LE CHARIVARI
Eljen senior revendique la propriété de ce cri
national hongrois, et fait défense à Eljen junior
de s’en servir pour son usage personnel.
Eljen junior proteste, invoque l'arbitrage du
Comité de la Société des gens de lettres, qui ré-
pond :
— Ça fait déjà deux Eljen, sans compter les
petits Eljen qui peuvent surgir par la suite. Il
n’est pas possible de tolérer tant d’Eljen que ça...
C’est encombrant...
Et Eljen junior sera, déparia loi, expulsée des
vitrines des libraires. Pauvre Mme J...!
Ne trouvez-vous pas que les revendications
de ce genre, toujours drôles, reculent les bornes
du comique, lorsqu’elles s’exercent sur un mot,
sur une simple exclamation.
Pourquoi alors les auteurs de la première Cos-
mographie, de la première Trigonométrie recti-
ligne ou curviligne, du premier Traité de cosmo-
graphie, n’ont-ils pas traîné devant les tribunaux
les astronomes, mathématiciens et archivistes
qui leur ont postérieurement volé, avec un cy-
nisme éhonté, ces titres éminemment suggestifs ?
Ça leur aurait toujours fait un peu de réclame.
En attendant, la législation actuelle donne rai-
son à Eljen senior contre Eljen junior.
— Pourquoi, gémit cette dernière, n’établirait-
on pas un répertoire où tous les titres d’ouvrages
actuellement parus, inscrits par ordre alphabé-
tique, pourraient être consultés par les écrivains ?
De cette façon, le double emploi ne serait plus
possible.
O proposition illusoire! Cette liste serait for-
cément incomplète, et quand paraîtrait en li-
brairie un volume intitulé par exemple : L'Or-
pheline du Donjon, nul doute qu’il ne se trouvât
quelqu’un pour écrire aux journaux :
« Monsieur et cher confrère,
» En 1864, chez Bosco, épicier à Tripatouillis-
les-Oies, qui avait acheté d’occasion une presse à
bras, il a été tiré à 150 exemplaires numérotés un
poème de45 vers, intitulé : Le Donjon de l'Orphe-
line.
» Ce poème est de moi, et j’entends faire res-
pecter mes droits.
■ 'Ug? : X... »
Quoi qu’il en soit, l’idée du répertoire me sou-
rit assez, mais pas comme l’entend Mme J... Au
ixeu d’une liste des titres à ne pas prendre, il se-
rait moins long et plus facile de confectionner
une liste de titres sans propriétaires.
En voici un spécimen que je veux bien livrer,
à titre d’échantillon gratuit, aux auteurs dans
l’embarras :
L’Iliade,
Le Deutéronome,
Les Vedas,
L'Apocalypse,
auteur MM. Homère.
» Moïse.
» Brahma (dieu).
» Saint Jean.
Tous ces messieurs étant décédés depuis un
certain temps déjà sans descendance connue,
l’emploi de ces titres ne susciterait aucune récla-
mation.
Ce petit travail pourrait être complété, à l’in-
tention de MM. les auteurs fin de siècle, par un
assortiment de titres plus modernes.
Michel Thivars.
THÉÂTRES
CHATEAU-D’EAU : Madame Nicolet.
Le théâtre du Château-d’Eau est un éclectique
s’il en fut. Il passe du grave au doux, du plaisant
au sévère, avec une liberté d'allures dont nous
sommes loin de le blâmer. L’ennui ne naît-il pas
de l’uniformitéI
Hier encore, on jouait le drame au Château-
d’Eau. Il a été question d’y représenter prochai-
nement une revue. En attendant, voici qu’on y
donne une opérette de M. ITugot, musique de
M. Alfred Fock, dont cette partition est la pre-
mière œuvre.
L’opérette s’intitule Madame Nicolet. Elle met
en scène le ménage du légendaire imprésario fo-
rain qui avait pris pour devise : De plus fort en
plus fort. C’est vous dire que la chose se passe
au siècle dernier, avec accompagnement de ba-
rons et de marquis congrument poudrés.
On y voit aussi le célèbre acteur Taconnet, qui
en somme fut un des pères de l’opérette, car
quelques-unes de ses farces égayées de musique
ressemblent fort à certaines pochades d’Hervé.
Ajoutons tout do suite que le rôle de Madame
Nicolet est joué par Mme Riquier-Lemonnier,
qui répond ainsi deux fois aux exigences do son
personnage, étant elle-même la femme du direc-
teur du Cliâteau-d’Eau.
J’imagine même que l’ouvrage a été tout
d’abord monté parce qu’il fournissait à sa princi-
pale interprète une occasion spéciale de mettre
en relief sa belle humeur et sa ronde bonhomie.
C’est qu’elle n’y va pas par quatre chemins,
Mme Nicollet.
Comme le lieutenant de police s’est permis
d’interdire son spectacle, elle passe outre.
Comme on arrête son mari, elle entonne une
Marseillaise prématurée que les femmes du
quartier répètent en chœur.
Comme on enferme Nicollet au Fort-Lévêque,
elle le fait évader.
Et ainsi de suite.
C’est elle qui mène avec entrain toute cette
histoire un peu vieuxjeu, mais dontles drôleries,
pour être connues, n’en ont pas moins paru com-
binées à point pour réjouir un public spécial.
La partition, très copieuse, de M. A. Fock, ne
se pique pas toujours non plus de nouveauté iné-
dite. Mais elle est vivace, et offre à diverses re-
prises des trouvailles mélodiques qui ont été ap-
préciées.
Nous citerons, entre autres, les couplets dits
par M. Maréchal, la chanson de Collé que
Mme Lemonnier détaille très finement. Une
valse aimable, sans parler de la Marseillaise fé-
minine déjà citée et redemandée trois fois.
Il y a donc là les éléments qu’il faut — y com-
pris une mise en scène sans lésinerie — pour que
Madame Nicollet amène au Château-d’Eau ceux
qui prennent — et ils ont bien raison — leur plai-
sir où ils le trouvent.
Pierre Véron.
TPTPT F-QPP COINTREAUd'Angers,
1 Illl JLiJLJ DLltl EXIGER le FLACON CARRÉ
Moutarde JULIEN MACK DI*
CHRONIQUE DU JOUR
Le pharmacien dont l’élixir a débarrassé un mon-
sieur de son ver solitaire devient-il, par suite, pro-
priétaire du ténia, et a-t-il le droit de l'exhiber en
public, en le désignant comme sorti des entrailles
du client?
Telle est la question que les tribunaux vont avoir
à résoudre.
Et ce n'est pas seulement le pharmacién qui at-
tend, anxieux, la solution, dans la crainte d’ètre
privé du plus bel ornement de ses bocaux, mais en-
core une infinité de personnes.
Par exemple, le chirurgien saura enfin si, lorsqu’il
vient de couper une jambe, il est en droit de s’en
aller en l’emportant sous son bras.
Les dentistes ne trouveront pas moins intéres-
sant de savoir s’il leur sera permis désormais d’éta-
ler clans leur vitrine les dents extirpées avec une
mention :
Molaires et canines de la baronne X. .
Dent de sagesse du député K...
Il paraît qu'étendre de la colle sur le revers d’un
timbre-poste et humecter ladite colle avec de la sa-
live pour faire adhérer le timbre constitue deux
opérations terriblement dissemblables.
En effet, l’administration des postes considère
celles qui étendent comme de simples ouvrières, et
les autres, celles qui humectent, comme des fonc-
tionnaires.
Saluez !
Ce qui fait que celles-ci ont droit à la retraite, et
les premières pas du tout.
11 est beau de verser sa salive pour son pays I
Tout au Dahomey.
II paraît que, là-bas, l’adultère existe aussi bien
qu’en France; seulement, la façonde le punir diffère.
Ainsi, lafemme qui s’est permis quelque fan aisie
extra-matrimoniale reçoit simplement une formida-
ble raclée de son seigneur et maître.
Mais celui-ci a bien soin de ne pas trop endom-
mager l’épouse coupable, encore moins de la tuer,
comme font les gens civilisés, la femme ayant une
valeur marchande.
Le narrateur qui rapporte ce fait, le cite comme
un trait de mœurs extraordinaire.
Cependant, chez nous aussi Alphonse cogne sa
marmite sans la détériorer, pour ne pas lui enlever
la valeur marchande.
La vogue est restée fidèle aux almanachs que pu-
blie la maison Plon. C'était à prévoir ; ils s'adres-
sent à des lecteurs insensibles aux beautés de la
littérature fin de siècle.
L'Almanach du Charivari. TAlmanach comique,
1 Almanach pour rire se partagent la faveur du pu-
blic qui a le goût de la bonne humour.
Grand succès aussi pour Y Almanach des Pari-
siennes, où le spirituel crayon de Gautier continue
de façon heureuse la tradition verveuse et piquante
de Grévin.
Etonnez-vous, après cela, que les tirages de ces
joyeux almanachs se suivent sans désemparer!
Figurez-vous que le billet suivant, d'un père à son
fils, tombe entre les mains d'un candide anthropo-
phage :
« Monsieur mon fils,
» Vous aviez une maison de ville, vous l'avez
mangée ! Vous aviez des terres, vous les avez dévo ■
réesl Du mobilier que je vous avais donné, vous
n’avez fait qu’une bouchée! Maintenant, il ne vous
reste plus qu’à ronger votre frein! »
— Quel appétit ils ont, cos blancs ! s’écrierait le
candide anthropophage.
Un amoureux reçoit ’ promesse d’un premier
rendez-vous :
« Trouvez-. roc et des Champs-Elysée
aux environs ci ois heures. » •
L’a\ïuureux t. -e à deux heures cl deuiu- er a.-
pente fièvreusement l’asphalte.
Quatre heurt rien. Cinq heures. .
pèré.
Le lendemain, second billet :
« Vous êtes un homme sans foi. J’avais eu la fai-
blesse de vous accorder un rendez-vous et vous
n’ètes pas venu. »
Le pauvre avait oublié que, dans ce cas-là, « aux
environs de trois heures » peut vouloir dire sept ou
huit heures.
Ça dépend d’un lacet de corset qui casse ou d’une
frisette récalcitrante.
Balandard fait ses confidences à un ami.
— Ah ! mon cher, si vous saviez quelle belle-mère
je possède!... La plus rouée des belles-mères!
' — Elle ne vous laisse pas un instant tranquille?
— Pis que cela; elle me traite si bien, que je ne
peux pas trouver une occasion de me plaindre d’elle.
Jules Demolliens.
BOURSE-EXPRESS
Ah ! dame ! pour être ferme, on n’est pas ferme ; et
vous voudrez bien avouer qu’il serait fort difficile
qu’on le fût, avec toutes les histoires qui nous tom-
bent dessus et dans lesquelles on patauge.
Mais on ne peut pas dire non plus qu’on soit d’une
lourdeur exagérée. 11 y a des boursiers qui s’en
étonnent et qui disent qu’une crise ministérielle,
dans les conditions où se présente celle-ci,vaudrait
bien quarante sous de baisse. Mais j'ai déjà eu Foc-
casion de vous faire remarquer que la Bourse n’est
plus très sensible aux affaires de la politique inté-
rieure. Le comptant non plus. Il se dit que les mi-
nistères passent et que les rentes restent.
Cela nous explique pourquoi le cours de 99 franc»
a l’air de ne vouloir se laisser entamer qu'à la der-
nière extrémité. Les autres grandes valeurs fran-
çaises sont également bien tenues, — relative-
ment.
Quant au reste, pas la peine d’en parler.
Castorine
Le Directeur-Gérant, Pierre Véron
Paris. — lmp. Alcau-Lévy, 24» rne Chauchat.
Eljen senior revendique la propriété de ce cri
national hongrois, et fait défense à Eljen junior
de s’en servir pour son usage personnel.
Eljen junior proteste, invoque l'arbitrage du
Comité de la Société des gens de lettres, qui ré-
pond :
— Ça fait déjà deux Eljen, sans compter les
petits Eljen qui peuvent surgir par la suite. Il
n’est pas possible de tolérer tant d’Eljen que ça...
C’est encombrant...
Et Eljen junior sera, déparia loi, expulsée des
vitrines des libraires. Pauvre Mme J...!
Ne trouvez-vous pas que les revendications
de ce genre, toujours drôles, reculent les bornes
du comique, lorsqu’elles s’exercent sur un mot,
sur une simple exclamation.
Pourquoi alors les auteurs de la première Cos-
mographie, de la première Trigonométrie recti-
ligne ou curviligne, du premier Traité de cosmo-
graphie, n’ont-ils pas traîné devant les tribunaux
les astronomes, mathématiciens et archivistes
qui leur ont postérieurement volé, avec un cy-
nisme éhonté, ces titres éminemment suggestifs ?
Ça leur aurait toujours fait un peu de réclame.
En attendant, la législation actuelle donne rai-
son à Eljen senior contre Eljen junior.
— Pourquoi, gémit cette dernière, n’établirait-
on pas un répertoire où tous les titres d’ouvrages
actuellement parus, inscrits par ordre alphabé-
tique, pourraient être consultés par les écrivains ?
De cette façon, le double emploi ne serait plus
possible.
O proposition illusoire! Cette liste serait for-
cément incomplète, et quand paraîtrait en li-
brairie un volume intitulé par exemple : L'Or-
pheline du Donjon, nul doute qu’il ne se trouvât
quelqu’un pour écrire aux journaux :
« Monsieur et cher confrère,
» En 1864, chez Bosco, épicier à Tripatouillis-
les-Oies, qui avait acheté d’occasion une presse à
bras, il a été tiré à 150 exemplaires numérotés un
poème de45 vers, intitulé : Le Donjon de l'Orphe-
line.
» Ce poème est de moi, et j’entends faire res-
pecter mes droits.
■ 'Ug? : X... »
Quoi qu’il en soit, l’idée du répertoire me sou-
rit assez, mais pas comme l’entend Mme J... Au
ixeu d’une liste des titres à ne pas prendre, il se-
rait moins long et plus facile de confectionner
une liste de titres sans propriétaires.
En voici un spécimen que je veux bien livrer,
à titre d’échantillon gratuit, aux auteurs dans
l’embarras :
L’Iliade,
Le Deutéronome,
Les Vedas,
L'Apocalypse,
auteur MM. Homère.
» Moïse.
» Brahma (dieu).
» Saint Jean.
Tous ces messieurs étant décédés depuis un
certain temps déjà sans descendance connue,
l’emploi de ces titres ne susciterait aucune récla-
mation.
Ce petit travail pourrait être complété, à l’in-
tention de MM. les auteurs fin de siècle, par un
assortiment de titres plus modernes.
Michel Thivars.
THÉÂTRES
CHATEAU-D’EAU : Madame Nicolet.
Le théâtre du Château-d’Eau est un éclectique
s’il en fut. Il passe du grave au doux, du plaisant
au sévère, avec une liberté d'allures dont nous
sommes loin de le blâmer. L’ennui ne naît-il pas
de l’uniformitéI
Hier encore, on jouait le drame au Château-
d’Eau. Il a été question d’y représenter prochai-
nement une revue. En attendant, voici qu’on y
donne une opérette de M. ITugot, musique de
M. Alfred Fock, dont cette partition est la pre-
mière œuvre.
L’opérette s’intitule Madame Nicolet. Elle met
en scène le ménage du légendaire imprésario fo-
rain qui avait pris pour devise : De plus fort en
plus fort. C’est vous dire que la chose se passe
au siècle dernier, avec accompagnement de ba-
rons et de marquis congrument poudrés.
On y voit aussi le célèbre acteur Taconnet, qui
en somme fut un des pères de l’opérette, car
quelques-unes de ses farces égayées de musique
ressemblent fort à certaines pochades d’Hervé.
Ajoutons tout do suite que le rôle de Madame
Nicolet est joué par Mme Riquier-Lemonnier,
qui répond ainsi deux fois aux exigences do son
personnage, étant elle-même la femme du direc-
teur du Cliâteau-d’Eau.
J’imagine même que l’ouvrage a été tout
d’abord monté parce qu’il fournissait à sa princi-
pale interprète une occasion spéciale de mettre
en relief sa belle humeur et sa ronde bonhomie.
C’est qu’elle n’y va pas par quatre chemins,
Mme Nicollet.
Comme le lieutenant de police s’est permis
d’interdire son spectacle, elle passe outre.
Comme on arrête son mari, elle entonne une
Marseillaise prématurée que les femmes du
quartier répètent en chœur.
Comme on enferme Nicollet au Fort-Lévêque,
elle le fait évader.
Et ainsi de suite.
C’est elle qui mène avec entrain toute cette
histoire un peu vieuxjeu, mais dontles drôleries,
pour être connues, n’en ont pas moins paru com-
binées à point pour réjouir un public spécial.
La partition, très copieuse, de M. A. Fock, ne
se pique pas toujours non plus de nouveauté iné-
dite. Mais elle est vivace, et offre à diverses re-
prises des trouvailles mélodiques qui ont été ap-
préciées.
Nous citerons, entre autres, les couplets dits
par M. Maréchal, la chanson de Collé que
Mme Lemonnier détaille très finement. Une
valse aimable, sans parler de la Marseillaise fé-
minine déjà citée et redemandée trois fois.
Il y a donc là les éléments qu’il faut — y com-
pris une mise en scène sans lésinerie — pour que
Madame Nicollet amène au Château-d’Eau ceux
qui prennent — et ils ont bien raison — leur plai-
sir où ils le trouvent.
Pierre Véron.
TPTPT F-QPP COINTREAUd'Angers,
1 Illl JLiJLJ DLltl EXIGER le FLACON CARRÉ
Moutarde JULIEN MACK DI*
CHRONIQUE DU JOUR
Le pharmacien dont l’élixir a débarrassé un mon-
sieur de son ver solitaire devient-il, par suite, pro-
priétaire du ténia, et a-t-il le droit de l'exhiber en
public, en le désignant comme sorti des entrailles
du client?
Telle est la question que les tribunaux vont avoir
à résoudre.
Et ce n'est pas seulement le pharmacién qui at-
tend, anxieux, la solution, dans la crainte d’ètre
privé du plus bel ornement de ses bocaux, mais en-
core une infinité de personnes.
Par exemple, le chirurgien saura enfin si, lorsqu’il
vient de couper une jambe, il est en droit de s’en
aller en l’emportant sous son bras.
Les dentistes ne trouveront pas moins intéres-
sant de savoir s’il leur sera permis désormais d’éta-
ler clans leur vitrine les dents extirpées avec une
mention :
Molaires et canines de la baronne X. .
Dent de sagesse du député K...
Il paraît qu'étendre de la colle sur le revers d’un
timbre-poste et humecter ladite colle avec de la sa-
live pour faire adhérer le timbre constitue deux
opérations terriblement dissemblables.
En effet, l’administration des postes considère
celles qui étendent comme de simples ouvrières, et
les autres, celles qui humectent, comme des fonc-
tionnaires.
Saluez !
Ce qui fait que celles-ci ont droit à la retraite, et
les premières pas du tout.
11 est beau de verser sa salive pour son pays I
Tout au Dahomey.
II paraît que, là-bas, l’adultère existe aussi bien
qu’en France; seulement, la façonde le punir diffère.
Ainsi, lafemme qui s’est permis quelque fan aisie
extra-matrimoniale reçoit simplement une formida-
ble raclée de son seigneur et maître.
Mais celui-ci a bien soin de ne pas trop endom-
mager l’épouse coupable, encore moins de la tuer,
comme font les gens civilisés, la femme ayant une
valeur marchande.
Le narrateur qui rapporte ce fait, le cite comme
un trait de mœurs extraordinaire.
Cependant, chez nous aussi Alphonse cogne sa
marmite sans la détériorer, pour ne pas lui enlever
la valeur marchande.
La vogue est restée fidèle aux almanachs que pu-
blie la maison Plon. C'était à prévoir ; ils s'adres-
sent à des lecteurs insensibles aux beautés de la
littérature fin de siècle.
L'Almanach du Charivari. TAlmanach comique,
1 Almanach pour rire se partagent la faveur du pu-
blic qui a le goût de la bonne humour.
Grand succès aussi pour Y Almanach des Pari-
siennes, où le spirituel crayon de Gautier continue
de façon heureuse la tradition verveuse et piquante
de Grévin.
Etonnez-vous, après cela, que les tirages de ces
joyeux almanachs se suivent sans désemparer!
Figurez-vous que le billet suivant, d'un père à son
fils, tombe entre les mains d'un candide anthropo-
phage :
« Monsieur mon fils,
» Vous aviez une maison de ville, vous l'avez
mangée ! Vous aviez des terres, vous les avez dévo ■
réesl Du mobilier que je vous avais donné, vous
n’avez fait qu’une bouchée! Maintenant, il ne vous
reste plus qu’à ronger votre frein! »
— Quel appétit ils ont, cos blancs ! s’écrierait le
candide anthropophage.
Un amoureux reçoit ’ promesse d’un premier
rendez-vous :
« Trouvez-. roc et des Champs-Elysée
aux environs ci ois heures. » •
L’a\ïuureux t. -e à deux heures cl deuiu- er a.-
pente fièvreusement l’asphalte.
Quatre heurt rien. Cinq heures. .
pèré.
Le lendemain, second billet :
« Vous êtes un homme sans foi. J’avais eu la fai-
blesse de vous accorder un rendez-vous et vous
n’ètes pas venu. »
Le pauvre avait oublié que, dans ce cas-là, « aux
environs de trois heures » peut vouloir dire sept ou
huit heures.
Ça dépend d’un lacet de corset qui casse ou d’une
frisette récalcitrante.
Balandard fait ses confidences à un ami.
— Ah ! mon cher, si vous saviez quelle belle-mère
je possède!... La plus rouée des belles-mères!
' — Elle ne vous laisse pas un instant tranquille?
— Pis que cela; elle me traite si bien, que je ne
peux pas trouver une occasion de me plaindre d’elle.
Jules Demolliens.
BOURSE-EXPRESS
Ah ! dame ! pour être ferme, on n’est pas ferme ; et
vous voudrez bien avouer qu’il serait fort difficile
qu’on le fût, avec toutes les histoires qui nous tom-
bent dessus et dans lesquelles on patauge.
Mais on ne peut pas dire non plus qu’on soit d’une
lourdeur exagérée. 11 y a des boursiers qui s’en
étonnent et qui disent qu’une crise ministérielle,
dans les conditions où se présente celle-ci,vaudrait
bien quarante sous de baisse. Mais j'ai déjà eu Foc-
casion de vous faire remarquer que la Bourse n’est
plus très sensible aux affaires de la politique inté-
rieure. Le comptant non plus. Il se dit que les mi-
nistères passent et que les rentes restent.
Cela nous explique pourquoi le cours de 99 franc»
a l’air de ne vouloir se laisser entamer qu'à la der-
nière extrémité. Les autres grandes valeurs fran-
çaises sont également bien tenues, — relative-
ment.
Quant au reste, pas la peine d’en parler.
Castorine
Le Directeur-Gérant, Pierre Véron
Paris. — lmp. Alcau-Lévy, 24» rne Chauchat.