— Toujours pochard, alors ?
— Faites excuse, mon sargent, j’suis dans mon droit : je m’dépêche d’boire le plus
que je peux avant la surtaxe de l’alcool.
FLAMMÈCHES
Il va falloir penser bientôt aux élections, — plus
prochaines qu'on ne croit peut-être.
Ohl le Paris électoral, avec ses loques partout
accrochées, avec ses haillons de rhétorique et de
politique! Le plus malpropre et le plus agaçant des
spectacles !
Et plus raffichomanie sévit dans un quartier élé-
gant, plus navrants paraissent les résultats. Cette
pauvre rue de Rivoli, par exemple, avec ses arca-
des bariolées comme un Arlequin dont les oripeaux
pendraient à demi décousus est, pendant la période
électorale, horrible à voir.
Espérons qu'au moins, afin d’égayer ces hideurs,
on aura recours, pour le scrutin qui vient, au sys-
tème de l’affiche illustrée, qui fit ses débuts la der-
nière fois.
Ce n’est encore qu’un essai timide : un simple
portrait dans le coin de l’affiche pour intéresser le
passant et lui faire dira :
— Oh! mon Dieu, quelle figure sympathique! Pas
moyen d’y résister. C’est celui-là qui aura ma voix!
Mais je ne doute pas que l’invention ne soit sus-
ceptible de développements variés.
D’abord, à la physionomie impassible elle pourra
donner les impressions les plus diverses, selon les
phases de la profession de foi. Le même bonhomme
apparaîtra successivement souriant pour se pré-
senter aux électeurs dans la phrase de début; péné-
tré, quand il leur affirmera, la main sur le cœur, que
son dévouement ne connaîtra pas de bornes; mena-
çant, à la suite de la période ronflante où il aura
juré d’exterminer les abus.
Ce sera déjà un assez joli commencement pour ce
musée de murailles. Il pourra comporter encore
bien d’autres amplifications Rien ne s’opposera à
ce qu’un candidat fasse, sur son affiche, retracer les
principaux épisodes de son existence, les actions
par lesquelles il croira s’être rendu recommandable
ou indispensable. Quelque chose comme ceci :
« A l’âge de neuf ans, je fus assez heureux pour
mettre en fuite un chien enragé qui allait mordre un
de mes camarades d’école. »
Et l’on verra le candidat, le bâton levé, s’élançant
sur un molosse.
Préparons-nous à rigoler.
***
Un journal annonçait hier que Nadaud a assisté à
la dernière séance d’un Caveau départemental.
Ce brave Nadaud! La maladie essaya de le terras-
ser il y a trois ans, mais il a repris le dessus. 11
chante encore, prouvant à notre fin de siècle qu’es-
prit et grossièreté ne sont pas synonymes.
Nous en avons dégringolé, du chemin, depuis
Nadaud! Comparez les écœurants refrains des
cafés-concerts avec ses délicates fantaisies.
Je me rappelle qu’un jour on parlait précisément
de Nadaud devant E mile Augier. Le maître, alors,
avec son accent d’autorité railleuse :
—■ Nadaud, c’était de la gaieté assainissante. On
en est à la gaieté salissante, maintenant !
X... est le dernier type do poète chevelu, le der-
nier modèle do bohème murgérisant.
Avec cela de l’esprit, mais un esprit qui ne se
gène pas.
A preuve :
Un ami l’avait conduit chez une baronne, s’il vous
plaît. Celle-ci, minaudant, apporte un album au
poète.
— Cher monsieur, rien qu’une pensée?
— Oh! volontiers, madame.
Et, d’une main ferme, X... d’écrire :
« J’ai quelquefois trouvé, dans ma vie, des fem-
mes qui m’ont fait des avances; des caissiers,
jamais 1 »
PSITT.
TRIPLE-SEC
COTNTREAU d’Angers.
B I/O BR le FLACON CA kl R
— Faites excuse, mon sargent, j’suis dans mon droit : je m’dépêche d’boire le plus
que je peux avant la surtaxe de l’alcool.
FLAMMÈCHES
Il va falloir penser bientôt aux élections, — plus
prochaines qu'on ne croit peut-être.
Ohl le Paris électoral, avec ses loques partout
accrochées, avec ses haillons de rhétorique et de
politique! Le plus malpropre et le plus agaçant des
spectacles !
Et plus raffichomanie sévit dans un quartier élé-
gant, plus navrants paraissent les résultats. Cette
pauvre rue de Rivoli, par exemple, avec ses arca-
des bariolées comme un Arlequin dont les oripeaux
pendraient à demi décousus est, pendant la période
électorale, horrible à voir.
Espérons qu'au moins, afin d’égayer ces hideurs,
on aura recours, pour le scrutin qui vient, au sys-
tème de l’affiche illustrée, qui fit ses débuts la der-
nière fois.
Ce n’est encore qu’un essai timide : un simple
portrait dans le coin de l’affiche pour intéresser le
passant et lui faire dira :
— Oh! mon Dieu, quelle figure sympathique! Pas
moyen d’y résister. C’est celui-là qui aura ma voix!
Mais je ne doute pas que l’invention ne soit sus-
ceptible de développements variés.
D’abord, à la physionomie impassible elle pourra
donner les impressions les plus diverses, selon les
phases de la profession de foi. Le même bonhomme
apparaîtra successivement souriant pour se pré-
senter aux électeurs dans la phrase de début; péné-
tré, quand il leur affirmera, la main sur le cœur, que
son dévouement ne connaîtra pas de bornes; mena-
çant, à la suite de la période ronflante où il aura
juré d’exterminer les abus.
Ce sera déjà un assez joli commencement pour ce
musée de murailles. Il pourra comporter encore
bien d’autres amplifications Rien ne s’opposera à
ce qu’un candidat fasse, sur son affiche, retracer les
principaux épisodes de son existence, les actions
par lesquelles il croira s’être rendu recommandable
ou indispensable. Quelque chose comme ceci :
« A l’âge de neuf ans, je fus assez heureux pour
mettre en fuite un chien enragé qui allait mordre un
de mes camarades d’école. »
Et l’on verra le candidat, le bâton levé, s’élançant
sur un molosse.
Préparons-nous à rigoler.
***
Un journal annonçait hier que Nadaud a assisté à
la dernière séance d’un Caveau départemental.
Ce brave Nadaud! La maladie essaya de le terras-
ser il y a trois ans, mais il a repris le dessus. 11
chante encore, prouvant à notre fin de siècle qu’es-
prit et grossièreté ne sont pas synonymes.
Nous en avons dégringolé, du chemin, depuis
Nadaud! Comparez les écœurants refrains des
cafés-concerts avec ses délicates fantaisies.
Je me rappelle qu’un jour on parlait précisément
de Nadaud devant E mile Augier. Le maître, alors,
avec son accent d’autorité railleuse :
—■ Nadaud, c’était de la gaieté assainissante. On
en est à la gaieté salissante, maintenant !
X... est le dernier type do poète chevelu, le der-
nier modèle do bohème murgérisant.
Avec cela de l’esprit, mais un esprit qui ne se
gène pas.
A preuve :
Un ami l’avait conduit chez une baronne, s’il vous
plaît. Celle-ci, minaudant, apporte un album au
poète.
— Cher monsieur, rien qu’une pensée?
— Oh! volontiers, madame.
Et, d’une main ferme, X... d’écrire :
« J’ai quelquefois trouvé, dans ma vie, des fem-
mes qui m’ont fait des avances; des caissiers,
jamais 1 »
PSITT.
TRIPLE-SEC
COTNTREAU d’Angers.
B I/O BR le FLACON CA kl R