Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 61.1892

DOI Heft:
Janvier
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0075
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ACTUALITES

11

LA LIBERTÉ DES FUNÉRAILLES

UNE NOUVELLE APPLICATION DE LA BICYCLETTE

IR rraiÈRE A LA COMÉDIE

c,^h annonce pour un soir prochain, rue Ri-
la première de Richepin : Pour le glaive.
est toujours un spectacle particulièrement cu-
leUx qu’une première représentation à la Comédic-
ranÇaise. Un spectacle qui ne ressemble en rien à
c°lui qui nous est offert ailleurs.

On est sur d'y rencontrer d’abord tout un lot d aca-
démiciens qui ne sont nulle part ailleurs dans la
circulation théâtrale.

Mais ce qui donne surtout un caractère particulier
à ces fêtes de l’intelligence, c’est qu’elles engen-
drent 1 amalgame politique le plus fantaisiste qu’on
puisse imaginer.

On a la certitude dy découvrir, au bout de la lor-
gnette ou dans les couloirs, un échantillon de tous
les ministères tombés depuis vingt ans, un spéci-
men des notabilités de tous les partis. Droit divin,
bonapartisme, Seize-Mai, opportunisme, radica-
lisme, socialisme même s’y observent et s’y cou-
doient en la personne de leurs représentants les
Plus considérés.

foutes les fois que j’assiste à une première de la

Comédie-Française, je me livre, en regardant ce
défilé, à des réflexions philosophiques sur le néant
des grandeurs et le girouettisme des peuples.

Les premières de la Comédie-Française ont aussi
une autre attraction.

C’est l'aspect du foyer des artistes, quand, après
chaque acte, par le long corridor qui relie la salle
aux coulisses, se précipite le flot des féliciteurs.

Chacune des dames sociétaires ou pensionnaires
a sa clientèle d’admirateurs dévoués. Autant de
petites cours où la ilirtation artistique épuise ses
raffinements adulateurs.

Pendant ce temps-là, le côté des hommes est plus
sérieux, mais non moins cajolé. On n’entend courir
dans l’air que des adjectifs extatiques, que des
substantifs enthousiastes, tandis que les comédiens
ainsi bombardés cherchent, dans leur attitude, dans
leurs sourires, dans leurs poignées de main, à
moduler toute la gamme de la modestie.

Mais, pour l’observateur, le clou de cette contre-
représentation, c’est la façon d'être de l’auteur qu’on
joue. Autant de notoriétés, autant d'allures diffé'
rentes.

Emile Augier gardait là, comme en toute circons-
tance, sa franche carrure. S’il sentait, malgré l’eau
bénite de cour, que cela ne marchait pas, il inter-
rompait tranquillement les dithyrambistes par quel-
que boutade narquoise, toile que : cc Merci de votre
oraison funèbre... » Le mot est historique et date de
v la Contagion. Par contre, lorsque c’était un succès

incontesté, il laissait naïvement voir sa joie virile,
disant à la bonne franquette : « Oui, cette fois, je
crois que ça y est. » Pauvre cher Augier!

Alexandre Dumas est plus muré. Il ne répond que
par des signes de tête, des monosyllabes vagues,
une poignée de main nerveuse On sent qu’il ne veut
pas laisser lire dans sa pensée, qu’il se réserve
toujours pour le cas où la fin démentirait les pro-
messes du commencement.

Paillcron reste gouailleur. Une façon comme une
autre de dissimuler son émotion. Il a assez de pré-
sence d'esprit pour faire des mots à côté. Et cepen-
dant, je vous réponds qu’il est remué très intime-
ment par ces épreuves-là.

Meilhac est franchement secoué. Tout pâli, avec
un petit frémissement qui le parcourt de la tête aux
pieds, il répète presque invariablement la même
phrase de remerciement troublé, quelque chose
comme : « Ça vous plaît? Allons, tant mieux. » On
sent toute la nervosité d’une femme dans cet homme
à la large carrure, aux moustaches ultra-masculi-
nes. Mais on sent aussi qu’il aime cette nervosité,
qu’il trouve un plaisir dans cette souffrance, qu’il
cherche la lutte pour la lutte.

■Richepin, lui, reste froid... en apparence. Mais au
fond, sous sa barbe noire, on sent le frémissement
des muscles domptés.

Espérons que, cette fois, dès le premier acte, les
muscles rassurés auront cessé de frémir.

André Laroche.
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen