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Le charivari — 61.1892

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Janvier
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https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0082
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LE CHARIVARI

Le prote. — M. Huntell, votre copie ?

Le reporter. Voilà! (Ecrivant fiévreuse-
ment.) « Malgré l’heure avancée et une consigne
sévère, nous avons pu être reçu hier par M. X...
Son Excellence s’est mise à notre disposition
avec une bonne grâce charmante... » {Il continue
d'écrire.)

FUTURUS.

--—♦—----

THEATRES

OPÉRA-COMIQUE : Cavalleria rusticana.

Vous connaissez la célèbre exclamation : Heu-
reux les peuples qui n’ont pas d’histoire!

Il faut croire qu’elle n’est pas applicable aux
pièces, car en voici une qui a une histoire ultra
compliquée, et qui cependant peut se vanter d’a-
voir été particulièrement chançarde.

Ne raconte-t-on pas que ce simple acte a déjà
rapporté plus d’un million à son éditeur et
plus de 250,000 francs à son musicien!

Tout cela — ce qui ajoute à l’invraisemblance
— résultant d’un concours organisé par l’ini-
tiative privée de M. Sonzogno, directeur de
journaux en Italie.

Quand chez nous l’initiative officielle organise
un de ces concours-là, l’œuvre couronnée est gé-
néralement représentée trois fois au maximum;
souvent même elle ne Test qu’une fois et Ton
trouve que c’est trop.

Gomme livret, une adaptation d’un drame de
Verga, fort banal en somme, quoiqu’il ait eu l’in-
signe honneur d’être francisé déjà au Théâtre-
Libre de l’illustre M. Antoine.

Nous vous dirons tout à l’heure de quoi il re-
tourne dans cette histoire plus vulgairement que
chevalièrement mélodramatique, ce nous semble.
Nous devons, au préalable, présenter sommaire-
ment le compositeur dont l’ouvrage a presque
fait le tour du monde.

M. Mascagni est un jeune. Pas encore la tren-
taine. Son père, boulanger de son état et redou-
tant sans doute pour son fils un au're genre de
four, fit tout le possible pour contrarier sa vo-
cation. M. Mascagni tint bon. passa par le Con-
servatoire deMilan, roula sa bosse avec des trou-
pes nomades, et finalement, il y a quatre ans, au
moment où il allait céder au découragement peut-
être, lui arriva la bonne aubaine du concours
dont j’ai parlé et des ovations qui suivirent.

On prétend que, le soir de la première à Rome,
il y eut trente rappels consécutifs. Dame ! écoutez
donc, les Italiens sont aujourd’hui assez pauvres
sous le rapport musical pour se raccrocher éper-
dument à la première apparence de talent qui se
présente.

Nous autres Français, qui n’avons pas les mê-
mes raisons patriotiques d’emballement, nous ne
saurions pousser aussi loin la pâmoison à propos
d’une partition dont nous ne voyons clairement
ni la puissance ni l’originalité.

Cavalleria rusticana est l’histoire de deux
paysans siciliens dont une rivalité d’amour fait
d’implacables ennemis.

Un ex-bersagliere,Torrido, trouve à son retour
l’oublieuse Lola, dont il était épris, mariée avec
un autre. Philosophiquement il se dit : « Poui’-
quoi n’en ferais-je pas autant? » Et il se met à
folâtrer avec une demoiselle Santuzza.

Sur ces entrefaites, la nommée Lola, qui est
une forte coquine en vérité, se met dans la tête
de reconquérir son Torrido.

Le bersagliere en retraite, qui décidément
tient à donner raison à son nom chaleureux,
n’oppose aucune résistance à Lola Putiphar.

Mais il a compté sans le mari, qui, prévenu par
Santuzza, l’expédie d’un joli coup de couteau
dans un monde moins incandescent.

Je vous avais prévenus que l’histoire était bana-
lement mélodramatique ; je ne vous ai pas
trompés.

Venons à la part du musicien.

La musique italienne n’est pas ici en odeur de
sainteté à cette heure. Gela pour plusieurs rai-
sons. La Wagnérolâtrie d’une part, la Triplice de
l’autre. Vous nous permettrez d’écarter ces pré-
ventions préalables et de ne pas nous associer au

parti-pris d’hostilité qui dominait évidemment
dans la salle.

Prétendre que la partition de M Mascagni est
sans valeur, ce serait faire acte d’injustice, — et
d injustice envers nos propres compositeurs; car,
à chaque instant, dans cette partition on ren-
contre telle phrase de Gounod, telle réminis-
cence de Massenet.

G’est une marqueterie de souvenirs combinée
par une main experte.

Le musicien a-t-il eu conscience de ses em-
prunts forcés? Je l’ignore. Ce qu’il y a de certain,
c’est qu’il a une mémoire bien perfide.

A côté de cette mémoire, cependant, — puis-
que nous avons juré de dire toute la vérité, — se
sent un tempérament fait pour manier la mélodie
et tirer l’effet de certaines intensités.

On n’a, d’ailleurs, pas un succès comme celui-là
sans qu’il soit motivé par quelque chose.

Seulement, ce succès a été évidemment hors de
toute proportion. Et c’est ce qui a irrité les juges
parisiens.

Ce n’est pas une raison pour ne pas rendre
pleine justice à Mlle Galvé, qui a été très remar-
quable dans le rôle de la farouche Santuzza,
jalouse jusqu’au crime.

Le ténor, M. Gibert, pousse le son avec un ef-
fort continu qui fatigue l’auditoire plus qu’il ne
le charme.

M. Bouvet fait quelque chose d’un rôle qui ne
fait pas grand’chose pour lui.

Il est peu probable que l’expérience d’interna-
tionalisme tentée avec Cavalleria rusticana ait
de longues suites.

M. Mascagni se consolera en pensant que l’uni-
vers lui reste.

Pierre Véron.

TRIPLE-SEC COINTREAU * angers

Moutarde JULIEN MACK DIJON.

Les PÂTÉS 1»E FOIES GKAS les plus fins,
les plus exquis sont livrés par la maison

WEISSEATHANAElt de Nancy.

CHRONIQUE DU JOUR

On a arrêté, place de la République, un singulier
orateur qui, lié à un des candélabres, pérorait sur
le droit de tenir dès meetings en plein air.

Cet homme, qui n’était pas fou à lier, comme sa
position aurait pu le faire supposer, a expliqué que
c’était la seule posture qui convenait à l’orateur dé-
sireux de garder son sang-froid.

Système à recommander pour la Chambre des dé-
putés.

Lier l’orateur à la tribune les jours de boucan par-
lementaire.

Enchaîner également les interrupteurs à leur banc.

On évitera ainsi Jes corps-à-corps.

Déplus, pour mettre fin à l’épouvantable tapage,
on pourrait employer un bâillon automatique qui
viendrait se coller sur les lèvres des récalcitrants.

Le juge d’instruction chargé de l’affaire de Mlle
Dourches a eu un bien curieux euphémisme pour
expliquer sa conduite.

— Je n’ai pas, a-t-il déclaré, fait arrêter cette de-
moiselle ; j’ai simplement donné son adresse au
commissaire de police.

Lorsque M. le juge d’instruction reçoit quelque
missive ainsi conçue :

« Monsieur,

» L’assassin qu’on ne peut pas pincer demeure
rue... numéro...

» Une femme qui se venge. »
il se dit, sans doute :

— Cette femme ne dénonce pas cet homme, elle
me donne simplement son adresse. Donner une
adresse est une action très simple, —le Boitin n'est
pas un dénonciateur!

Les savants sont en train de se disputer pour éta-
blir quel est exactement le galbe du microbe de l’in-
fluenza.

Pour l’un, il est rond (le docteur aura étudié le
microbe sur un pochard) ; pour l’autre, il est allongé
avec une capsule (c’est sans doute cette capsule-là

qui fait partir à la fin le microbe... ou le malade).

Enfin, suivant quelques-uns, il est en chaînette,
en ovale, ou mobile (comme la donna), ou en forme
de bâtonnet, etc.

Comme on attend d’avoir trouvé la vraie constitu-
tion du microbe avant de partir en guerre, les sa-
vants ne sont pas près de commencer les hostilités.

Les journaux ont beaucoup discuté les raisons
pour et contre la suppression de la Censure.

Ils n’ont pas tout ait.

Quelle ressource cette Censure, pour sauvegar-
der l’amour-propre d'auteurs retoqués par un direc-
teur impitoyable!

— Eh bien, un tel, et votre drame?

— Splendide! répondait invariablement l’autre, au-
quel on venait justement de renvoyer son manus-
crit avec la mention : refusé. Le directeur en raffo-
lait, les acteurs étaient enthousiasmés de leur rôle...
Seulement, au grand désespoir de tout le monde,
l’horrible Censure a interdit la pièce!

Et l’honneur était sauf.

Peu de gens poussent l’horreur d’un mets au point
de se suicider pour ne pas en manger, comme ce
brave homme qui s’est tiré une balle de revolver
dans la tète parce que sa femme voulait le forcer à
déguster du foie de veau.

Les docteurs ont essayé, comme toujours, d’expli-
quer ce cas extraordinaire, par l’influence mysté-
rieuse que certaines nourritures exercent sur cer-
taines organisations.

Oh! le foie de veau assassin!

Heureusement que tout le monde ne prend pas la
chose d’aussi tragique façon.

Dernièrement, dans un restaurant, un garçon
apporte à un consommateur un énorme morceau de
roquefort.

— Pouah! s’écrie le dîneur; retirez ce fromage...
Je ne puis pas le sentir!

— Alors, répondit philosophiquement le garçon,
faut que vous ayez rudementle nez bouché!

Définition copiée sur l’album de Mlle Tata :

Cent sous>. — Pour ceux qui ont de la peine à se
tirer d’affaire, c’est une bête de somme.

Calino est tombé dans la plus affreuse misère.

Il se décide à aller mendier à domicile.

Pour apitoyer les âmes charitables, il a inventé
une histoire atroce d’incendie détruisant en une nuit
toute sa fortune.

— Et avez-vous quelque papier prouvant cette
horrible catastrophe ? lui demande une douairière
émue.

— Hélas! madame, répond Calino d’une voix do-
lente, j’en avais, mais ils ont été détruits, eux aussi,
par l’incendie !

M. X..,, mari très volage, a trois ou quatre domi-
ciles extra conjugaux où il va faire ses farces.

Il vient de se laisser surprendre maladroitement
en flagrant délit.

Balandard disait à ce sujet :

— Ce garçon-là avait beau posséder beaucoup de
domiciles, ça n’empêche pas qu’il manquait d’a-

H rpocp

Jules Demolliens.

BOURSE-EXPRESS

La nouvelle que tout s’est arrangé avec M. Stam-
bouloff n’a produit, ici, aucune impression. Je dois
dire, d’ailleurs, qu’on ne s’était jamais beaucoup
inquiété de cette histoire. En Angleterre et en Alle-
magne, cm a accueilli le dénouement de la difficulté
avec satisfaction; ce qui a permis de donner un peu
de répit aux valeurs étrangères, qui, de vous à moi,
en avaient grand besoin.

Mais tout cela n’amène pas d’affaires. La spécu-
lation, décidément, tend absolument à considérer
le mois de janvier comme le mois d’août. Il y a pour-
tant une différence de température fort appré-
ciable.

Quant au comptant, il est toujours bon pour les
rentes et pour certaines valeurs minières. Le déta-
chement du coupon des actions du Champ d’Or a
déterminé quelques achats.

Castorine.
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