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Le charivari — 61.1892

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Janvier
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https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0053
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SOIXANTE-UNIEME ANNÉE Prix du Numéro : 25 ceutïmes JEUDI 14 JANVIER 1892

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PARIS

Trois mois. 18 fr.

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Un an. 72 —

(les MANDATS TÉLÉGRAPHIQUES NE SONT PAS BLÇt )

“es abonnements partent des i" et u> de chaque moi

direction

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Ué d ac t c ii r en Chef

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PE La rédaction et de l’administration

Rue de la Victoire 20

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Trois mois.. 20 fr.

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Un an. 80 —

(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
L’abonnement d’un an donne droit à la prime gratuite

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

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ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu

souscripteurs dont l’abonnement ex-
Pir© le 15 Janvier sont priés de le re-
nouveler immédiatement s’ils ne veulent
Pas éprouver d’interruption dans l’envoi du
journal. Nous rappelons à nos abonnés que
J©s mandats télégraphiques ne sont pas reçus. !

BULLETIN POLITIQUE

G est qu’il devient très amusant, M. Dugué de

la f auconnerie, et qu’avec un bon sens inexora-
blp- ü vous jette à la tête des prélats plusieurs
Poignées de vérités qui doivent les agacer forte-
ment.

f ?°ur tête de Turc, il a pris un évêque de X...
U,lui aurait adressé des remontrances et ix qui
1 (‘Pnud de la bonne encre.

^ vous dire le vrai, je crois que cet évêque de
‘ ••• a’est que la contre-partie du bonnet qu apos-
1 opluiit jadis un prédicateur, en lui criant .

~~ Eh bien, Voltaire, qu’as-tu à objecter?
lJeu importe, d’ailleurs, que l’interlocuteur soit
aux> si les déductions sont vraies.

Ahl ü eu p0rte des bottes vigoureuses a Mgi
Anonyme, M. Dugué de la Fauconnerie! Il com-
mence par lui démontrer qu’il est beaucoup mieux
'lue lui au courant des choses pontificales. Et il
pousse une suite de colles étonnantes.

« «avez-vous, Monseigneur, lui demande-t-il,
'lUe) l’autre jour, quand Mgr de Carcassonne a
^ au Saint-Père que les catholiques ne pou-
vmient pas aller à la République, le Saint-Père a
^ bon du à Mgr de Carcassonne : « Je veux cepen-
dant
Pas

qu’ils y aillent! » Peut-etre ne sa
cela, Monseigneur?... Eli bien. m0 > J
je l’affirme et je ne serai démenti pai i
s°nne, pas même par Mgr l’évêque de Carcas-
sonne ni par son Métropolitain.

» Savez vous quelque chose de plus impoi an
encore, Monseigneur, à savoir ffue biento , si ce
a’est déjà fait, vous allez tous être invites, par
Home, conformément aux desiderata du gou ^
vernement français, d’abord à cesser tout de sui <-
le mouvement épistolaire, ensuite à ne plus vous
livrer à aucun acte collectif, et, enfin, à suppri-
mer les catéchismes électoraux?

» Peut-être ne savez-vous pas cela, Monsei-
gneur? Eh bien ! moi, je le sais, je l’affirme et je
ne serai démenti par personne, pas même par
S. Em le cardinal Desprez. »

Voyez-vous d’ici la tête que doit faire ce pau-
vre mitré d’X..., quand on lui révèle des dessous
semblables?

Puis vient le coup de poing de la fin, terrible,
éc rasant — en même temps que respectueux, à
ce qu’affirme M. Dugué de la Fauconnerie. Je me

reprocherais d’enlever un seul mot à la lumineuse
déduction que voici :

« Or, de tout cela, Monseigneur, vous me per-
mettrez bien de conclure que, lorsque j’ai écrit
la lettre à mon curé, non seulement je n’ai pas
dépassé mon droit de député et d’ami, mais je
suis resté dans la vraie tradition catholique en
signalant au clergé du coin de pays que je re-
présente les périls d’une campagne inspirée par
l’esprit de parti contre la volonté du Pape et par
conséquent contre les intérêts de l’Eglise.

» Et si je dis : « par conséquent », c’est inten-
tionnellement que je me sers de ce mot, car j’es-
time qu’au-dessus des évêques Gouthe-Soulard
et des cardinaux Lavigerie il y a le Pape, et que
quand, dans toutes les questions qui touchent à
la direction, aux affaires, aux intérêts de l’Eglise,
le chef de l’Eglise a parlé, il n’y a qu’une alter-
native : ou bien s’incliner et'se taire, ou bien se
faire protestant. »

On imaginerait difficilement quelque chose de
plus drôle et de plus ahurissant que ce raisonne-
ment à l’adresse d’un prélat:

— Si vous ne voulez pas obéir au pape, faites-
vous protestant.

Et daine! c’est absolument exact, cela.

Ils se sont amusés jadis à affubler le saint-père
d’une infaillibilité dérisoire. Comme le saint-
père de cette époque marchait docilement à la
remorque du Gesu et de la réaction, c’était une
ingénieuse façon de donner à cette réaction et à
ce Gesu un supplément d’autorité.

Mais aujourd’hui que, par le plus grand des
hasards, l’ermite du Vatican s’avise de désap-
prouver la réaction bête et de dire : « Toute mo-
narchie étant impossible, le clergé de France n’a
plus qu’une seule chose à faire, se rallier à la
République, » les obstinés complices des trônes
renversés se retournent vers l’ancienne idole en
répliquant effrontément :

— Ah! mais non, laissez-nous tranquilles.Vous
savez bien que c’était de la frime et que vous n’ê-
tes pas plus infaillible que nous!

Ce gracieux état de choses est tout à fait sug-
gestif. On en est arrivé au summum du gâchis, au
dernier mot du désarroi.

Que voulez-vous rêver de plus comiquement
disloqué qu’une église dans laquelle les archevê-
ques et évêques se mettent dans le cas d’être ap-
pelés .Monseigneur Luther ou Sa Grandeur Cal-
vin ?

Pierre Véron.

LE QUATRAIN D'HIER

Chez les Quatre-vingt-dix, on craignait du boucan.
Au contraire, tout s’est passé fort bien, en somme.
On a nommé Bonnat. A chaque bout de l'an,
Puisse-t-on décliner: Bonus, Bonnat, bonhomme!

SIFFLET.

ÉPANCHEMENT DE BILE

On connaît le vers fameux de l’auteur du
Lutrin :

Tant de fiel entre-t-il dans l’âme des d'évots !

Une feuille de sacristie vient de montrer ce
que contient de fiel la cervelle d’un clérical et
quel débordement il en peut résulter.

Cette feuille s’appelle la Croix, et l’on devrait
supposer que si elle n’a pas inventé la charité
chrétienne, du moins elle se fait un devoir de
la pratiquer largement.

Point.

Oh! elle la prêche, la charité, à tout bout de
champ et sur tous les tons, en majeur et en mi-
neur, avec des larmes dans la voix ou des pro-
messes de paradis (qui ne lui coûtent rien) au
bout de la plume.

Mais l’exemple, le bon exemple, vous allez
voir comment elle le donne.

Aux choses qu'elle n’a pu et ne pourra jamais
digérer,—telles que le divorce,la loi scélérate, le
service obligatoire pour les séminaristes, le frein
mis aux licences des Gouthe-Soulard et autres
porte-crosse,— il est venu s’en joindre une qui a
mis sa bile en ébullition, et la puanteur qui s’en
dégage n’a certainement rien de commun avec
l’odeur dite de sainteté.

La Croix a sur le cœur — ou plutôt sur ce qui
lui en tient lieu — le refus fait par le premier
président de la cour d’Angers, M. Forquet de
Dornes, d’assister aux obsèques de M. Freppel.
Et, tandis que les cendres du prélat sont encore
chaudes, elle s’empresse de tirer vengeance du
refus qui la scandalise.

Gomment? De la façon la plus abominable, la
plus jésuitique, mais la plus chrétienne sans doute
selon elle, qu’il soit possible d’imaginer.

Un petit article intitulé : Pas cléricaux, mais
filous (vous comprendrez tout à l’heure la perfi-
die de ce titre qui généralise à dessein) est con-
sacré par la feuille dévote au refus du magistrat.
Elle annonce qu’ « à ce propos, un de ses lecteurs
lui communique le compte rendu d’un procès
scandaleux, dont le propre neveu du premier pré-
sident fut le triste héros ».

Qu’un lecteur de la Croix ait eu la méchante et
sotte idfe d’évoquer la honte du neveu pour tâ-
cher de salir l’oncle, il n’y a pas là le quoi nous
étonner. Mais que la Croix elle-même, qui de-
vrait être plus sensée, plus équitable que les pau-
vres d’esprit dont se compose sa clientèle, ait ac-
• cueilli et publié la communication de son lecteur,
cela s’explique plus difficilement.

Il est vrai que, d’après la Sagesse des nations,
qui se ressemble s’assemble. Donc, rien de sur-
prenant, après tout, à ce que la Croix et ses lec-
teurs bien pensants se vaillent et usent des memes
procédés.
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