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Le charivari — 61.1892

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https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0126
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LE CHARIVARI

UN SYNDICAT FÉMININ

La présidente. — Mesdemoiselles des brasse-
ries, il est à la mode de se syndiquer; c’est pour-
quoi je vous ai réunies pour vous dire : Syndi-
quons-nous... Ennous syndiquant,nous arriverons
à résister...

Première verseuse. — Piésister I... Moi, j’ai ja-
mais pu 1

La présidente, continuant. — Aux exploiteurs
qui vivent de notre sueurl!!

Première verseuse. — Oh 1 la la 1 ma pauvre
fille!

Deuxième verseuse. — La présidente a raison ;
je vais donner son compte à Alphonse...

La présidente. — S’agit pas de ça.

Troisième verseuse. — Enfin, peu importe. .
ça m’est égal;je veux tout ce qu’on veut... Mais,
de grâce, dépêchons-nous... Paul m’attend.

La présidente, avec force. — L’exploiteur, c’est
le capital!

Première verseuse, interrompant. — Pardon;
il me semblait que c'était lui, au contraire, qui
était l’exploité.

La présidente, avec énergie. — Cet infâme ca-
pital, il faut s’en emparer par tous les moyens!

Troisième verseuse, à sa voisine. — V’ià la
présidente qui dit des bêtises! (Haut.) Dépê-
chons-nous donc!... Ernest m’attend!

La présidente. — Ernest?... Vous avez dit Paul
toutâ l’heure!

Troisième verseuse. — Tiens!... Depuis le
temps que vous bafouillez, c’est au tour d’Er-
nest.

La présidente. — Je poursuis... En attendant
lejouroùnous serons nos maîtresses (Mouve-
ment prolongé), dictons nos conditions! (Ap-
plaudissements.) Voici ce que je propose â vos
suffrages :

ARTICLE PREMIER

« Dans toute brasserie servie par des jeunes
personnes, les consommateurs, se référant à l’an-
cienne galanterie française, devront eux-mêmes
servir ces demoiselle». »

ARTICLE 2.

« Le patron devra fournir à la verseuse la nour-
riture, l’éclairage, le chauffage, le logement, et
lui octroyer en outre, chaque soir, pour ses pe-
tits bénéfices, un Péruvien qui ait le sac. x>

UNE PARTIE MÉMORABLE

J’étais toujours membre du Cercle agricole; mais,
en 1865, je le désertai pour celui de la rue Royale,
où je venais d’être admis.

11 est parfois donné à un individu de modifier les
habitudes ou les conditions existantes; l’apparition
de Mustapha, frère du vice-roi d’Egypte, et de Khalil-
bey sur le tapis vert, opéra cette modification.

Jusqu'alors, dans les cercles, on avait joué les
jeux de commerce à un taux relativement modéré, et
un lansquenet un peu plus accidenté.

Les deux fils de l’Islam importèrent, ou du moins
développèrent le baccara et le bésigue. La chronique
en a dit long sur eux, mais je vais établir la vérité.

Tous deux étaient instruits, intelligents ; si leur
esprit était éminemment gaulois, en bons Turcs ils
détestaient les Français... qui le leur rendaient.

J’ai peu connu Mustapha, qui tenait ses assises au
Cercle impérial, mais je dînai une fois avec lui chez
Khalil. A la fin du repas, vautré à la turque sur un
divan, il m’appela, et en prenant le café nous causâ-
mes. Le maître de la maison, traversant le salon où
nous étions, il l’interpella ainsi : — Khalil, mon

ARTICLE 3.

« Les patrons s’arrangeront pour fonder une
Compagnie d’assurances contre les lapins. Moyen-
nant une cotisation de dix centimes, chacune de
nous sera assurée pour cinq louis contre tout in-
délicat rongeur. »

Maintenant, vous allez voter...

Troisième verseuse. — C’est ça, votons, et un
peu vite... Oscar m’attend.

La présidente. — Oscar?... Ernest!

Troisième verseuse. — Mais non, vous m’avez
fait rater Ernest!

Première verseuse. — Minute, mesdemoi-
selles... Nous allons voter la petite machine de
notre présidente... très bien. Mais après. . si
les patrons ne veulent pas!

La présidente, énergiquement'. — Nous les y
forcerons !

Deuxième verseuse. — Comment ça, ma grosse ?

La présidente. — En nous mettant en grève !

Toutes. — Pas de grève!... (Cris, tumulte,
vociférations.)

La présidente, désespérée, s’en arrache le
chignon.

La séance est levée.

Chacune de ces demoiselles également.

Jules Demolliens.

APÉRITIF MUGNIER

au Vin de Bourgogne. — FRÉDÉRIC MUGNIER, à Dijon
Médaille d’Or Exp011 UNiviie Paris 1889.

PLUME HUMBOLDTT^r

DïDDCî ITUPDCl ET ARTlCLES pour i~«jjvie:u
JL IJr jQD tV r i fl n 12, Passage Bourg-l’Abbé, Paris.

CHRONIQUE DU JOUR

Allons-nous voir Paris sans voitures? On peut le
craindre.

Naturellement les patrons, en constatant l’opiniâ-
treté des cochers de l’Urbaine, se sont dit que le sys-
tème qu’on appliquerait à autrui aujourd’hui leur
serait appliqué peut-être demain. Et ils ont agité la
question de devenir grévistes, eux aussi.

ami, ôtez donc ces diamants et ces chaînes, vous
avez l’air d’un Turc ; faites comme moi, supprimez
les bijoux. Puis, se tournant vers moi, il ajouta; — Il
n’a pas de capital ce que j’ai de revenu; quelque
jour je le trouverai à la porte de mon palais vendant
des dattes 1

Peu d’années après, il lui donnait sa fille en ma-
riage. Khalil-bey avait hérité de quinze millions à
la mort de son père. Ambassadeur à Vienne, puis à
Saint-Pétersbourg, je crois, il mena grand train et
arriva à Paris avec huit millions.

C'était encore un beau denier, auquel vinrent
s’ajouter trois millions qu’il nous gagna tout d’abord ;
— j’ai dit que les Turcs changèrent absolument les
conditions de la partie dans les cercles. Ils y déve-
loppèrent le baccara, et à coups de millions.

Un homme gagne au jeu pendant de longues an-
nées ; il mène grand train et n’économisera rien. Un
jour il perd moins qu’il n’a gagné, et les moralistes
disent ; Il s’est ruiné au jeu. Ils devraient dire ; Le
jeu l’a ruiné; car le relevé approximatif que l’on
peut faire dans les cercles prouve souvent que leur
gain a été supérieur à leur perte. Ce fut le cas de
Khalil-bey, qui se ruina à Paris; le régisseur de son
frère me l’a confirmé.

Mais il était le Mécène d’une petite cour, achetait
pour anciens des tableaux et porcelaines modernes,
entretenait ferme une Egérie porte-veine du grand
Opéra, — les Egéries courantes tirant malgré cela sur
sa caisse, — payait dans sa maison deux francs une

Sur quoi, les cochers de déclarer le procédé in-
fâme.

La plus simple équité, cependant, démontre que
le droit de chômage de ceux-ci implique le droit de
chômage pour ceux-là.

La défense est légitimement autorisée à se servir
des mêmes armes que l’attaque.

Ah! s’il n’y avait pas des meneurs pour souffler
toujours sur le feu, comme les choses se simplifie-
raient ! Les ouvriers se figurent que la grève est
pour eux un moyen d’affranchissement; ce n’est le
plus souvent pour eux qu’un changement d’escla-
vage.

Des renseignements, que nous avons lieu de tenir
pour parfaitement sincères et impartiaux, consta-
tent que le succès de Thermidor à Bruxelles a été
loin d’être aussi brillant que la réclame a bien
voulu le dire.

On a chaudement fêté Coquelin. Les réaction-
naires ont applaudi certains passages politiques,
mais la pièce a paru, et elle l’est, fortement en-
nuyeuse. |j On s’est même opposé, après le second
acte, à des rappels intempestifs, et au troisième
c’est le bâillement qui a dominé.

Je crois qu’il en sera ainsi partout où Ton jouera
Thermidor sans passion politique, car c’cst une œu-
vre plus que médiocre.

Ce n’était point un canard. L’Odéon compte nous
jouer dans une seule saison quinze pièces de Shakes-
peare.

Il compte aussi ressusciter les théâtres grec et
romain.

Et M. Porel démontre aux interviewers que ces
traductions et adaptations ont mis en lumière un
certain nombre de jeunes écrivains.

Soit! Mais ces mêmes jeunes écrivains auraient
été beaucoup mieux mis en lumière par une œuvre
originale, n'est-ce pas?

Les intentions de M. Porel sont excellentes. II
convient toutefois de lui faire remarquer que le Se-
cond-Théâtre-Français, en multipliant outre mesure
ses emprunts à l’étranger, a l’air de décerner à la
France un certificat d’indigence qu’elle ne mérite
pas.

Et, dans tous les cas, l’Odéon n’a pas été institué
pour faire ces constatations humiliantes.

Il doit, au contraire, accueillir et stimuler Ja pro-
duction nationale.

Pas assez d’inédit, trop de reproduction. C’est
l'opinion unanime de tous les juges impartiaux.

M. Porel fera bien d’en tenir compte et de ne pas
s’emballer sur la piste du rétrospectif.

On nous signale de nouveau l’état de plus en plus
déplorable dans lequel on laisse, sur tous les points
de Paris, les voies macadamisées.

De vraies fondrières! A qui imputer cette négli-
gence scandaleuse?

Est-ce qu’il faut renoncer à avoir un Paris propre
tant que M. Alphand sera mort?

côtelette de mouton, enfin il avait avec Laffitte une
écurie de course administrée par Perregaux, et il
lui suffisait qu’un de ses coursiers fût porteur de la
casaque verte — couleur du saint de la Mecque —
pour qu’il engageât sur son dos des sommes qu’il
jugeait imperdables.

A ce régime-là, — et voilà la vérité absolue, —on
pourrrait être surpris... qu’il ait duré aussi long-
temps; mais j’y ai été pour quelque chose.

Nous étions en juillet 1867, et, je l’ai dit, il nous
avait gagné trois millions ; nos finances étaient à
bout.

Un soir, un aimable Angevin, qui avait trop bien
dîné, rendit le baccara impossible et la partie cessa.
Je me suis laissé dire que les Angevins — adversai-
res toujours dangereux quand ils avaient bien dîné
— habitaient fraternellement un local surnommé le
tremplin, lieu où l’on saute, et que chaque gagnant
de la nuit mettait un pot de fleurs — signe de triom-
phe — à sa porte. Si le matin le corridor était veuf
de pots de fleurs, c’est que tous avaient sauté. Un
des frères partait alors en remonte et allait hypo-
théquer en province pour continuer la guerre.

Le baccara ayant cessé à minuit, Khalil me pro-
posa un piquet. Disons ici — pas à notre honneur,
bien entendu — que Khalil tenant tout notre argent,
nous dictait littéralement ses conditions. Il se pla-
çait dans une encoignure pour qu’on ne vît pas son
jeu, et se levait quand cela lui convenait!

J’avais, outre mes pertes, à me venger de lui pour
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