PARISIANÀ
13
— Vous n’auriez pas besoin d’un reporter ?
— Non, la rédaction est au complet.
— Et d’un porteur, alors ?
après, le 9 août 1827, il mourait de la maladie
de l* Pierre.
<}e Pr^s mort de Désaugiers, la direction du Vau-
n V‘^e passa entre les mains de Guerchÿ et Ber-
ex d'^on- A cette époque, la troupe du théâtre était
p e jente. Jugez plutôt : Arnal, Lafont, les deux
l’h,.ei?tre, célèbres en leur temps comme aujour-
fêt
les deux Coquelin ; Bernard-Léon, Fontenay,
sj f^s> Suzanne Brohan, la mère des deux Brohan,
Mlle les <le nos .iours : Augustine et Madeleine; et
, le Pargueil, alors à l’apogée de ^beauté eU^a
leunesse, qui devait charmer pendant
0 Public de ce théâtre. . j„ o-rands
MM. de Guerchy et Bernard-Léon eu Etienne
Succès; ils passèrent la main, en le- > iu.jhle) et
Arago (l’un des auteurs des Mémoires < , jen
Bouffé (ne pas confondre avec le grand c
qui porte ce nom et qui existe encore).
En 1830, le Vaudeville prend le titre de Théâtre-
National. En 1838, le 17 juillet, la vieille salle où l’on
avait applaudi tant d'œuvres charmantes et acclamé
tant d’excellents comédiens fut détruite par un in-
cendie.
La Préfecture refusa à M. Etienne Arago l’autori-
sation de faire reconstruire le Vaudeville sur le
même emplacement. La troupe alla alors donner des
représentations sur plusieurs scènes de Paris, jus-
qu’en 1839, où M. Arago loua provisoirement la salle
d’un calé-spectacle située dans le bazar Bonne-Nou-
velle, où se trouve aujourd’hui la Ménagère.
Malgré la petitesse de la scène et le prix exorbi-
tant du loyer, le Vaudeville, grâce au succès de
Passé minuit et du Plastron, put faire ses frais et
réaliser même quelques bénéfices. Le 17 mai 1840,
les artistes du Vaudeville s’installèrent définitive-
ment dans l’ancienne salle dos Nouveautés.
A dater de cette époque, la chance semble avoir
abandonné ce théâtre; les directions se succèdent
avec une rapidité vertigineuse. Etienne Arago se
retire et est remplacé par Trubert, marchand de ru-
bans, qui est bientôt mis en faillite. Ancelot devient
directeur en 1845; Hippolyte Cogniard lui succède et
n’y reste qu’un an. La direction appartient ensuite à
Piltay, un gros capitaliste qui se lasse vite de per-
dre son argent. Arrive Lockroy, acteur de talent et
vaudevilliste d’esprit, père du ministre actuel, qui
trouve la tâche trop lourde et quitte au bout d’un an.
Puis viennent Lefebvre, Delaunay otConion, Prat,
Fleury et Bouffé (l’ancien directeur), Paul Ernest,
Lacour et Cardeillac; André Hoffmann, acteur en
vogue, achète la part de Lacour; .ensuite Thibau-
deau, Boyer, Lurine, Duponchcl et de Reaufort.
Toutes cos directions perdirent de l’argent; ce
théâtre semble maudit, et pourtant il a, çà et là, de
grands succès au point de vue littéraire. Les jeunes
gens qu’il joue sont nos illustrations d’aujourd’hui :
Emile Augier, Alexandre Dumas fils, Labiche, Oc-
tave Feuillet, etc...; puis ceux qui ne sont plus :
Théodore Barrière, Lambert Thiboust, Edouard Bri-
sebarre, etc.
Enfin, M. Harmant, directeur de la Gaîté, qui était
appuyé par la célèbre Compagnie Nantaise, ose
prendre cette direction dangereuse. Il perd de l’ar-
gent la première année; mais arrive Sardou, encore
à son aurore, qui fait jouer à ce théâtre: Nos Intimes,
les Femmes fortes, et cette fameuse Famille Benoî-
ton.
Les acteurs contribuent glorieusement à ces beaux
succès. On compte alors dans la troupe : Fargueli,
Blanche Pierson, Berton, Saint-Germain, Delannoy,
Parade, et ce Félix, le Desgenais incomparable, qui
fit, pendant trente ans, tant de créations heureuses.
Enfin, la Ville exproprie M. Harmant, pour percer
cette voie qu’on appelle aujourd’hui rue du Quatre-
Septembre. La salle des Nouveautés a vécu. On clô-
ture le 11 avril 1889, par la Lame aux Camélias.
. Le Vaudeville est aujourd’hui, dans son local
luxueux et confortable, grâce à un directeur actif et
intelligent, un des théâtres les plus fréquentés de
Paris, et il triomphe presque avec tous ceux qu’il
joue, jeunes talents ou renommées déjà consacrées.
A. Lemonnier.
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— Vous n’auriez pas besoin d’un reporter ?
— Non, la rédaction est au complet.
— Et d’un porteur, alors ?
après, le 9 août 1827, il mourait de la maladie
de l* Pierre.
<}e Pr^s mort de Désaugiers, la direction du Vau-
n V‘^e passa entre les mains de Guerchÿ et Ber-
ex d'^on- A cette époque, la troupe du théâtre était
p e jente. Jugez plutôt : Arnal, Lafont, les deux
l’h,.ei?tre, célèbres en leur temps comme aujour-
fêt
les deux Coquelin ; Bernard-Léon, Fontenay,
sj f^s> Suzanne Brohan, la mère des deux Brohan,
Mlle les <le nos .iours : Augustine et Madeleine; et
, le Pargueil, alors à l’apogée de ^beauté eU^a
leunesse, qui devait charmer pendant
0 Public de ce théâtre. . j„ o-rands
MM. de Guerchy et Bernard-Léon eu Etienne
Succès; ils passèrent la main, en le- > iu.jhle) et
Arago (l’un des auteurs des Mémoires < , jen
Bouffé (ne pas confondre avec le grand c
qui porte ce nom et qui existe encore).
En 1830, le Vaudeville prend le titre de Théâtre-
National. En 1838, le 17 juillet, la vieille salle où l’on
avait applaudi tant d'œuvres charmantes et acclamé
tant d’excellents comédiens fut détruite par un in-
cendie.
La Préfecture refusa à M. Etienne Arago l’autori-
sation de faire reconstruire le Vaudeville sur le
même emplacement. La troupe alla alors donner des
représentations sur plusieurs scènes de Paris, jus-
qu’en 1839, où M. Arago loua provisoirement la salle
d’un calé-spectacle située dans le bazar Bonne-Nou-
velle, où se trouve aujourd’hui la Ménagère.
Malgré la petitesse de la scène et le prix exorbi-
tant du loyer, le Vaudeville, grâce au succès de
Passé minuit et du Plastron, put faire ses frais et
réaliser même quelques bénéfices. Le 17 mai 1840,
les artistes du Vaudeville s’installèrent définitive-
ment dans l’ancienne salle dos Nouveautés.
A dater de cette époque, la chance semble avoir
abandonné ce théâtre; les directions se succèdent
avec une rapidité vertigineuse. Etienne Arago se
retire et est remplacé par Trubert, marchand de ru-
bans, qui est bientôt mis en faillite. Ancelot devient
directeur en 1845; Hippolyte Cogniard lui succède et
n’y reste qu’un an. La direction appartient ensuite à
Piltay, un gros capitaliste qui se lasse vite de per-
dre son argent. Arrive Lockroy, acteur de talent et
vaudevilliste d’esprit, père du ministre actuel, qui
trouve la tâche trop lourde et quitte au bout d’un an.
Puis viennent Lefebvre, Delaunay otConion, Prat,
Fleury et Bouffé (l’ancien directeur), Paul Ernest,
Lacour et Cardeillac; André Hoffmann, acteur en
vogue, achète la part de Lacour; .ensuite Thibau-
deau, Boyer, Lurine, Duponchcl et de Reaufort.
Toutes cos directions perdirent de l’argent; ce
théâtre semble maudit, et pourtant il a, çà et là, de
grands succès au point de vue littéraire. Les jeunes
gens qu’il joue sont nos illustrations d’aujourd’hui :
Emile Augier, Alexandre Dumas fils, Labiche, Oc-
tave Feuillet, etc...; puis ceux qui ne sont plus :
Théodore Barrière, Lambert Thiboust, Edouard Bri-
sebarre, etc.
Enfin, M. Harmant, directeur de la Gaîté, qui était
appuyé par la célèbre Compagnie Nantaise, ose
prendre cette direction dangereuse. Il perd de l’ar-
gent la première année; mais arrive Sardou, encore
à son aurore, qui fait jouer à ce théâtre: Nos Intimes,
les Femmes fortes, et cette fameuse Famille Benoî-
ton.
Les acteurs contribuent glorieusement à ces beaux
succès. On compte alors dans la troupe : Fargueli,
Blanche Pierson, Berton, Saint-Germain, Delannoy,
Parade, et ce Félix, le Desgenais incomparable, qui
fit, pendant trente ans, tant de créations heureuses.
Enfin, la Ville exproprie M. Harmant, pour percer
cette voie qu’on appelle aujourd’hui rue du Quatre-
Septembre. La salle des Nouveautés a vécu. On clô-
ture le 11 avril 1889, par la Lame aux Camélias.
. Le Vaudeville est aujourd’hui, dans son local
luxueux et confortable, grâce à un directeur actif et
intelligent, un des théâtres les plus fréquentés de
Paris, et il triomphe presque avec tous ceux qu’il
joue, jeunes talents ou renommées déjà consacrées.
A. Lemonnier.