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Le charivari — 61.1892

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Décembre
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SOIXANÎE-UNIÈME ANNÉE

l*rix ân Numéro : Été centime»

VENDREDI 23 DECEMBRE 1892

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PARIS

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Politique, Littéraire et Artistique
Pli;IlISE VÉI10N

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu

LE CHARIVAR

BULLETIN POLITIQUE

Le reportage ne perdant jamais ses droits
même au milieu des plus graves complications,
un débat s’est engagé sur la question du traite-
ment qui aurait été infligé aux prévenus dans
l’affaire du Panama.

Y a-t-il eu voiture cellulaire? Leur a-t-on mis
le cabriolet ou les menottes? Leur a-t-on imposé
le régime rigoureux de Mazas avec ou sans at-
ténuation?

Puisque l’occasion en est fournie par les évé-
nements sur lesquels se concentre toute l’atten-
tion de la France, n’y aurait-il pas lieu d’élargir
cette question et de protester contre l’assimila-
tion étrange, injustifiable, inique que nos mœurs
judiciaires et pénitentiaires ont l’habitude d’éta-
blir entre un accusé et un condamné?

Quand on y songe, on est véritablement stupé-
fait de voir que celui-ci et celui-là soient traités
exactement sur le même pied.

Et encore une fois, nous parlons ici à un point
de vue d’équité tout à fait général, sans faire in-
tervenir aucune considération do personnes.

Si la justice était infaillible, on aurait peut-
être le droit de procéder avec cette dureté égali-
taire; mais elle n’est pas infaillible, la justice :
elle prouve tous les jours le contraire. Par con-
séquent, tout prévenu doit être tenu pour inno-
cent au moins jusqu’à ce qu’un verdict l’ait
frappé.

Gela étant, le régime de Mazas, la maison d’ar-
rêt spécialement réservée à ceux qui n’ont pas
encore comparu, ne devrait pas être le même que
le régime des maisons de détention où sont en-
fermés des coupables authentiques.

C’est irréfutable.

Prenez le cas, qui se présente à chaque instant,
d’un homme qui va subir deux, trois mois de pré-
vention et qui sera acquitté ensuite haut la main.

Est-il juste que cet homme ait été traité pen-
dant ces trois mois aussi implacablement que le
dernier des voleurs ou des assassins dûment con-
vaincu de crimes?

Le régime d’une maison où l’on est préventive-
ment enfermé devrait comporter tous les adou-
cissements compatibles avec la nécessité de dé-
tenir celui qu’on doit juger. La société n'a pas le
droit d’aller au-delà, sous peine d’être coupable
à son tour.

L’arrestation anticipée n’a pas pour but de
punir, mais simplement de garantir la présence
au jour dit, devant le tribunal, de celui sur qui
pèse un soupçon.

Dans ces conditions, coucher les gens sur une
planche ou sur un hamac, leur servir une nour-
riture à peine suffisante, les laisser geler sans
feu, c’est de la barbarie, ce n’est pas de la jus-
tice.

Réservez tout cela pour l’expiation, quand les
juges ont déclaré cette expiation légitime.

Nous ne demandons pas qu’on aille jusqu’à
créer des prisons d’agrément; nous demandons
seulement que, par des cruautés inutiles et par
cela même inexcusables, on n’évoque pas, dans
une certaine mesure, les odieux souvenirs de la
torture préventive.

J’y insiste : la société ne devrait pas oublier
qu’il y a certainement des innocents parmi ceux
qu’empoigne tous les jours, un peu trop au ha‘-
sard, la main de la police, et que, quand on n’est
pas infaillible, il faut être humain tout au moins.

Ce que je ne comprends pas, c’est que ces évi-
dences aient encore besoin d’être démontrées,
c’est que personne n’ait l’air d’en prendre souci,
c’est qu’on ait laissé aller les choses jusqu’à ce
jour sans qu’un seul de nos beaux réformateurs
qui courent si volontiers après les chimères ne
se soit efforcé de mettre fin à des traditions
monstrueuses, à des routines révoltantes.

Personne ne saurait soutenir que prévention
et culpabilité sont synonymes. Donc l’égalité de-
vant la cellule glaciale, devant la boule de son,
devant le grabat, ne saurait être mise en pra-
tique entre deux hommes dont l’un sera peut-
être réhabilité demain par un acquittement,
tandis que l’autre a été frappé par un arrêt.

Tout cela s’applique aussi bien au pauvre dia-
ble en blouse que l’on cueille au coin d’une rue,
qu’au financier qu’on va chercher dans son hôtel.
C’est une question de principe.

La vindicte publique n’a pas que des droits en
matière de répression, elle a aussi des devoirs, et
ces devoirs-lâ, dans le cas dont nous parlons, elle
nous paraît complètement les oublier.

Pierre Véron.

LE QUATRAIN D’HIER

Demain le Réveillon invite à se repaître.

Écoutez mon conseil : pas trop d’absorptions !

Car, depuis quelque temps, cette année a l’air d’être
Vouée aux indigestions.

SIFFLET.

TAS DE MOULES

Aucune injure.

Il s’agit des 115,000 francs que vient de coûter
à l’Etat la collection de sculptures qu’il va en-
voyer à Chicago.

115,000 francs de magnifiques plâtres reprodui-
sant ce que nos musées ont de plus remarquable
V en fait de marbres d’art 1

Générosité d’autant plus opulente que toutes
ces reproductions, une fois rendues en Amérique,
resteront la propriété de la-République sœur,
qui s’en fera un superbe musée.

Les petits cadeaux entretiennent l’amitié, c'est
entendu.

Nous avons déjà, au milieu du port de New-
York, la colossale Liberté de Bartholdi, qui pro-
clame notre enthousiasme fraternel.

Il est bien vrai que les Etats-Unis, un peu froids
â la réciproque, ne se sont pas gênés pour faire
comprendre que cette Liberté de bronze leur
contait un piédestal ruineux, ce qui rendait le
cadeau moins intéressant.

Il est également vrai qu’en remerciement à tou-
tes les avances de la vieille Europe, la jeune
Amérique a répliqué par le fameux bill Mac-
Kinley qui, depuis deux ans, ferme à notre com-
merce l'accès de ses villes.

Mais, bah ! nos enthousiasmes demeurent.

Au surplus, du moment que nous éprouvons du
plaisir â être généreux, pourquoi nous priver de
l’être?

Donc, bravo pour les 115,000 francs de plâtres
et les 100,000 francs de port qu’ils vont nous
coûter.

Puissent-ils seulement donner pour deux cent
quinze mille francs de satisfaction â ceux â qui
on les offre !

Maintenant, une question se dresse, complé-
ment indiqué de ce qui précède.

De ces 115,000 francs de plâtres, il nous reste
quelque chose, et pas peu de chose !

L’Amérique aura les moulages, oui. Nous,
nous gardons les moules. Oh I combien de mou-
les! Qu’allons-nous faire de ces moules?

Quels greniers nationaux vont récolter ces
masses gigantesques à « bons creux»?

N’en fera-t-on rien d’utile et d’agréable? Moisi-
ront-ils doucement sous l’œil des conservateurs
de nos musées?

Voilà cependant une occasion unique de pro-
curer aux contribuables amateurs une collection
inappréciable de Vénus, de Dianes et d’Hercules
à bon marché.

Les propriétaires de la banlieue de Paris se
feraient une joie d’orner de sculptures natio-
nales les pelouses de leurs jardinets, où elles
remplaceraient avec avantage l’aquarium aux
classiques poissons rouges.

Les Romains mettaient de belles statues jus-
qu’en leurs alcôves. A notre époque, malheureu-
sement, la sculpture est hors de prix, et nous ne
pouvons nous offrir les jouissances de cet art
qu’au square ou au musée.

Il y a donc un réel essai de vulgarisation à ten-
ter en tirant à de nombreux exemplaires les
chefs-d’œuvre qu’on va expédier à l’Exposition
de Chicago.

L’État, devenu mouleur pour tous, pourra pré-
lever un léger bénéfice sur ces moulages, et
ainsi, au bout d’un certain temps, rentrer peut-
être dans les frais excessifs qu’il vient de nous
mettre sur le dos.

i Maurice Dancourt.
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