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Le charivari — 61.1892

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Mars
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https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0242
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LE CHARIVARI

C’est par centaines qu’elles giboyent ainsi, les
blondines ou les brunettes, soulignant la provo-
cation d’un geste agaçant qui, pour se retrousser,
leur colle la robe au flanc et accentue des formes
qu’elles croient évidemment séductrices.

Mais autrement audacieuses sont encore les
demoiselles à bobonne.

Invariablement elles reviennent d’un cours
quelconque, comme l’atteste le rouleau de papier
ou le portefeuille de maroquin qu’elles trimba-
lent.

Cours d’anglais ou de piano, de haute littéra-
ture ou d’orthographe primitive, peu importe.

Tous les deux jours, sinon tous les jours, à la
même heure la servante va les quérir et les ra-
mène après les avoir conduites.

Rien de commode pour l’irrégularité comme
cette régularité-là.

Les soupirants sont prévenus et n’ont qu’à
s’embusquer.

La bobonne, elle, s’en fiche pas mal. Comme
souvent elle ne reste qu’un mois dans la baraque,
elle remplit machinalement son sacerdoce pour
rire, guettant de son côté s’il ne passera pas un
pompier ou un cipal à œillades.

KC

La demoiselle, pendant ce temj>s-là, trottine
en avant.

Attention! Voilà le beau brun !

Elle ralentit la marche, laissant passer devant
son accompagnatrice.

Puis, derrière, commence la comédie des si-
gnaux télégraphiques, des billets reçus ou glis-
sés, des mots chuchotés rapidement à l’oreille.

Gela en reste là si la bobonne n’est qu’indiffé-
rente; mais si elle est d’humeur à devenir com-
plice...

Alors c’est la halte sur le banc d’un square ou
d’un jardin public, à moins que ce ne soit plus
encore.

Je n’ai jamais pu comprendre ces bons parents
de Paris, qui sont les premiers à déblatérer contre
la domesticité contemporaine et qui vous met-
tent ensuite la vertu de leurs enfants aux mains
de pareilles surveillantes.

Après tout, c’est leur affaire.

Le grouillement de ces demoiselles jette, en
somme, de la gaieté dans la monotonie des
rues.

Des pierrettes qui, comme les autres, ne de-
mandent qu’à s’envoler et qui émoustillent le
tableau.

Moi, ça m’amuse beaucoup, mais chaque foisje
rentre en m’adressant ce simple discours :

— Gomme tu as bien fait, mon ami, de rester
garçon !

PASSE-PARTOUT.

La combinaison est neuve et piquante.

Ainsi dit, ainsi fait.

Le prince a, parmi ses serves, une jeune et
charmante fille qui lui est éperdument dévouée.

C’est elle qui sera la fausse et inconsciente
complice. Il la mène à Paris, la compromet en
l’exhibant dans des équipages tapageurs, et, fina-
lement, fait intervenir le commissaire au mo-
ment psychologique.

Pauvre Daria! Comme son cœur se déchire,
lorsqu’elle apprend à quel rôle de comparse son
maître aimé l’a réduite!

Heureusement, son dévouement aura la ré-
compense qui lui est bien due.

Une fois divorcée, la princesse a la naïveté de
croire que son artiste l’épousera.

Il lui répond par un dédaigneux refus.

Dès lors, il ne reste plus à la malheureuse qu’à
se suicider, en ayant soin, préalablement, d’unir
son ex-mari à Daria, qui servira de seconde
mère à l’enfant de la première union.

M. Henri Amie a affirmé un vrai tempérament
d’écrivain dramatique dans ces cinq actes, très
habilement agencés et d’une émotion soutenue.

Le public lui a prouvé qu’il appréciait à sa va-
leur le mérite de Daria en multipliant les bra-
vos et les rappels.

La pièce est d’ailleurs fort bien jouée.

Daria, c’est Mlle Rose Syma. Elle a vrai-
ment le charme. Et nous ne risquons pas d’être
démenti par l’avenir, en prédisant qu’elle se fera
large place avant qu’il soit peu.

M. Rremont est un vrai Protée.Tantôt il chante
l’opérette, tantôt il récite de mystiques tirades.
Ici il est un prince Olsdorf très digne et de belle
allure.

Complimentons encore M. Pierre Achard,
Mmes Kamy et Marie Laure.

Cette représentation de Daria n’aurait été dé-
placée sur aucune scène. Elle doit encourager
M. Amie à tenter le très prochain assaut de
l’Odéon ou de la Comédie-Française.

Pierre Véron.

ÉrîJIO-IOIETvérifablB.CÛIITËEÀÏÏd’ANGERS

BOURGUIGNON, puissant digestif
à base d’alcool vieux pur de vin
SIMON aîné, CHALOM - sur-SAONE

Les PATIiS I»K FOIES GRAS les plus fins,
les plus exquis sont livrés par la maison

WEISSENTRANÏIER <lc Nancy

CHRONIQUE DU JOUR

Décentralisation artistique.

La Revue, qui sévit cruellement à Paris, n’épargne
pas non plus la province.

Le théâtre du chef-lieu d’un département du Midi
vient d’offrir au public la primeur d’un spectacle de
ce genre, coinposé ad hoc, avec des allusions extrê-
mement spirituelles et piquantes aux choses et aux
gens de la « localité ».

Un des journaux de l’endroit termine ainsi le
compte rendu de cette solennité :

« Tous nos compliments à Mile Massue, que nous
félicitons le directeur d’avoir choisie pour repré-
senter la Presse. »

Faire représenter la presse par Mlle Massue...

Impossible de dire plus clairement qu’on la
trouve assommante!

Pendant que nous sommes en province...

Ne laissons pas échapper cette occasion d'appe-
ler l’attention cfes amateurs de déguisements sur le
petit programme de réjouissances ci-dessous.

Une bonne petite vilie songe à fêter dignement le
Mardi-gras.

Décidés à ne reculer devant aucun sacrifice pour
donner à la chose un caractère sardanapalesque,
MM. les commerçants se sont cotisés afin de fonder
des prix destinés à stimuler le zèle et l'imagina-
tion de la folle jeunesse.

En conséquence, nous lisons dans les feuilles de
l’endroit (prière de ne pas confondre avec l’envers
des feuilles) :

« Pour le cavalier le mieux costumé :

» Prix offert par les commerçants : 15 francs.

» Pour le plus riche costume :

» Prix offert par les commerçants : 10 francs.

» Pour le costume le plus original :

» Prix offert par les commerçants : 5 francs. »

Si après ceia messire Carnaval n’est pas galva-
nisé, c’est qu’il est bien mort et enterré.

Dans la service de l'Autriche,

Le militaire n’est pas riche,

Chacun sait ça !

Chacun savait ça, autrefois, dans les temps loin-
tains où florissait l'opéra-comique vieux jeu, celui
où tous les personnages ne mouraient pas au dé-
nouement et où les spectateurs riaient quelquefois.

Aujourd’hui le genre a totalement changé, et l’Au-
triche est en train de s’enrichir.

Cinq cent mille dollars, en or if you please, ont
été. embarqués samedi dernier, à New-York à des-
tination de Vienne.

Et ce n’est là qu’une avant-garde.

Quinze cent mille autres dollars, non moins en or,
les suivront de près.

Elle va bien, l’Autriche, elle va même très bien.

Quand on prend du galion, on n’en saurait trop
prendre !

Il est question, dans un salon, d’une jeune fille très
mondaine, vertueuse peut-être, mais aux apparences
fort légères.

— Oh ! je vous affirme, dit quelqu’un, qu’elle n’a
jamais ôté coupable.

— Mettons, reprend une dame, qu’elle ait été seu-
lement un peu feuilletée !

THÉÂTRES

THÉATRE-D’APPLICATION : Daria.

Savez-vous que, peu à peu, il se hausse au ni-
veau de ses grands confrères, le Théâtre-d’Ap-
plication.

Sa dernière tentative est d’un intérêt vrai-
ment littéraire.

M. Bodinier nous a offert la primeur d’une
pièce en cinq actes, Daria, tirée, par M. Henri
Amie, d’un roman de M. de Pont-Jest.

Thème : Le divorce.

Un prince russe — cette nationalité du princi-
pal personnage est déjà un gage de succès — est
trompé par sa femme, qui folâtre avec un sculp-
teur.

Il vient, et en justicier ingénieux :

— Je veux divorcer.

— Mais...

_Pas de mais! Je veux divorcer, de façon à ce

que ma fille n’en soit point éclaboussée. Donc,
c’est moi qui aurai l’air de jouer du canif.

Politique pour rire.

Une petite constatation consolante, en passant.

Les députés prennent souvent d’assez longues va-
cances, et il arrive parfois, comme la semaine der-
nière, que les ministres manquent absolument sur
le marché parlementaire.

Or, dans le premier cas, les affaires vont généra-
lement beaucoup mieux, et, dans le second, elles ne
vont pas plus mal.

D’où un contribuable grincheux pourrait conclure :

Que, si la Chambre est nuisible, le Cabinet est inu-
tile.

Drôle de logement, tout de même!

Soyez heureuses, mesdames.

Les femmes ont beaucoup plus de chances que les
hommes pour devenir centenaires.

Il résulte, en effet, de recherches faites sur la po-
pulation des principaux Etats européens, que, parmi
102,831 individus ayant dépassé quatre-vingt-dix ans,
le beau sexe est représenté par 60,303 échantillons
contre 40,528 attribués au sexe laid.

De quatre-vingt-dix ans à cent ans, la proportion
monte encore en faveur clés clames.

En Italie et en Autriche, pour ne citer que ces deux
contrées, on trouve presque doux fois plus de cente-
naires féminins que de masculins.

Hein! je pense que, pour une statistique galante,
voilà une galante statistique.

Saluez, mesdames, et... soyez heureuses.

Suivant toutes probabilités, vous enterrerez vos
maris, et vous aurez le temps de les pleurer.

A la brasserie.

On parle de la patronne qui, ci-devant caissière
d’un grand café des boulevards, a gagné deux cent
mille francs dans un tirage de valeurs à lots, à la
suite de quoi elle a pris un établissement à son
compte.

— Eli bien, moi, remarque un bohème, si je décro-
chais une timbale de deux cent mille francs, je ne
me mettrais pas dans la limonade...

— Au contraire, achève un copain, tu en sortirais 1

Henri Second.

BOURSE-EXPRESS

Fin de la crise ministérielle. La Bourse, mainte-
nant, passe à d’autres exercices, — ceux de la liqui-
dation de fin de mois. Comme il fallait s’y attendre,
les vendeurs ont profité de l’occasion pour peser
sur les cours ; mais si vous saviez comme ils ont
peu réussi !

Les reports sont pour rien, — ou presque. Vous
n’ignorez pas, du reste, que c’est l'habitude, et de-
puis longtemps.

Quant aux affaires, — très rares, comme tou-
jours. Quelques titres seuls sont actifs. Parmi eux,
les actions du Champ d’Or, qui, toute la semaine
dernière et malgré l’agitation du marché, avaient
fait preuve d’une fermeté remarquable. Les dernières
nouvelles du Transvaal sont bonnes, et la produc-
tion est en progrès.

Castorine.
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