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Le charivari — 61.1892

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https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0051
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— Tu refuses? Ah! tu ne m’aimes pas !

— Voyons, chère amie, puisque je te dis que, pour toi, je me jetterais à l’eau2

— Allons donc! Tu ne veux pas même aller jusqu’à la rivière!

N’Y touchez pas

hn journal explique, à propos de la dernière grèv
"^■Arnent, mai ntenant, un ouvrier peut soutenir i
pr°cès coûteux :

,®i l’ouvrier est pauvre, le syndicat est riche, >
est ce dernier qui paie.

Aussi verra-t-on se multiplier devant les tribi
“'aux les revendications ouvrières; surtout, ajoui
a feuille en question, lorsqu’une foule dautie
c°rporations, comprenant le bénéfice de la situatioi
Voudront se syndiquer à leur tour.

■* Ainsi on parle de la création prochaine d n
s>ndicat de bonnes à tout faire. »

Le public, lui aussi, comprend bien l’agrément c
la nouvelle situation ; et, d’après ce que nous voyou
aêjà, il n’est pas difficile de se figurer ce qui atten
infortuné bourgeois.

Madame est à table avec son mari et ses enfant
Madame. — Justine, ce roux est déplorable.
Justine. — Si Madame n’a pas le goût de tout
Uionde, ce n’est pas ma faute.

Madame. — Il n’y a pas assez de vinaigre, et voti
sauce n’est pas liée.

Justine. — Vous avez peut-être la prétention d
ni apprendre à faire une sauce 1 C’est inouï 1... J'e
référerai à mon syndicat I

Madame. —Laissez-moi tranquille avec votre syn-
dicat!... Ce n’est pas lui qui est obligé de manger
vos fricassées !...

Justine, sentencieusement. — Madame, mainte-
nant les travailleurs sont libres .. Us doivent seule-
ment obéissance passive à leur syndicat, et ne rien
faire sans le consulter!... (Exultant) Ah! enfin nous
avons su nous affranchir!

Madame, conciliante. — Votre sauce n’en est pas
moins détestable.

Justine, furieuse.— Détestable!... Madame paiera
cher ce mot-là! Ce n’est pas en vain qu’elle aura
insulté une femme libre, et porté atteinte à sa répu-
tation! [Elle sort en faisant claquer la porte.)

Le repas s'achève sans que la bonne ait daigné
paraître. Madame est obligée de servir.

Enfin Justine revient.

Madame. — Où étiez-vous donc?... Servez le des-
sert.

Justine, d part. — Je t’en ménage un, de dessert!

Madame. — Apportez la bombe d’abord.

Justine, arrivant avec une assiette s'ur laquelle se
trouve une feuille de papier timbré. — La v’ià, la
bombe !

Madame. — Hein! qu’est-ce que c’est 1 [Elle lit :)

« Attendu que la dame Damoiseau a osé porter !
atteinte à l’honneur et à la considération de la demoi-
selle Justine, cuisinière, en lui disant formellement
qu’elle ne savait pas faire une sauce... Attendu que
toute personne doit réparation du préjudice causé...

Assigne ladite dame à payer à ladite demoiselle
vingt mille francs à titre de dommages-intérêts... »
Ah! l’insolente!... Sortez! Je vous chasse!... Je vous
donne vos huit jours !...

Justine. — Madame oublie qu’elle n'a pas le droit
do me renvoyer. Mon syndicat le lui défend!

Madame. — Oh!!! (A son mari.) C’est trop fort!...
Va prendre des renseignements, mon ami.

Monsieur. — Je cours chez un avocat... Au siège
du syndicat... Partoutl

Il sort et revient au bout d’un certain temps, l’air
piteux.

Madame. — Eh bien?

Monsieur. — Je suis allé au syndicat... Nous n’a-
vons positivement pas le droit de renvoyer Justine
avant que les tribunaux aient statué sur sa demande,
sous peine de monstrueux dommages-intérêts.

Madame. — Enfin, patientons !... Et ce procès, pour
quand?

Monsieur. — Ah! voilà. L’avocat m’a expliqué que,
vu l’encombrement des rôles produit par les masses
de revendications ouvrières qui affluent, l’affaire ne
serait pas plaidée avant une quinzaine d'années!

Madame. — Garder cette impertinente pendant
quinze ans!... Jamais!

Monsieur. — Et encore, il y a l’appel à prévoir!

Justine. — D’ici que ça soit fini, Madame aura le
temps de se calmer.

Jules Demolliens.
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