LE CHARIVARI
vient pas une minute à l’esprit de se demander
qu’est-ce que l’État — ou le particulier — pour-
ront bien faire de leurs toiles ou de leurs sta-
tues .. Mystère qui serait pourtant bien intéres-
sant à percer.
Car enfin, pour qui a parcouru la liste des acqui-
sitions officielles (sans parler des autres), c’est la
première question qui se pose : Qu’est-ce que
l’État compte faire de tout cela? A l’exception de
quelques ouvrages d’un réel mérite, il y a là,
en effet, un bien joli assemblage de croûtes... Je
ne suppose pas qu’elles soient destinées au musée
du Luxembourg... Alors, où cela ira-t-il? Mys-
tère et administration!
Mais l’artiste qui a vendu ne s’en inquiète pas.
Son talent est consacré officiellement, on ne peut
manquer de mettre son tableau ou sa statue à
côté des autres chefs-d’œuvre de l’école moderne.
Cela ne fait pas l’ombre d’un doute. C’est pour-
quoi il est fier, plus fier encore que le médaillé ou
le « mentionné honorablement ».
Dieu me garde de désillusionner ces jeunes
triomphateurs. Mais je crains qu’ils ne s’aperçoi-
vent avant peu que toute médaille a son revers.
Dans tous les cas, ils ne viendront plus admirer
leurs cadres ornés de la pancarte prestigieuse.
On ferme, messieurs, on ferrrmeü!
-***
Ceux que je plains, cependant, 11e sont pas
ceux-là.
Ce sont les laissés pour compte, les dédaignés,
des méconnus peut-être!... Ce sont ces pauvres
diables de rêveurs, qui ont mis leur suprême es-
poir dans une « importante composition », comme
le joueur éperdu met son va-tout sur une carte
dernière... Et vous savez ce que cela coûte à éta-
blir, une « importante composition ». On nous le
disait l’autre jour : telle toile a coûté à son auteur
50,000 francs avant de sortir de l’atelier.
Généralement, l’Etat acquiert ces morceaux-là
(il n’y a que l’Etat qui puisse se permettre un
tel luxe), et il les paie généralement sur le pied
de quinze cents francs (mettons deux mille avec
le cadre).
Zuze un peu, mon bon, de ce que devient le
peintre lorsque l’Etat lui-même se dérobe, c’est-
à-dire lorsque les membres de la commission
passent devant le vaste tableau sans s’y arrê-
ter...
C’est la ruine, c’est le déshonneur, c’est la
mort.
Je vous salue, martyrs volontaires!
Jusqu’aujourd’hui, il vous restait quelque
chance de rencontrer le Mécène attendu.
Hélas' il faut y renoncer...
On ferme, messieurs, on ferrrme !!!
***
Il y a aussi des physionomies comiques.
Celle, par exemple, du gros bourgeois qui avait
pris l’habitude, depuis l’ouverture du Salon, de
venir se mirer dans son portrait ou faire la roue
devant son buste. En ce moment il « s’assemble »,
il « fait foule » à cette place ou vous étiez sûrs de
le voir chaque jour en quête des regards appro-
bateurs... On va le décrocher, ce portrait! On va
le descendre de son socle, ce buste ! Déjà !...
Etla« demoiselle » prétentieuse, qui comptait
sur l’exhibition de son image pour trouver un
mari... Voyez - la, navrée, contempler pour la
dernière fois cet appeau inefficace... Pauvre fille,
hier encore pour elle des horizons s’ouvraient...
et en ce moment elle crierait volontiers :
— A quoi pensez-vous donc? Qu’attendez-
vous ?
« On ferme, messieurs, on ferrrme I!! »
Firmin Javel.
--
BIGARREAU Bourguignon
Frédéric MUGNIER a Dijon, seul Fabricant
Médaille d’Or Exp°q UNivhe pAius 1889.
CREME BOUTET
■Usines à, Caudéran — BORDEAUX
CHRONIQUE DU JOUR
On va juger l’affaire Reymond.
Plaît-il?
C’est juste; on oublie si vite à Paris, que ce nom
déjà ne vous dit plus tout de suite ce qu’il signifie.
L’affaire Reymond... Meurtre de Mme Lassimonne
par Mme Reymond, l’épouse trompée.
Ah! oui... Vous y êtes.
On promet des incidents d’audience très mouve-
mentés.
Et des plaidoiries flamboyantes.
Détail spécial : Henri de Bornier est au nombre
des jurés de la session.
Lui qui aime la tragédie, il y aura la main.
Déjà les pronostics ont commencé à intervenir.
Les paris sont presque à égalité pour l’acquitte-
ment et pour la condamnation avec circonstances
atténuantes.
O Paris frivole, que te voilà bien! O Paris joueur,
je te reconnais là !
Cela rappelle l’histoire authentique de ces deux
clubmen :
— Mon cher, mon père est bien malade.
— Bah! je l’ai vu avant-hier. Cela ne me paraît pas
si grave.
Je te parie qu’il sera mort avant deux mois !
Immense !
Salammbô, interrompue par une indisposition de
Mme Caron, a repris sa victorieuse marche
Quoi malheur que le thermomètre fasse des sien-
nes !
Ce thermomètre maudit joue, en ce moment, le
même mauvais tour à deux succès.
A Salammbô de l’Opéra, puis au Prince d’Aurec
du Vaudeville.
Messieurs les directeurs, tâchez donc, dans votre
intérêt, de ne pas donner vos premières sensation-
nelles en queue de saison.
Vous le voyez, l’habitude est mauvaise à prendre.
Ce sont des centaines de mille francs qu’elle fait
perdre.
Encore un nouvel engagement pour le pétomane
du Moulin-Rouge.
On prétend que Ruggicri lui aurait adressé de
brillantes propositions.
L’artiste spécialiste serait, dans les feux d’artifice,
chargé de faire les bruits de bombes.
Une métamorphose vient de s’opérer.
Pour l'hiver, les Montagnes-Russes auront cessé
d’être le bouiboui baroque que vous savez.
Ce sera un véritable théâtre, genre Folies-Bergère,
avec fauteuils, loges.
Que les giboyeuses et les fêtards se rassurent.
Leur place restera réservée.
Il y aura un fort promenoir, où l’on pourra conti-
nuer à flirter... en chiffres connus.
Qu’on se le dise.
De plus, Oller s’est avisé de faire bâtir trois étages
sur la façade du boulevard.
Le premier est déjà loué parla maison Boussod et
Valadon, qui y installera des expositions comme la
galerie Petit les pratique.
Voilà du neuf sur la planche.
On donne des nouvelles mauvaises sur l’état coma-
teux de M. de Lesseps.
Il est à craindre que ces nouvelles-là ne puissent
plus s’améliorer.
Le public est un maître exigeant; encore, tou-
jours, à tout prix, « n’en fût-il plus au monde, » il
lui faut du nouveau. Lui en donner, accomplir ce
tour de force, c’est, à coup sûr, le succès. Et voilà
pourquoi les propriétaires du Casino Frascati, au
Havre, peuvent être tranquilles sur la réussite de
leur entreprise.
Iis ont remanié de fond en comble l’ancien Casino
qui dépendait alors de l’Hôtel Frascati, et qui en
est maintenant tout à fait indépendant, et ils ont
réuni là, dans ce nouvel établissement, merveilleu-
sement situé à proximité de la ville, tout ce que
peut désirer un public de Casino. Le plus difficile
de ceux qui aiment leur confortable, et Dieu sait
combien il est malaisé de les contenter, n’y trouve-
rait rien à reprendre, tant on a mis de soin à tout
combiner pour que rien ne manque dans le domaine
du nécessaire, et aussi, j’allais dire surtout, dans
celui du superflu.
C'est ainsi que la nouvelle salle de théâtre, bien
différente de celles de tant d’établissements simi-
laires, est aménagée de façon à répondre.à tous les
besoins de l’art dramatique. Il n’y aura pas de pièce,
si machinée soit-elle, que l'on n’y puisse représen-
ter et que ne puissent applaudir les habitués du
Casino Frascati.
On va — honneur rarement accordé aux gens de
leur vivant—publier les œuvres complètes d’Hector
Malot.
Une intéressante figure*que ce Malot, et pas banale
du tout, par ce temps de pilule-réclame.
Lui, le consciencieux piocheur, il travaille depuis
trente-trois ans, et jamais il 11'a appartenu à aucune
coterie.
Jamais il n’a été l’homme d’un café, d’une secte,
d’une camaraderie bruyante.
Il vit on son coin, "A. Fontenay-sous-Bois, sans
chercher le boniment.
Fais ce que dois, advienne que pourra.
C’est pour cela, certainement, qu il a fait moins de
bruit qu'il ne le mérite. Les tambours et grosses
caisses des roublards assourdissent le public. Du
vrai talent modeste, il ne reste plus à la foule d’oreil-
le? pour s’en soucier.
Hector Malot, cependant, a fait sa trouée quand
même. Un véritable tour de force.
T'homme ?
Un robuste à la barbe grise, aux yeux expres-
sifs.
Taille moyenne ; un sourire bienveillant, mais qui
sait être sarcastique au besoin.
Vit, loin du boulevard, la vie paisible du bourgeois
cossu et champêtre.
Bon, mais ne se laissant pas marcher sur le
pied.
Un homme, quoi !
Carnet d'un philosophe :
« Il est difficile de se garder une poire pour la
soif ; mais il est plus difficile, en vieillissant, de se
garder une soif pour la poire. »
Tribunaliana.
On juge un procès en adultère.
Le mari, au début de l’audience, demande la pa-
role, et, regardant l’amant avec haine :
— Monsieur le président, je retire ma plainte, si
Madame veut me promettre de me tromper avec un
autre !
Paul Girard.
BOURSE-EXPRESS
Toujours les mêmes histoires : grandissime fer-
meté des rentes françaises, hésitation marquée des
valeurs étrangères ; mécontentement général de la
spéculation; affaires nulles; liquidation facile.
La grosse nouvelle du jour est celle-ci : Le Crédit
Foncier a obtenu tout ce qu’il voulait. La conversion
se fera ; et les communes qui l’accepteront — elles
seront bien rares, celles qui voudront persister à
payer 4,73 0/0 par an, quand il leur sera loisible de
réduire cet intérêt à 4,13 0/0 — s’engageront à 11e
pas effectuer de remboursement avant dix ans. De
cette façon, tout le monde est satisfait; et, dans trois
semaines d’ici, nous aurons l’émission.
Ainsi finit la pseudo-crise déchaînée (?) p ar l’adop-
tion de la proposition Siegfried. Avouez que c’est
plaisir de voir un établissement aussi bien outillé
pour se défendre que le Crédit Foncier.
Castorine.
vient pas une minute à l’esprit de se demander
qu’est-ce que l’État — ou le particulier — pour-
ront bien faire de leurs toiles ou de leurs sta-
tues .. Mystère qui serait pourtant bien intéres-
sant à percer.
Car enfin, pour qui a parcouru la liste des acqui-
sitions officielles (sans parler des autres), c’est la
première question qui se pose : Qu’est-ce que
l’État compte faire de tout cela? A l’exception de
quelques ouvrages d’un réel mérite, il y a là,
en effet, un bien joli assemblage de croûtes... Je
ne suppose pas qu’elles soient destinées au musée
du Luxembourg... Alors, où cela ira-t-il? Mys-
tère et administration!
Mais l’artiste qui a vendu ne s’en inquiète pas.
Son talent est consacré officiellement, on ne peut
manquer de mettre son tableau ou sa statue à
côté des autres chefs-d’œuvre de l’école moderne.
Cela ne fait pas l’ombre d’un doute. C’est pour-
quoi il est fier, plus fier encore que le médaillé ou
le « mentionné honorablement ».
Dieu me garde de désillusionner ces jeunes
triomphateurs. Mais je crains qu’ils ne s’aperçoi-
vent avant peu que toute médaille a son revers.
Dans tous les cas, ils ne viendront plus admirer
leurs cadres ornés de la pancarte prestigieuse.
On ferme, messieurs, on ferrrmeü!
-***
Ceux que je plains, cependant, 11e sont pas
ceux-là.
Ce sont les laissés pour compte, les dédaignés,
des méconnus peut-être!... Ce sont ces pauvres
diables de rêveurs, qui ont mis leur suprême es-
poir dans une « importante composition », comme
le joueur éperdu met son va-tout sur une carte
dernière... Et vous savez ce que cela coûte à éta-
blir, une « importante composition ». On nous le
disait l’autre jour : telle toile a coûté à son auteur
50,000 francs avant de sortir de l’atelier.
Généralement, l’Etat acquiert ces morceaux-là
(il n’y a que l’Etat qui puisse se permettre un
tel luxe), et il les paie généralement sur le pied
de quinze cents francs (mettons deux mille avec
le cadre).
Zuze un peu, mon bon, de ce que devient le
peintre lorsque l’Etat lui-même se dérobe, c’est-
à-dire lorsque les membres de la commission
passent devant le vaste tableau sans s’y arrê-
ter...
C’est la ruine, c’est le déshonneur, c’est la
mort.
Je vous salue, martyrs volontaires!
Jusqu’aujourd’hui, il vous restait quelque
chance de rencontrer le Mécène attendu.
Hélas' il faut y renoncer...
On ferme, messieurs, on ferrrme !!!
***
Il y a aussi des physionomies comiques.
Celle, par exemple, du gros bourgeois qui avait
pris l’habitude, depuis l’ouverture du Salon, de
venir se mirer dans son portrait ou faire la roue
devant son buste. En ce moment il « s’assemble »,
il « fait foule » à cette place ou vous étiez sûrs de
le voir chaque jour en quête des regards appro-
bateurs... On va le décrocher, ce portrait! On va
le descendre de son socle, ce buste ! Déjà !...
Etla« demoiselle » prétentieuse, qui comptait
sur l’exhibition de son image pour trouver un
mari... Voyez - la, navrée, contempler pour la
dernière fois cet appeau inefficace... Pauvre fille,
hier encore pour elle des horizons s’ouvraient...
et en ce moment elle crierait volontiers :
— A quoi pensez-vous donc? Qu’attendez-
vous ?
« On ferme, messieurs, on ferrrme I!! »
Firmin Javel.
--
BIGARREAU Bourguignon
Frédéric MUGNIER a Dijon, seul Fabricant
Médaille d’Or Exp°q UNivhe pAius 1889.
CREME BOUTET
■Usines à, Caudéran — BORDEAUX
CHRONIQUE DU JOUR
On va juger l’affaire Reymond.
Plaît-il?
C’est juste; on oublie si vite à Paris, que ce nom
déjà ne vous dit plus tout de suite ce qu’il signifie.
L’affaire Reymond... Meurtre de Mme Lassimonne
par Mme Reymond, l’épouse trompée.
Ah! oui... Vous y êtes.
On promet des incidents d’audience très mouve-
mentés.
Et des plaidoiries flamboyantes.
Détail spécial : Henri de Bornier est au nombre
des jurés de la session.
Lui qui aime la tragédie, il y aura la main.
Déjà les pronostics ont commencé à intervenir.
Les paris sont presque à égalité pour l’acquitte-
ment et pour la condamnation avec circonstances
atténuantes.
O Paris frivole, que te voilà bien! O Paris joueur,
je te reconnais là !
Cela rappelle l’histoire authentique de ces deux
clubmen :
— Mon cher, mon père est bien malade.
— Bah! je l’ai vu avant-hier. Cela ne me paraît pas
si grave.
Je te parie qu’il sera mort avant deux mois !
Immense !
Salammbô, interrompue par une indisposition de
Mme Caron, a repris sa victorieuse marche
Quoi malheur que le thermomètre fasse des sien-
nes !
Ce thermomètre maudit joue, en ce moment, le
même mauvais tour à deux succès.
A Salammbô de l’Opéra, puis au Prince d’Aurec
du Vaudeville.
Messieurs les directeurs, tâchez donc, dans votre
intérêt, de ne pas donner vos premières sensation-
nelles en queue de saison.
Vous le voyez, l’habitude est mauvaise à prendre.
Ce sont des centaines de mille francs qu’elle fait
perdre.
Encore un nouvel engagement pour le pétomane
du Moulin-Rouge.
On prétend que Ruggicri lui aurait adressé de
brillantes propositions.
L’artiste spécialiste serait, dans les feux d’artifice,
chargé de faire les bruits de bombes.
Une métamorphose vient de s’opérer.
Pour l'hiver, les Montagnes-Russes auront cessé
d’être le bouiboui baroque que vous savez.
Ce sera un véritable théâtre, genre Folies-Bergère,
avec fauteuils, loges.
Que les giboyeuses et les fêtards se rassurent.
Leur place restera réservée.
Il y aura un fort promenoir, où l’on pourra conti-
nuer à flirter... en chiffres connus.
Qu’on se le dise.
De plus, Oller s’est avisé de faire bâtir trois étages
sur la façade du boulevard.
Le premier est déjà loué parla maison Boussod et
Valadon, qui y installera des expositions comme la
galerie Petit les pratique.
Voilà du neuf sur la planche.
On donne des nouvelles mauvaises sur l’état coma-
teux de M. de Lesseps.
Il est à craindre que ces nouvelles-là ne puissent
plus s’améliorer.
Le public est un maître exigeant; encore, tou-
jours, à tout prix, « n’en fût-il plus au monde, » il
lui faut du nouveau. Lui en donner, accomplir ce
tour de force, c’est, à coup sûr, le succès. Et voilà
pourquoi les propriétaires du Casino Frascati, au
Havre, peuvent être tranquilles sur la réussite de
leur entreprise.
Iis ont remanié de fond en comble l’ancien Casino
qui dépendait alors de l’Hôtel Frascati, et qui en
est maintenant tout à fait indépendant, et ils ont
réuni là, dans ce nouvel établissement, merveilleu-
sement situé à proximité de la ville, tout ce que
peut désirer un public de Casino. Le plus difficile
de ceux qui aiment leur confortable, et Dieu sait
combien il est malaisé de les contenter, n’y trouve-
rait rien à reprendre, tant on a mis de soin à tout
combiner pour que rien ne manque dans le domaine
du nécessaire, et aussi, j’allais dire surtout, dans
celui du superflu.
C'est ainsi que la nouvelle salle de théâtre, bien
différente de celles de tant d’établissements simi-
laires, est aménagée de façon à répondre.à tous les
besoins de l’art dramatique. Il n’y aura pas de pièce,
si machinée soit-elle, que l'on n’y puisse représen-
ter et que ne puissent applaudir les habitués du
Casino Frascati.
On va — honneur rarement accordé aux gens de
leur vivant—publier les œuvres complètes d’Hector
Malot.
Une intéressante figure*que ce Malot, et pas banale
du tout, par ce temps de pilule-réclame.
Lui, le consciencieux piocheur, il travaille depuis
trente-trois ans, et jamais il 11'a appartenu à aucune
coterie.
Jamais il n’a été l’homme d’un café, d’une secte,
d’une camaraderie bruyante.
Il vit on son coin, "A. Fontenay-sous-Bois, sans
chercher le boniment.
Fais ce que dois, advienne que pourra.
C’est pour cela, certainement, qu il a fait moins de
bruit qu'il ne le mérite. Les tambours et grosses
caisses des roublards assourdissent le public. Du
vrai talent modeste, il ne reste plus à la foule d’oreil-
le? pour s’en soucier.
Hector Malot, cependant, a fait sa trouée quand
même. Un véritable tour de force.
T'homme ?
Un robuste à la barbe grise, aux yeux expres-
sifs.
Taille moyenne ; un sourire bienveillant, mais qui
sait être sarcastique au besoin.
Vit, loin du boulevard, la vie paisible du bourgeois
cossu et champêtre.
Bon, mais ne se laissant pas marcher sur le
pied.
Un homme, quoi !
Carnet d'un philosophe :
« Il est difficile de se garder une poire pour la
soif ; mais il est plus difficile, en vieillissant, de se
garder une soif pour la poire. »
Tribunaliana.
On juge un procès en adultère.
Le mari, au début de l’audience, demande la pa-
role, et, regardant l’amant avec haine :
— Monsieur le président, je retire ma plainte, si
Madame veut me promettre de me tromper avec un
autre !
Paul Girard.
BOURSE-EXPRESS
Toujours les mêmes histoires : grandissime fer-
meté des rentes françaises, hésitation marquée des
valeurs étrangères ; mécontentement général de la
spéculation; affaires nulles; liquidation facile.
La grosse nouvelle du jour est celle-ci : Le Crédit
Foncier a obtenu tout ce qu’il voulait. La conversion
se fera ; et les communes qui l’accepteront — elles
seront bien rares, celles qui voudront persister à
payer 4,73 0/0 par an, quand il leur sera loisible de
réduire cet intérêt à 4,13 0/0 — s’engageront à 11e
pas effectuer de remboursement avant dix ans. De
cette façon, tout le monde est satisfait; et, dans trois
semaines d’ici, nous aurons l’émission.
Ainsi finit la pseudo-crise déchaînée (?) p ar l’adop-
tion de la proposition Siegfried. Avouez que c’est
plaisir de voir un établissement aussi bien outillé
pour se défendre que le Crédit Foncier.
Castorine.