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Le charivari — 61.1892

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TETES DU JOUR

10

M. BERTRAND

DIRECTEUR DE L’OPÉRA

Vraiment, lorsque l’on doit porter à bout de bras
Un pareil poids, ce doit être un rude embarras ;
Car il ne suffit pas d’avoir robuste torse;

Il faut encore plus d’adresse que de torce.

LE TRUC DE BÉZ1ER

jj6ricontré hier, sur le boulevard, l’ami Bézier.

. avait ies mains dans ses poches, l’ami Bézier.
C0lli C0lltraire, quand on porte un tas de paquets
l “ne celui, comme ceux que j’avais sous et sur
]a ^ras> il faut bien, bon gré mal gré, sortir ses plia-

a ~~ ^apris ti ! s’exclama l’ami Bézier en m’arrêtant

passage... au passage des Panoramas, où courez-
v°us si vite ? •

jj " ■Dame' lu> répondis-je avec quelque mauvaise
meur, car le spectacle de la félicité d’autrui,
r nous sommes nous-même dans la gêne, n’est
lait pour nous adoucir le caractère, - ça se voit

Pla reS^e’ j° PGnse- Je ne promène pas pour mon
p aisir, àcoup sûr, avec cet amoncellement ridicule
b'belots encombrants.

irr~Tlens ; c'est vrai, répliqua l’autre avec une douce
je r|le’ Qui dans la circonstance me parut féroce,
Uljnavais pas remarqué... Vous êtes chargé comme
çj, ° v°iture de déménagement... Vous avez l’air
petd 'Jazar amLulant. Feriez-vous concurrence aux
Vou 6S boutiques foraines du boulevard? Seriez-
s> Par hasard, devenu camelot?,..

— Eh! non, interrompis-je avec une impatience
qui croissait en raison directe du carré de ma fati-
gue; mais je suis devenu parrain, et c’est bien pis.
On peut même dire que c’est le pire de tout... Etre
parrain, il faut faire des cadeaux à tout le monde...
Mais, au fait, ajoutai-je après une seconde de ré-
flexion, je suis bien bon de vous raconter tout cela.
Vous devez être au courant aussi bien que moi, sinon
mieux, car enfin, vous devez avoir été parrain, et
plutôt deux fois qu’une.

— Moi! s’écria Bézier, jamais de la vie!.,.

— Comment! il ne vous est pas arrivé de tenir
sur les fonts baptismaux?.. .Vous n’avez jamais con-
sacré tout ou partie de vos fonds, à vous, à tous ces
petits présents qui, assure-t-on, entretiennent l’a-
mitié; enfin, vous n’avez point été parrain ?

— Jamais de la vie! répéta Bézier avec un légi-
time orgueil, où il y avait comme une égoïste consta-
tation de supériorité.

— Cependant, repris-je timidement, vous êtes,
pour le moins, aussi âgé que moi. Vous avez bien
atteint la quarantaine ?...

— Je vous crois, mon cher, je l'ai même dépassée,
et je m’en flatte, car je ne m’en porte pas p;us mal. Et
même, dans certaines occasions, je vous prie de
croire que je ne m’en comporte que mieux... Mais le
parrainage, ah! non, par exemple...

— Mais voyons, avec vos relations, votre famille
nombreuse, vos plus nombreuses connaissances,
comment avez-vous pu, dans la vie, éviter jusqu’à

présent cet écueil redoutable, surtout pour les céli-
bataires, regardés, à tort ou à raison comme des
parrains à héritage?

— Dame! répondit Bézier en se rengorgeant, j’ai
un truc...

— Vous refusez obstinément, invariablement...

— Moi!... Ah! vous me méconnaissez. Je suis la
meilleure pâte d’homme, une vraie mollasse, une
bête à bon Dieu... Je n’ai jamais su dire non.

— Eh bien, alors?

— Eh bien, tenez, vous m’inspirez de la pitié, avec
votre excédant de bagages, et je veux faire quelque
chose pour vous. Je vais vous révéler mon système,
vous débiner mon truc. C’est sans doute un peu
tard pour cette fois, mais ça vous servira à la pro-
chaine occasion...

— Je suis tout oreilles.

— Mon Dieu, c’est bien simple, pontifia l’ami Bé-
zier avec une feinte humilité, j’use de mon droit,
voilà tout. Or, mon droit est de donner un prénom à
l’enfant dont on me propose de devenir le père, —
— un peu tard, — et le père spirituel, — ce qui n’est
déjà pas si facile, à n'importe quel moment. Si c’est
un garçon, je propose aussitôt de l’appeler Crapous-
sard, et, si c’est une fille, Greluche. Le croiriez-vous,
cher ami, je n’ai encore trouvé ni papa ni maman
qui consentissent. Et voilà pourquoi, voilà com-
ment je ne fus ni ne serai jamais parrain !

Henri Second.
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