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Le charivari — 61.1892

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Décembre
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SOIXANTF,-UNIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centimes

LUNDI 12 DECEMBRE 1892

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PARIS

Trois mois. i8 fr.

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Politique, Littéraire et Artistique

PilîlUVE VÉ110IV

Rédacteur en Chef

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DB LA RÉDACTION ET DB L’ADMINISTRATION

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu

CHARIVAR

LA SEMAINE DE LA BOURSE

Paris, le 11 décembre 1892 .

Monsieur le Directeur,

Ce serait se créer de bien blâmables illusions
que d’aller supposer que, pendant les vingt der-
niers jours de décembre, nous allons faire assez
d’atïaires pour compenser le manque d’animation
qui a sévi les trois cent quarante-cinq premiers
jours de 1892 1

Heureusement que l’an prochain ne ressem-
blera pas à celui-ci. On parle pourtant d’élé-
ments nouveaux : on nous en promet au moins
un. Un grand journal publiait l’autre jour l’in-
formation suivante : « On s’est beaucoup en-
tretenu aujourd’hui, à la Bourse, de l’entrée
dans les affaires, à partir du 1er janvier prochain,
du fils d’un riche financier et spéculateur bien
connu, mort récemment. » Voilà une nouvelle qui,
au premier abord, semble faite pour nous trans-
porter d’aise ; mais quand on y réfléchit un peu,
on se demande jusqu’à quel point il y a lieu d’il-
luminer.

Je ne vous connais pas, jeune guerrier qui
vous apprêtez à affronter les batailles de la
finance. J’ignore votre nom, votre naissance,— le
grand journal s’étant abstenu de nous donner
aucune information à cet égard; et, par le
temps qu’il fait, je n’ai pas jugé à- propos de cou-
rir la ville pour avoir des renseignements. Tout
ce que je sais, c’est que votre résolution dénote
un certain courage.

Qu’aVez-vous besoin de vous fourrer là-dedans,
jeune guerrier, et quelle mouche vous pique?
Votre fortune ne vous paraît-elle pas suffisante ?
Eh bien, si c’est à la Bourse que vous comptez
l’arrondir, je crois pouvoir vous prédire que

Ça ne sera pas commode,

si les choses continuent à marcher du train dont
elles vont. Autrefois, parbleu! c’était enchanteur.
Nous avons des commis vêtus comme des princes,
qui sont venus en sabots de leurs villages. Et pas
seulement des commis, mais des vrais coulis-
siers, des banquiers authentiques, des agents de
change pour de bon. C’était le bon temps. C’était
le temps des grands coups, des entreprises har-
dies, des émissions sans cesse surgissantes, le
temps de l’activité bouillonnante. Aujourd’hui,
va-t’en voir s’ils viennent, mon fils! Les bour-
siers de maintenant, il faut le croire du moins,
sont atteints de dyspepsie.

Ils n’osent, plus oser, et leur timidité a pris en
cette année-ci un développement tout à fait pro-
digieux. Les lanceurs d’affaires ont lancé tout
juste deux émissions (car je ne parle pas des opé-
rations de conversions, qui ne présentent qu’un
maigre intérêt), et quelles émissions 1 Des petites
émissions de rien du tout, une ou deux paires de

millions par-ci, une ou deux demi-douzaines de
millions par-là : à peine de quoi servir d’apéritif
à l’épargne, qui a des disponibilités à n’en savoir
que faire. Quant à la spéculation, elle a été plus
timorée encore. Naguère, il y avait des gens qui
prenaient des positions, — de fortes positions,
même : à telles enseignes qu’en de certaines li-
quidations, c’étaient ces positions-là que toute la
Bourse visait. Aujourd’hui, fini de rire! On cons-
titue un syndicat pour acheter 8,000 francs de
rentes à terme, — et encore ne suis-je pas bien
sûr qu’on n’agisse que sur des primes, de façon
à limiter la perte possible. Deux sous de hausse,
et vlan! on liquide; et les membres du syndicat
se partagent triomphalement

Cent francs de bénéfice

lorsqu'arrive la fin du mois.

Tel est, jeune homme, réfat dame actuel du
personnel au milieu duquel vous êtes appelé à
évoluer à partir du 1er janvier. On ne fait rien, et
on n’a pas l’air de vouloir faire grand’chose. En
sorte que, si vous avez des trésors d’activité à dé-
penser, je ne vois pas bien où vous en trouverez
l’emploi, à la Bourse du moins. Présentement, la
Bourse est une chose morte; et vous vous ferez
sûrement remarquer si vous essayez de troubler
bruyamment les échos endormis de ce pseudo
cimetière. Que ferez-vous contre l’inertie géné-
rale?

... Après tout, est-ce qu’on sait? L’audace est
le privilège de la jeunesse, et il est très possible
que l’adolescent qui aspire à devenir notre collè-
gue parvienne à secouer la morne torpeur qui
nous oppresse. Il est riche, et il est certain que
ce n’est pas avec l’intention bien arrêtée de man-
ger sa fortune qu’il vient à la Bourse; pour un
homme qui aurait de tels désirs, il est d’autres
coulisses, infiniment plus séduisantes. C’est donc,
non pour manger, mais pour arrondir son patri-
moine qu’il vient parmi nous.

Eh bien, faudra voir!

Mais pourvu, Seigneur! que le jeune homme
encore peu barbu qui s’avance ne soit pas un de
ces bons routiniers qui ne veulent absolument
pas sortir des sentiers battus! Alors, notre es-
poir s’en ira en fumée, et le nouvel astre dispa-
raîtra de notre horizon avec la rapidité que met
à s’éteindre un feu de paille. Et nous reverrons
les mêmes trucs, les mêmes ficelles, les mêmes
combinaisons, les mêmes potins, les mêmes ra-
contars, les mêmes opérations des syndicats. Ah
il est varié, notre menu, depuis trois ou quatre
ans !

C’est toujours la même histoire. Abondanco
d’argent non employé de janvier à avril; d’avril
à juillet, quelques maigres tentatives d’émis-
sions; de juillet à octobre, vacances, qu’on se fait
un véritable devoir de prolonger le plus qu’on
peut, et pendant lesquelles on s’entretient, en se
frottant les mains jusqu’à en rubéfier les paumes,
de l’activité dont on fera preuve quand la bise
\ sera venue. D’octobre à la Saint-Sylvestre, on ne

fait rien du tout, parce qu’il y a un scandale par-
lementaire ou financier, parce que « l’état géné-
ral des marchés s’y oppose », parce que la dis-
cussion du budget traîne en longueur, etc. En
dehors Ce ces quatre plats de résistance, nous
avons les hors-d’œuvre et les entremets, dont la
composition ne change jamais; cherté des re-
ports pendant les mois couponniers, plaintes sur
le retard apporté à la discussion du renouvelle-
ment du privilège de la Banquo de France, —
dont le portefeuille continue à être inférieur en
importance à celui du Crédit Lyonnais, — ou
publication d’une brochure contre le Crédit Fon-
cier.

Quelquefois, la brochure est remplacée par une
interpellation. Quelquefois même, — mais plus
rarement, quand nous avons été bien sages, —
011 nous accorde toutes les deux. Et c’est notre
seul moment de gaîté de l’année, — le seul pen-
dant lequel il nous soit permis de gagner à coup
sûr un peu d’argent. Car nous n’avons qu’à ache-
ter du titre quelques jours après l’annonce de la
brochure ou de l’interpellation, et à revendre
quelques jours avant la démonstration publique
de l’ineptie des théories formulées par parole ou
par écrit. Et c’est ainsi que nous descendons le
fleuve de la vie,— ce fleuve qu’on peut appeler
Fonde où l'on s'ennuie. C’est pourtant sur ce
fleuve-là que veut s’embarquer notre jeune
homme.S’il ne nous apporte pas des distractions
plus modernes que celles dont nous jouissons, ça
nous promet bien de l’agrément. Et à lui itou.

Castorine.

LE QUATRAIN D'HIER

Vous vîtes, ces jours-ci, la saleté complète
De Paris, qu'on n'avait plus l’air de balayer...
Si l'on en chargeait la Commission cFEnquête?..,
Elle aime tant à nettoyer!...

SIFFLET.

LE JOURNAL DES ASSASSINS
Uclios

Hier soir, chambrée very select dans les car-
rières d’Amérique. On célébrait l’union libre de
Mlle Margot-la-Roulure avec notre éminent colla-
borateur le Rouquin de la Villette. La fiancée
avait une magnifique parure en diamants, volée
chez un des principaux bijoutiers de la rue de la
Paix.
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