in idem, in-
quiète justement la corporation, et l’opinion pu-
blique paraît en prendre également souci.

C’est qu’en effet on a soudainement découvert
que nous vivons sous un régime légal beaucoup
plus arbitraire et beaucoup plus draconien que
du temps des monarchies.

Jadis la responsabilité du gérant couvrait tout
un journal. Plus tard, on exigea la signature des
articles, et l’auteur put être incriminé.

Mais aujourd’hui!... Ahl parbleu, c’est bien
une autre turlutaine.

Pour un article, tout le monde peut être pour-
suivi... Vous, moi, le passant, le concierge...
Tout le monde, vous dis-je.

Et je n’ai pas de peine, hélas! à le démontrer.

Que dit, en effet, la loi de 1881, confectionnée
par une Chambre qui se piquait de républica-
nisme? C’est insensé.

Elle dit, à propos des délits de presse :

« Pourront être poursuivis comme complices
et dans tous les cas les personnes auxquelles l’ar-
ticle 60 du Gode pénal pourrait s’appliquer. »

Or, savez-vous comment il s’exprime, cet élas-
tique, cet universel article 60, qui peut servir de
prétexte aux plus monstrueux abus de pouvoir?

Voici :

Art. 60. — Seront punis comme complices
d’une action qualifiée crime ou délit :

Ceux qui, par dons, promesses, menaces, abus
d’autorité ou de pouvoir, machinations ou arti-
fices coupables, auront provoqué à cette action
ou donné des instructions pour la commettre;

Ceux qui auront procuré des armes, des ins-
truments, ou tout autre moyen qui aura servi à
l’action, sachant qu’ils devaient y servir;

Ceux qui auront, avec connaissance, aidé ou
Assisté l’auteur ou les auteurs de l’action dans

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les faits qüla’auroa.foJjîréparée ou facili u

dans ceux quNïauront consommée.

Comme cette énumération extraordinaire vous
le prouve, rien de plus facile que de pincer n’im-
porte qui avec ce texte fécond en traquenards.

Je n’exagérais rien en vous disant qu’on pou-
vait empoigner le passant. Car, si ce passant lit
un article coupable, il est complice et par cette
lecture et par l’achat préalable de la feuille incri-
minée.

Sans acheteurs,plus de journaux; partant, plus
de délits.

Le concierge qui vous monte votre gazette ha-
bituelle est un complice aussi. Il a servi à r ac-
tion. Il a aidé.

C’est sans limites, quoi !

Une pareille constatation étant l’évidence même,
ce qui reste à faire va de soi.

Il n’y a pas à perdre son temps en récrimina-
tions contre les juges. Ils sont armés; ils se ser-
vent du texte qu’on leur a mis dans les mains.

La presse ne doit pas solliciter leur commisé-
ration. Elle doit sommer ceux qui ont forgé cette
arme à trente-six tranchants de la remplacer au
plus tôt par une législation légale et démocra-
tique.

C’est de ce côté qu’il importe, à notre avis, de
concentrer tout l’effort.

Insister auprès des ministres, qui se disent
libéraux, pour qu’ils déposent d'urgence un projet
modificateur.

Et, s’ils font la sourde oreille, s’adresser à tous
les journalistes qui appartiennent à la Chambre
et au Sénat.

C’est pour eux un devoir de réformer une loi
pleine d’embûches, tyrannique et incohérente.

Us auraient même déjà pu prendre l’initiative
à ce sujet.

Mais mieux vaut tard que jamais!

Une manifestation collective de la presse ne
permettra a personne de faire la sourde oreille,
et il n est pas possible que les deux Chambres
repoussent une révision qui, celle-là, sera sans
péril, tout en n’étant pas sans honneur.

Pierre Véron,

LE QUATRAIN D’HIER

Par cent mille tuyaux, l'atmosphère embaumée
Devient, dit-on, toxique à Paris. Sacrebleu!

C’est trop fort, pauvres gens, ne pas avoir de feu,
Et risquer de mourir tués par la fumée!

SIFFLET.

LES MÉMOIRES DE PARIS

II

Antithèse perpétuelle. L’actualité se pourrait
presque résumer en ces mots : On meurt, mes-
sieurs;—on va danser, mesdames.

Sans parler de la douce influença, que tous les
fabricants de réclames exagèrent pour placer
leurs produits, nous avons perdu l’ingénieur et
ingénieux de Choubersky.

L’histoire de cet inventeur est venue prouver
une fois de plus que, si l’on se ruine en général
en voulant faire du bien à ses semblables, on s’en-
richit volontiers en leur étant nuisible.

Si la statistique voulait faire parler ses chiffres
authentiques, on serait épouvanté du total des
asphyxies dues à l’engin de chauffage qui refroi-
dit finalement tant de gens.

La chose ayant été officiellement constatée par
l’Académie de médecine, il n’y a point à la taire

M. de Choubersky, cependant, en devint quasi-
ment célèbre.

Le voilà parti pour un monde où tous les calo-
rifères demeurent impuissants.

Paix à ses cendres!

£

Et sur ce, on se prépare à carnavaliser.

L’Opéra restera fidèle à l’antique tradition,
bien que les joyeux titis et les folâtres débar-
deurs ne soient plus qu’un mythe.

Ailleurs on organise des redoutes. Le change-
ment de mot suffira-t-il à ramener l’entrain dis-
paru?

J’en doute.

Nous ne sommes plus les bons lurons à qui
cinq heures d’entrechats ne faisaient pas peur,
et semblaient même faire plaisir.

Danser est devenu un métier, exercé moyen*
nant salaire par un certain nombre de citoyens
et de citoyennes, qui se désarticulent au sortir de
l’enfance.

Le public, ne voulant pas être confondu avec
ces fonctionnaires du cancan, s’abstient, et s’abs-
tiendra de plus en plus.


Les générations nouvelles, malgré les efforts
déployés pour leur refaire des muscles, man-
quent d’ailleurs de la vigueur nécessaire pour les
fougueux emportements.

A preuve la substitution du flirt, dont on a tant
parlé cette semaine, à l’amour de jadis.

L’amour, c’était parfois l’immoral en action,
mais c’était vivant. Le flirt n’est qu’un eunu-
quisme volontaire et prétentieux.
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