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Le charivari — 61.1892

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https://doi.org/10.11588/diglit.23886#0602
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LE CHARIVARI

constituer un acte attestant un certain déséquili-
brement cérébral.

Passe encore lorsqu'on voyait de là grouiller à
ses pieds les tohus-bohus pittoresques de 89.

Mais aujourd’hui!... Le Champ de Mars noc-
turne est sinistre. La silhouette des vieux dé-
bris qu’on a eu la sottise d’y conserver navre
l’œil. L’écho des refrains naturalistes qui se piail-
lent dans quelques bouibouis à musique déchire
l’oreille.

Que diable aller faire en cette galère?

Pour essayer de corser l’intérêt, on installe sur
ces sommets délaissés un petit théâtre de poche.

Qui peut éprouver le besoin de se livrer à de
telles escalades pour consommer du vaudeville,
de la revue ou de la comédie, alimentation dont,
quand vient l’été, on est saturé jusqu’à indiges-
tion?

La seule solution douce serait de nous délivrer
de tout le reliquat expositionnel, de déboulonner
la Tour avec le reste, et d’exporter ça pour
l’ébattement des peuplades lointaines.

Car, en vérité, la perspective continuelle de
cette canule exagérée aurait fait inventer le mot
canulant, s’il n’existait déjà.

QU1VAL.A.

THÉÂTRES

COMÉDIE-FRANÇAISE : Athalie.

Tout vient à point à qui sait attendre.

C’est pourquoi, après des ajournements moti-
vés par la fatigue de M. Mounet-Sully, nous
avons eu, lundi, Athalie à la Comédie-Française.

Il y aurait irrévérence, n’est-ce pas? à vous
conter comme une simple Denneryade,ou comme
s’il s’agissait d’une primeur du Théâtre-Libre,
l’histoire de la fille de Jézabel.

Les aventures d’Athalie, reine sujette à des
cauchemars hystériques qui auraient fait d’elle
un précieux sujet pour le docteur Charcot, nous
les avons tous ânonnées au collège, et ce sont là
des souvenirs de pensums qu’on n’entend pas évo-
quer avec une bien vive satisfaction.

Quant à renouveler les querelles du classi-
cisme et du romantisme, ce serait perdre son
temps, alors qu’ils sont l’un et l’autre confondus
en un même dédain par les novateurs actuels.

Contentons-nous donc d’enregistrer les résul-
tats de la soirée au point de vue de l’interpréta-
tion.

Mounet-Sully a fait preuve d’une très puissante
maestria dans le rôle du grand-prêtre Joad.

Mlle Dudlay est une Athalie fort correcte, si-
non très inspirée. Et elle a eu des élans qui lui
étaient bien personnels.

Ernest Maloiseau, jeune auteur dramatique, par-
courait distraitement les journaux du matin, au calé,
en savourant un amer Picon.

Il avait grand besoin de se tonifier, ce pauvre Er-
nest, car il lui était arrivé, la veille, une de ces mé-
saventures qui ne sont pas rares dans le métier de
« jeune auteur dramatique », mais qui paraissent
toujours rudes, « malgré l’habitude qu'on en peut
avoir», comme dit une chanson goguenarde.

Maloiseau et ses manuscrits, l’un portant les au-
tres, s’étaient vu refuser impitoyablement la porte
du cabinet de je ne sais quel directeur de théâtre,
mieux gardé par un seul huissier inexorable que le
jardin des Hespérides par tout un régiment de dra-
gons.

Ah! oui, certes, les pommes que l'on s’efforce de
conquérir, sur une scène subventionnée ou autre,
sont mille fois plus difficiles à décrocher que les
fruits d’or de la légende antique. Peut-être bien parce
que les pommes modernes sont cuites.

Quoi qu’il en soit, maître Ernest réfléchissait sur
sa récente déconvenue, laquelle, ajoutée aux quatre-

Pour le surplus, il suffira d’une félicitation col-
lective à l’adresse de MM. Sylvain, Paul Mounet
et de Mlle Amel.

Il faut bien, n’est-ce pas, que la maison de Mo-
lière pense quelquefois qu’elle est aussi la maison
de Racine.

Pierre Véron.

ABSINTHE-BATLLY (ornant/Doutai)

CHERRY BRANDY‘‘phaœqn.ex-

Dépôt Principal chez E. ANDOUARD
Ao*MT des G4" Marques de Vins et Spiritueux, BORDEAUX

CHRONIQUE DU JOUR

Le grand chic, dans le monde ultra-select, consiste
à dîner sur des tables de fleurs. Il y a la table des
fleurs d’oranger pour les jeunes filles, des nénuphars
pour les beaux Narcisses, et des camélias pour les
belles dames.

La bourgeoisie devrait bien suivre le mouvement
avec des dîners de fruits. Au moins, au dessert, les
convives pourraient.brouter.

Notez que ce serait bien plus logique. Il y aurait
la table des vieux melons, celle des carottiers; sans
oublier celle des pommes de terré pour les tubercu-
leux!

La question du déplacement do la Morgue — un
sujet joyeux! — se complique. Il paraît qu’on veut
créer à côté de la Morgue, à conserver pour le pau-
vre peuple, un Institut médico-légal pour les per-
sonnes riches.

L’anonyme repêché dans la Seine continuerait à
aller figurer dans l’horrible vitrine. Mais le bour-
geois dont i’autopsîo serait nécessaire aurait un
asile plus correct et moins désagréable pour la fa-
mille.

S’il est prouvé que le contact est désagréable,
même à la Morgue, on pourrait se contenter de vi-
trines de T", de 2e et de 3e classe. Moyennant un sup-
plément, on aurait une dalle de carrare et un robinet
d’argent.

L’échelle des peines me parait manquer d’éche-
lons. Voulez-vous examiner deux cas ?

Un mari tue un homme, — à l’addition, un an de
prison; une femme tue une autre femme, total :
acquittement à peu près certain.

Un caporal, clans un régiment, a découché. Un
peu gris, il s'est présenté chez une femme de mau-
vaises mœurs,—je garantis l’authenticité du fait.—
Comme la fille Élisa avait fermé l’huis à clé, il
enfonce la porte. Bris de clôture, effraction et le
reste. Le caporal a été condamné à cinq ans de tra-
vaux forcés.

vingt-dix-neuf précédentes, constituait un total de re-
buffades plus que suffisant pour décourager le plus
enragé, une douche glacée capable d’éteindre le feu
archi-sacré.

Et, cependant, bien que ses réflexions ne fussent
pas du tout couleur de rose, notre jeune auteur ne
songeait pas le moins du monde à lâcher la rampe,
cette rampe que, d’ailleurs, à son grand regret, il
n’avait pas encore pu aborder.

Or, tout en jetant quelques coups d’œil distraits,
de temps en temps, sur les faits-divers et le courrier
des théâtres des feuilles parisiennes qui se succé-
daient rapidement sous ses yeux, Ernest Maloiseau
se remémorait les trucs employés par quelques-uns
de ses prédécesseurs, et des plus huppés, pour en-
trer de plain-pied dans la carrière où lui, malchan-
ceux, n’avait pas même encore pu risquer un orteil

Il se rappelait, par exemple, le vaudevilliste Si-
raudin, à moins que ce ne fût un dramaturge quel-
conque, brutalement mis à la porte par un direc-
teur féroce, et rentrant inopinément, par la fenêtre,
dans le cabinet même de ce directeur.

Pour opérer ce tour de force, ou, si vous préférez,
ce tour de farce, l’auteur dramatique en question
s’ôlait tout simplement déguisé en maçon, et, avec
quelques manœuvres à sa solde, avait installé un
échafaudage contre la façade du théâtre.

Et quand la planche, une vraie planche do salut,
cello-ià, s’était trouvée à la hauteur de la fenêtre de
l’antre directorial, le faux maçon était entré sans

Vous me direz que la loi civile n’est pas la loi mi-
litaire. N’importe. Rien pour faire sauter une cer-
velle, et cinq ans pour faire sauter une serrure. Il
n’y a pas de proportion.

Mme Z... a accouché d’un enfant absolument
chauve. Le petit grandit; aucun cheveu ne pousse.

— C’est drôle! murmure le père; il n’y a personne,
dans notre famille...

— Au fait, déclare la mère, je me souviens que
j’ai eu une envie de boules de b'illard I

Féroce, l’épouse de Balaudard.

— Moi, dit-elle, si mon mari me trompait, je lui
crèverais un œil.

— Pourquoi pas les deux?

— Etes-vous bète ! Il ne pourrait pas se voir défi-
guré !

Contran est le plus débauché des hommes.

— Mon Dieu, oui, racontait-il hier au Cercle; il
arrive un moment où on a un certain plaisir à trom-
per sa maîtresse avec sa femme.

Deux cercleux causent femmes.

— Moi, j’adore les cocottes. C’est un tarif fait. Pas
d’ennuis, pas de remords... Un dîner à prix fixe.

— C’est vrai, fait l’autre; mais j’aime mieux les
l'c.rimes du monde .. Un dîner à la carte !

H. Henriot.

BOURSE-EXPRESS
I -

Le marché est animé; il lui serait difficile de ne
l’être pas, puisque nous sommes en liquidation.

Les tendances sont plus lourdes que précédem-
ment : il leur serait difficile de no l'être point, puis-
que beaucoup d’acheteurs réalisent leurs bénéfices.

Les vendeurs sont de méchante humeur ; il serait
difficile qu’il en fût autrement, puisque ce mois-ci
leur a coûté les yeux de la tête, surtout avec les ef-
frayants mouvements de l'Extérieure et de ses cau-
dataires.

Les acheteurs sont pleins de gaîté; il leur serait
difficile de subir des impressions fâcheuses, puis-
que, malgré les rumeurs qu’on fait circuler, on ne
prévoit rien qui puisse sérieusement influencer les
cours.

L’argent est abondant et facile.Comment voudriez-
vous qu’il fût, quand il y a 4 milliards et demi de
disponibilités en dépôts dans les caisses publiques
et privées !

Castorine.

Le Directeur-Gérant, Pierre Véron.

Paris. — Imprimerie Alcan-Lévy, té, rue Chanchat.

façon, mais non sans manuscrit, et avait gracieuse-
ment présenté son ours à l’imprésario ébaubi.

Celui-ci, convaincu qu’un auteur capable d’un
pareil trait de génie dans sa propre conduite de-
vait prêter à ses personnages des intrigues tout à
fait originales, s’était empressé de monter la pièce,
qui avait été un succès.

— Voilà, se disait Maloiseau en guise de conclu-
sion, il faudrait imaginer quelque chose dans ce
goût-là, pour séduire, pour méduser en quelque
sorte un de ces directeurs qui, non seulement
s’obstinent à ne pas recevoir mes pièces, mais qui,
de plus, commencent à ne plus vouloir me recevoir
moi-môme. Mais imaginer quoi ?...

Et notre bon jeune homme se creusait inutilement
la cervelle, en promenant sur les rectangles de
papier imprimé qu’il froissait dans sa main un
regard de plus en plus vague.

Tout à coup, ce regard s’arrêta, s’alluma, étincela.
La main serra le journal. Maloiseau lut et relut le
fait-divers qui avait attiré son attention ; puis il se
frappa le front, Maloiseau avait trouvé, car son
geste n’avait rien de désespéré. Au contraire, il
pressentait le triomphe, ce geste satisfait et
orgueilleux. Maloiseau avait trouvé, dans les faits-
divers, le récit d’une farce idiote faite par un
camelot à un concierge de théâtre.

Le premier avait déposé dans la loge du second
un petit paquet avec mèche allumée, en disant :
« Vous allez sauter tous I » Après quoi il était allé,
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